THE
´RAPEUTIQUE
Douleur et cancer : apports et expe
´riences des groupes
the
´rapeutiques chez les femmes atteintes d’un cancer du sein
Cancer and pain: contributions and experiences of group psychotherapy
for breast cancer patients
P. Rouby
Re
´sume
´:Cet article se propose d’illustrer la place et les
re
´percussions des manifestations douloureuses chez des
femmes atteintes d’un cancer du sein et re
´unies sous forme
de groupes psychothe
´rapeutiques. Cette description, selon
un mode
`le cognitivo-comportemental, a pour objet de
de
´tailler et d’e
´valuer l’expression de la douleur parmi les
autres difficulte
´srapporte
´es par les patientes et de
pre
´senter les principales techniques utilise
´es en cours de
the
´rapie. Ainsi, il sera mis en e
´vidence les nombreux liens
connexes qu’entretiennent douleur et ide
´es de re
´cidive
avec leur corte
`ge de re
´percussions psycho-sociales. Enfin,
il sera discute
´de l’e
´volution du mode
`le de douleur
cance
´reuse vers un mode
`le spe
´cifiquededouleurchro-
nique.
Mots cle
´s:Douleur – Cancer du sein – Groupe the
´rapeu-
tique – The
´rapie cognitivo-comportementale
Abstract: This article discusses the importance and effects
of expressing the experience of pain for breast cancer
patients in group psychotherapy. Using a cognitive-
behavior model, we assess the expression of pain and
other issues by these patients and present the main
techniques used in the course of therapy. We underscore
the many interconnected links between pain and fears of
recurrence, including the psychosocial repercussions.
Finally, we address the evolution of the cancer pain
model into a specific model of chronic pain.
Keywords: Pain – Breast cancer – Group Therapy –
Cognitive-Behavioural therapy
Introduction
De nombreuses conse
´quences sont associe
´es au cancer du
sein et a
`ses traitements. Les femmes ayant e
´te
´traite
´es
pour cancer du sein pre
´sentent significativement plus de
de
´tresse psychologique, de de
´pression, d’anxie
´te
´et de
troubles sexuels que les populations te
´moins [2], la moitie
´
connaı
ˆtra une de
´tresse psychologique [14] et pre
`sdun
quart pre
´sentera un trouble psychologique significatif [10].
Il existe, de plus, de nombreux effets secondaires en lien
avec les traitements tels que les troubles du sommeil, la
prise de poids, la fatigue et la douleur qui entretiennent
et majorent la de
´tresse psychologique des patientes
[16, 17]. A
`ce titre, la douleur est un e
´le
´ment fre
´quemment
rencontre
´en raison de son association avec les traitements
du cancer du sein : chirurgie, chimiothe
´rapie, radiothe
´ra-
pie et hormonothe
´rapie [15].
Dans ce contexte, les prises en charge utilisent les
traitements pharmacologiques, psychotropes et/ou antalgi-
ques. Cependant, ces traitements n’apportent pas une re
´ponse
comple
`te et sont eux-me
ˆmes pourvoyeurs d’effets secondai-
res. L’utilisation de me
´thodes d’interventions psychologiques
repre
´sente alors une aide pre
´cieuse pour les patients. Les
interventions psychologiques disponibles sont varie
´es [18].
Cet article nous de
´crit l’expe
´rience acquise depuis 2004 a
`
l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif dans la conduite d’une
the
´rapie cognitivo-comportementale (TCC) de groupe re
´u-
nissant des femmes atteintes d’un cancer du sein non
me
´tastatique en fin de traitement. L’objectif de cet article est
triple : tout d’abord replacer la plainte douloureuse dans le
cadre plus large des difficulte
´s psychologiques, sociales et
physiques rencontre
´es par ces patientes, puis exposer la mise
en œuvre des me
´thodes et outils TCC propose
´s dans la prise en
charge de la douleur exprime
´e par les patientes, et enfin
aborder la spe
´cificite
´de l’expression de la douleur chez les
Pascal Rouby ()
Praticien hospitalier – Psychiatre
Unite
´de psycho-oncologie DISSPO, Institut Gustave-Roussy
39, rue Camille-Desmoulins, F-94805 Villejuif Cedex, France
E-mail : rouby@igr.fr
Dossier :
« Douleur et cancer »
Psycho-Oncologie (2007) Nume
´ro 2: 93–98
©Springer 2007
DOI 10.1007/s11839-007-0024-2
patientes atteintes de cancer et discuter les possibles
orientations et e
´volutions susceptibles d’ame
´liorer la prise
en charge des patientes.
Place et inte
´re
ˆtdesgroupesthe
´rapeutiques
Le cancer du sein est la premie
`re cause de cancer chez la
femme. En France, 40 000 cancers ont e
´te
´diagnostique
´sen
2001 [21]. Les conse
´quences de la maladie affectent le sujet
dans sa globalite
´. Les modifications physiques sont
nombreuses. Outre les se
´quelles esthe
´tiques, on observe
des sympto
ˆmes tels que la fatigue, la douleur, les troubles
du sommeil... Les re
´percussions psychologiques touchent
l’humeur, le caracte
`re... Sur le plan social, les remanie-
ments et perturbations induits par la maladie se re
´percu-
tent sur la vie familiale et socioprofessionnelle.
Dans cette perspective, les groupes psychothe
´rapeutiques
ont pour objectif de proposer aux femmes la possibilite
´de
s’adapter au mieux a
`l’ensemble des difficulte
´sge
´ne
´re
´es par la
maladie. Les groupes the
´rapeutiques cognitivo-comporte-
mentaux permettent, et ce de manie
`re non spe
´cifique, de
proposer un temps d’e
´couteetdeparole,derompre
l’isolement, de partager les difficulte
´s avec les autres femmes
sous la forme de l’e
´tayage de groupe [19, 20].
Les apports spe
´cifiques des TCC re
´sident dans des
interventions axe
´es sur les difficulte
´s actuelles et utilisent
des me
´thodes structure
´es qui requie
`rent l’alliance et la
participation active du sujet. Ces the
´rapies mobilisent les
pense
´es, les e
´motions et les comportements des patientes
au moyen d’outils et techniques spe
´cifiques [9, 13, 20].
Expression de la douleur au cours de la the
´rapie
Les principales difficulte
´srencontre
´es par les patientes
sont e
´voque
´es lors de la premie
`re se
´ance de groupe et
re
´unies sous forme de liste. Les the
´matiques releve
´es sont
ge
´ne
´ralement les me
ˆmes.
En voici un exemple caracte
´ristique issu du journal
d’une patiente lors d’une premie
`re se
´ance de groupe :
Les difficulte
´s physiques constituent une the
´matique
constante pour les patientes au cours des groupes. La plainte
douloureuse est le plus souvent associe
´e aux sensations de
fatigue, aux troubles du sommeil avec la sensation plus diffuse
d’avoir vieilli pre
´cocement.
Une e
´valuation chiffre
´e des difficulte
´s rencontre
´es est faite
en de
´but de the
´rapie, chaque patiente se situe sur un axe allant
de 0 (extre
ˆmement mauvais) a
`10 (optimal) sur chacun des
the
`mes expose
´s. Chacune des patientes expose brie
`vement
pour chaque situation les objectifs qu’elle souhaite atteindre.
En voici un exemple tire
´d’un journal de patiente :
Ici le niveau de fonctionnement est cote
´a
`3parla
patiente en de
´but de the
´rapie. Une e
´valuation sera a
`
nouveau re
´alise
´eenfindepriseenchargeafindobjectiver
l’e
´volution et de pre
´ciser les difficulte
´s persistantes.
Pre
´sentation des outils et me
´thodes the
´rapeutiques
A
`partir de the
´matiques de
´finies lors de la premie
`re se
´ance,
l’apprentissage des me
´thodes d’auto-observation peut alors
de
´buter. Celles-ci sont essentielles dans le processus the
´ra-
peutique. Elles visent a
`donner aux patientes les moyens
d’appre
´cier les situations de de
´tresse psychologique en leur
donnant les moyens d’analyser ces situations en termes de
pense
´es, d’e
´motions, de comportement et de conse
´quences.
Ce travail s’effectue a
`l’aide d’outils spe
´cifiques aux TCC.
L’utilisation et l’acquisition se feront lors des se
´ances de
groupes. Cependant il est demande
´aux patientes de continuer
ce travail entre deux se
´ances en utilisant cet outil pour d’autres
situations avec la possibilite
´de faire parvenir celui-ci aux
animateurs du groupe par messagerie e
´lectronique. Voici un
exemple (Fig. 1) concernant la the
´matique douleur et relatant
une situation proble
`me rencontre
´e par une patiente.
Cet exemple reprend une situation relativement fre
´-
quente chez les femmes traite
´es pour un cancer du sein. Il
est possible de retrouver, a
`lasuitedelachirurgie,dans20
a
`68 % selon les e
´tudes [11] un syndrome douloureux
neuropathique post-tumorectomie et/ou une lymphangite.
La chimiothe
´rapie est susceptible d’induire des phe
´nome
`-
Liste de mes proble
`mes ?
Image de soi : apparence, changements +++
Rapports aux autres (relation aux proches ++, place
dans la famille)
Sympto
ˆmes physiques : fatigue, sommeil, douleurs,
troubles cognitifs
Modifications des valeurs
Reprise du travail
Vie intime
Modifications du caracte
`re
Peur de la re
´cidive +++
Qu’est-ce que je souhaite (objectifs) ?
Parvenir a
`canaliser cette fatigue, afin de redevenir
totalement autonome. Mode
´rer les activite
´s lors des phases
de « grande » forme pour ne pas e
ˆtre e
´puise
´e le lendemain,
essayer d’e
ˆtre plus re
´gulie
`re dans mes activite
´s
Un de mes objectifs est de parvenir a
`faire ce que je
veuxquandjeleveux,cequinestpastoujourslecas
Ou
`j’en suis ?
Th
e
`
me : retentissement de la douleur sur le quotidien
"
03 10
94
nes douloureux diffus souvent sous la forme d’arthralgies
ou de myalgies mais aussi des douleurs neuropathiques. La
douleur neuropathique est aussi un effet secondaire bien
e
´tabli de la radiothe
´rapie [7].
La situation, ici de
´veloppe
´e au moyen des cercles de Cungi,
permet de mieux appre
´cier les re
´percussions cognitives,
e
´motionnelles et comportementales de ces douleurs [8].
Ainsi, dans cette situation, les modifications de l’image de
soi se traduisent par des cognitions du type : « Je vieillis mal. »,
« Vais-je retrouver ma forme ? », des comportements : « Je
bouge moins. Je fatigue vite... », puis des conse
´quences :
«Je
´vite de bouger, ou de faire des activite
´ssportives.»
L’humeur est affecte
´e, cela s’exprime par les e
´motions
suivantes:«Jemesensdiminue
´e, j’ai de la peine... », ainsi
qu’un comportement a
`type de plainte.
Les douleurs sont aussi un e
´le
´ment majeur dans
l’apparition de l’ide
´edere
´cidive et des sentiments de
peur et d’angoisse qui lui sont associe
´s. Ces douleurs, par
leurs conse
´quences, sont un facteur important dans de
possibles difficulte
´s sur la vie relationnelle des patientes,
ici e
´voque
´es par l’impossibilite
´de suivre les autres et
d’accompagner comme auparavant son mari et ses enfants.
Ainsi, cet outil permet au travers de cette situation de
mettre en e
´vidence les re
´percussions multiples de la
douleur, dans ses modalite
´s d’expression, mais aussi
dans ses the
´matiques. Il permet en outre d’engager le
processus the
´rapeutique en rendant le patient plus attentif
a
`ses e
´tats e
´motionnels, cognitifs et comportementaux.
Cet exercice d’auto-observation est bien e
´videmment
re
´pe
´te
´au cours de la the
´rapie, son utilisation une fois
acquise permet le passage a
`l’e
´tape suivante. Il faut alors
induire des modifications de pense
´es (restructuration
cognitive) ici par l’interme
´diaire des colonnes de Beck
[3]. L’exemple suivant (Tableau I), issu d’une se
´ance de
groupe, illustre ce travail.
La recherche de pense
´es alternatives s’effectue par des
questions du type : « A
`quoi pourrais-je penser d’autre ? » Il
s’agit pour le patient de se de
´centrer afin de rechercher et
d’e
´voquer d’autres points de vue. Cet exercice permet au sujet
d’e
´laborer des pense
´es susceptibles de modifier les pense
´es
ne
´gatives et pessimistes. La pratique de groupe est a
`cet e
´gard
fondamentale. Les autres patients participant a
`la discussion
e
´mettent des propositions et des remarques permettant au
sujet de modifier son point de vue. L’effet est d’autant plus
grand qu’il s’agit de remarques e
´manant de sujets dans la
me
ˆme situation et dont la valeur de mode
`le est indiscuta-
ble ; on parle alors de « modeling participatif ».
Dans cet exemple, la patiente e
´labore avec l’aide des autres
membres du groupe des points de vue diffe
´rents possibles, c’est
ce que regroupe la colonne « pense
´es alternatives ». Cet exercice
a pour objet de faire diminuer la de
´tresse e
´motionnelle, celle-ci
est d’ailleurs re
´e
´value
´e en fin d’exercice. Cette technique requiert
une pratique quotidienne afin que le sujet puisse e
´laborer des
pense
´es alternatives rapidement dans d’autres circonstances.
Nous allons ici pre
´senter un outil fondamental dans
l’utilisation des the
´rapies cognitivo-comportementales :
5. Situation déclenchante / Relativiser mes douleurs
J’ai des douleurs articulaires
Exemple : Jour et nuit, j’ai mal. Musculairement, mais aussi au
niveau des os.
2. Cognitions
Je vieillis mal.
Vais-je retrouver ma
forme ?
Et si c’était un cancer des
s?
3. Emotions
J’ai peur.
Je me sens diminuée.
J’ai de la peine.
4. Comportements
Je bouge moins.
Je fatigue vite.
Je me plains.
5. Conséquences
J’évite de bouger
J’hésite à faire des activités
sportives.
Je ne peux pas suivre les
autres, accompagner mes
enfants ou mon mari.
1. Situation déclenchante / Relativiser mes douleurs
J’ai des douleurs articulaires
Exemple : Jour et nuit, j’ai mal. Musculairement, mais aussi au
niveau des os.
2. Cognitions
Je vieillis mal.
Vais-je retrouver ma
forme ?
Et si c’était un cancer des
s?
3. Emotions
J’ai peur.
Je me sens diminuée.
J’ai de la peine.
4. Comportements
Je bouge moins.
Je fatigue vite.
Je me plains.
5. Conséquences
J’évite de bouger
J’hésite à faire des activités
sportives.
Je ne peux pas suivre les
autres, accompagner mes
enfants ou mon mari.
2. Cognitions
Je vieillis mal.
Vais-je retrouver ma
forme ?
Et si c’était un cancer des
os ?
3. Émotions
J’ai peur.
Je me sens diminuée.
J’ai de la peine.
4. Comportements
Je bouge moins.
Je fatigue vite.
Je me plains.
5. Conséquences
J’évite de ouger.
J’hésite à faire des activités
sportives.
Je ne peux pas suivre les
autres, accompagner mes
enfants ou mon mari.
Fig. 1. Cercles de Cungi [8]. Auto-observation
95
il s’agit de l’analyse fonctionnelle. Celle-ci a pour objet de
de
´finir et de comprendre le fonctionnement singulier
du sujet en permettant l’analyse d’une se
´quence compor-
tementale : Stimulus (situation)-E
´motion-Cognition-
Comportement-Anticipation et Conse
´quences sur
l’entourage. Nous reprenons ici une situation de douleur
dans une the
´matique d’ide
´edere
´cidive a
`l’aide de la grille
SECCA [6]. Cette analyse fonctionnelle permet de mieux
cerner le fonctionnement du patient et de mettre en œuvre
un certain nombre de techniques susceptibles d’aider le
patient dans sa progression the
´rapeutique (jeu de ro
ˆle,
re
´solution de proble
`me, relaxation...).
Voiciuneanalysefonctionnellerecueillieaucours
d’une the
´rapie (Fig. 2).
Anticipation
« J’évite toute activité déclenchant la douleur ou la majorant
Cognition
« Je pense plus facilement à la mort»
« Récidive ou un autre cancer »
Système personnel de croyance
« Lors de mon 1
er
cancer, je devais m’en sortir. La 2
eme
fois je
m’en suis sortie, la prochaine fois j’auraismoins de chance. On
ne peu pas s’en sortir autant de fois avec une maladie comme
celle-ci »
Situation
Douleur au niveau du bras (lymphangite)
Emotions
Angoisse (8/10) = sentiment de perte de contrôle, manque d’air,
sentiment d’impuissance
Peur(delarécidive)
Imagerie
« Je me revois à l’hôpital »
« J’imagine le lieu de mon enterrement »
Pensées automatiques
« Je vais mourir je ne vais pas arriver à tenir »
Comportement ouvert
« Je me replie sur moi, je veux être tranquille »
« j e ne cherche pas à avoir un avis médical »
Anticipation
« J’évite toute activité déclenchant la douleur ou la majorant
Anticipation
« J’évite toute activité déclenchant la douleur ou la majorant »
Cognition
« Je pense plus facilement à la mort»
« Récidive ou un autre cancer »
Système personnel de croyance
« Lors de mon 1
er
cancer, je devais m’en sortir. La 2
eme
fois je
m’en suis sortie, la prochaine fois j’auraismoins de chance. On
ne peu pas s’en sortir autant de fois avec une maladie comme
celle-ci »
Situation
Douleur au niveau du bras (lymphangite)
Emotions
Angoisse (8/10) = sentiment de perte de contrôle, manque d’air,
sentiment d’impuissance
Peur(delarécidive)
Imagerie
« Je me revois à l’hôpital »
« J’imagine le lieu de mon enterrement »
Pensées automatiques
« Je vais mourir je ne vais pas arriver à tenir »
Comportement ouvert
« Je me replie sur moi, je veux être tranquille »
« j e ne cherche pas à avoir un avis médical »
Cognition
« Je pense plus facilement à la mort»
« Récidive ou un autre cancer »
Système personnel de croyance
« Lors de mon 1
er
cancer, je devais m’en sortir. La 2
e
fois je
m’en suis sortie, la prochaine fois j’aurai moins de chance. On
ne peut pas s’en sortir autant de fois avec une maladie comme
celle-ci »
Situation
Douleur au niveau du bras (lymphangite)
Émotions
Angoisse (8/10) = sentiment de perte de contrôle, manque d’air,
sentiment d’impuissance
Peur(delarécidive)
Imagerie
« Je me revois à l’hôpital »
« J’imagine le lieu de mon enterrement »
Pensées automatiques
« Je vais mourir je ne vais pas arriver à tenir »
Comportement ouvert
« Je me replie sur moi, je veux être tranquille »
« Je ne cherche pas à avoir un avis médical »
Fig. 2. Analyse fonctionnelle
Tableau I. Colonnes de Beck
Situation
(D
e
´
clencheur)
E
´motion(s)
intensit
e
´
(0-100 %)
Pens
e
´
e(s) Comportement(s) Pens
e
´
es alternatives R
e
´e
´
valuation
E
´motion(s)
Fortes douleurs
apre
`sune
« longue » vire
´e
parisienne
Tristesse – 80 %
De
´ception – 80 %
Contrarie
´te
´–80%
Qu’est-ce que je me dis ?
Tu es nulle, pourquoi
avoir marche
´autant ?
Tu es stupide, tu ne
pourras pas faire ton
footing demain ;
tu es bien avance
´e?
Est-ce que cette douleur
est normale ?
Avant je supportais de
marcher plusieurs
heures ?
Je cache mes douleurs
pour ne pas avoir a
`me
justifier mais je ne suis
plus en mesure de faire
le programme pre
´vu au
retour (repassage).
Je ra
ˆle et ma mauvaise
humeur se re
´percute sur
mon conjoint.
Au final, nous nous
disputons au sujet du
me
´nage...
Tu ne pouvais pas pre
´voir.
Ce n’est qu’une douleur
articulaire sans gravite
´.
Avec le gel approprie
´,le
proble
`me va se re
´gler.
Il n’y a rien de grave, tu te
reposes un jour ou deux et
tu reprends ton sport.
C’e
´tait une belle journe
´e
en compagnie de ma
meilleure amie ; nous
avons ri, nous avons fait
de super-visites, nous
avons bien de
´jeune
´,ce
´tait
vraiment sympa.
Tristesse – 20 %
De
´ception – 20 %
Contrarie
´te
´–20%
96
L’analyse fonctionnelle permet d’affiner la connaissance des
processus mentaux mis en jeu lors d’une situation donne
´e. Dans
cet exemple, elle permet l’acce
`sa
`des niveaux de pense
´es
diffe
´rents. Ainsi, pour cette patiente, on retrouve un postulat de
base, a
`savoir celui d’une rechute et d’une issue ine
´luctable. Des
pense
´es automatiques, a
`savoir des pense
´es intrusives survenant
de manie
`re re
´pe
´te
´e sans que le sujet en ait pleinement conscience
sont mises en e
´vidence. Dans cette situation, les pense
´es
automatiques sont : « Je vais mourir, je ne vais pas arriver a
`
tenir. » La re
´pe
´tition de ces pense
´es est un puissant facteur dans
la gene
`se et le maintien d’e
´motions ne
´gatives. Enfin, certains
scenarii ou images a
`forte tonalite
´e
´motionnelle sont e
´voque
´spar
la patiente : « Je me revois a
`l’ho
ˆpital et j’imagine le lieu de mon
enterrement » et permettent de comple
´ter la connaissance de
l’e
´tatcognitifete
´motionnel de la patiente.
Cette analyse fonctionnelle doit permettre la mise en
œuvre des strate
´gies the
´rapeutiques faisant appel a
`
diverses techniques. Toujours dans la situation de cette
patiente, voici les outils utilise
´s en groupe lors de la
the
´rapie, l’exercice sous forme de re
´solution de proble
`me
utilise aussi le jeu de ro
ˆle et la relaxation.
Le tableau II reprend diverses e
´tapes dans la strate
´gie de
re
´solution de proble
`me. Ainsi, il s’agit pour la patiente
d’identifier les facteurs de stress et les re
´actions ge
´ne
´re
´es par
ces derniers. En se
´ance, le sujet est invite
´a
`formaliser le
proble
`me, puis a
`rechercher les solutions susceptibles de
l’aider (se
´lection des buts et solutions possibles). La mise en
œuvre de certains outils spe
´cifiques tels que la pratique du
jeu de ro
ˆle ou de se
´ances de relaxation accompagne la
de
´marche de re
´solution de proble
`me afin d’ame
´liorer
l’application concre
`te des solutions propose
´es. L’ensemble
se de
´roule avec l’aide du groupe et ne
´cessite la poursuite du
travail entre les se
´ances. Le dispositif rendant possible l’envoi
de documents de travail via la messagerie e
´lectronique
permet aux patients d’adresser aux the
´rapeutes les e
´ventuel-
les questions et difficulte
´srencontre
´es dans la re
´alisation du
plan d’action. Le re
´sultat de la de
´marche est rediscute
´en
groupe lors de la se
´ance suivante.
Discussion
L’expe
´rience des groupes the
´rapeutiques permet de mettre en
e
´vidence l’importance des « se
´quelles » douloureuses obser-
ve
´es a
`la suite des traitements du cancer du sein et ce malgre
´
les progre
`s concernant la prise en charge de cette affection
[1]. Cette plainte s’exprime le plus souvent de manie
`re
intrique
´e aux autres sympto
ˆmes que sont la fatigue et les
troubles du sommeil mais aussi en lien avec les difficulte
´s
d’ordre psychologique.
Si l’e
´mergence de nouveaux traitements : inhibiteurs de
l’aromatase, chimiothe
´rapies... a contribue
´a
`ame
´liorer le taux
de gue
´rison ou a
`prolonger la survie des patientes, de nouveaux
effets secondaires d’ordre rhumatologique sont apparus [5, 12].
Le mode
`le classique de douleur cance
´reuse (de
´crit en termes de
douleur aigue
¨qui dure) s’est ainsi complexifie
´, devenant
insuffisant pour de
´crire ces nouvelles situations en cance
´rolo-
gie. Il devient alors indispensable pour aborder cette e
´volution
clinique de s’inspirer de certaines caracte
´ristiques du mode
`le
pluridimensionnel de la douleur chronique.
Dans cette perspective, il est possible d’imaginer
conjointement aux traitements me
´dicaux une approche
psychothe
´rapeutique dont les outils et les techniques
s’inspirent des the
´rapies cognitives et comportementales
telles qu’elles sont utilise
´es dans les manifestations
douloureuses chroniques (arthralgies, myalgies, douleurs
diffuses, fatigue...) selon un protocole bien connu [22].
Cependant la simple reprise du mode
`le de douleur
chronique selon des modalite
´s cognitivo-comportementa-
les n’est pas non plus un mode
`le suffisant. En effet, la
signification particulie
`re de la douleur dans ce contexte
reve
ˆt un aspect spe
´cifique qui requiert un ajustement et
une mode
´lisation du mode
`le de douleur chronique ainsi
que des psychothe
´rapies susceptibles d’e
ˆtre employe
´es.
Nous en exposons les principaux the
`mes dont la plupart
s’organisent autour de l’ide
´edere
´cidive.
Tout d’abord, la prise en charge (somatique et
psychothe
´rapeutique) de la douleur comme manifestations
se
´quellaires du cancer et de ses traitements ainsi que la
possible apparition ou modification d’une douleur signe
pre
´curseur d’une re
´cidive imposent un lien e
´troit entre
me
´decin et psychothe
´rapeute. Il s’agit pour le the
´rapeute
Tableau II. Re
´solution de proble
`me
Identifiez le ou les facteurs de stress et vos re
´actions face au(x) proble
`me(s)
a
`re
´soudre :
1. Douleur = isolement
2. Ruminations anxieuses = perte d’espoir
3. Perte de confiance dans les me
´decins (expe
´rience passe
´e) = pas de
recherche d’aide me
´dicale
Le proble
`me est :
Comment rechercher de l’aide afin de pouvoir soulager ma douleur ?
Se
´lection des buts :
1. Rechercher de l’aide (peur de de
´ranger, d’ennuyer)
2. Comment communiquer avec le me
´decin (expe
´rience ante
´rieure
ne
´gative)
3. Soulager ma douleur (information concernant les me
´dicaments)
Solutions possibles :
1. Aller sur le forum Internet de la Ligue
2. Se faire aider d’un proche dans ces recherches
3. Prendre contact avec un me
´decin susceptible de m’aider
Jeu de ro
ˆle :
Jouer la sce
`ne « entretien avec le me
´decin »
Plan d’action (a
`faire au domicile) :
1. Recherche d’un me
´decin de confiance
2. Appeler ce me
´decin et expliquer la situation
3. Obtenir un rendez-vous
4. Pre
´parer ses questions
5. Pre
´voir de se faire accompagner par un proche
E
´valuation du re
´sultat :
Lors de la se
´ance suivante :
A pu obtenir un RV avec le me
´decin d’analge
´sie
Mise en place d’un traitement antalgique
Reprise d’activite
´s
Enseignement des techniques de relaxation :
Training autog
e
`
ne de Schultz
Respiration diaphragmatique
97
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !