revue
– la région tardive est la portion du génome qui est traduite
après l’étape de réplication de l’ADN viral. Elle est située
du côté distal par rapport à l’origine de réplication. Elle
code les protéines de capside VP1 (362 acides aminés [aa]),
VP2 (351 aa) et VP3 (232 aa) et une protéine non structu-
rale, l’agnoprotéine (66 aa). Les ARNm de ces différentes
protéines sont également issus de l’épissage alternatif d’un
pré-ARNm commun.
L’Ag T possède de multiples fonctions [7] :
– liaison à l’ADN viral : l’Ag T interagit spécifiquement
au niveau de l’origine de réplication du génome viral. Cette
liaison joue un rôle dans l’autorégulation de la production
d’ARNm précoces (blocage du complexe de transcription
inhibant la transcription précoce) et l’initiation de la répli-
cation de l’ADN viral ;
– activité hélicase : cette fonction permet de dérouler la
double hélice d’ADN en supprimant les liaisons hydrogène
qui unissent les bases complémentaires ;
– formation avec l’ADN polymérase ␣de complexes impli-
qués dans la transcription de l’ADN ;
– interactions avec des facteurs de transcription cellulaire :
TATA box binding protéine, Sp1, AP-2, TEF-1 ;
– formation de complexes avec des protéines impliquées
dans la régulation de la croissance cellulaire : pRb, p53,
p107, p130.
En 1993, Jin et al. [8] réalisèrent le premier génotypage du
BKV à partir d’une courte séquence du gène de la protéine
de capside VP1. Quatre génotypes distincts (I à IV) furent
alors mis en évidence. Depuis, pour les génotypes I et IV,
quatre et six sous-types ont été identifiés, respectivement
[9]. Le génotype I est répandu mondialement, le génotype
IV est principalement situé dans le sud-est de l’Asie et en
Europe, les génotypes II et III sont rarement retrouvés. La
région NCCR présente également des variations génoty-
piques. Elle est susceptible de subir des modifications telles
que des insertions et des délétions permettant de distinguer
les souches natives dites « archétypes » des souches réar-
rangées dites « variantes ». Ces variations ont été observées
aussi bien au niveau des souches de BKV en culture cellu-
laire qu’au niveau des souches isolées directement à partir
de prélèvements de patients [10].
Épidémiologie et transmission
Le BKV est un virus ubiquitaire. Différentes études
montrent que l’infection se produit pendant la petite
enfance. La séroprévalence est à son plus bas niveau à l’âge
de six mois, après la perte des anticorps maternels, puis aug-
mente au cours du temps [11]. Le pic de séroconversion se
situe aux alentours de 4–5 ans. Jusqu’à 90 % des adultes
sont séropositifs pour le BKV. La séroprévalence diminue
avec l’âge avancé des sujets étudiés.
La transmission interhumaine aurait lieu par les voies
respiratoires hautes mais cela n’a pas été formellement
démontré, le BKV étant retrouvé dans des prélèvements
amygdaliens [12] et l’âge de séroconversion allant dans
ce sens. Une transmission maternofœtale par voie trans-
placentaire a aussi été évoquée, de l’ADN viral ayant été
retrouvé au niveau des tissus fœtaux et placentaires [13].
Le virus a également été mis en évidence dans d’autres
prélèvements biologiques, en particulier les urines et les
selles [14], ces résultats amenant à poser l’hypothèse d’une
transmission par voie orale par des aliments ou de l’eau
contaminés. De même, la transmission par voie sexuelle a
été proposée. En effet, le BKV a été identifié dans des tis-
sus génitaux et dans des échantillons de sperme. Toutefois,
étant donné l’âge de primo-infection qui est antérieur à l’âge
de l’activité sexuelle, ce mode de transmission apparaît
peu probable.
Tropisme in vivo et persistance virale
L’histoire naturelle de l’infection par le BKV comporte
schématiquement trois phases (figure 1) :
– la primo-infection, qui survient généralement chez les
jeunes enfants ;
– la phase de persistance dans l’organisme ;
– les phases de réactivation endogène ou de réinfection
exogène, généralement asymptomatiques chez les individus
immunocompétents, et qui peuvent avoir certaines expres-
sions cliniques chez les sujets immunodéprimés.
L’hypothèse la plus probable concernant le mode d’entrée
du virus dans l’organisme est la voie respiratoire où il se
multiplierait au niveau des amygdales. Puis le virus serait
disséminé par voie hématogène, au sein des cellules mono-
nuclées sanguines ou libre dans le plasma, vers différents
organes cibles, en particulier le rein et le tractus urinaire.
Le virus persiste alors à l’état latent dans certains organes.
Le site majeur de persistance virale est l’épithélium du rein
(épithéliums de transition, des tubules rénaux, de la capsule
de Bowman) et du tractus urinaire. Il a aussi été retrouvé
dans divers autres organes, tels que le poumon, le foie,
l’estomac, les glandes parathyroïdes, les amygdales et le
nasopharynx, les os, les organes génitaux et l’hypophyse ou
encore le cerveau et les cellules mononuclées sanguines. Le
génome viral se trouve alors sous forme épisomale dans le
noyau de la cellule hôte. Un nombre limité de gènes viraux
étant transcrits, le BKV échappe à la surveillance du sys-
tème immunitaire dont les deux principales cibles sont l’Ag
T et la protéine de capside VP1 [15].
Le BKV a la capacité de se réactiver dans cer-
taines circonstances, le plus souvent dans un contexte
d’immunosuppression, souvent d’origine cellulaire, même
Virologie, Vol 15, n◦2, mars-avril 2011 117
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