Septembre 2012 Elloul 5772 Aumônerie COMMENT TSAVA N° 10 ? israélite איך הצבא des Armées édito L’A.I.A. en action Portrait d’unaumônier Étude Regard sur ... les 10 Commandements Anciens Combattants Carnet Commémorations Spiritualité Ces aumôniers qui ont fait l’histoire COMMENT TSAVA ? n°10 En hébreu armée se dit tsava SOMMAIRE (en couverture, ravivage de la flamme le 5 juin 2012) édito Haïm Korsia.............................................................................................................................................................................................. 1 L’aumônerie en action Cérémonie de transmission mémorielle, Gérald Rosenfeld. ............................................................................................ 3 A l’Est, du nouveau !, Philippe Choucroun.............................................................................................................................. 4 Le Nord Ouest en bref , Michael Dahan. ................................................................................................................................... 5 Congrès national 2012 : sous le képi, la kippa,Hadassah Eliraz.................................................................................... 6 Le congrès en 3 questions à Serge Dray, Hadassah Eliraz................................................................................................ 9 Montauban et Toulouse : les mots pour le dire, André Elkiess.................................................................................... 10 Raviver la flamme, Véronique Dubois. .................................................................................................................................... 12 Commémorations Un nom pour sépulture,Véronique Dubois............................................................................................................................ 14 Morts pour que vive la France, Véronique Dubois............................................................................................................ 15 Ces aumôniers qui ont fait l’histoire Il était une fois, l’aumônier Bernard Schoenberg............................................................................................................... 16 Regard sur...les 10 Commandements La voix de la Thora, Elie Munk (extrait)................................................................................................................................. 18 Les Tables de la Loi, Pierre-Yves Bauer................................................................................................................................. 20 Et tu marcheras dans ses voies, Michel Guggenheim (extrait).................................................................................... 22 Étude Les armes dans la Bible, Haïm Harboun . .............................................................................................................................. 23 Portrait d’un aumônier Gérald Rosenfeld, Véronique Dubois. ...................................................................................................................................... 30 Spitirualité Communiquer au-delà de la parole, Emeric Deutsch....................................................................................................... 33 Culture.................................................................................................................................................................................................. 36 Carnet Un Grand rabbin très distingué, Véronique Dubois. ......................................................................................................... 38 Promotions.............................................................................................................................................................................................. 39 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 1 COMMENT TSAVA? é Le maelstrom de la vie (Crédit photo : Défense Nationale) dito L e mois de septembre marque toujours un renouveau, que ce soit celui de la rentrée scolaire, le début de l’année selon le calendrier juif ou une forme retrouvée après le temps des vacances. Dans les armées aussi, c’est la rentrée, puisque certains ont changé d’affectation. La rentrée scolaire est un de ces moments heureux de l’existence, c’est le bonheur de retrouver ses camarades après deux mois de séparation, de découvrir de nouveaux enseignants, de nouveaux lieux, un nouvel environnement, et celui de débuter une nouvelle année chargée de toutes les espérances. En cet automne 2012, ces événements de la vie revêtiront un caractère singulier. En effet, à l’heure où se referme le grand album de photos de l’année passée, les portraits de ces trois militaires, de ces trois enfants et de leur maître, victimes d’un tueur déshumanisé à Toulouse et Montauban, nous renvoient à l’incertitude de la vie. Leur visage nous rappelle une fois de plus, une fois de trop, que même à l’époque d’une maîtrise quasi totale de la terre et de ses ressources, l’existence de l’homme peut basculer en une fraction de seconde dans un précipice mortel, une journée « banale » se transformer en 2 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 COMMENT TSAVA? un cauchemar dont on ne se réveille jamais, que l’on peut croiser la mort pas uniquement dans un champ de bataille ou dans un hôpital, qu’il n’existe aucune assurance contre les imprévus de la vie : chômage, maladie, etc. En ce jour de nouvel an, le son du Chofar - corne de bélier - résonne dans toutes les synagogues de la terre conformément au commandement tiré des Nombres (29,1) : « [Le nouvel an] sera un jour de Teroua - sonnerie saccadée - ». L’étymologie hébraïque de Teroua est Raoua, littéralement : branlant, chancelant, instable. Ces sons brefs et courts, semblables aux convulsions de l’existence, nous renvoient au maelstrom de la vie, tel un radeau sur une mer déchaînée. Dans ces conditions de navigation, l’Homme, tel un marin sur son navire, doit savoir tenir le cap. Fort de sa foi, l’Homme doit déceler dans ces aléas de la vie, non pas des échecs, mais des épreuves imposées par le Créateur sur le chemin d’une société idéale fondée sur la devise de la France : liberté de pensée et de culte, égalité de droits entre tous les citoyens de la terre, fraternité synonyme de solidarité voulue et souhaitée par le Tout - Puissant entre les plus riches et les plus pauvres, les plus forts et les plus faibles. L’année qui s’annonce n’échappera pas à cette vision des choses inspirée de cette Teroua. Seul un prophète perspicace - ce que je ne suis pas !- pourrait prédire avec certitude ce que nous réserve l’avenir. Cependant, la corne de bélier, utilisée le jour du nouvel an, nous renvoie également à Abraham, le premier de nos Patriarches, le premier être croyant de l’histoire de l’Humanité, auquel l’Eternel imposa dix épreuves. Abraham les surmonta toutes, jusqu’à la plus incroyable : la demande de sacrifier son unique fils, Isaac, à l’Eternel qui venait pourtant de le lui accorder. Sachons nous souvenir de cet immense personnage, de son exemple, de sa foi, et de sa confiance en son Créateur, afin de vivre la plus belle et la plus douce des années. Non pas simplement parce qu’elle sera heureuse, mais parce que nous saurons surmonter toutes les épreuves qu’elle nous présentera. Bonne et heureuse année Grand rabbin Haïm KORSIA Aumônier en chef israélite des Armées Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 3 L’AUMÔNERIE EN ACTION Cérémonie de transmission mémorielle Gérald Rosenfeld Vendredi 30 Mars, en présence du Colonel Christian Blanchon, commandant la Base de Défense de Metz et du Lieutenant Colonel Patrice Rocolle, commandant le groupement de soutien de la Base de Défense de Metz eut lieu une cérémonie de transmission mémorielle organisée par les aumôniers Bruno Fizson et Gérald Rosenfeld. C pièces, lui permettront d’infiltrer les lignes ennemies. M. Albert Edelstein, déporté au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, est le seul survivant de Thionville membre de la communauté israélite. Son témoignage poignant fit passer dans le public toute l’horreur et l’indicible des camps de la mort : moment d’émotion, afin de transmettre leurs mémoires au plus grand nombre - mission ô combien importante soulignée par toutes les personnalités présentes. (Crédit photo : CNE Hansch) ette cérémonie était organisée autour de deux témoignages extraordinaires. C’est tout d’abord Mme Marthe Cohn, résistante messine, décorée de la Croix de Guerre, de la Médaille Militaire et Chevalier de la Légion d’Honneur, qui restitua ses faits de résistance. Affrontant avec un courage inouï le froid, la faim et les mille dangers qui la guettaient, elle parvint à donner des renseignements décisifs aux Forces alliées. Sa blondeur naturelle, sa parfaite maîtrise de l’allemand et un passé fabriqué de toutes Cérémonie de transmission mémorielle autour d’A. Edelstein et de M. Kohn 4 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 L’AUMÔNERIE EN ACTION A l’Est, du nouveau ! Philippe Choucroun La région Est a accueilli début mai un nouvel aumônier régional en la personne du rabbin Philippe Choucroun. Lundi 7 mai dernier, c’est le Grand rabbin Daniel Dahan qui a accueilli les aumôniers régionaux, ainsi que le Grand rabbin Bruno Fiszon et l’aumônier Yaakov Atlan dans le centre communautaire de sa ville, Nancy. Autour d’un repas chaleureux et studieux, les aumôniers ont fait le point sur la (Crédit photo : Défense Nationale) D ans la perspective du départ prochain de notre ami et actuel aumônier régional Gérald Rosenfeld, son successeur Philippe Choucroun a d’ores et déjà pris ses premiers rendez-vous et contacts avec les aumôniers desservant cette région militaire : Yaacov Atlan mais aussi les autorités militaires locales. Les aumôniers israélites de la ZD Est à la synagogue de Nancy situation régionale. Mercredi 9 Mai, les aumôniers régionaux se sont ensuite déplacés au 16e BC de Bitche afin de présenter le nouvel aumônier desservant cette garnison, Yaakov Atlan. (Crédit photo : Défense Nationale) Là aussi, le régiment réserva un accueil chaleureux aux aumôniers. Une semaine donc riche en travail en rencontres, dans un climat positif pour notre nouvel aumônier régional… Les aumôniers de l’AIA autour du chef de corps par suppléance le LC Houët Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 5 L’AUMÔNERIE EN ACTION L’agenda du Nord-Ouest en bref (Crédit photo : Défense Nationale) Michaël Dahan Aumônier régional de la ZD Ouest Michaël Dahan - Fin novembre 2011: marche de cohésion avec l’ETRS à St. Marcel toute la journée, - 24/11/11 : participation au « jeudi de la Défense » à l’IUFM de Bretagne. Intervention de Simon Wissman, - cocktails de fin et début d’année à l’Etat– Major, - 1/3/12 : cérémonie d’inauguration du Mémorial des morts à Caen. Lecture de psaumes - Présence de Marc Laffineur ( ex - secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense), - Intervention à une table ronde pour les 10 ans de l’association interreligieuse CERDI à Angers : « Religion, Violence et Dialogue » , - intervention à l’Abbaye de Fontevraud pour un colloque sur « Sens et Urgence du dialogue interreligieux », - Rennes, Monuments aux morts : suite à la tragédie de Toulouse, cérémonie avec le Général de la zone Défense ouest, le Préfet et l’association des anciens parachutistes et en présence des militaires suivie d’un cocktail à la préfecture et d’une intervention à la TV5 de Rennes. - Après quelques mois de tournage : mercredi 2/5/2012 sur France 3 Lorraine documentaire « la Marseillaise et la prière. Les aumôniers militaires ». - Intervention au centre communautaire de Tours pour les anciens de l’IHEDN sur le thème « La religion dans les armées et l’Aumônerie », - Préparation du congrès national de l’AIA à Orléans. 6 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 L’AUMÔNERIE EN ACTION Congrès National de l’Aumônerie Israélite des Armées (AIA) : Hadassah Eliraz (avec l’autorisation d’ Actualité Juive) (Crédit photo : Moche Lewin) L’AIA, dirigée par le Grand rabbin Haïm Korsia, a tenu son congrès national les 14 et 15 mai à Orléans. C’est Michaël Dahan, aumônier régional de la zone de défense Ouest, qui l’organisa avec Serge Dray, affecté à la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy : un site emblème des missions d’une aumônerie plus que jamais pierre d’angle du lien ArméeNation. La BA 123 d’Orléans – Bricy: un site emblème des missions de l’AIA L e congrès s’ouvrit par la passation de témoin entre Gérald Rosenfeld, aumônier régional de l’Est atteint par la limite d’âge et Philippe Choucroun. A cette occasion, H. Korsia souligna l’importance des journées de mémoire organisées par Gérald Rosenfeld et le Grand rabbin Bruno Fiszon, « passeurs de Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 7 L’AUMÔNERIE EN ACTION (Crédit photo : Moche Lewin) mémoire ». Dans le cadre de son soutien aux forces armées, l’AIA rencontra le responsable du commando parachutiste de l’armée de l’air. Sous ses ordres, des militaires oeuvrent dans des conditions extrêmes : « La négligence de l’âme, après 10 ans de service et la pression psychologique laissent des traces ». Un constat auquel H. Korsia ne manqua pas de réagir : « Nous Le responsable du commando parachutiste de l’armée de l’air et Haïm Korsia tenons les mains des soldats, comme Aaron et Chur tenaient les mains de Moïse ». « La communauté sait que nous sommes réactifs et présents » (H. Korsia) L’AIA est une part du lien Armée-Nation. C’est ce qui lui donne mandat pour agir. C’est ainsi que, lors du drame d’Ozar Hatorah, les aumôniers Gabriel Sebag de Toulouse et André Elkiess de Montauban ont accompli un travail extraordinaire, fait de discrétion, d’efficacité et d’humanité. A Paris, Moche Lewin et Haïm Korsia, aumôniers des aéroports de Paris, assurèrent la réception des cercueils arrivés par avion sanitaire, ainsi qu’une cérémonie digne et spirituelle, des repas cachers et la lecture des tehillim (psaumes). Et l’aumônier général de préciser : « Les pouvoirs publics se sont appuyés sur nous. Nous avons essayé de faire notre mission de Juifs et notre mission militaire et il y avait coïncidence entre les deux. La communauté sait que nous sommes réactifs et présents ». La province bénéficie aussi de ce lien: « Les aumôniers permettent à des micro communautés d’avoir des représentants du judaïsme là où, à deux cent cinquante kilomètres à la ronde il n’y a pas de rabbin ». C’est dans ce cadre que « Philippe Assous assurera en province, avec une légitimité consistoriale, tous les gestes religieux que l’AIA peut produire » officialisa H. Korsia. Un congrès porté par la montée en puissance de l’AIA Symboliquement, c’est au Centre d’Etude et de Recherche sur les camps d’Internement dans le Loiret et la déportation juive que s’acheva le congrès, après un office religieux. Des avancées de l’AIA, on retiendra la création Beth Hamidrach (Cercle d’Etude) mensuel pour la formation spirituelle continue des aumôniers. La Prière pour la République intègrera un passage dédié aux forces françaises. « C’est une vraie révolution. Cette version sera intégrée dans la nouvelle édition des 8 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 L’AUMÔNERIE EN ACTION livres de prière du Grand rabbin Claude Brahami, envoyée aux autorités militaires et aux synagogues consistoriales ». porté par la montée en puissance de l’AIA, au confluent du devoir de mémoire, de la Défense nationale et du judaïsme. (Crédit photo : Moche Lewin) Visite de la Pharmacie Centrale des Armées, offices religieux, bilan d’action individuel, ponctuèrent aussi ce congrès (Crédit photo : Moche Lewin) Un office religieux au CERCIL clôtura symboliquement le congrès (Crédit photo : Moche Lewin) Visite de la Pharmacie Centrale des Armées Haïm Korsia & le Colonel Poirot commandant en second de la Ba 123 et adjoint force OA123 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 9 L’AUMÔNERIE EN ACTION (Crédit photo : Serge Dray) Le congrès en 3 questions à Serge Dray Serge Dray AJ : Quelle est votre mission sur cette base ? SD : Depuis le 2 janvier 2012, je suis notamment aumônier sur la base aérienne 123 Orléans-Bricy. J’assume la mission traditionnelle d’un aumônier militaire : répondre aux sollicitations spirituelles, humaines et psychologiques des militaires et des civils de la Défense. C’est une fonction tant militaire que religieuse. AJ : Quelle valeur ajoutée apporte votre qualité d’aumônier israélite? SD : Cette base supporte des troupes dont certaines, par leurs missions très sensibles, sont exposées à un stress important. Comme tous les aumôniers, j’ai vocation à accompagner les troupes en opérations extérieures, ce que j’ai déjà fait au Kosovo et en Nouvelle Calédonie. Aumônier israélite, je porte une parole originale à cha- cun dans le respect des cultes mais avec la valeur ajoutée de nos enseignements. J’assure aussi une proximité religieuse aux populations juives locales en veillant à l’observance des fêtes, aux solennités religieuses, à la cacherout. A.J : Quels enseignements avez-vous retiré de ce congrès? SD : La base 123 d’Orléans accueillait ce congrès pour la première fois. Nous y avons vu la force de l’engagement de la Défense, la puissance et l’efficacité de la Pharmacie Centrale des armées. La visite du musée de la Résistance et de la Déportation à Orléans rappelle que, dans le Loiret, étaient plusieurs camps d’internement, dont le camp tristement célèbre de Pithiviers : le travail de mémoire est sans fin. Hadassah Eliraz (avec l’autorisation d’ A.J) 10 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 L’AUMÔNERIE EN ACTION Toulouse et Montauban : les mots pour le dire… Monsieur le Préfet , Madame la Député Maire, Monsieur le Procureur Général, Messieurs les Colonels, Chers amis Montalbanais, Chers coreligionnaires, (Crédit photo : Moche Lewin) André Elkiess André Elkiess C ’est avec une très profonde émotion que devant vous aujourd’hui, je tiens à m’exprimer. M’exprimer pour vous dire combien nous autres, Juifs montalbanais, sommes touchés et sincèrement émus de vous rencontrer et de vous recevoir en cette modeste synagogue. Cette synagogue où notre communauté se retrouve les jours de Shabbat et de fêtes pour prier l’Eternel afin qu’il accepte nos supplications et qu’il apporte à tous, juifs et non juifs, la paix et la sérénité tant désirées. En ces temps pénibles et difficiles qu’une fois de plus nous traversons, qu’il m’est agréable de constater que par votre présence et aussi par les multiples courriers que j’ai reçus, à quel point sont grandes votre compassion et votre empathie, car elles se sont exprimées sans faille et de toutes parts, civiles et militaires. Dois-je vous rappeler le sort réservé à ce pauvre militaire toulousain, Imad Ibn Ziaten, froidement abattu dans un guet-apens pour la simple raison qu’il appartenait à un corps d’armée ? Le même sort a hélas été réservé à Abel Chenouf et Mohamed Legouade, tous deux militaires du 17ème régiment, lâchement exécutés à quelques mètres de leur caserne. Je n’oublie pas et prie tous les jours de Shabbat pour le jeune Loïc Liber afin qu’il se rétablisse Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 11 L’AUMÔNERIE EN ACTION complètement dans les meilleurs délais. Pour la bête immonde, ces quatre parachutistes ont eu pour tort d’avoir servi la République, notamment en Afghanistan. Poursuivant ainsi sa folie meurtrière, le Monstre s’en prend ensuite à des enfants entrant dans leur école; il connaît une fois de plus la jouissance que lui procurent la lâcheté et le crime. A Ozar Hatorah, en ce lundi matin, il exécute donc froidement, un de mes anciens élèves, le professeur de religion Jonathan Sandler ainsi que ses deux enfants prénommés comme les anges Ariel et Gabriel..(…) Hôtel de Ville de Montauban, le 25 avril 2012 Extrait du discours prononcé par André Elkiess, rabbin de Montauban & aumônier militaire israélite du 17° RGPl Suite à cette tragédie, de nombreux témoignages de solidarité sont parvenus à l’AIA. Que leurs auteurs en soient remerciés. 12 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 L’AUMÔNERIE EN ACTION Raviver la flamme ou de la pedagogie du partage Mercredi 6 juin 2012, l’AIA a participé au ravivage de la flamme à la mémoire du soldat inconnu avec l’Union des Engagés Volontaires Anciens Combattants Juifs 1939-1945 Leurs Enfants et Amis. Véronique Dubois (Crédit photo : VD) L e ravivage de la flamme est toujours un événement en soi, émotionnellement fort. Mercredi soir, le public nombreux était encore au rendez-vous… et les touristes happés par la mise en place de la cérémonie toujours très impressionnés par la solennité et la minutie du protocole. C’est donc conformément à celui-ci que la cérémonie débuta, sitôt les autorités arrivées. Autour du rabbin Joël Jonas, aumônier régional de la ZD ParisIDF et organisateur de la cérémonie, prit place la délégation de l’AIA, composée des aumôniers Betzalel Lévy, Pierre-Yves Bauer, Philippe Assous, Yehuda Berdugo, Alain Attia, Meyer Malka, Haïm Korsia aumônier en chef et Véronique Dubois. Puis, succédèrent les dépôts de gerbes de l’AIA, des engagés volontaires et du conseil régional de Paris. François Szulman Le ravivage de la flamme fut assuré symboliquement par des élèves de l’école Lucien de Hirsch conviés à ce devoir de mémoire. Au nom du travail de mémoire, c’est en effet une tradition de l’aumônerie d’associer Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 13 L’AUMÔNERIE EN ACTION (Crédit photo : Alain Azria) Après la sonnerie aux morts et la Marseillaise jouée par la fanfare militaire, les enfants entamèrent le chant traditionnel de la paix Evenou chalom ale’hem, avant de lire en français et en hébreu deux psaumes du Roi David. Enfin l’aumônier Meyer Malka lut la nouvelle version de la prière pour la république qui inclut désormais un paragraphe dédié aux soldats français. régulièrement à cette cérémonie des élèves des établissements primaires, secondaires et supérieurs de la communauté juive, toujours plus nombreux. Cette pédagogie pragmatique du partage rappelle que, lors du second conflit mondial « 25 000 Juifs étrangers se sont spontanément engagés sous le drapeau français, fiers d’accomplir leur devoir », comme le rappela François Zsulman, président délégué de l’UEVACJ. (Crédit photo : Alain Azria) Les élèves de Lucien de Hirsch ravivant la flamme La cérémonie débuta sitôt les autorités arrivées 14 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 COMMÉMORATION Morts pour que vive la France Véronique Dubois Les cérémonies se suivent mais ne lassent pas. La preuve en est, le public nombreux, tous âges mêlés, venu se recueillir en ce mardi 8 mai, dans la cour de la mairie du V ème arrondissement parisien. S et Liberté, et les forces de défense présentes, dont celles de l’HIA du Val de Grâce, ainsi le Colonel Hackett, le Commandant Lempereur pour l’Ecole de Santé et l’aumônier israélite Véronique Dubois. Mais la présence la plus remarquée fut assurément celle d’une vétérante, âgée de 93 printemps et décorée de l’Ordre de Chevalier de la légion d’Honneur. Cette figure héroïque de la 2ème guerre mondiale sauva 28 combattants français et alliés. (Crédit photo : Alain Azria) i le 67 ème anniversaire de la victoire de 1945 constituait le coeur de la célébration, Jean Tibéri, maire de l’arrondissement, rappela qu’il s’agissait aussi de célébrer le 70ème anniversaire des offensives alliées contre la barbarie nazie, tandis que se durcissaient les lois anti-juives. Après les traditionnels dépôts de gerbes et la sonnerie aux morts, la Marseillaise retentit, reprise solennellement par le public, les représentants des associations dont Jean-Frédéric Guischard, président de Civisme Jean Tibéri, élu & une vétérante de la 2 ème guerre mondiale Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 15 COMMÉMORATION Un nom pour sépulture Véronique Dubois Mercredi 18 avril 2012, dès 19h30, se déroula au Mémorial de la Shoah (Paris) la lecture des noms des déportés juifs de France. C commémorer le Yom Hashoah (jour en souvenir de la Shoah). Cette année, elle coïncide avec le 63ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie. Pendant 24 heures, sans interruption, Serge Klarsfeld, David de Rothschild, Frédéric Mitterrand, Gilles Bernheim Grand rabbin de France, Haïm Korsia, Grand rabbin et Aumônier en chef israélite des armées... au total 200 personnalités politiques, culturelles, cultuelles, sans distinction aucune, procèdent à la lecture de 35.000 noms. Cette année se furent ceux des Juifs composants les convois 17 à 53 : des adultes mais aussi des enfants, déportés et assassinés par la barbarie nazie qui, au total, priva l’humanité de la lumière spirituelle de 6.000.000 d’âmes. Pour ces corps partis anonymement en fumée, rappeler leur nom tient lieu de sépulture. © http://secondeguerre.tableau-noir.net ette tradition a été instituée pour La déportation des Juifs du ghetto de Varsovie Des 76 000 Juifs déportés de France, seuls 2 500 survivront à l’indicible. Une pluie battante déferla, coïncidant exactement avec la lecture des premiers noms. Hier soir, le Ciel pleurait... 16 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE Bernard Schoenberg est né le 17 juin 1908 à Lichagora, en Pologne au sein d’une famille de hassidim (Juifs orthodoxes) et de rabbins. Il entre à l’école talmudique en novembre 1917. Selon les témoignages, Bernard Schoenberg mourra d’épuisement au camp de Ponowicz en février 1944… Il n’avait pas 35 ans. V ictime des persécutions qui sévissent en Europe orientale, et alors que Bernard Schoenberg n’a que cinq ans, sa famille fuit la Pologne afin de se rendre aux USA. Finalement, elle s’installe à Paris. Les études secondaires de Bernard seront menées au Talmud Torah (école religieuse) de la rue Vauquelin. Il obtient sa licence de droit et, en 1933, son diplôme rabbinique. A la fin de cette même année, la famille Schoenberg est naturalisée française et Bernard fait son service militaire au 8ème régiment d’artillerie hippomobile de Toul avant d’intégrer l’aumônerie du lycée Ampère. (Crédit photo : cairn.info) Il était une fois … l’aumônier Bernard Schoenberg ou l’histoire d’un destin fauché Bernard Schoenberg ou l’histoire d’un destin fauché Durant la guerre en 1939, Bernard Schoenberg est nommé aumônier militaire au IXe corps à Nantes avec le grade de capitaine, il participe à la campagne de Belgique. Il est ensuite attaché à l’armée de Paris où il occupe les fonctions d’aumônier des XI, XXV et IX èmes corps. Sur le terrain des opérations, Bernard Schoenberg connaît bien évidemment les affres des batailles et l’angoisse des replis et des camps de réfugiés. Un aumônier militaire pour la vie intellectuelle et religieuse du camp de Ruffieux A l’intérieur du camp de Ruffieux, les conditions de vie sont telles que le rabbin Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 17 (Crédit photo : cairn.info) CES AUMÔNIERS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE Il effectue son service militaire au 8ème régiment d’artillerie hippomobile de Toul Schoenberg améliore l’alimentation des travailleurs en passant sa contribution hebdomadaire de 500 à 1000 francs. Il envisage la nomination d’un aumônier auxiliaire pour y organiser la vie intellectuelle et la vie religieuse. Son choix sera fait parmi les internés, deux aumôniers seront alors nommés. Bernard Schoenberg a reculé avec des hommes dans le sud-ouest. Il séjourne quelques temps auprès de la communauté de Bergerac. Démobilisé en août 1940 il regagne Lyon. En juin 1941, il est invité par le groupement n° 7 des chantiers de la jeunesse à Rumilly en Haute Savoie à présenter « la religion juive » devant une quarantaine de jeunes chefs, de 20 à 25 ans, anciens étudiants. En 1942, le rabbin Schoenberg assure par intérim les fonctions de Grand rabbin de Lyon. Il organise des cours d’instruction religieuse à Auschwitz Arrêté en mai 1943 il est transféré à Drancy. Le 20 novembre 43 il fait partie du convoi n° 62 et sera sélectionné pour travailler dans les usines d’Auschwitz. Il organise des cours d’instruction religieuse pour une trentaine d’élèves, crée un chœur d’enfants pour animer les offices religieux. Selon les témoignages, le rabbin Bernard Schoenberg meurt d’épuisement au camp de Ponowicz en février 1944, il n’a pas 35 ans. A la libération il reçoit à titre posthume, la médaille de la Résistance. (Source : ajpn.org) 18 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS La Voix de la Thora Rabbin Elie Munk Extrait, p 229 avec l’aimable autorisation des Editions Odette et Samuel Levy © : Anonyme Les quelques Paroles qui jettent les bases de la vie en société sont lapidaires, Les Dix Commandements marquent l’inviolabilité de la propriété définitives et percutantes. Elles sont auréolées de l’autorité divine. Elles marquent les échelons successifs de l’édifice de la justice sociale : l’inviolabilité de la vie humaine, l’inviolabilité du mariage, l’inviolabilité de la propriété, l’inviolabilité de la parole de l’homme et, enfin, l’ouverture sur l’objectif final, l’amour d’autrui. C es cinq Paroles sont toutes conçues sous la forme négative. Ce sont toutes des interdictions, et l’on peut en conclure que nos devoirs sociaux sont en tout premier lieu des devoirs négatifs : c’est-à-dire l’abstention de tout ce qui peut nuire à la vie d’autrui, aux bonnes mœurs, aux biens d’autrui, au droit d’autrui et à la jouissance de ses biens. Tel est, en effet, le concept de la législation juive. La loi n’est pas considérée comme un maximum. Elle représente plutôt le minimum moral établi pour constituer la base des rapports des hommes entre eux et à garantir le maintien de l’ordre et de la paix au sein de la société. Le code juridique fixe les droits et les devoirs de l’individu par égard à la société ; il fixe les limites de l’égoïsme. Le Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 19 REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS respect des droits et des biens d’autrui est le minimum qui est exigible de tous les êtres humains, sans distinction, et sans égard à la présence ou à l’absence de sentiments d’amour qu’ils portent dans leur cœur pour autrui. Car, si les normes de la justice intégrale constituent les fondements de l’édifice social, l’amour en demeure le couronnement. Mais à l’opposé du code juridique, largement traité dans la Thora, les devoirs d’humanité y figurent à peine. « Aime ton prochain comme toi-même » © : Anopnyme La Thora se contente de montrer la voie par quelques principes de base, laissant aux hommes le soin de « laisser parler leur cœur » et de porter dans les rapports sociaux la note d’affection, de chaleur humaine et d’esprit de sacrifice. C’est pourquoi le commandement : « Aime ton prochain comme toi-même » ne figure pas dans le Décalogue. Contrairement aux devoirs sociaux qui y sont énumérés, l’amour d’autrui représente l’objectif, qui ne peut être ordonné universellement, mais qui ne s’obtient que grâce à un long exercice des vertus de charité, de bonté, de dévouement, d’indulgence, comme il apparaît dans l’introduction au devoir d’amour du prochain dans Lévitique XIX,1-18. La voie s’élève de la justice à l’amour, de la Loi à la liberté. La sauvegarde de la justice sociale incombe au législateur. La vertu de l’amour d’autrui doit émaner du cœur des hommes. Parmi les commandements divins : l’inviolabilité de la propriété 20 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS Les Tables de la Loi Grand rabbin Pierre-Yves Bauer Parmi les ornements qui composent la tenue des aumôniers militaires israélites, les Tables de la Loi occupent une place de choix puisqu’elles constituent l’emblème de l’ AIA. On les retrouve aussi bien sur l’insigne de poitrine, les épaulettes ou la coiffure. Elles se trouvent également à l’emplacement des galons, sur les anciennes chaînes pectorales, le papier à en tête de l’Aumônerie Israélite des Armées ou comme favicon de son site Internet. L a symbolique représentée par ces Tables est non seulement très forte mais correspond parfaitement aux missions dévolues aux aumôniers. Le dessin des Tables, symbolise le gros bloc de pierre cubique que Dieu a remis à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que l’ensemble de la Thora. Sur ces Tables figurent, gravées, le texte des célèbres dix commandements qui, l’expliquent nos maîtres, résume et synthétise tout le message divin : croire en l’existence de Dieu… respecter ses parents … ne pas tuer … ne pas voler… Les Dix Commandements, ou pour reprendre l’expression biblique « les Dix Paroles », sont composées de deux parties. La première est consacrée aux relations de l’Homme avec son Créateur, la seconde est consacrée aux relations entres les hommes eux-mêmes. L’Homme évolue dans ces deux dimensions. Un lien fort, permanent, empreint de soumission et de confiance absolue constitue le tissu de notre relation au Tout Puissant. Entretenir des relations pacifiques, constructives et conformes à la morale définie par Dieu, telles sont les exigences de la vie avec nos pairs. Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 21 REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS Défendre la paix par les armes, ou par la dissuasion suscitée par les armes, tout en conservant à l’esprit que c’est le Maître du monde qui fait l’Histoire, c’est concilier à un niveau élevé notre relation avec les hommes et notre soumission à Dieu. © : Anopnyme L’aumônier militaire doit constamment garder à l’esprit que l’Homme évolue dans ces deux dimensions. La dimension verticale, dans sa relation à Dieu, la relation horizontale, dans ses rapports avec les autres. Concilier à un niveau élevé notre relation avec les hommes et notre soumission à Dieu. cela n’est possible que si nos devoirs dits « religieux », sont respectés. © : Anopnyme Lorsque matérialité et spiritualité se rejoignent, l’harmonie suprême est au rendez-vous. L’Homme évolue dans deux dimensions Porter les Tables de la Loi, c’est montrer aux autres que nous respectons profondément l’Homme et cherchons à établir avec nos contemporains un havre de paix universel. C’est aussi montrer que 22 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 REGARD SUR ...LES DIX COMMANDEMENTS Les Tables de la Loi © : Anopnyme Grand Rabbin Michel Guggenheim (Extrait de Et tu marcheras dans Ses voies p. 125-126 ) C’est dans cette perspective également qu’il convient de regarder les Tables de la Loi qui ornent les synagogues. A travers elles, ce sont les symboles fixés par la Tora sur les Tables originelles que nous évoquons. Ceux-ci ont été minutieusement décodés par le Midrach (cf. Chemot Rabat, 41), qui, à titre d’exemple, soulignant la dualité des Tables, commente : « deux Tables – par rapport au Ciel et à la Terre, au marié et à la mariée, aux deux garçons d’honneur, au monde présent et au monde à venir ». En d’autres termes, et très sommairement, ces Tables viennent symboliser le monothéisme absolu qui transparaît dans l’univers, à travers la dualité apparente qui le caractérise… ». © : Anopnyme « Deux Tables – par rapport au marié et à la mariée – Les Tables de la Loi ornent les synagogues Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 23 Étude Les armes dans la bible Haïm Harboun (Crédit photo : Haïm Harboun) La Bible explique que la paix constitue la profession de foi du peuple d’Israël. Plus encore, la paix est, par excellence, la bénédiction des bénédictions, récurrente, tenant de lieu de salut postulat à tout échange. Haïm Harboun Or, le roi David ne fut pas autorisé à construire le Temple de Jérusalem pour trop de sang versé dans les guerres entreprises. La Bible fait d’ailleurs mention d’armes diverses, parfois peu conventionnelles. Contradiction ou paradoxe de l’histoire ? (Crédit photo :Anonyme) L ’avènement du peuple d’Israël repose essentiellement sur la base de l’aspiration à un monde qui repose sur la paix, la coexistence pacifique entre les hommes : une coexistence fondée sur la justice et le respect de la personne humaine. Ces thèmes traversent constamment le texte de la Bible. Cependant, force est de constater la dichotomie entre ces principes du judaïsme et le contexte environnemental de l’époque ! Dans l’antiquité, la tendance générale était portée naturellement à la violence. 24 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 Étude Dans l’antiquité, la tendance générale était portée naturellement à la violence. La morale juive devait alors composer avec un temps où les hommes n’étaient pas formés pour respecter les principes du progrès et de la justice prônés par le judaïsme. La mesure de la société était fondée sur la violence et la rivalité pour subsister. Ainsi, l’activité principale dans l’antiquité biblique y était la chasse, par l’intermédiaire de l’arc et de la flèche. La figure emblématique dans la Bible est ainsi représentée par Esaü qui, de ce fait, personnifiait la société opposée à celle préconisée par Jacob, son frère jumeau. Il est vrai qu’ Isaac, son père, lui avait prédit qu’il vivrait grâce à son épée. Par ailleurs, dans un sens tout à fait opposé, les patriarches fondateurs de la nation juive prônaient la non-violence, les valeurs morales et toute utilisation d’un instrument de guerre leur était étrangère. Se défendre et utiliser des armes s’est avéré indispensable Cependant, la concorde et la paix pour lesquelles nos ancêtres avaient opté ne trouvant pas un écho favorable au sein des populations environnantes, se défendre et utiliser des armes s’est avéré indispensable. Connaissant la nature humaine, il fallu donc défendre le faible, l’orphelin et protéger les familles de la violence courante à l’époque biblique. Ainsi, Abraham, lui-même, l’homme le plus pacifique de l’antiquité, qualifié par la Torah d’« homme de Dieu », ami de tous les seigneurs de son temps, répandant la justice et l’équité, n’a pas hésité à prendre les armes pour venir au secours de son neveu Lot, pris en otage par le roi de Sodome. (Genèse XIV, 12-15) Toutefois, dans la bénédiction – testament de Jacob adressée à ses fils, nulle trace des armes : toute la bénédiction se rapporte à l’importance de la terre et à la préservation de la nature ! Durant les pérégrinations d’Israël, Les tribus de Simon et Lévy ont été sévèrement jugées pour avoir usé de la violence à l’égard des habitants de Naplouse (Gen.49,5). Quant à Moïse, le plus grand dirigeant des Hébreux, il s’est tenu constamment du côté des faibles en leur portant secours dès que nécessaire. A maintes reprises, la Torah revient sur l’interdiction de verser du sang. Lorsque les Hébreux ont construit le sanctuaire, ils ont banni les matériaux en fer, symbolisant la violence et la guerre (Exode 20-22). (Crédit photo : Anonyme ) C’est aussi dans cet esprit que le roi David n’a pas été autorisé à construire le Temple, pour trop de sang dans les guerres entreprises (Chroniques 22,8). Abraham, l’homme le plus pacifique de l’antiquité Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 25 Étude Toutefois, il est un cas dans lequel la Torah autorise à verser le sang : en légitime défense. De plus, cette option ne constitue jamais un objectif en soi, comme cela fut courant chez les peuples de cette époque. Choisir la guerre n’a été une option qu’en cas d’invasion du pays d’Israël par des forces ennemies (Samuel II, 1). En revanche, vivre en paix est par excellence l’objectif, véritable laët-motive qui parcourt la Torah. Une arme peu conventionnelle : les trompettes A l’époque du premier Temple, on peut relever une liste exhaustive d’armement en vigueur à cette époque. Cette liste figure dans un verset du prophète Ezéchiel (39,9). Ezéchiel dit ainsi: « Oui, les habitants des villes d’Israël sortiront et brûleront les armes, ils feront des feux avec les armes, les petits et les grands : boucliers avec des arcs avec les flèches, avec les bâtons qu’on porte à la main et avec les lances ; ces armes, il leur faudra allumer des feux pendant sept ans. » (Crédit photo : Anonyme ) Une exception : la légitime défense Une arme peu conventionnelle : les trompettes Une autre liste plus courte est mentionnée dans les Chroniques II 26,14 On peut lire : « Le roi Ouziya préparait pour eux, pour toute l’armée, des boucliers, des lances, des casques des côtes de mailles, des arcs et des pierres de fronde ». Les armes mentionnées dans ces deux versets constituent l’arsenal complet de tous les moyens de défense. Il faut y ajouter cependant une arme peu conventionnelle : les trompettes, lesquelles avaient pour but d’effrayer l’ennemi par le bruit et d’encourager les soldats sur le champ de bataille. (Crédit photo :Anonyme) Le roi David avait terrassé Goliath par ce système « ces armes, il leur faudra allumer des feux pendant sept ans. » L’arme la plus citée dans la Bible est la pierre dure. Son utilisation remonte à l’aube de l’humanité. La pierre était lancée au plus loin grâce à un système tenu par deux élastiques très souples. Le roi David avait terrassé Goliath par ce système. Le livre des Juges nous fournit une illustration de l’usage des pierres à l’occasion de la guerre de la tribu de Benjamin contre les fils d’Israël à la suite du schisme après Salomon. On peut lire dans les Juges : « les fils de Benjamin, venus des villes furent 26 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 Étude donc passés en revue. En ce jour là vingt six milles hommes tirant l’épée. Dans tout le peuple il y avait sept cent hommes d’élite qui étaient gauchers. Chacun de ceux-là lançait à la fronde des pierres à un cheveu près et ne manquait pas » (20-15,16). A côté de la fronde, on est frappé par le nombre de passages dans la Bible qui mentionnent le bâton comme arme. Le bâton en bois a laissé la place au bâton en fer. On trouve une source même dans le deuxième psaume : « Fais m’en la demande pour que je te donne les nations pour héritage et pour ta propriété, les extrémités de la terre. Tu les briseras avec un bâton en fer tu les mettras en pièce comme un récipient de potier » (Ps. II, 8/9). Les flèches des ennemis ne résistent pas à la solidité des boucliers des soldats d’Israël L’arc et la flèche étaient, manifestement, les plus usités. Leur fabrication plus facile que le sabre et l’épée explique leur nombre. De même, le sabre et l’épée nécessitent des matériaux plus rares à l’époque. La Bible revient parfois sur l’usage de l’arc en cuivre. Il s’agit en fait d’un arc plus solide. Le prophète Ezéchiel (Chap.39) dit au peuple de Gog : « Je frapperai ton arc qui échappera à ta main gauche et je ferai tomber tes flèches de ta main droite » La Bible fait souvent remarquer que les flèches des ennemis ne résistent pas à la solidité des boucliers des soldats d’Israël (II Rois,13). Dans une prophétie d’Isaïe (Is.13,18) traitant de la guerre contre les Mèdes on peut lire : « Les arcs des soldats d’Israël mettront en pièces les jeunes gens ». L’arme la plus tardive dans le temps est l’épée. Celle-ci nécessitait une grande quantité de fer. Elle est devenue l’arme préférée des soldats d’Israël. La plupart des épées était à double tranchant. Les constructeurs de la muraille de Jérusalem à l’époque de Néhémie en portaient une. Après le retour des exilés en Babylonie, elle était de petite taille afin de permettre aux soldats de construire la muraille sans être gênés (Les Juges chap. VII, 20). (Crédit photo : Anonyme ) « Prends en main mon procès contre mes adversaires Ô Eternel ! » L’épée est devenue l’arme préférée des soldats d’Israël Le prophète Nahoum mentionne la lance comme arme accompagnant l’épée. Cette dernière était surtout réservée aux cavaliers. On peut lire dans les psaumes (35,1) : « prends en main mon procès contre mes adversaires Ô Eternel ! fais la guerre à ceux qui me font la guerre. Saisis le petit et le grand bouclier. Tire la lance et la Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 27 Étude Un but unique : se protéger. « Tire la lance et la double hache pour rencontrer ceux qui me poursuivent » double hache pour rencontrer ceux qui me poursuivent ». Il nous reste à mentionner le javelot (Isaïe 13,13) La Bible parle du sifflement provoqué par les javelots pour effrayer les soldats ennemis. Pour attaquer une ville fortifiée il était indispensable de se munir d’un bélier connu en hébreu sous le nom de « Mapats » pour défoncer la muraille. Pour conclure, précisons que l’habillement des soldats devait protéger des flèches et des arcs. A l’époque glorieuse du royaume d’Israël, au temps du règne du roi David et Salomon, la Bible mentionne des boucliers fabriqués avec de l’or. On peut lire dans les Rois I 10,16 : « Alors le roi Salomon fit deux cents grands boucliers en alliage d’oril appliquait six cents sicles d’or sur chaque grand bouclier et trois cents petits boucliers en alliage d’or – il appliquait trois mines d’or sur chaque petit bouclier – puis le roi les plaça dans la maison de la forêt du Liban ». La paix constituait donc l’aspiration principale du peuple d’Israël que rien ne préparait à la guerre. Toutefois, sa situation géopolitique étant antagoniste avec sa profession de foi, ce n’est que par contrainte qu’il dû développer un armement important, dans un but unique : se protéger. (Crédit photo : www.creationism.org/images/ ) (Crédit photo : Anonyme ) Quant aux déplacements on se servait de chars en bois. Un des moyens de défense contre l’ennemi consistait à brûler ses chars (Ps.46). Les armées puissantes disposaient de chars en fer, ainsi les Philistins constituant de fait une menace sérieuse pour les Hébreux. Le roi David montant un char armé de faux 28 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 PORTRAIT D’UN AUMÔNIER « Parlez-moi d’histoire » : telle pourrait être la devise partagée par un homme autant que par sa région. L’aumônier régional Gérald Rosenfeld de la ZD Est incarne en effet une terre que l’on parcourt à l’aune de la mémoire. Interview : Véronique Dubois (Crédit photo : Défense Nationale) Gerald Rosenfeld Gérald Rosenfeld, aumônier régional de la ZD Est V.D : Pourquoi avez-vous rejoint l’aumônerie israélite des armées ? son autorité puisse être efficace dans les meilleures conditions. G.R : Ayant pris un poste de responsable au sein des communautés dans le pays de Bade Wurtemberg en Allemagne, proposition, m’a été faite en 1973 de devenir aumônier bénévole en F.F.A. Ce premier contact avec l’aumônerie fut sous l’autorité du rabbin Chekroun, aumônier israélite des armées. Il a constitué une étape importante dans ma vie , conciliant à la fois l’intégration d’ une famille responsable communautaire et le soutien apporté à nos soldats. Concrètement, je suis quotidiennement en contact avec l’Etat Major de ma région. Ma région étant vaste comme toute Zone de Défense, j’effectue de nombreux déplacements pour visiter les casernes et les B.A . V.D : Quelles sont les tâches essentielles qui constituent le cadre de votre mission ? G.R : De façon générale, l’aumônier régional coordonne les activités de sa Zone de Défense afin que tout aumônier sous D’autre part, tisser sans relâche des liens Armées – Nation signifie inviter régulièrement des unités ou des Chef de Corps à visiter nos belles synagogues et prendre contact avec les dirigeants communautaires. Ces initiatives sont placées sous le signe du partage et dans une ambiance conviviale, c’est-à-dire autour d’une table ! Un des moments forts et récurrents de mon emploi du temps a été occupé, jusqu’à l’an dernier, par les stages de la FMI à Metz : c’est à la fois un moment de découverte des Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 29 PORTRAIT D’UN AUMÔNIER avec bonheur et joie au sein d’une belle famille. (Crédit photo : 1er BA) A l’occasion du déjeuner inaugural et alors que je suis arrivé au terme de ma mission, il m’importait de remercier sincèrement tous et toutes pour l’amitié témoignée : c’est le plus beau souvenir que je garderai. Récemment, la visite de la synagogue de Châlons en Champagne Enfin, tout ceci n’est possible qu’en transmettant au sein de notre aumônerie cette confiance indéfectible que nous portons à nos chefs, dans la tradition de notre hiérarchie. Par synergie, c’est aussi cette même confiance qui nous porte. V.D : Récemment, quels ont été les temps forts de votre activité ? (Crédit photo : AIA) G.R : Récemment, il s’agit de notre dernier congrès qui s’est tenu à Orléans : à l’image de tous les congrès de l’AIA, c’était un rassemblement d’amis qui se retrouvent Gérald Rosenfeld, Haïm Korsia Grand rabbin, Gilles Bernheim Grand rabbin de France (Crédit photo : VD) nouveaux venus au sein de l’aumônerie et de franche camaraderie. C’est en 2010 qu’eut lieu la dernière FMI à Metz. A gauche, l’aumônier Véronique Dubois en formation. Au milieu Philippe Choucroun qui succède à Gérald Rosenfeld en qualité d’aumônier régional de la ZD Est V.D : Quelle est votre expérience la plus marquante à ce jour dans votre fonction ? G.R : Cette expérience est constitutive du souci permanent qui est le mien : transmettre aux forces armées l’information liée au devoir de mémoire. C’est, par exemple, faire témoigner des survivants de la Shoah au sein du monde militaire (gendarmerie, terre, air) afin de ne jamais oublier l’indicible. L’emblème de cette expérience ? le voyage annuel organisés à Auschwitz et Birkenau par notre aumônier en chef le Grand Rabbin Haïm Korsia. 30 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 SPIRITUALITÉ (Crédit photo : Anonyme) Dès la mi-septembre, commenceront les fêtes de Tichri, nommées ainsi en référence au mois hébraïque qu’elles inaugurent : Roch Hachana (nouvel an israélite, littéralement tête de l’année), Yom Kippour (jour du Grand Par« Berechit » Au commencement) est la 1 péricope de la Bible. don) puis Soukkot (fête des Elle conte la création du monde et de l’homme. Cabanes). Ces rendez-vous spirituels donneront le ton à l’année qui s’annonce, placés sous le signe du Jugement divin. Mais Roch Hachana célèbre aussi la Création de l’Homme, c’està-dire la chance qui nous est donnée chaque année de re-naître au monde, aux autres… et à nous-même. ère Véronique Dubois Communiquer au-delà de la parole (Vœux de Nouvel An) Bulletin de la communauté de la rue de Montevideo « Emeric Deutsch Deux personnes marchent-elles au même pas sans qu’elles se soient entendues ? Le Shofar sonnera-t-il dans la ville sans que la population ne soit angoissée ?(Amos III, 3-6). Marcher ensemble, se trouver en présence l’un de l’autre, c’est déjà communiquer. L’avantage de la communication non verbale, c’est qu’ici la parole ne fait pas écran en déformant l’intention de l’émetteur et en agissant directement sur les affects, elle évite le filtre rationnel du récepteur, autre source de déformation. Tels sont les sons émis par le Shofar, des cris, des soupirs qui renvoient au langage du nouveau-né. Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 31 SPIRITUALITÉ S’ils nous font ressentir physiquement, dans nos gorges et nos poumons, des sensations archaïques inscrites dans notre inconscient. […]Le souffle de l’officiant dans le Shofar, en ce jour anniversaire de la création de l’homme, symbolise le souffle divin communicant à l’homme ce pouvoir d’abstraction, c’est-à-dire, celui d’imaginer, de créer. Il s’agit là du véritable pouvoir de l’homme. L’hébreu le suggère en désignant par le même radical le mot « parabole », MaCHal, et le mot « gouvernement », MoCHel, comme le suggère l’ouvrage Pah’ak de Ytzh’ak Huttner. Copyright : betormedia.co.za En cet anniversaire de la création de l’homme, célébré à Roch Hachana, le son du Shofar se réfère non seulement aux premiers cris du nourrisson, mais aussi au souffle divin créant l’homme : « Il insuffla dans ses narines un souffle de vie divin (nichmat haïm ) et l’homme devint un être vivant (lenefesh haya) » (Genèse II, 7). Notons qu’en hébreu néchima , « souffle », « respiration » et « néchama », « âme », sont désignées, à une voyelle près, par des termes identiques. La part divine de l’homme c’est ce souffle qui en fait cet « être vivant » singulier, ce « nefesh haya » que Onkelos d’Aquila, le grand traducteur biblique du IIème siècle biblique, traduit par « esprit parlant ». Les sons émis par le shofar expriment la fragilité de notre moi Mais les sons émis expriment la fragilité de notre moi. La note continue de la Tékia symbolise l’unité de l’être dans la continuité du temps. Le ton saccadé des Chevarim incarne la brisure de cette unité par les traumatismes subis dans le passé, ou par le refoulement des pensées ou actes répréhensibles. La souffrance qui en résulte est exprimée par le gémissement de la Terouah. Enfin, grâce à la prière, à la remémoration et au retour sincère, la techouvah, on parvient à intégrer les blessures du passé et à rétablir l’unité d’un moi éparpillé, ce qui est symbolisé par le son continu de la Tékiah des fins de séries. Ainsi, le souffle et les sons du Shofar racontent en quelque sorte l’histoire de l’homme, les déchirures de sa vie et les possibilités de les réparer. Le nom Yom Hazikaron, « Jour de remémoration », donné au jour de l’an juif, signifie cette recherche de l’unité de l’être à l’aide de la maîtrise du temps. Maîtrise qui n’est possible que par un retour sincère sur le passé le plus lointain à travers ce langage spontané, purement émotionnel, encre non fabriqué tel celui du nouveau-né. Naturel, non fabriqué est aussi l’instrument, la corne de bélier qui rappelle la ligature d’Isaac, l’animal sacrifié à sa place et qui renvoie 32 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 SPIRITUALITÉ à la naissance de notre peuple refusant le sacrifice humain. Si le son du Shofar nous bouleverse à ce point, si ses modulations nous font autant vibrer, c’est que les symboles qu’il véhicule se communiquent au-delà de la parole. Le sens ouvert et quasiment infini qu’il transmet permet à chacun d’y ressentir ce qui lui est le plus personnel. Pour émettre les sons du Shofar, l’officiant doit fermer la bouche. Comme pour montrer que ce qu’il produit le dépasse. Car il s’inscrit dans la continuité du souffle créateur, audelà du temps et de l’espace. Chana tova (bonne année) à tous et à toutes. Copyright :radiojudaicastrasbourg.fr (Extrait de Emeric Deutsch - La volonté de comprendre, textes réunis et présentés par Haïm Korsia – Les éditions des Rosiers Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 33 CULTURE La Torah au coeur des ténèbres Rav Ephraïm Oshry Albin Michel L Copyright :Albin Michel es assassins nazis ne cherchèrent pas seulement à exterminer les Juifs en tant que peuple, ils tentèrent aussi de détruire radicalement l’âme juive, celle qui s’exprime depuis des millénaires à travers l’étude de la Torah et la pratique des commandements. Mais face aux persécutions et à la perspective de l’anéantissement, de nombreux Juifs firent preuve d’une incroyable résistance spirituelle en demeurant fidèles à leurs traditions jusqu’au cœur de l’horreur. Ce livre en est le poignant témoignage : enfermés, humiliés et décimés dans le ghetto de Kovno – cette ville de Lituanie qui avait été la capitale mondiale du savoir talmudique –, les Juifs ne renoncèrent pas à respecter la Loi, et, face à des situations inédites dans la monstruosité, à poser des questions éthiques et juridiques à leur rabbin. Quels rites pénitentiels faut-il suivre lorsque l’on a été contraint de déchirer les rouleaux de la Torah de ses propres mains pour y envelopper des carcasses de chiens ? A-t-on le droit de s’emparer d’un permis de travail qui sauvera la vie de sa famille aux dépends d’une autre ? Est-il permis de marcher dans des rues pavées de pierres tombales ? L’avortement est-il envisageable dès lors que les nazis ont menacé d’abattre sur - le- champ toute femme enceinte ?... Autant de dilemmes insondables, parmi une centaine d’autres, qui furent soumis à Rabbi Ephraïm Oshry pendant ces années d’enfer. Ayant survécu à la Shoah, il a rassemblé les questions de ses fidèles et les réponses qu’il leur avait apportées, pour témoigner de la dignité et de la force d’âme des victimes. Un document unique. 34 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 CULTURE N’oublions pas de penser la France Gilles Berheim, Grand rabbin de France Editions Stock. N Copyright :Edition Stock aissance d’une Europe politique, état de la laïcité, montée des extrémismes, rôle des communautarismes, engagement du citoyen et limites de la démocratie, crise financière, explosion de la précarité, évolution des moeurs, place de l’écologie… À l’ aube de l’ élection présidentielle et en ne perdant jamais de vue une réflexion qui court au-delà du mois de mai 2012, Gilles Bernheim répond aux questions de douze intellectuels français venus d’ horizons divers, et éclaire de son regard de citoyen, de philosophe mais aussi en qualité de Grand rabbin de France, de nombreux points sociaux, éthiques, religieux et politiques. Ont contribué au projet : Alexandre Adler, Monique Atlan, Pierre Bouretz, Éric Conan, Roger-Pol Droit, Julia Kristeva, Pierre Manent, Étienne de Montety, Pierre Nora, Paul Thibaud, Nicolas Weill et Michel Zaoui. Et aussi : - Quarante méditations juives (Gilles Bernheim, Essai – Stock, 2011) - Le Rabbin et le Cardinal (Gilles Bernheim, Philippe Barbarin, Essai – Stock, 2008) - Réponses juives aux défis d’aujourd’hui (Gilles Bernheim, Essai – Textuel, 2003), - Le souci des autres au fondement de la loi juive, Gilles Bernheim, Essai - Calmann-Lévy, 2002), - Un rabbin dans la cité, Gilles Bernheim, Essai - Calmann-Lévy, 1997) Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 35 carnet Un Grand rabbin très distingué Véronique Dubois Mardi 16 avril 2012, dans les salons du Ministère de la Marine, Marc Laffineur, ex - secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense et des Anciens Combattants a remis les insignes d’Officier de l’Ordre National du Mérite à titre militaire au Grand Rabbin Claude Maman, aumônier militaire israélite des Anciens Combattants et porte-drapeau. M « A travers vous, ce sont les aumôneries, tous cultes confondus, qui sont honorées ». Etaient présents notamment le Grand rabbin de France Gilles Bernheim, le Grand Rabbin Alain Goldmann ancien Aumônier Général, l’Aumônier Général Haïm Korsia et les aumôniers Joël Jonas, Méir Israël, Meyer Malka, Moche Lewin et Véronique Dubois. Copyright :Alain Azria arc Laffineur a rappelé les moments forts des 40 ans de service du récipiendaire au sein de l’Aumônerie Israélite des Armées : « Vous avez mis votre foi, votre sens humain, votre profondeur d’âme à la disposition de chacun. Aumônier militaire, vous avez apporté une aide irremplaçable aux personnels des armées » a-t-il salué avant d’ajouter : Marc Laffineur remettant les insignes d’Officier au Grand rabbin Claude Maman 36 Aumônerie israélite des armées Septembre 2012/ Elloul 5772 carnet Promotions Copyright :Défense Nationale L’AIA a de nouveau été honorée. Le Grand rabbin Haïm Korsia a été élevé au grade d’Officier de l’Ordre National du Mérite, les rabbins Laurent Berros, aumônier ZD Nord, coordinateur des HI.A et Betzalel Lévy aumônier BSPP ont été promus Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite. Copyright :LB Copyright :Betzalel Lévy Haïm Korsia Laurent Berros Betzalel Lévy COMMENT TSAVA ? Revue de l’Aumônerie Israélite des Armées Rédactrice en chef : Véronique Dubois Ont participé à ce numéro : Pierre - Yves Bauer, Yehuda Berdugo, Philippe Choucroun, Michaël Dahan, Véronique Dubois, André Elkiess, Haïm Harboun, Haïm Korsia, Gérald Rosenfeld. Aumônerie Israélite des Armées – case n°148 Fort Neuf de Vincennes Cours des Maréchaux – 75614 Paris Cedex 12 Tél. : 01 41 93 39 08 – télécopie : 01 41 93 39 89 [email protected] http://aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com Aumônerie Israélite des Armées – case n°148 Fort Neuf de Vincennes Cours des Maréchaux – 75614 Paris Cedex 12 Tél. : 01 41 93 39 08 – télécopie : 01 41 93 39 89 [email protected] http://aumonerieisraelitedesarmees.blogspot.com