l`aumônerie en action - Aumônerie Israélite des Armées

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Septembre 2012
Elloul 5772
Aumônerie
COMMENT TSAVA N° 10 ?
israélite
‫איך הצבא‬
des Armées
édito
L’A.I.A. en action
Portrait d’unaumônier
Étude
Regard sur ... les 10 Commandements
Anciens Combattants Carnet
Commémorations
Spiritualité
Ces aumôniers qui ont fait l’histoire
COMMENT TSAVA ? n°10
En hébreu armée se dit tsava
SOMMAIRE
(en couverture, ravivage de la flamme le 5 juin 2012)
édito
Haïm Korsia.............................................................................................................................................................................................. 1
L’aumônerie en action
Cérémonie de transmission mémorielle, Gérald Rosenfeld. ............................................................................................ 3
A l’Est, du nouveau !, Philippe Choucroun.............................................................................................................................. 4
Le Nord Ouest en bref , Michael Dahan. ................................................................................................................................... 5
Congrès national 2012 : sous le képi, la kippa,Hadassah Eliraz.................................................................................... 6
Le congrès en 3 questions à Serge Dray, Hadassah Eliraz................................................................................................ 9
Montauban et Toulouse : les mots pour le dire, André Elkiess.................................................................................... 10
Raviver la flamme, Véronique Dubois. .................................................................................................................................... 12
Commémorations
Un nom pour sépulture,Véronique Dubois............................................................................................................................ 14
Morts pour que vive la France, Véronique Dubois............................................................................................................ 15
Ces aumôniers qui ont fait l’histoire
Il était une fois, l’aumônier Bernard Schoenberg............................................................................................................... 16
Regard sur...les 10 Commandements
La voix de la Thora, Elie Munk (extrait)................................................................................................................................. 18
Les Tables de la Loi, Pierre-Yves Bauer................................................................................................................................. 20
Et tu marcheras dans ses voies, Michel Guggenheim (extrait).................................................................................... 22
Étude
Les armes dans la Bible, Haïm Harboun . .............................................................................................................................. 23
Portrait d’un aumônier
Gérald Rosenfeld, Véronique Dubois. ...................................................................................................................................... 30
Spitirualité
Communiquer au-delà de la parole, Emeric Deutsch....................................................................................................... 33
Culture.................................................................................................................................................................................................. 36
Carnet
Un Grand rabbin très distingué, Véronique Dubois. ......................................................................................................... 38
Promotions.............................................................................................................................................................................................. 39
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
1
COMMENT TSAVA?
é Le maelstrom
de la vie
(Crédit photo : Défense Nationale)
dito
L
e mois de septembre marque toujours un renouveau, que ce soit celui de la rentrée
scolaire, le début de l’année selon le calendrier juif ou une forme retrouvée après
le temps des vacances. Dans les armées aussi, c’est la rentrée, puisque certains ont
changé d’affectation. La rentrée scolaire est un de ces moments heureux de l’existence,
c’est le bonheur de retrouver ses camarades après deux mois de séparation, de découvrir
de nouveaux enseignants, de nouveaux lieux, un nouvel environnement, et celui de
débuter une nouvelle année chargée de toutes les espérances.
En cet automne 2012, ces événements de la vie revêtiront un caractère singulier. En
effet, à l’heure où se referme le grand album de photos de l’année passée, les portraits de
ces trois militaires, de ces trois enfants et de leur maître, victimes d’un tueur déshumanisé
à Toulouse et Montauban, nous renvoient à l’incertitude de la vie. Leur visage nous
rappelle une fois de plus, une fois de trop, que même à l’époque d’une maîtrise quasi
totale de la terre et de ses ressources, l’existence de l’homme peut basculer en une
fraction de seconde dans un précipice mortel, une journée « banale » se transformer en
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
COMMENT TSAVA?
un cauchemar dont on ne se réveille jamais, que l’on peut croiser la mort pas uniquement
dans un champ de bataille ou dans un hôpital, qu’il n’existe aucune assurance contre les
imprévus de la vie : chômage, maladie, etc.
En ce jour de nouvel an, le son du Chofar - corne de bélier - résonne dans toutes les
synagogues de la terre conformément au commandement tiré des Nombres (29,1) : « [Le
nouvel an] sera un jour de Teroua - sonnerie saccadée - ».
L’étymologie hébraïque de Teroua est Raoua, littéralement : branlant, chancelant,
instable. Ces sons brefs et courts, semblables aux convulsions de l’existence, nous
renvoient au maelstrom de la vie, tel un radeau sur une mer déchaînée. Dans ces
conditions de navigation, l’Homme, tel un marin sur son navire, doit savoir tenir le cap.
Fort de sa foi, l’Homme doit déceler dans ces aléas de la vie, non pas des échecs, mais des
épreuves imposées par le Créateur sur le chemin d’une société idéale fondée sur la devise
de la France : liberté de pensée et de culte, égalité de droits entre tous les citoyens de la
terre, fraternité synonyme de solidarité voulue et souhaitée par le Tout - Puissant entre les
plus riches et les plus pauvres, les plus forts et les plus faibles.
L’année qui s’annonce n’échappera pas à cette vision des choses inspirée de cette
Teroua. Seul un prophète perspicace - ce que je ne suis pas !- pourrait prédire avec
certitude ce que nous réserve l’avenir. Cependant, la corne de bélier, utilisée le jour du
nouvel an, nous renvoie également à Abraham, le premier de nos Patriarches, le premier
être croyant de l’histoire de l’Humanité, auquel l’Eternel imposa dix épreuves. Abraham
les surmonta toutes, jusqu’à la plus incroyable : la demande de sacrifier son unique fils,
Isaac, à l’Eternel qui venait pourtant de le lui accorder. Sachons nous souvenir de cet
immense personnage, de son exemple, de sa foi, et de sa confiance en son Créateur,
afin de vivre la plus belle et la plus douce des années. Non pas simplement parce qu’elle
sera heureuse, mais parce que nous saurons surmonter toutes les épreuves qu’elle nous
présentera.
Bonne et heureuse année
Grand rabbin Haïm KORSIA
Aumônier en chef israélite des Armées
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
Cérémonie de transmission mémorielle
Gérald Rosenfeld
Vendredi 30 Mars, en présence du Colonel Christian
Blanchon, commandant la Base de Défense de Metz et
du Lieutenant Colonel Patrice Rocolle, commandant le
groupement de soutien de la Base de Défense de Metz eut
lieu une cérémonie de transmission mémorielle organisée
par les aumôniers Bruno Fizson et Gérald Rosenfeld.
C
pièces, lui permettront d’infiltrer les lignes
ennemies.
M. Albert Edelstein, déporté au camp
d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, est
le seul survivant de Thionville membre de
la communauté israélite.
Son témoignage poignant fit passer
dans le public toute l’horreur et l’indicible
des camps de la mort : moment d’émotion,
afin de transmettre leurs mémoires au plus
grand nombre - mission ô combien importante soulignée par
toutes les personnalités présentes.
(Crédit photo : CNE Hansch)
ette cérémonie était organisée autour de deux témoignages extraordinaires. C’est tout d’abord Mme
Marthe Cohn, résistante messine, décorée
de la Croix de Guerre, de la Médaille Militaire et Chevalier de la Légion d’Honneur,
qui restitua ses faits de résistance.
Affrontant avec un courage inouï le
froid, la faim et les mille dangers qui la
guettaient, elle parvint à donner des renseignements décisifs aux Forces alliées. Sa
blondeur naturelle, sa parfaite maîtrise de
l’allemand et un passé fabriqué de toutes
Cérémonie de transmission mémorielle
autour d’A. Edelstein et de M. Kohn
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Aumônerie israélite des armées
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
A l’Est, du nouveau !
Philippe Choucroun
La région Est a accueilli début mai un nouvel aumônier
régional en la personne du rabbin Philippe Choucroun.
Lundi 7 mai dernier, c’est le Grand rabbin
Daniel Dahan qui a accueilli les aumôniers
régionaux, ainsi que le Grand rabbin Bruno
Fiszon et l’aumônier Yaakov Atlan dans le
centre communautaire de sa ville, Nancy.
Autour d’un repas chaleureux et studieux, les aumôniers ont fait le point sur la (Crédit photo : Défense Nationale)
D
ans la perspective du départ prochain de notre ami et actuel aumônier régional Gérald Rosenfeld, son
successeur Philippe Choucroun a d’ores
et déjà pris ses premiers rendez-vous et
contacts avec les aumôniers desservant
cette région militaire : Yaacov Atlan mais
aussi les autorités militaires locales.
Les aumôniers israélites de la ZD Est
à la synagogue de Nancy
situation régionale. Mercredi 9 Mai, les aumôniers régionaux se sont ensuite déplacés au 16e BC de Bitche afin de présenter
le nouvel aumônier desservant cette garnison, Yaakov Atlan.
(Crédit photo : Défense Nationale)
Là aussi, le régiment réserva un accueil
chaleureux aux aumôniers. Une semaine
donc riche en travail en rencontres, dans
un climat positif pour notre nouvel aumônier régional…
Les aumôniers de l’AIA autour
du chef de corps par suppléance le LC Houët
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
L’agenda du Nord-Ouest en bref
(Crédit photo : Défense Nationale)
Michaël Dahan
Aumônier régional de la ZD Ouest
Michaël Dahan
- Fin novembre 2011: marche de cohésion avec
l’ETRS à St. Marcel toute la journée,
- 24/11/11 : participation au « jeudi de la Défense » à l’IUFM de Bretagne. Intervention de
Simon Wissman,
- cocktails de fin et début d’année à l’Etat– Major,
- 1/3/12 : cérémonie d’inauguration du Mémorial des morts à Caen.
Lecture de psaumes - Présence de Marc Laffineur ( ex - secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense),
- Intervention à une table ronde pour les 10 ans
de l’association interreligieuse CERDI à Angers :
« Religion, Violence et Dialogue » ,
- intervention à l’Abbaye de Fontevraud pour
un colloque sur « Sens et Urgence du dialogue
interreligieux »,
- Rennes, Monuments aux morts : suite à
la tragédie de Toulouse, cérémonie avec le Général de la zone Défense ouest, le Préfet et
l’association des anciens parachutistes et en présence des militaires suivie d’un cocktail à
la préfecture et d’une intervention à la TV5 de
Rennes.
- Après quelques mois de tournage : mercredi
2/5/2012 sur France 3 Lorraine documentaire
« la Marseillaise et la prière. Les aumôniers militaires ».
- Intervention au centre communautaire de
Tours pour les anciens de l’IHEDN sur le thème
« La religion dans les armées et l’Aumônerie »,
- Préparation du congrès national de l’AIA à Orléans.
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
Congrès National de l’Aumônerie
Israélite des Armées (AIA) :
Hadassah Eliraz
(avec l’autorisation d’ Actualité Juive)
(Crédit photo : Moche Lewin)
L’AIA, dirigée par le Grand rabbin Haïm Korsia, a tenu son
congrès national les 14 et 15 mai à Orléans. C’est Michaël
Dahan, aumônier régional de la zone de défense Ouest,
qui l’organisa avec Serge Dray, affecté à la base aérienne
123 d’Orléans-Bricy : un site emblème des missions d’une
aumônerie plus que jamais pierre d’angle du lien ArméeNation.
La BA 123 d’Orléans – Bricy: un site emblème des missions de l’AIA
L
e congrès s’ouvrit par la passation
de témoin entre Gérald Rosenfeld,
aumônier régional de l’Est atteint
par la limite d’âge et Philippe Choucroun.
A cette occasion, H. Korsia souligna
l’importance des journées de mémoire
organisées par Gérald Rosenfeld et le
Grand rabbin Bruno Fiszon, « passeurs de
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
(Crédit photo : Moche Lewin)
mémoire ». Dans le cadre de son soutien
aux forces armées, l’AIA rencontra le
responsable du commando parachutiste
de l’armée de l’air. Sous ses ordres, des
militaires oeuvrent dans des conditions
extrêmes : « La négligence de l’âme, après 10
ans de service et la pression psychologique
laissent des traces ». Un constat auquel H.
Korsia ne manqua pas de réagir : « Nous
Le responsable du commando parachutiste de
l’armée de l’air et Haïm Korsia
tenons les mains des soldats, comme Aaron
et Chur tenaient les mains de Moïse ».
« La communauté sait que nous
sommes réactifs et présents »
(H. Korsia)
L’AIA est une part du lien Armée-Nation.
C’est ce qui lui donne mandat pour agir.
C’est ainsi que, lors du drame d’Ozar
Hatorah, les aumôniers Gabriel Sebag de
Toulouse et André Elkiess de Montauban
ont accompli un travail extraordinaire, fait
de discrétion, d’efficacité et d’humanité.
A Paris, Moche Lewin et Haïm Korsia,
aumôniers des aéroports de Paris,
assurèrent la réception des cercueils
arrivés par avion sanitaire, ainsi qu’une
cérémonie digne et spirituelle, des repas
cachers et la lecture des tehillim (psaumes).
Et l’aumônier général de préciser : « Les
pouvoirs publics se sont appuyés sur nous.
Nous avons essayé de faire notre mission
de Juifs et notre mission militaire et il y avait
coïncidence entre les deux. La communauté
sait que nous sommes réactifs et présents ».
La province bénéficie aussi de ce lien:
« Les aumôniers permettent à des micro communautés d’avoir des représentants
du judaïsme là où, à deux cent cinquante
kilomètres à la ronde il n’y a pas de rabbin ».
C’est dans ce cadre que « Philippe Assous
assurera en province, avec une légitimité
consistoriale, tous les gestes religieux que
l’AIA peut produire » officialisa H. Korsia.
Un congrès porté par la montée
en puissance de l’AIA
Symboliquement, c’est au Centre
d’Etude et de Recherche sur les camps
d’Internement dans le Loiret et la
déportation juive que s’acheva le congrès,
après un office religieux. Des avancées
de l’AIA, on retiendra la création Beth
Hamidrach (Cercle d’Etude) mensuel
pour la formation spirituelle continue des
aumôniers. La Prière pour la République
intègrera un passage dédié aux forces
françaises.
« C’est une vraie révolution. Cette version
sera intégrée dans la nouvelle édition des
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Aumônerie israélite des armées
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
livres de prière du Grand rabbin Claude
Brahami, envoyée aux autorités militaires et
aux synagogues consistoriales ».
porté par la montée en puissance de l’AIA,
au confluent du devoir de mémoire, de la
Défense nationale et du judaïsme.
(Crédit photo : Moche Lewin)
Visite de la Pharmacie Centrale des
Armées, offices religieux, bilan d’action
individuel, ponctuèrent aussi ce congrès
(Crédit photo : Moche Lewin)
Un office religieux au CERCIL clôtura
symboliquement le congrès
(Crédit photo : Moche Lewin)
Visite de la Pharmacie Centrale des Armées
Haïm Korsia & le Colonel Poirot commandant en
second de la Ba 123 et adjoint force OA123
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
(Crédit photo : Serge Dray)
Le congrès en 3 questions
à Serge Dray
Serge Dray
AJ : Quelle est votre mission sur cette
base ?
SD : Depuis le 2 janvier 2012, je suis notamment aumônier sur la base aérienne
123 Orléans-Bricy. J’assume la mission
traditionnelle d’un aumônier militaire : répondre aux sollicitations spirituelles, humaines et psychologiques des militaires et
des civils de la Défense. C’est une fonction
tant militaire que religieuse.
AJ : Quelle valeur ajoutée apporte
votre qualité d’aumônier israélite?
SD : Cette base supporte des troupes dont
certaines, par leurs missions très sensibles,
sont exposées à un stress important.
Comme tous les aumôniers, j’ai vocation
à accompagner les troupes en opérations
extérieures, ce que j’ai déjà fait au Kosovo
et en Nouvelle Calédonie. Aumônier israélite, je porte une parole originale à cha-
cun dans le respect des cultes mais avec
la valeur ajoutée de nos enseignements.
J’assure aussi une proximité religieuse
aux populations juives locales en veillant
à l’observance des fêtes, aux solennités
religieuses, à la cacherout.
A.J : Quels enseignements avez-vous
retiré de ce congrès?
SD : La base 123 d’Orléans accueillait ce
congrès pour la première fois. Nous y avons
vu la force de l’engagement de la Défense,
la puissance et l’efficacité de la Pharmacie
Centrale des armées. La visite du musée
de la Résistance et de la Déportation à Orléans rappelle que, dans le Loiret, étaient
plusieurs camps d’internement, dont le
camp tristement célèbre de Pithiviers : le
travail de mémoire est sans fin.
Hadassah Eliraz
(avec l’autorisation d’ A.J)
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Aumônerie israélite des armées
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
Toulouse et Montauban :
les mots pour le dire…
Monsieur le Préfet , Madame la Député Maire, Monsieur le Procureur Général, Messieurs les Colonels, Chers amis Montalbanais, Chers coreligionnaires,
(Crédit photo : Moche Lewin)
André Elkiess
André Elkiess
C
’est avec une très profonde émotion que devant vous aujourd’hui, je tiens à
m’exprimer.
M’exprimer pour vous dire combien nous autres, Juifs montalbanais, sommes
touchés et sincèrement émus de vous rencontrer et de vous recevoir en cette modeste
synagogue.
Cette synagogue où notre communauté se retrouve les jours de Shabbat et de fêtes
pour prier l’Eternel afin qu’il accepte nos supplications et qu’il apporte à tous, juifs et non
juifs, la paix et la sérénité tant désirées.
En ces temps pénibles et difficiles qu’une fois de plus nous traversons, qu’il m’est
agréable de constater que par votre présence et aussi par les multiples courriers que j’ai
reçus, à quel point sont grandes votre compassion et votre empathie, car elles se sont
exprimées sans faille et de toutes parts, civiles et militaires.
Dois-je vous rappeler le sort réservé à ce pauvre militaire toulousain, Imad Ibn Ziaten,
froidement abattu dans un guet-apens pour la simple raison qu’il appartenait à un corps
d’armée ?
Le même sort a hélas été réservé à Abel Chenouf et Mohamed Legouade, tous deux
militaires du 17ème régiment, lâchement exécutés à quelques mètres de leur caserne. Je
n’oublie pas et prie tous les jours de Shabbat pour le jeune Loïc Liber afin qu’il se rétablisse
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
complètement dans les meilleurs délais. Pour la bête immonde, ces quatre parachutistes
ont eu pour tort d’avoir servi la République, notamment en Afghanistan.
Poursuivant ainsi sa folie meurtrière, le Monstre s’en prend ensuite à des enfants
entrant dans leur école; il connaît une fois de plus la jouissance que lui procurent la
lâcheté et le crime.
A Ozar Hatorah, en ce lundi matin, il exécute donc froidement, un de mes anciens
élèves, le professeur de religion Jonathan Sandler ainsi que ses deux enfants prénommés
comme les anges Ariel et Gabriel..(…)
Hôtel de Ville de Montauban, le 25 avril 2012
Extrait du discours prononcé par André Elkiess,
rabbin de Montauban & aumônier militaire israélite du 17° RGPl
Suite à cette tragédie, de nombreux témoignages de solidarité
sont parvenus à l’AIA.
Que leurs auteurs en soient remerciés.
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Aumônerie israélite des armées
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
Raviver la flamme ou
de la pedagogie du partage
Mercredi 6 juin 2012, l’AIA a participé au ravivage de
la flamme à la mémoire du soldat inconnu avec l’Union
des Engagés Volontaires Anciens Combattants Juifs
1939-1945 Leurs Enfants et Amis.
Véronique Dubois
(Crédit photo : VD)
L
e ravivage de la flamme est
toujours un événement en soi,
émotionnellement fort. Mercredi
soir, le public nombreux était encore au
rendez-vous… et les touristes happés
par la mise en place de la cérémonie
toujours très impressionnés par la
solennité et la minutie du protocole.
C’est donc conformément à celui-ci
que la cérémonie débuta, sitôt les
autorités arrivées. Autour du rabbin
Joël Jonas, aumônier régional de
la ZD ParisIDF et organisateur de la
cérémonie, prit place la délégation
de l’AIA, composée des aumôniers
Betzalel Lévy, Pierre-Yves Bauer,
Philippe Assous, Yehuda Berdugo,
Alain Attia, Meyer Malka, Haïm Korsia
aumônier en chef et Véronique Dubois.
Puis, succédèrent les dépôts de gerbes
de l’AIA, des engagés volontaires et du
conseil régional de Paris.
François Szulman
Le ravivage de la flamme fut assuré
symboliquement par des élèves de
l’école Lucien de Hirsch conviés à
ce devoir de mémoire. Au nom du
travail de mémoire, c’est en effet une
tradition de l’aumônerie d’associer
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L’AUMÔNERIE EN ACTION
(Crédit photo : Alain Azria)
Après la sonnerie aux morts et
la Marseillaise jouée par la fanfare
militaire, les enfants entamèrent le
chant traditionnel de la paix Evenou
chalom ale’hem, avant de lire en
français et en hébreu deux psaumes
du Roi David.
Enfin l’aumônier Meyer Malka lut la
nouvelle version de la prière pour la
république qui inclut désormais un
paragraphe dédié aux soldats français.
régulièrement à cette cérémonie
des élèves des établissements
primaires, secondaires et supérieurs
de la communauté juive, toujours
plus nombreux. Cette pédagogie
pragmatique du partage rappelle que,
lors du second conflit mondial « 25 000
Juifs étrangers se sont spontanément
engagés sous le drapeau français, fiers
d’accomplir leur devoir », comme le
rappela François Zsulman, président
délégué de l’UEVACJ.
(Crédit photo : Alain Azria)
Les élèves de Lucien de Hirsch
ravivant la flamme
La cérémonie débuta sitôt les autorités arrivées
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Aumônerie israélite des armées
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COMMÉMORATION
Morts pour que vive la France
Véronique Dubois
Les cérémonies se suivent mais ne lassent pas. La preuve
en est, le public nombreux, tous âges mêlés, venu se
recueillir en ce mardi 8 mai, dans la cour de la mairie du
V ème arrondissement parisien.
S
et Liberté, et les forces de défense
présentes, dont celles de l’HIA du Val
de Grâce, ainsi le Colonel Hackett, le Commandant Lempereur pour l’Ecole de
Santé et l’aumônier israélite Véronique
Dubois.
Mais la présence la plus remarquée fut
assurément celle d’une vétérante, âgée
de 93 printemps et décorée de l’Ordre de
Chevalier de la légion
d’Honneur.
Cette
figure héroïque de la 2ème guerre mondiale
sauva 28 combattants
français et alliés.
(Crédit photo : Alain Azria)
i le 67 ème anniversaire de la
victoire de 1945 constituait le
coeur de la célébration, Jean
Tibéri, maire de l’arrondissement, rappela qu’il s’agissait aussi de célébrer le 70ème anniversaire des offensives alliées
contre la barbarie nazie, tandis que se
durcissaient les lois anti-juives. Après les
traditionnels dépôts de gerbes et la sonnerie aux morts, la Marseillaise retentit, reprise
solennellement par le
public, les représentants
des associations dont
Jean-Frédéric Guischard,
président de Civisme
Jean Tibéri, élu & une vétérante de la
2 ème guerre mondiale
Aumônerie israélite des armées
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COMMÉMORATION
Un nom pour sépulture
Véronique Dubois
Mercredi 18 avril 2012, dès 19h30, se déroula au
Mémorial de la Shoah (Paris) la lecture des noms des
déportés juifs de France.
C
commémorer le Yom Hashoah
(jour en souvenir de la Shoah).
Cette année, elle coïncide avec le 63ème
anniversaire du soulèvement du ghetto de
Varsovie.
Pendant 24 heures, sans interruption,
Serge Klarsfeld, David de Rothschild,
Frédéric Mitterrand, Gilles Bernheim
Grand rabbin de France, Haïm Korsia,
Grand rabbin et Aumônier en chef israélite
des armées... au total 200 personnalités
politiques, culturelles, cultuelles, sans
distinction aucune, procèdent à la lecture
de 35.000 noms. Cette année se furent
ceux des Juifs composants les convois 17
à 53 : des adultes mais aussi des enfants,
déportés et assassinés par la barbarie
nazie qui, au total, priva l’humanité de la
lumière spirituelle de 6.000.000 d’âmes.
Pour ces corps partis anonymement en
fumée, rappeler leur nom tient lieu de
sépulture.
© http://secondeguerre.tableau-noir.net
ette tradition a été instituée pour
La déportation des Juifs du ghetto de Varsovie
Des 76 000 Juifs déportés de France, seuls
2 500 survivront à l’indicible.
Une pluie battante déferla, coïncidant
exactement avec la lecture des premiers noms. Hier soir, le Ciel pleurait...
16
Aumônerie israélite des armées
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CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
Bernard Schoenberg est né le 17 juin
1908 à Lichagora, en Pologne au
sein d’une famille de hassidim (Juifs
orthodoxes) et de rabbins. Il entre
à l’école talmudique en novembre
1917. Selon les témoignages, Bernard
Schoenberg mourra d’épuisement au
camp de Ponowicz en février 1944…
Il n’avait pas 35 ans.
V
ictime des persécutions qui sévissent en Europe orientale, et alors
que Bernard Schoenberg n’a que
cinq ans, sa famille fuit la Pologne afin de
se rendre aux USA. Finalement, elle s’installe à Paris. Les études secondaires de
Bernard seront menées au Talmud Torah
(école religieuse) de la rue Vauquelin. Il
obtient sa licence de droit et, en 1933, son
diplôme rabbinique.
A la fin de cette même année, la famille
Schoenberg est naturalisée française
et Bernard fait son service militaire au 8ème régiment d’artillerie hippomobile de
Toul avant d’intégrer l’aumônerie du lycée
Ampère.
(Crédit photo : cairn.info)
Il était une fois …
l’aumônier Bernard Schoenberg
ou l’histoire d’un destin fauché
Bernard Schoenberg ou l’histoire
d’un destin fauché
Durant la guerre en 1939, Bernard
Schoenberg est nommé aumônier militaire au IXe corps à Nantes avec le grade
de capitaine, il participe à la campagne de
Belgique. Il est ensuite attaché à l’armée
de Paris où il occupe les fonctions d’aumônier des XI, XXV et IX èmes corps. Sur le
terrain des opérations, Bernard Schoenberg connaît bien évidemment les affres
des batailles et l’angoisse des replis et des
camps de réfugiés.
Un aumônier militaire pour la vie
intellectuelle et religieuse
du camp de Ruffieux
A l’intérieur du camp de Ruffieux, les
conditions de vie sont telles que le rabbin
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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(Crédit photo : cairn.info)
CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE
Il effectue son service militaire au 8ème régiment d’artillerie
hippomobile de Toul
Schoenberg améliore l’alimentation des
travailleurs en passant sa contribution
hebdomadaire de 500 à 1000 francs. Il
envisage la nomination d’un aumônier
auxiliaire pour y organiser la vie
intellectuelle et la vie religieuse. Son
choix sera fait parmi les internés, deux
aumôniers seront alors nommés.
Bernard Schoenberg a reculé avec des
hommes dans le sud-ouest. Il séjourne
quelques temps auprès de la communauté de Bergerac. Démobilisé en août 1940 il
regagne Lyon.
En juin 1941, il est invité par le groupement n° 7 des chantiers de la jeunesse à
Rumilly en Haute Savoie à présenter « la
religion juive » devant une quarantaine de
jeunes chefs, de 20 à 25 ans, anciens étudiants.
En 1942, le rabbin Schoenberg assure
par intérim les fonctions de Grand rabbin
de Lyon.
Il organise des cours d’instruction
religieuse à Auschwitz
Arrêté en mai 1943 il est transféré à
Drancy.
Le 20 novembre 43 il fait partie du
convoi n° 62 et sera sélectionné pour travailler dans les usines d’Auschwitz. Il organise des cours d’instruction religieuse
pour une trentaine d’élèves, crée un
chœur d’enfants pour animer les offices
religieux.
Selon les témoignages, le rabbin Bernard Schoenberg meurt d’épuisement
au camp de Ponowicz en février 1944, il
n’a pas 35 ans.
A la libération il reçoit à titre posthume,
la médaille de la Résistance.
(Source : ajpn.org)
18
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS
La Voix de la Thora
Rabbin Elie Munk
Extrait, p 229
avec l’aimable autorisation
des Editions
Odette et Samuel Levy
© : Anonyme
Les quelques Paroles qui
jettent les bases de la vie
en société sont lapidaires, Les Dix Commandements marquent l’inviolabilité
de la propriété
définitives et percutantes.
Elles sont auréolées de l’autorité divine. Elles marquent
les échelons successifs de l’édifice de la justice sociale :
l’inviolabilité de la vie humaine, l’inviolabilité du
mariage, l’inviolabilité de la propriété, l’inviolabilité de
la parole de l’homme et, enfin, l’ouverture sur l’objectif
final, l’amour d’autrui.
C
es cinq Paroles sont toutes conçues
sous la forme négative. Ce sont
toutes des interdictions, et l’on peut
en conclure que nos devoirs sociaux sont
en tout premier lieu des devoirs négatifs :
c’est-à-dire l’abstention de tout ce qui peut
nuire à la vie d’autrui, aux bonnes mœurs,
aux biens d’autrui, au droit d’autrui et à la
jouissance de ses biens. Tel est, en effet, le
concept de la législation juive. La loi n’est
pas considérée comme un maximum.
Elle représente plutôt le minimum moral
établi pour constituer la base des rapports
des hommes entre eux et à garantir le
maintien de l’ordre et de la paix au sein de
la société. Le code juridique fixe les droits
et les devoirs de l’individu par égard à la
société ; il fixe les limites de l’égoïsme. Le
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS
respect des droits et des biens d’autrui est
le minimum qui est exigible de tous les
êtres humains, sans distinction, et sans
égard à la présence ou à l’absence de sentiments d’amour qu’ils portent dans leur
cœur pour autrui.
Car, si les normes de la justice intégrale
constituent les fondements de l’édifice
social, l’amour en demeure le couronnement. Mais à l’opposé du code juridique,
largement traité dans la Thora, les devoirs
d’humanité y figurent à peine.
« Aime ton prochain
comme toi-même »
© : Anopnyme
La Thora se contente de montrer la voie
par quelques principes de base, laissant
aux hommes le soin de « laisser parler
leur cœur » et de porter dans les rapports
sociaux la note d’affection, de chaleur
humaine et d’esprit de sacrifice. C’est
pourquoi le commandement : « Aime ton
prochain comme toi-même » ne figure pas
dans le Décalogue. Contrairement aux devoirs sociaux qui y sont énumérés, l’amour
d’autrui représente l’objectif, qui ne peut
être ordonné universellement, mais qui ne
s’obtient que grâce à un long exercice des
vertus de charité, de bonté, de dévouement, d’indulgence, comme il apparaît
dans l’introduction au devoir d’amour du
prochain dans Lévitique XIX,1-18. La voie
s’élève de la justice à l’amour, de la Loi à
la liberté. La sauvegarde de la justice sociale incombe au législateur. La vertu de
l’amour d’autrui doit émaner du cœur des
hommes.
Parmi les commandements divins :
l’inviolabilité de la propriété
20
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS
Les Tables de la Loi
Grand rabbin Pierre-Yves Bauer
Parmi les ornements qui composent
la tenue des aumôniers militaires
israélites, les Tables de la Loi occupent
une place de choix puisqu’elles
constituent l’emblème de l’ AIA. On
les retrouve aussi bien sur l’insigne de poitrine, les
épaulettes ou la coiffure. Elles se trouvent également
à l’emplacement des galons, sur les anciennes chaînes
pectorales, le papier à en tête de l’Aumônerie Israélite
des Armées ou comme favicon de son site Internet.
L
a symbolique représentée par ces
Tables est non seulement très forte
mais correspond parfaitement aux
missions dévolues aux aumôniers.
Le dessin des Tables, symbolise le gros
bloc de pierre cubique que Dieu a remis à
Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps
que l’ensemble de la Thora. Sur ces Tables
figurent, gravées, le texte des célèbres
dix commandements qui, l’expliquent
nos maîtres, résume et synthétise tout le
message divin : croire en l’existence de
Dieu… respecter ses parents … ne pas
tuer … ne pas voler…
Les Dix Commandements, ou pour
reprendre l’expression biblique « les Dix
Paroles », sont composées de deux parties.
La première est consacrée aux relations de
l’Homme avec son Créateur, la seconde
est consacrée aux relations entres les
hommes eux-mêmes.
L’Homme évolue dans ces
deux dimensions.
Un lien fort, permanent, empreint
de soumission et de confiance absolue
constitue le tissu de notre relation au Tout
Puissant.
Entretenir des relations pacifiques,
constructives et conformes à la morale
définie par Dieu, telles sont les exigences
de la vie avec nos pairs.
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS
Défendre la paix par les armes, ou par
la dissuasion suscitée par les armes, tout
en conservant à l’esprit que c’est le Maître
du monde qui fait l’Histoire, c’est concilier
à un niveau élevé notre relation avec les
hommes et notre soumission à Dieu.
© : Anopnyme
L’aumônier militaire doit constamment
garder à l’esprit que l’Homme évolue
dans ces deux dimensions. La dimension
verticale, dans sa relation à Dieu, la
relation horizontale, dans ses rapports
avec les autres.
Concilier à un niveau élevé notre relation avec les
hommes et notre soumission à Dieu.
cela n’est possible que si nos devoirs dits
« religieux », sont respectés.
© : Anopnyme
Lorsque matérialité et spiritualité se
rejoignent, l’harmonie suprême est au
rendez-vous.
L’Homme évolue dans deux dimensions
Porter les Tables de la Loi, c’est
montrer aux autres que nous respectons
profondément l’Homme et cherchons à
établir avec nos contemporains un havre
de paix universel. C’est aussi montrer que
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS
Les Tables de la Loi
© : Anopnyme
Grand Rabbin Michel Guggenheim
(Extrait de Et tu marcheras dans Ses voies p. 125-126 )
C’est dans cette perspective également qu’il
convient de regarder les Tables de la Loi qui ornent les synagogues. A travers elles, ce sont les
symboles fixés par la Tora sur les Tables originelles que
nous évoquons. Ceux-ci ont été minutieusement décodés par le Midrach (cf. Chemot Rabat, 41), qui, à titre
d’exemple, soulignant la dualité des Tables, commente : « deux Tables – par rapport au Ciel et à la Terre, au marié
et à la mariée, aux deux garçons d’honneur, au monde
présent et au monde à venir ». En d’autres termes, et
très sommairement, ces Tables viennent symboliser le
monothéisme absolu qui transparaît dans l’univers, à
travers la dualité apparente qui le caractérise… ».
© : Anopnyme
«
Deux Tables – par rapport au marié et à la mariée –
Les Tables de la Loi
ornent les synagogues
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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Étude
Les armes dans la bible
Haïm Harboun
(Crédit photo : Haïm Harboun)
La Bible explique que la paix
constitue la profession de foi
du peuple d’Israël. Plus encore,
la paix est, par excellence, la
bénédiction des bénédictions,
récurrente, tenant de lieu de
salut postulat à tout échange.
Haïm Harboun
Or, le roi David ne fut pas
autorisé à construire le Temple de Jérusalem pour
trop de sang versé dans les guerres entreprises. La
Bible fait d’ailleurs mention d’armes diverses, parfois
peu conventionnelles. Contradiction ou paradoxe de
l’histoire ?
(Crédit photo :Anonyme)
L
’avènement du peuple d’Israël
repose essentiellement sur la base
de l’aspiration à un monde qui
repose sur la paix, la coexistence pacifique
entre les hommes : une coexistence
fondée sur la justice et le respect de
la personne humaine. Ces thèmes
traversent constamment le texte de la
Bible. Cependant, force est de constater
la dichotomie entre ces principes du
judaïsme et le contexte environnemental
de l’époque !
Dans l’antiquité, la tendance générale était portée
naturellement à la violence.
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
Étude
Dans l’antiquité, la tendance générale
était portée naturellement à la violence.
La morale juive devait alors composer
avec un temps où les hommes n’étaient
pas formés pour respecter les principes
du progrès et de la justice prônés par le
judaïsme. La mesure de la société était
fondée sur la violence et la rivalité pour
subsister. Ainsi, l’activité principale dans
l’antiquité biblique y était la chasse, par
l’intermédiaire de l’arc et de la flèche. La
figure emblématique dans la Bible est
ainsi représentée par Esaü qui, de ce fait,
personnifiait la société opposée à celle
préconisée par Jacob, son frère jumeau.
Il est vrai qu’ Isaac, son père, lui avait
prédit qu’il vivrait grâce à son épée. Par
ailleurs, dans un sens tout à fait opposé,
les patriarches fondateurs de la nation
juive prônaient la non-violence, les
valeurs morales et toute utilisation d’un
instrument de guerre leur était étrangère.
Se défendre et utiliser des armes
s’est avéré indispensable
Cependant, la concorde et la paix pour
lesquelles nos ancêtres avaient opté
ne trouvant pas un écho favorable au
sein des populations environnantes, se
défendre et utiliser des armes s’est avéré
indispensable. Connaissant la nature
humaine, il fallu donc défendre le faible,
l’orphelin et protéger les familles de la
violence courante à l’époque biblique.
Ainsi, Abraham, lui-même, l’homme le
plus pacifique de l’antiquité, qualifié par la
Torah d’« homme de Dieu », ami de tous
les seigneurs de son temps, répandant la
justice et l’équité, n’a pas hésité à prendre
les armes pour venir au secours de son
neveu Lot, pris en otage par le roi de
Sodome. (Genèse XIV, 12-15)
Toutefois, dans la bénédiction – testament
de Jacob adressée à ses fils, nulle trace des
armes : toute la bénédiction se rapporte à
l’importance de la terre et à la préservation
de la nature ! Durant les pérégrinations
d’Israël, Les tribus de Simon et Lévy ont
été sévèrement jugées pour avoir usé
de la violence à l’égard des habitants de
Naplouse (Gen.49,5).
Quant à Moïse, le plus grand dirigeant des
Hébreux, il s’est tenu constamment du
côté des faibles en leur portant secours
dès que nécessaire.
A maintes reprises, la Torah revient sur
l’interdiction de verser du sang. Lorsque
les Hébreux ont construit le sanctuaire, ils
ont banni les matériaux en fer, symbolisant
la violence et la guerre (Exode 20-22).
(Crédit photo : Anonyme )
C’est aussi dans cet esprit que le roi David
n’a pas été autorisé à construire le Temple,
pour trop de sang dans les guerres
entreprises (Chroniques 22,8).
Abraham, l’homme le plus pacifique de l’antiquité
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
25
Étude
Toutefois, il est un cas dans lequel la Torah
autorise à verser le sang : en légitime
défense. De plus, cette option ne constitue
jamais un objectif en soi, comme cela fut
courant chez les peuples de cette époque.
Choisir la guerre n’a été une option qu’en
cas d’invasion du pays d’Israël par des
forces ennemies (Samuel II, 1). En revanche,
vivre en paix est par excellence l’objectif,
véritable laët-motive qui parcourt la Torah.
Une arme peu conventionnelle :
les trompettes
A l’époque du premier Temple, on peut
relever une liste exhaustive d’armement
en vigueur à cette époque. Cette liste
figure dans un verset du prophète Ezéchiel
(39,9). Ezéchiel dit ainsi: « Oui, les habitants
des villes d’Israël sortiront et brûleront les
armes, ils feront des feux avec les armes, les
petits et les grands : boucliers avec des arcs
avec les flèches, avec les bâtons qu’on porte
à la main et avec les lances ; ces armes, il leur
faudra allumer des feux pendant sept ans. »
(Crédit photo : Anonyme )
Une exception :
la légitime défense
Une arme peu conventionnelle : les trompettes
Une autre liste plus courte est mentionnée
dans les Chroniques II 26,14 On peut lire :
« Le roi Ouziya préparait pour eux, pour
toute l’armée, des boucliers, des lances, des
casques des côtes de mailles, des arcs et des
pierres de fronde ». Les armes mentionnées
dans ces deux versets constituent l’arsenal
complet de tous les moyens de défense.
Il faut y ajouter cependant une arme
peu conventionnelle : les trompettes,
lesquelles avaient pour but d’effrayer
l’ennemi par le bruit et d’encourager les
soldats sur le champ de bataille.
(Crédit photo :Anonyme)
Le roi David avait terrassé Goliath
par ce système
« ces armes, il leur faudra allumer des feux
pendant sept ans. »
L’arme la plus citée dans la Bible est la
pierre dure. Son utilisation remonte à
l’aube de l’humanité. La pierre était lancée
au plus loin grâce à un système tenu par
deux élastiques très souples. Le roi David
avait terrassé Goliath par ce système. Le
livre des Juges nous fournit une illustration
de l’usage des pierres à l’occasion de la
guerre de la tribu de Benjamin contre
les fils d’Israël à la suite du schisme après
Salomon. On peut lire dans les Juges : « les
fils de Benjamin, venus des villes furent
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
Étude
donc passés en revue. En ce jour là vingt six
milles hommes tirant l’épée. Dans tout le
peuple il y avait sept cent hommes d’élite
qui étaient gauchers. Chacun de ceux-là
lançait à la fronde des pierres à un cheveu
près et ne manquait pas » (20-15,16).
A côté de la fronde, on est frappé par le
nombre de passages dans la Bible qui
mentionnent le bâton comme arme. Le
bâton en bois a laissé la place au bâton en
fer. On trouve une source même dans le
deuxième psaume : « Fais m’en la demande
pour que je te donne les nations pour
héritage et pour ta propriété, les extrémités
de la terre. Tu les briseras avec un bâton
en fer tu les mettras en pièce comme un
récipient de potier » (Ps. II, 8/9).
Les flèches des ennemis ne résistent
pas à la solidité des boucliers
des soldats d’Israël
L’arc et la flèche étaient, manifestement, les
plus usités. Leur fabrication plus facile que
le sabre et l’épée explique leur nombre. De
même, le sabre et l’épée nécessitent des
matériaux plus rares à l’époque.
La Bible revient parfois sur l’usage de l’arc
en cuivre. Il s’agit en fait d’un arc plus
solide. Le prophète Ezéchiel (Chap.39)
dit au peuple de Gog : « Je frapperai ton
arc qui échappera à ta main gauche et je
ferai tomber tes flèches de ta main droite »
La Bible fait souvent remarquer que les
flèches des ennemis ne résistent pas à la
solidité des boucliers des soldats d’Israël
(II Rois,13).
Dans une prophétie d’Isaïe (Is.13,18)
traitant de la guerre contre les Mèdes
on peut lire : « Les arcs des soldats d’Israël
mettront en pièces les jeunes gens ».
L’arme la plus tardive dans le temps est
l’épée. Celle-ci nécessitait une grande
quantité de fer. Elle est devenue l’arme
préférée des soldats d’Israël. La plupart
des épées était à double tranchant.
Les constructeurs de la muraille de
Jérusalem à l’époque de Néhémie en
portaient une. Après le retour des exilés
en Babylonie, elle était de petite taille afin
de permettre aux soldats de construire la
muraille sans être gênés (Les Juges chap.
VII, 20).
(Crédit photo : Anonyme )
« Prends en main mon procès
contre mes adversaires Ô Eternel ! »
L’épée est devenue l’arme
préférée des soldats d’Israël
Le prophète Nahoum mentionne la lance
comme arme accompagnant l’épée.
Cette dernière était surtout réservée aux
cavaliers. On peut lire dans les psaumes
(35,1) : « prends en main mon procès
contre mes adversaires Ô Eternel ! fais la
guerre à ceux qui me font la guerre. Saisis le
petit et le grand bouclier. Tire la lance et la
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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Étude
Un but unique :
se protéger.
« Tire la lance et la double hache pour
rencontrer ceux qui me poursuivent »
double hache pour rencontrer ceux qui me
poursuivent ».
Il nous reste à mentionner le javelot
(Isaïe 13,13) La Bible parle du sifflement
provoqué par les javelots pour effrayer les
soldats ennemis. Pour attaquer une ville
fortifiée il était indispensable de se munir
d’un bélier connu en hébreu sous le nom
de « Mapats » pour défoncer la muraille.
Pour conclure, précisons que l’habillement
des soldats devait protéger des flèches et
des arcs. A l’époque glorieuse du royaume
d’Israël, au temps du règne du roi David et
Salomon, la Bible mentionne des boucliers
fabriqués avec de l’or. On peut lire dans
les Rois I 10,16 : « Alors le roi Salomon fit
deux cents grands boucliers en alliage d’oril appliquait six cents sicles d’or sur chaque
grand bouclier et trois cents petits boucliers
en alliage d’or – il appliquait trois mines
d’or sur chaque petit bouclier – puis le roi les
plaça dans la maison de la forêt du Liban ».
La paix constituait donc l’aspiration
principale du peuple d’Israël que rien
ne préparait à la guerre. Toutefois, sa
situation géopolitique étant antagoniste
avec sa profession de foi, ce n’est que
par contrainte qu’il dû développer un armement important, dans un but unique :
se protéger.
(Crédit photo : www.creationism.org/images/ )
(Crédit photo : Anonyme )
Quant aux déplacements on se servait de
chars en bois. Un des moyens de défense
contre l’ennemi consistait à brûler ses
chars (Ps.46). Les armées puissantes
disposaient de chars en fer, ainsi les
Philistins constituant de fait une menace
sérieuse pour les Hébreux.
Le roi David montant un char armé de faux
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
« Parlez-moi d’histoire » : telle pourrait être
la devise partagée par un homme autant
que par sa région. L’aumônier régional
Gérald Rosenfeld de la ZD Est incarne en
effet une terre que l’on parcourt à l’aune
de la mémoire.
Interview : Véronique Dubois
(Crédit photo : Défense Nationale)
Gerald Rosenfeld
Gérald Rosenfeld,
aumônier régional de la ZD Est
V.D : Pourquoi avez-vous rejoint
l’aumônerie israélite des armées ?
son autorité puisse être efficace dans les
meilleures conditions.
G.R : Ayant pris un poste de responsable au
sein des communautés dans le pays de Bade
Wurtemberg en Allemagne, proposition,
m’a été faite en 1973 de devenir aumônier
bénévole en F.F.A. Ce premier contact avec
l’aumônerie fut sous l’autorité du rabbin
Chekroun, aumônier israélite des armées. Il a
constitué une étape importante dans ma vie
, conciliant à la fois l’intégration d’ une famille
responsable communautaire et le soutien
apporté à nos soldats.
Concrètement, je suis quotidiennement
en contact avec l’Etat Major de ma région.
Ma région étant vaste comme toute
Zone de Défense, j’effectue de nombreux
déplacements pour visiter les casernes et les
B.A .
V.D : Quelles sont les tâches
essentielles qui constituent le cadre
de votre mission ?
G.R : De façon générale, l’aumônier régional
coordonne les activités de sa Zone de
Défense afin que tout aumônier sous
D’autre part, tisser sans relâche des liens
Armées – Nation signifie inviter régulièrement
des unités ou des Chef de Corps à visiter
nos belles synagogues et prendre contact
avec les dirigeants communautaires. Ces
initiatives sont placées sous le signe du
partage et dans une ambiance conviviale,
c’est-à-dire autour d’une table !
Un des moments forts et récurrents de mon
emploi du temps a été occupé, jusqu’à l’an
dernier, par les stages de la FMI à Metz :
c’est à la fois un moment de découverte des
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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PORTRAIT D’UN AUMÔNIER
avec bonheur et joie au sein d’une belle
famille.
(Crédit photo : 1er BA)
A l’occasion du déjeuner inaugural et alors
que je suis arrivé au terme de ma mission, il
m’importait de remercier sincèrement tous
et toutes pour l’amitié témoignée : c’est le
plus beau souvenir que je garderai.
Récemment, la visite de la synagogue
de Châlons en Champagne
Enfin, tout ceci n’est possible qu’en
transmettant au sein de notre aumônerie
cette confiance indéfectible que nous
portons à nos chefs, dans la tradition de
notre hiérarchie. Par synergie, c’est aussi
cette même confiance qui nous porte.
V.D : Récemment, quels ont été les
temps forts de votre activité ?
(Crédit photo : AIA)
G.R : Récemment, il s’agit de notre dernier
congrès qui s’est tenu à Orléans : à l’image
de tous les congrès de l’AIA, c’était un
rassemblement d’amis qui se retrouvent
Gérald Rosenfeld, Haïm Korsia Grand rabbin, Gilles
Bernheim Grand rabbin de France
(Crédit photo : VD)
nouveaux venus au sein de l’aumônerie et de
franche camaraderie.
C’est en 2010 qu’eut lieu la dernière FMI à Metz.
A gauche, l’aumônier Véronique Dubois
en formation. Au milieu Philippe Choucroun qui
succède à Gérald Rosenfeld en qualité
d’aumônier régional de la ZD Est
V.D : Quelle est votre expérience la
plus marquante à ce jour dans votre
fonction ?
G.R : Cette expérience est constitutive du
souci permanent qui est le mien : transmettre
aux forces armées l’information liée au
devoir de mémoire. C’est, par exemple,
faire témoigner des survivants de la Shoah
au sein du monde militaire (gendarmerie,
terre, air) afin de ne jamais oublier l’indicible.
L’emblème de cette expérience ? le voyage
annuel organisés à Auschwitz et Birkenau
par notre aumônier en chef le Grand Rabbin
Haïm Korsia.
30
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
SPIRITUALITÉ
(Crédit photo : Anonyme)
Dès la mi-septembre, commenceront les fêtes de Tichri,
nommées ainsi en référence
au mois hébraïque qu’elles
inaugurent : Roch Hachana
(nouvel an israélite, littéralement tête de l’année), Yom
Kippour (jour du Grand Par« Berechit »
Au commencement) est la 1 péricope de la Bible.
don) puis Soukkot (fête des Elle conte la création du monde et de l’homme.
Cabanes). Ces rendez-vous
spirituels donneront le ton à l’année qui s’annonce,
placés sous le signe du Jugement divin. Mais Roch
Hachana célèbre aussi la Création de l’Homme, c’està-dire la chance qui nous est donnée chaque année de
re-naître au monde, aux autres… et à nous-même.
ère
Véronique Dubois
Communiquer au-delà de la parole
(Vœux de Nouvel An)
Bulletin de la communauté de la rue de Montevideo
«
Emeric Deutsch
Deux personnes marchent-elles au même pas sans qu’elles se soient entendues ?
Le Shofar sonnera-t-il dans la ville sans que la population ne soit angoissée ?(Amos
III, 3-6). Marcher ensemble, se trouver en présence l’un de l’autre, c’est déjà
communiquer. L’avantage de la communication non verbale, c’est qu’ici la parole ne
fait pas écran en déformant l’intention de l’émetteur et en agissant directement sur les
affects, elle évite le filtre rationnel du récepteur, autre source de déformation. Tels sont
les sons émis par le Shofar, des cris, des soupirs qui renvoient au langage du nouveau-né.
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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SPIRITUALITÉ
S’ils nous font ressentir physiquement, dans nos gorges et nos poumons, des sensations
archaïques inscrites dans notre inconscient.
[…]Le souffle de l’officiant dans le Shofar,
en ce jour anniversaire de la création
de l’homme, symbolise le souffle divin
communicant à l’homme ce pouvoir
d’abstraction, c’est-à-dire, celui d’imaginer,
de créer. Il s’agit là du véritable pouvoir de
l’homme. L’hébreu le suggère en désignant
par le même radical le mot « parabole »,
MaCHal, et le mot « gouvernement »,
MoCHel, comme le suggère l’ouvrage Pah’ak
de Ytzh’ak Huttner.
Copyright : betormedia.co.za
En cet anniversaire de la création de l’homme, célébré à Roch Hachana, le son du Shofar
se réfère non seulement aux premiers cris du nourrisson, mais aussi au souffle divin
créant l’homme : « Il insuffla dans ses narines un souffle de vie divin (nichmat haïm )
et l’homme devint un être vivant (lenefesh haya) » (Genèse II, 7). Notons qu’en hébreu
néchima , « souffle », « respiration » et « néchama », « âme », sont désignées, à une voyelle
près, par des termes identiques. La part divine de l’homme c’est ce souffle qui en fait
cet « être vivant » singulier, ce « nefesh haya » que Onkelos d’Aquila, le grand traducteur
biblique du IIème siècle biblique, traduit par « esprit parlant ».
Les sons émis par le shofar expriment la fragilité
de notre moi
Mais les sons émis expriment la fragilité de
notre moi. La note continue de la Tékia symbolise l’unité de l’être dans la continuité du
temps. Le ton saccadé des Chevarim incarne la brisure de cette unité par les traumatismes
subis dans le passé, ou par le refoulement des pensées ou actes répréhensibles. La
souffrance qui en résulte est exprimée par le gémissement de la Terouah. Enfin, grâce à
la prière, à la remémoration et au retour sincère, la techouvah, on parvient à intégrer les
blessures du passé et à rétablir l’unité d’un moi éparpillé, ce qui est symbolisé par le son
continu de la Tékiah des fins de séries.
Ainsi, le souffle et les sons du Shofar racontent en quelque sorte l’histoire de l’homme,
les déchirures de sa vie et les possibilités de les réparer. Le nom Yom Hazikaron, « Jour
de remémoration », donné au jour de l’an juif, signifie cette recherche de l’unité de l’être
à l’aide de la maîtrise du temps. Maîtrise qui n’est possible que par un retour sincère
sur le passé le plus lointain à travers ce langage spontané, purement émotionnel, encre
non fabriqué tel celui du nouveau-né. Naturel, non fabriqué est aussi l’instrument, la
corne de bélier qui rappelle la ligature d’Isaac, l’animal sacrifié à sa place et qui renvoie
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
SPIRITUALITÉ
à la naissance de notre peuple refusant le sacrifice humain. Si le son du Shofar nous
bouleverse à ce point, si ses modulations nous font autant vibrer, c’est que les symboles
qu’il véhicule se communiquent au-delà de la parole. Le sens ouvert et quasiment infini
qu’il transmet permet à chacun d’y ressentir ce qui lui est le plus personnel.
Pour émettre les sons du Shofar, l’officiant doit fermer la bouche. Comme pour montrer
que ce qu’il produit le dépasse. Car il s’inscrit dans la continuité du souffle créateur, audelà du temps et de l’espace.
Chana tova (bonne année) à tous et à toutes.
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(Extrait de Emeric Deutsch - La volonté de comprendre, textes réunis et présentés par
Haïm Korsia – Les éditions des Rosiers
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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CULTURE
La Torah au coeur des ténèbres
Rav Ephraïm Oshry
Albin Michel
L
Copyright :Albin Michel
es assassins nazis ne
cherchèrent pas seulement à exterminer
les Juifs en tant que peuple,
ils tentèrent aussi de détruire radicalement l’âme
juive, celle qui s’exprime
depuis des millénaires à
travers l’étude de la Torah
et la pratique des commandements. Mais face aux persécutions et à la perspective de l’anéantissement,
de nombreux Juifs firent
preuve d’une incroyable résistance spirituelle en demeurant fidèles à
leurs traditions jusqu’au cœur de l’horreur.
Ce livre en est le poignant témoignage :
enfermés, humiliés et décimés dans le
ghetto de Kovno – cette ville de Lituanie
qui avait été la capitale mondiale du savoir
talmudique –, les Juifs ne renoncèrent pas
à respecter la Loi, et, face à des situations
inédites dans la monstruosité, à poser des
questions éthiques et juridiques à leur rabbin. Quels rites pénitentiels faut-il suivre
lorsque l’on a été contraint de déchirer
les rouleaux de la Torah de ses propres
mains pour y envelopper des carcasses de
chiens ? A-t-on le droit de s’emparer d’un
permis de travail qui sauvera la vie de sa
famille aux dépends d’une autre ? Est-il
permis de marcher dans des
rues pavées de pierres tombales ? L’avortement est-il
envisageable dès lors que les
nazis ont menacé d’abattre
sur - le- champ toute femme
enceinte ?...
Autant de dilemmes insondables, parmi une centaine
d’autres, qui furent soumis
à Rabbi Ephraïm Oshry pendant ces années d’enfer.
Ayant survécu à la Shoah,
il a rassemblé les questions
de ses fidèles et les réponses
qu’il leur avait apportées, pour témoigner
de la dignité et de la force d’âme des victimes. Un document unique.
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Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
CULTURE
N’oublions pas de penser la France
Gilles Berheim, Grand rabbin de France
Editions Stock.
N
Copyright :Edition Stock
aissance d’une Europe politique, état de la laïcité, montée des extrémismes, rôle
des communautarismes, engagement du citoyen et limites de la démocratie, crise
financière, explosion de la précarité, évolution des moeurs, place de l’écologie…
À l’ aube de l’ élection présidentielle et en ne perdant jamais
de vue une réflexion qui court au-delà du mois de mai 2012,
Gilles Bernheim répond aux questions de douze intellectuels
français venus d’ horizons divers, et éclaire de son regard
de citoyen, de philosophe mais aussi en qualité de Grand
rabbin de France, de nombreux points sociaux, éthiques,
religieux et politiques.
Ont contribué au projet : Alexandre Adler, Monique Atlan,
Pierre Bouretz, Éric Conan, Roger-Pol Droit, Julia Kristeva,
Pierre Manent, Étienne de Montety, Pierre Nora, Paul
Thibaud, Nicolas Weill et Michel Zaoui.
Et aussi :
- Quarante méditations juives (Gilles Bernheim, Essai – Stock, 2011)
- Le Rabbin et le Cardinal (Gilles Bernheim, Philippe Barbarin,
Essai – Stock, 2008)
- Réponses juives aux défis d’aujourd’hui (Gilles Bernheim,
Essai – Textuel, 2003),
- Le souci des autres au fondement de la loi juive, Gilles Bernheim,
Essai - Calmann-Lévy, 2002),
- Un rabbin dans la cité, Gilles Bernheim, Essai - Calmann-Lévy, 1997)
Aumônerie israélite des armées
Septembre 2012/ Elloul 5772
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carnet
Un Grand rabbin très distingué
Véronique Dubois
Mardi 16 avril 2012, dans les salons du Ministère de
la Marine, Marc Laffineur, ex - secrétaire d’Etat auprès
du ministre de la Défense et des Anciens Combattants
a remis les insignes d’Officier de l’Ordre National du
Mérite à titre militaire au Grand Rabbin Claude Maman,
aumônier militaire israélite des Anciens Combattants et
porte-drapeau.
M
« A travers vous, ce sont les aumôneries, tous
cultes confondus, qui sont honorées ».
Etaient présents notamment le Grand rabbin de France Gilles Bernheim, le Grand
Rabbin Alain Goldmann ancien Aumônier
Général, l’Aumônier Général Haïm Korsia
et les aumôniers Joël Jonas, Méir Israël,
Meyer Malka, Moche
Lewin et Véronique
Dubois.
Copyright :Alain Azria
arc Laffineur a rappelé les moments forts des 40 ans de service du récipiendaire au sein de
l’Aumônerie Israélite des Armées : « Vous
avez mis votre foi, votre sens humain, votre
profondeur d’âme à la disposition de chacun. Aumônier militaire, vous avez apporté
une aide irremplaçable aux personnels des
armées » a-t-il salué
avant d’ajouter :
Marc Laffineur remettant les insignes d’Officier
au Grand rabbin Claude Maman
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Aumônerie israélite des armées
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carnet
Promotions
Copyright :Défense Nationale
L’AIA a de nouveau été honorée. Le Grand rabbin Haïm Korsia a été
élevé au grade d’Officier de l’Ordre National du Mérite, les rabbins
Laurent Berros, aumônier ZD Nord, coordinateur des HI.A et Betzalel
Lévy aumônier BSPP ont été promus Chevaliers dans l’Ordre National
du Mérite.
Copyright :LB
Copyright :Betzalel Lévy
Haïm Korsia
Laurent Berros
Betzalel Lévy
COMMENT TSAVA ?
Revue de l’Aumônerie Israélite des Armées
Rédactrice en chef : Véronique Dubois
Ont participé à ce numéro :
Pierre - Yves Bauer, Yehuda Berdugo, Philippe Choucroun,
Michaël Dahan, Véronique Dubois,
André Elkiess, Haïm Harboun, Haïm Korsia,
Gérald Rosenfeld.
Aumônerie Israélite des Armées – case n°148
Fort Neuf de Vincennes
Cours des Maréchaux – 75614 Paris Cedex 12
Tél. : 01 41 93 39 08 – télécopie : 01 41 93 39 89
[email protected]
http://aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com
Aumônerie Israélite des Armées – case n°148
Fort Neuf de Vincennes
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Tél. : 01 41 93 39 08 – télécopie : 01 41 93 39 89
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