Les Collectivités territoriales dans l’Union européenne. Vers une Europe décentralisée ?
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Nombre d’États européens, au premier rang desquels se trouve assurément la France,
ont ainsi privilégié une organisation centralisée de leur administration, généralement
dans un but d’aménagement du territoire mais aussi de contrôle strict des libertés locales.
La décentralisation
La décentralisation
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permet d’accorder une certaine autonomie à des collectivités
territoriales, élues et libres de s’administrer comme elles le souhaitent, mais toujours
dans le cadre d’une unique loi nationale qui continue de s’imposer à elles. Dès lors,
les collectivités décentralisées ne sont pas dans une situation de dépendance à l’égard
du pouvoir central et peuvent évoluer de façon relativement diversifiée. Mais il y
a des limites à cette autonomie, clairement posées par la loi et la constitution, et
garanties par un contrôle étatique des actes de ces collectivités décentralisées. Tous
les États européens connaissent désormais, à des degrés bien évidemment divers,
une forme de décentralisation.
La déconcentration
La déconcentration5 peut apparaître comme une voie moyenne, intermédiaire entre
les deux précédents modèles d’organisation de l’État : il s’agit en effet d’une simple
délégation de compétences, au sein de l’État, en direction d’autorités territoriales
placées au plus près des citoyens mais toujours nommées par le pouvoir central. Il
s’agit donc avant tout d’une technique d’organisation administrative, consistant à
répartir les compétences, puis les moyens – matériels, financiers et humains – au
sein de cette unique personne morale qu’est l’État, en procédant à des délégations
d’une administration centrale vers ses services déconcentrés. Cette notion s’oppose
à celle de concentration qui est un système administratif dans lequel le pouvoir de
décision est concentré au sommet de l’appareil d’État.
Permettant d’alléger la charge administrative qui incombe aux services centraux,
la déconcentration favorise à l’inverse une accélération de la prise de décision au
niveau local, à l’image de la célèbre formule que l’on doit à Odilon Barrot : « c’est le
même marteau qui frappe, mais on en a raccourci le manche ». Très largement utilisée
par les États unitaires, la déconcentration peut également l’être par les collectivités
territoriales ou les États fédérés qui s’assurent ainsi un meilleur circuit de décision
au niveau administratif sans pour autant renoncer au maintien d’un contrôle hiérar-
chique. Ainsi, l’unité de l’institution est préservée dans la mesure où les chefs de
service6 conservent leur traditionnel pouvoir d’instruction (pouvoir de donner des
4. Pour aller plus loin en ce qui concerne les définitions, se reporter à : G. Cornu (sous la direction
de…). Vocabulaire juridique. Paris, PUF, 8e édition, 2007, 986 p.
5. Voir aussi : N. Kada. Le préfet et la déconcentration sous la Cinquième République. Lille, Presses universi-
taires du Septentrion, 2000, 699 p. et A. Larangé. La déconcentration. Paris, LGDJ, 2000, 116 p.
6. Par chefs de service, il faut entendre ici : ministres, préfets, exécutifs des collectivités territoriales ou
exécutifs des établissements publics.