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Pour aider
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Reconstruire une partie du visage ou un sein…
Les progrès techniques permettent aujourd’hui
de gommer les stigmates laissés par la maladie
et les traitements. Mais les interventions sont
parfois lourdes, et la décision finale doit toujours
appartenir au patient.
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son image
Reconstruction après un cancer
Pour aider /Reconstruction après un cancer
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e visage est capital dans notre relation
aux autres, dans notre vie quoti-
dienne, professionnelle, familiale
et sentimentale. « Il est l’interface
sociale par excellence, souligne le
Pr Jean-Paul Meningaud, chirurgien dans le
service de chirurgie plastique, reconstructrice
et esthétique de l’hôpital Henri Mondor à Créteil.
Sur le plan maxillo-facial, nous intervenons prin-
cipalement pour deux grands types de
cancers : les tumeurs étendues ainsi que les can-
cers de la cavité buccale. Les demandes des
patients sont de deux ordres. Fonctionnelles tout
d’abord : il s’agit de pouvoir s’alimenter par la
bouche, respirer par le nez... Esthétiques ensuite :
les personnes ne se reconnaissent pas après l’opé-
ration et veulent retrouver leur visage d’avant ».
L’évolution technique, et notamment la micro-
chirurgie* permet aujourd’hui d’opérer des
patients de plus en plus âgés dans un envi-
ronnement (le visage) très délicat avec la
présence de beaucoup de nerfs. « Dans le même
temps, reconnaît Jean-Paul Meningaud, nous
constatons une recrudescence des cancers de la
peau, due à une plus grande exposition au soleil
depuis quelques décennies. Quand on touche
au visage, les patients sont anxieux. Certains
repoussent le moment de consulter, ce qui ne fait
qu’empirer la situation. Pour un épidermoïde,
la chirurgie est la seule option. Plus la tumeur
s’est développée, plus la reconstruction sera
difficile ».
Dans le cas de la perte totale d’une unité anato-
mique comme le nez ou une oreille, par exemple,
on peut également avoir recours à l’épithèse
(voir encadré p.39). Ce type de prothèse a, lui
aussi, connu des progrès importants, notam-
ment avec l’arrivée du silicone. Il présente un
avantage énorme pour la surveillance de la
récidive locale puisqu’il suffit de l’ôter pour
inspecter la zone opérée.
L
Les demandes des patients sont de deux ordres.
Fonctionnelles tout d’abord, esthétiques ensuite.
La frontière peut paraître parfois floue entre la chirurgie
purement esthétique et la chirurgie réparatrice. Cela a
pu, par le passé, entraîner des abus sur les demandes de
prise en charge. Aujourd’hui, les choses sont claires : la
chirurgie réparatrice du corps ou du visage suite à une
maladie comme le cancer est prise en charge à 100% par
l’Assurance maladie. Cependant, les dépassements
d’honoraires (non pris en charge par l’Assurance
maladie) en matière de chirurgie plastique sont
fréquents et peuvent atteindre des sommes importantes.
Le Code de la santé publique oblige les praticiens à
fournir un devis si le dépassement est supérieur à 70.
Il ne faut donc pas hésiter à le demander.
Esthétique mais avant tout réparatrice
Pour en savoir +
• Enquête de la Ligue contre le cancer sur le reste
à charge : www.ligue-cancer.net/article/3497_
enquete-sur-le-reste-a-charge
Reconstruction*:
une partie intégrante des soins
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Une étude menée à l’initiative du
Comité départemental de la Ligue
contre le cancer de l’Hérault montre que
la grande majorité des femmes ayant eu
recours à une reconstruction mammaire
sont satisfaites de leur démarche.
« La reconstruction est considérée par
les professionnels et les associations
comme faisant partie intégrante
des soins», estime Marion Pélissier,
oncologue et radiothérapeute qui a
coordonné cette étude.
Cette enquête a été menée par le groupe
Isis qui réunit des professionnels de
santé indépendants (chirurgiens,
oncologues, psychologues, infirmières,
etc.) et soutenue par la Ligue nationale
contre le cancer.
Le groupe Isis a contacté 753 femmes
ayant subi une mastectomie et a
obtenu 245 réponses. Sur les femmes
ayant répondu, 41% n’avaient pas
eu recours à la reconstruction.
39 % avaient opté pour une
reconstruction différée, plusieurs
semaines ou plusieurs mois après
l’opération et 20% avaient bénéficié
d’une reconstruction immédiate.
«Nous avons constaté que la
reconstruction n’est pas encore
proposée systématiquement, regrette
Marion Pélissier. Pourtant, ce n’est pas
une chirurgie de confort. Les femmes
qui ont subi une ablation vivent
souvent mal leur mutilation. Et la
reconstruction donne satisfaction à
une grande majorité d’entre elles.
Si c’était à refaire, elles le referaient ».
S’il est effectué en secteur public, le
geste de reconstruction est pris en
charge à 100%. Dans le secteur privé,
il y a des dépassements d'honoraires
qui ne sont pas toujours pris en charge
par des mutuelles. De plus, les soins
de support ne sont pas remboursés.
«Une reconstruction nécessite
notamment des actes de kinésithérapie
sur une longue durée pour réapprendre
à connaître son corps,poursuit Marion
Pélissier. Et ces actes, eux, ne sont pas
remboursés ».
*Découvrez la brochure La reconstruction du sein
après un cancer sur www.ligue-cancer.net/shared/
brochures/reconstruction-sein-apres-cancer.pdf
Pour aider /Reconstruction après un cancer
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Une intervention vécue comme une
mutilation
Chez certaines femmes, l’ablation d’un sein
est, elle aussi, vécue comme une mutila-
tion. Malgré les campagnes de dépistage
et la précocité des traitements, 30 % des
femmes atteintes d’un cancer du sein doi-
vent subir une mastectomie. «Il arrive même
que certaines patientes la réclament, constate
Charles Meyer, chirurgien-cancérologue à
l’hôpital Pasteur de Colmar, car elle ne veu-
lent pas prendre le risque d’une récidive.
Certaines pathologies rendent la mastectomie
inévitable : le cancer « multifocal » qui com-
porte plusieurs nodules (des plus petits foyers
de cancer se manifestent dans le même qua-
drant mammaire que la tumeur principale)
ou le cancer inflammatoire du sein, qui est
une forme particulièrement agressive mais
heureusement assez rare, la récidive dans un
sein déjà traité et enfin le cancer intracana-
laire étendu qui reste cantonné à l’intérieur
des canaux galactophoriques (de la taille d’un
cheveu). Dans ce dernier cas, on est sûr de la
guérison à 100 %, ce qui est une bonne indi-
cation pour une reconstruction immédiate ».
Avec ou sans prothèse
Il existe trois grandes techniques en matière
de reconstruction mammaire. Avec la première,
la plus simple, on insère une prothèse sous la
peau et le muscle pectoral. La seconde asso-
cie la prothèse à un lambeau de peau préle
dans le dos (reconstruction par lambeau de
grand dorsal). La troisième, baptisée DIEP
(pour Deep inferior epigastric perforator
flap), consiste à reconstruire le sein à par-
tir de la graisse abdominale. « C’est la plus
compliquée, note le Dr Christelle Santini,
chirurgien, chef de clinique en chirurgie
plastique, reconstructrice et esthétique à
l’hôpital Saint-Louis à Paris. Chacune pré-
sente des avantages et des inconvénients.
Pour la pose de la prothèse, l’intervention est
L’éthique pratique se résume à une maxime simple:
faire aux autres ce que je voudrais que l’on me fasse.
A chaque opération, nous devons évaluer le bénéfice
par rapport au risque.
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