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REVUE MÉDICALE SUISSE
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13 janvier 2016
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pour le patient et parfois un casse-tête pour le médecin. La
vessie hyperactive non neurogène se définit comme une entité
clinique associant des urgences mictionnelles, associées à une
élévation des mictions diurnes et éventuellement nocturnes
en l’absence d’infection urinaire ou d’une pathologie évidente
comme une hypertrophie bénigne de la prostate, par exemple.
La nycturie est un symptôme particulièrement dérangeant qu’il
convient d’analyser, les troubles du sommeil consécutifs pou-
vant engendrer un état dépressif. On distingue la polyurie noc-
turne d’une nycturie liée à une réduction de la capacité vési-
cale. La première s’observe en présence de troubles du sommeil
(syndrome d’apnées du sommeil), de problèmes vasculaires
et cardiaques ou d’autres troubles métaboliques ; la seconde
correspond à l’hyperactivité vésicale diurne. Il est également
important d’écarter comme cause de la nycturie une polydipsie
diurne ou vespérale.
Au préalable, le médecin doit analyser les différents facteurs,
y compris les médicaments pouvant être à l’origine du syn-
drome mictionnel irritatif ; puis peser le pour et le contre de la
prescription d’un traitement médicamenteux en fonction de
l’induction de possibles effets secondaires parfois encore plus
invalidants.
Parmi les mesures thérapeutiques, il convient de rappeler les
simples mesures diététiques et de comportement susceptibles
de modifier significativement le cours des mictions. Elles
peuvent ensuite être associées aux traitements pharmacolo-
giques (antimuscariniques ou bêta-adrénergiques). Les deux
principes thérapeutiques ont une efficacité similaire avec po-
tentiellement des effets secondaires limités avec le dernier.
Toutefois, les médicaments doivent être administrés avec une
très grande prudence chez les patients fragilisés avec en par-
ticulier des troubles cognitifs ou une mobilité réduite. Il est
parfois préférable de simplement revenir à une thérapie com-
portementale.
L’échec est défini en principe après un essai thérapeutique
d’environ deux mois et d’une concordance des points de vue
entre le médecin et son patient. C’est à partir de ce moment
que se pose l’introduction d’un traitement de troisième inten-
tion, comme l’injection intradétrusorienne sous contrôle en-
doscopique de toxine botulinique.5
POINTS DE CONTRÔLE IMMUNITAIRE
EN ONCOLOGIE UROLOGIQUE (immune
checkpoints)
L’immunothérapie est en passe de bouleverser la prise en
charge de nombreux cancers, dont les cancers urologiques.
Les cancers induisent des réponses immunitaires adaptatives,
médiées par les lymphocytes T. Toutefois, ils parviennent à
échapper au système immunitaire par une série de mécanismes,
dont, en particulier, le dérèglement des points de contrôle im-
munitaire (immune checkpoints) essentiels à la réponse immu-
nitaire de ces cellules T. La modulation et l’inhibition de ces
points de contrôle immunitaire par des nouveaux médica-
ments ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Le cancer de la vessie est un modèle expérimental tout désigné
dans ce domaine pour les raisons suivantes : il est fortement
immunogène et l’immunothérapie topique par instillation in-
travésicale de BCG s’est montrée très efficace dans la prise en
charge des tumeurs urothéliales de la vessie non musculo-in-
vasives au cours de ces 40 dernières années. A l’opposé, il n’y
a pas eu de percée majeure dans la prise en charge des cancers
musculo-invasifs, voire métastatiques depuis 30 ans. Les pre-
miers résultats obtenus par l’utilisation de ces inhibiteurs des
points de contrôle immunitaire en association avec les proto-
coles de chimiothérapie laissent penser que ce domaine de re-
cherche va considérablement s’amplifier dans un futur proche.6
Conflit d’intérêts : L’auteur n’a déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec
cet article.
L’allongement de l’intervalle de temps entre deux mesures du
PSA permet de réduire les risques de surdiagnostic et de surtrai-
tement
Les calculs résiduels de plus de 4 mm nécessitent un suivi médical
et une prise en charge appropriée
Les thérapies comportementales sont utiles à la prise en charge
des patients âgés et fragilisés souffrant d’une vessie hyperactive
d’étiologie non neurogène
L’immunothérapie fait son entrée dans la prise en charge des
cancers invasifs et métastatiques de la vessie
ImplIcatIons pratIques
1 Vickers AJ Ulmert D Sjoberg DD et
al Strategy for detection of prostate
cancer based on relation between pros
tate specific antigen at age and
long term risk of metastasis Case
control study BMJ
2 Randazzo M Josef B Huber A et
al A PSA Pyramid for men with initial
prostatespecific antigen ng/ml A
plea for individualized prostate scree
ning Eur Urol
3 Bancroft EK Page EC Castro E et
al Targeted prostate cancer screening
in BRCA and BRCA mutation carriers
Results from the initial screening round
of the impact study Eur Urol
4 Hein S Miernik A Wilhelm K et al
Clinical significance of residual fragments
in Impact detection and how to
avoid them World J Urol epub
ahead of print
5 Gormley EA Lightner DJ Farady M
Vasavada SP Diagnosis and treatment
of overactive bladder nonneurogenic
in adults AUA/SUFU Guideline Amend
ment J Urol
6 Kates M Sopko NA Matsui H et al
Immune checkpoints inhibitors A new
frontier in bladder cancer World J Urol
epub ahead of print
* à lire
** à lire absolument
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