pharma:ch
Les dépenses de santé sont rentables
En politique de la santé, on débat presque exclusivement des cts. Ce faisant, on
occulte bien souvent le bénéfice que le système de santé apporte à la société sous forme
d’espérance de vie et de qualité de vie, le bénéfice économique et la contribution
à la place de recherche suisse.
Grâce à notre système de santé performant, les-
rance de vie en Suisse est l’une des plus élevées au
monde. Les Suissesses et les Suisses vivent non seu-
lement plus longtemps, mais ils restent aussi plus
longtemps en bonne santé. Ceci a un prix qui, sous
forme de coûts de santé, fait régulièrement l’objet de
bats. Ce faisant, le prix des médicaments sont une
pomme de discorde particulièrement prisée par les
politiciens de tous bords. Bien que la part des médi-
caments aux coûts de santé soit en recul régulier
depuis de nombreuses années, il est toujours ques-
tion de faire baisser leur prix. Ce faisant, la politique
occulte tout simplement le bénéfice économique gé-
néré par l’industrie pharmaceutique: une forte valeur
ajoutée et un énorme excédent d’exportations contri-
buent considérablement à la prospérité de notre pays.
Les dépenses de recherche des entreprises membres
d’Interpharma, à hauteur de quelque six milliards de
francs par an, constituent le plus solide pilier de la
place scientifique suisse. Avec les hautes écoles, les
entreprises pharmaceutiques suisses forment un
cluster de recherche unique au monde.
En raison d’une bonne prise en charge médicale et
d’une industrie pharmaceutique innovante, le secteur
économique de la santé est l’une des principales
branches de notre pays. Près d’une personne sur huit
y gagne sa vie, soit environ 600 000 employé(e)s.
Léconomie de la santé névolue pas en faisant des
remous, mais elle connaît une croissance régulière:
au début des années 90, 8% des personnes exer-
çant une activité lucrative travaillaient dans le sys-
tème de santé; l’an passé, elles étaient déjà plus de
12%. Dans l’emportement au sujet de la hausse des
coûts de santé, tout ceci est vite oublié, de même
que la contribution apportée par les médicaments
aux progrès de la médecine. Ils abrègent la durée ou
soulagent les symptômes des maladies. Il nest pas
rare que ceci se traduise également par des avan-
tages économiques: les médicaments innovants
sont sans doute souvent plus onéreux que leurs p-
cesseurs, mais ils contribuent à faire baisser les
coûts en abrégeant par exemple la durée d’hospita-
lisation, voire en rendant superflues des interven-
tions chirurgicales. Enfin, les dépenses de santé
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Marché et politique
Les Suissesses et les Suisses vivent non seulement plus
longtemps, mais ils restent aussi plus longtemps en bonne santé.
2
pharma:ch 1/12
DÉPENSES DE SANTÉ
peuvent réduire les frais de maladie. Une personne
malade entraîne non seulement des coûts pour gué-
rir, mais aussi des coûts indirects. Ces derniers re-
couvrent les pertes de productivité en raison des
absences au travail, les soins informels dispensés
par les proches ou les amis ainsi que la perte de
temps libre. En ce sens, les investissements de l’in-
dustrie pharmaceutique dans l’activité recherche et
développement de nouveaux médicaments génèrent
non seulement des emplois, mais sont aussi sources
d’économies par réduction des frais de maladie. Les
données empiriques permettent de conclure que les
penses de santé importantes de ces trente der-
nières années ont été plus que compensées par les
bénéfices du progrès médico-technologique qui y
sont liés.
En établissant un bilan global, on saperçoit facile-
ment que les dépenses pour la santé sont rentables
et que l’économie de la santé – y compris l’industrie
pharmaceutique – représente un facteur écono-
mique positif pour la Suisse.
Suite de la page 1
Les dépenses de santé réduisent
les autres frais de maladie
Une prise en compte exclusive des dépenses de santé peut aboutir à des conclusions
erroes. C’est aussi une approche erronée, car elle néglige une bonne partie des
frais de maladie. Tel est le message clé de l’étude «Dépenses de santé et frais de maladie»
réalisée par Polynomics sur mandat d’Interpharma.
Cette conclusion est étayée par le fait que les dé-
penses de santé ne sont pas simplement une consé-
quence financière de la maladie. Elles sont engagées
en premier lieu pour combattre la maladie, guérir le
patient ou l’aider à jouir d’un meilleur état de san.
Les dépenses de santé réduisent par conséquent les
autres frais de maladie, car un meilleur état de santé
ou une guérison plus rapide entraînent moins de
pertes de productivité, moins de soins informels en
même temps qu’une réduction des douleurs et de la
souffrance. Autrement dit, seule une vue densemble
de toutes les composantes montre si les dépenses
de santé sont justifiées ou non.
Au total, les frais de maladie sont constitués de trois
composantes: des coûts directs, des coûts indirects
et des coûts intangibles.
• En ce qui concerne les coûts directs, il sagit de
penses financières qui doivent être engagées
lors de la lutte contre la maladie. Celles-ci peuvent
se situer aussi bien à l’intérieur du système de
santé (par exemple rémunération de médecins ou
penses pour des médicaments) qu’à l’extérieur
(par exemple dépenses consacrées à un logement
adapté à un handicapé ou frais de déplacement
pour se rendre chez le médecin), raison pour la-
quelle on parle de coûts médicaux directs et de
coûts non médicaux directs.
• Outre des dépenses financières, la maladie en-
traîne également une perte de temps productif. Il
en résulte des absences sur le lieu de travail, et par
là même des coûts indirects par perte de produc-
tivité tant pour l’employeur que pour le salarié. Les
coûts indirects sont également à prendre en
compte lorsque des membres de la famille et des
amis consacrent du temps à soigner eux-mêmes
des patients (soins dits informels).
• Enfin, la maladie entraîne aussi des coûts sous la
forme de douleurs et de souffrance ou de quali
de vie amoindrie de manière générale, coûts qui
sont supportés par le patient, sa famille et ses
ami(e)s. Ces coûts intangibles ne peuvent prati-
quement pas être chiffrés en francs, de sorte que
les études ont tendance à les occulter, alors que
la perte de bénéfice réelle est grande pour les
personnes touchées.
Dans les études dites de coûts par pathologie (cost-
of-illness studies), on pratique des évaluations pour
des maladies spécifiques. Celles-ci permettent de
déduire lampleur des différentes composantes des
coûts. Sept études publiées en Suisse au cours des
dernières années montrent que les dépenses de
santé représentent en moyenne un tiers des frais de
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1/12 pharma:ch
n Lindustrie pharmaceutique est la principale bran-
che d’exportation suisse. Au cours des dernières
années, elle a encore augmenté sa valeur ajoutée,
le nombre de ses emplois et sa productivité.
Lindustrie pharmaceutique est responsable de plus
de 30% des exportations suisses. Sa valeur ajoutée
directe et indirecte atteint près de 30 milliards de
francs, soit une part de 5.7% du produit inté rieur
brut nominal. Tandis que la valeur ajoutée nominale,
en raison de la pression croissante sur les prix et
de l’évolution des taux de change (hausse du franc
suisse), perd un peu de vitesse et natteint actuelle-
ment plus les forts taux de croissance qu’elle affi-
chait par le passé, la croissance réelle reste forte et
solide, atteignant plus de 4%. C’est ce que montre
une étude réalisée par Polynomics en collaboration
La Suisse en tant que place pharmaceutique et scientifique
avec BAK Basel Economics sur mandat d’Inter-
pharma.
Le nombre de personnes travaillant dans l’industrie
pharmaceutique a augmenté de 3% en 2010, attei-
gnant 36 700 collaboratrices et collaborateurs. Si
l’on tient compte des activités qui lui sont liées en
amont et en aval, plus de 135 000 emplois dépen-
daient de cette branche en 2010. Le secteur phar-
maceutique affiche en outre une productivité supé-
rieure à la moyenne. La valeur ajoutée de 400 000
francs par personne active et par an ou 232 francs
par heure de travail est plus de trois fois supérieure
à la productivité moyenne de léconomie globale.
La branche pharmaceutique est ainsi nettement en
tête, devant les assurances (194 francs par heure) et
les banques (137 francs par heure).
maladie, tandis que deux tiers sont imputables aux
coûts indirects tels que perte de productivité au tra-
vail et soins informels.
Considérées sous l’angle économique, les dépenses
de santé ne représentent qu’une partie des coûts.
En économie politique, les coûts sont considérés de
manière générale comme un manque à gagner. On
parle en loccurrence de coûts d’opportunité, qui
résultent des possibilités inutilisées auxquelles il faut
renoncer. D’un point de vue social, l’ensemble des
frais de maladie est déterminant, qu’importe où ces
frais adviennent, pour qui et sous quelle forme. Seule
une vue densemble permet d’établir quels coûts doit
supporter une économie pour une maladie spéci-
fique.
Sept études pour la Suisse
Les études évaluées pour la Suisse traitent essen-
tiellement de maladies chroniques, celles-ci étant de
plus en plus fréquentes et donc de plus en plus im-
portantes en raison du vieillissement démogra-
phique. Trois travaux calculent les coûts des mala-
dies du cerveau, dont une étude sur la sclérose en
plaques, une sur la démence et une étude de survol
sur toutes les maladies importantes du cerveau.
Dépenses de santé et frais de maladie en Suisse
Dépenses de santé
(coûts médicaux directs)
en mio de CHF/a
Coûts
non médicaux directs
en mio de CHF/a
Coûts
indirects
en mio de CHF/a
Coûts
globaux
en mio de CHF/a
Part des dépenses
de santé
aux frais de maladie
Sclérose en plaques 192 55 273 520 37. 0 %
Septicémie 355 n.i. 844 1 199 29.6%
Polyarthrite rhumatoïde 790 278 1 332 2 400 32.9%
Démence 3 486 n.i. 2 771 6 257 55.7%
Cancer 3 062 241 4 593 7 655 40.0%
Douleurs lombaires (MCH)12 751 1 224 6 316 10 291 26.7%
Douleurs lombaires (MCF)22 751 1 224 3 390 7 365 3 7. 3 %
Maladies du cerveau 6 082 2 696 9 831 18 609 32.7%
Source: Polynomics, Dépenses de santé et frais de maladie, 2011.
1 MCH: méthode du capital humain.
2 MCF: méthode des coûts de friction pour calculer les pertes de productivité.
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Par leur effet plus ciblé et plus rapide, les nouveaux traitements réduisent les frais de maladie indirects,
les coûts des soins informels par exemple.
Comme mentionné ci-dessus, les coûts intangibles
ne sont pas pris en compte. Au total, outre les mala-
dies du cerveau, dont on recense douze patholo-
gies, les douleurs lombaires entraînent les coûts les
plus élevés. Mais, avec quelque 6 à 8 milliards de
francs par an, le cancer et la démence représentent
aussi une lourde charge pour l’économie suisse.
En ce qui concerne les tableaux cliniques de ces
sept études, il ne s’agit bien entendu pas d’une sé-
lection représentative de toutes les maladies sévis-
sant en Suisse. Avec la polyarthrite rhumatoïde, le
cancer et les maladies du cerveau (dépressions et
migraine incluses), on trouve néanmoins dans les
études quatre des sept maladies chroniques les plus
fréquentes en Suisse. De plus, l’étude sur les dou-
leurs lombaires traite des troubles physiques les plus
fréquents en Suisse, dont souffre près de la moitié
de la population et qui ne peuvent être imputés direc-
tement à une maladie.
Coûts élevés des maladies du cerveau et
des douleurs lombaires
Le tableau en page 3 offre un aperçu des coûts glo-
balement déterminés dans ces études pour la
Suisse. Les coûts globaux se composent en l’occur-
rence pour l’essentiel de coûts médicaux directs et
de coûts non médicaux directs ainsi que de coûts
indirects (perte de productivité et soins informels).
Les coûts globaux par tableau clinique difrent par-
fois nettement. Ceci est dû au nombre de personnes
touchées (prévalence) et aux différentes formes de
traitement. Les coûts élevés des maladies du cer-
veau et des douleurs lombaires le prouvent en dépit
de coûts par patient faibles. La maladie la plus c-
teuse par patient est la septicémie, suivie de la dé-
mence et de la sclérose en plaques. La prévalence
relativement faible de ces maladies aboutit toutefois
à des coûts globalement plus faibles.
Dans le cas de la démence, les dépenses de santé
atteignent une proportion supérieure à 50%, ce qui
s’explique avant tout par le fait que la démence
touche essentiellement des personnes âgées, les-
quelles – pour la plupart – ne se trouvent plus dans
la vie active. Les pertes de productivité du travail
n’ont de ce fait pas été déterminées, ce qui se traduit
par des coûts indirects plus faibles. Inversement, on
peut considérer que la part des coûts indirects dans
les maladies aiguës est nettement plus faible que
dans les maladies chroniques, car les pertes de pro-
ductivité se limitent à une période plus brève. Les
coûts indirects de la septicémie sont essentiellement
dus au fort taux de mortalité: près de 50% dans
l’étude.
n
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Limpact des dépenses de santé sur les frais de ma-
ladie est particulièrement significatif en rapport avec
le progrès médico-technologique, de sorte que
nombre d’études se penchent sur ce facteur. En gé-
ral, les innovations sont plus chères que ce qui
existe déjà dans le système de santé. Mais en contre-
partie, elles permettent de soigner les maladies plus
efficacement et plus rapidement. Les exemples sont
multiples. Ainsi les procédés de chirurgie mini-inva-
sive tels que la cœlioscopie ont-ils permis aux pa-
tients atteints d’une hernie inguinale de retourner
aujourd’hui travailler environ deux fois plus vite après
l’opération et de souffrir nettement moins.
Dans le secteur des nouveaux médicaments, en par-
ticulier, il existe un grand nombre d’études, car, dans
la plupart des pays, les autorités dhomologation
exigent la preuve d’une meilleure efficacité avant
d’autoriser la mise sur le marché d’un nouveau pro-
duit. Citons à titre d’exemple le progrès technolo-
gique enregistré dans le domaine des anticoagu-
lants, cest-à-dire le gros des médicaments utilisés
Le progrès médical fait baisser
les frais de maladie
Les innovations réalies dans le système de santé sont certes coûteuses, mais les
nouveaux appareils, médicaments et procédés sont indispensables pour mieux lutter contre
les maladies. Ils font en effet baisser les coûts indirects et intangibles. Cet aspect
n’est que ts insuffisamment pris en compte dans les débats sur l’explosion des coûts.
DÉPENSES DE SANTÉ
n Le système de santé vient non seulement en aide
aux malades, mais il est aussi un secteur écono-
mique important. Les dépenses de santé traduisent
en effet également des performances économiques
et des emplois. 16 000 médecins praticiens rédigent
chaque année 65millions dordonnances qui servent
à obtenir des médicaments dans 1 700 pharmacies,
près de 300 hôpitaux réalisent plus de 12 millions de
journées de soins – et ceci ne représente qu’une pe-
tite partie de l’économie de la santé. Son importance
pour léconomie nationale est patente: les dépenses
de santé représentent 11% du produit intérieur brut,
la santé et les médicaments 14% de l’indice des prix
à la consommation. Près dune personne sur huit
exerçant une activité lucrative travaille dans le sec-
teur de la san. Ainsi le système de santé est-il l’un
des principaux employeurs de Suisse. Léconomie
de la santé n’évolue pas en faisant des remous, mais
elle connt une croissance régulière: au début des
années 90.8% des employé(e)s travaillaient dans le
système de santé; l’an passé, ils étaient déjà plus
de 12%. Cette importance croissante a conduit les
économistes à modifier leur regard sur le système de
santé. Le professeur Klaus-Dirk Henke (Berlin), qui
observe et étudie la structure et lévolution de l’éco-
nomie de la santé, parle dune nouvelle conception.
Economie de la santé
Tandis que l’on considérait autrefois léconomie de
la santé comme une partie du système de san,
c’est aujourd’hui l’inverse. Ceci va de pair avec le
fait de se détourner d’un financement essentielle-
ment fourni par les pouvoirs publics. Les soins de
santé ne sont plus (ou plus uniquement) considé-
rés comme un facteur de coûts, mais comme une
branche en pleine croissance, offrant de plus en
plus d’emplois et de nouvelles possibilités de car-
rière. De ce fait, ce n’est plus l’aspect de la consom-
mation qui domine les soins de santé, mais les in-
vestissements dans la santé servent la croissance
économique et la productivité.
Klaus-Dirk Henke a relevé pour l’Allemagne des
chiffres similaires à ceux de la Suisse. La valeur
ajoutée brute de l’économie de la santé représente
environ 11% de l’ensemble de l’économie natio-
nale, avec un taux de croissance annuel supérieur à
10%. Klaus-Dirk Henke indique pour l’économie de
la santé un multiplicateur direct de 1.41. Cela signifie
que chaque euro de l’économie de la santé entraîne
EUR –,41 de prestations supplémentaires dans
d’autres domaines. Si l’on considère également la
consommation qui découle de ces revenus supplé-
mentaires, on aboutit à un multiplicateur de 1.81.
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