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L’impact des dépenses de santé sur les frais de ma-
ladie est particulièrement significatif en rapport avec
le progrès médico-technologique, de sorte que
nombre d’études se penchent sur ce facteur. En gé-
néral, les innovations sont plus chères que ce qui
existe déjà dans le système de santé. Mais en contre-
partie, elles permettent de soigner les maladies plus
efficacement et plus rapidement. Les exemples sont
multiples. Ainsi les procédés de chirurgie mini-inva-
sive tels que la cœlioscopie ont-ils permis aux pa-
tients atteints d’une hernie inguinale de retourner
aujourd’hui travailler environ deux fois plus vite après
l’opération et de souffrir nettement moins.
Dans le secteur des nouveaux médicaments, en par-
ticulier, il existe un grand nombre d’études, car, dans
la plupart des pays, les autorités d’homologation
exigent la preuve d’une meilleure efficacité avant
d’autoriser la mise sur le marché d’un nouveau pro-
duit. Citons à titre d’exemple le progrès technolo-
gique enregistré dans le domaine des anticoagu-
lants, c’est-à-dire le gros des médicaments utilisés
Le progrès médical fait baisser
les frais de maladie
Les innovations réalisées dans le système de santé sont certes coûteuses, mais les
nouveaux appareils, médicaments et procédés sont indispensables pour mieux lutter contre
les maladies. Ils font en effet baisser les coûts indirects et intangibles. Cet aspect
n’est que très insuffisamment pris en compte dans les débats sur l’explosion des coûts.
DÉPENSES DE SANTÉ
n Le système de santé vient non seulement en aide
aux malades, mais il est aussi un secteur écono-
mique important. Les dépenses de santé traduisent
en effet également des performances économiques
et des emplois. 16 000 médecins praticiens rédigent
chaque année 65 millions d’ordonnances qui servent
à obtenir des médicaments dans 1 700 pharmacies,
près de 300 hôpitaux réalisent plus de 12 millions de
journées de soins – et ceci ne représente qu’une pe-
tite partie de l’économie de la santé. Son importance
pour l’économie nationale est patente: les dépenses
de santé représentent 11% du produit intérieur brut,
la santé et les médicaments 14% de l’indice des prix
à la consommation. Près d’une personne sur huit
exerçant une activité lucrative travaille dans le sec-
teur de la santé. Ainsi le système de santé est-il l’un
des principaux employeurs de Suisse. L’économie
de la santé n’évolue pas en faisant des remous, mais
elle connaît une croissance régulière: au début des
années 90.8% des employé(e)s travaillaient dans le
système de santé; l’an passé, ils étaient déjà plus
de 12%. Cette importance croissante a conduit les
économistes à modifier leur regard sur le système de
santé. Le professeur Klaus-Dirk Henke (Berlin), qui
observe et étudie la structure et l’évolution de l’éco-
nomie de la santé, parle d’une nouvelle conception.
Economie de la santé
Tandis que l’on considérait autrefois l’économie de
la santé comme une partie du système de santé,
c’est aujourd’hui l’inverse. Ceci va de pair avec le
fait de se détourner d’un financement essentielle-
ment fourni par les pouvoirs publics. Les soins de
santé ne sont plus (ou plus uniquement) considé-
rés comme un facteur de coûts, mais comme une
branche en pleine croissance, offrant de plus en
plus d’emplois et de nouvelles possibilités de car-
rière. De ce fait, ce n’est plus l’aspect de la consom-
mation qui domine les soins de santé, mais les in-
vestissements dans la santé servent la croissance
économique et la productivité.
Klaus-Dirk Henke a relevé pour l’Allemagne des
chiffres similaires à ceux de la Suisse. La valeur
ajoutée brute de l’économie de la santé représente
environ 11% de l’ensemble de l’économie natio-
nale, avec un taux de croissance annuel supérieur à
10%. Klaus-Dirk Henke indique pour l’économie de
la santé un multiplicateur direct de 1.41. Cela signifie
que chaque euro de l’économie de la santé entraîne
EUR –,41 de prestations supplémentaires dans
d’autres domaines. Si l’on considère également la
consommation qui découle de ces revenus supplé-
mentaires, on aboutit à un multiplicateur de 1.81.