fer est introduit durant cette période depuis l’Anatolie et l’île subit bientôt, à partir du Xesiècle
avantJ.-C., l’influence des cités phéniciennes de la côte syrienne et libanaise. Pour les
Phéniciens et pour les autres peuples sémitiques, Chypre porte le nom de Kittim (qui a donné celui
de Cition sur la côte sud-est de l’île) et ses habitants sont désignés comme des Ioniens
(Javannom), nom général pour désigner les Grecs dans l’Orient sémitique. Les principales
positions occupées par les Phéniciens sont au début du premier millénaire Cition et Amathonte,
sur la côte méridionale, puis Idalion et Tamassos dans l’intérieur. Venus faire du commerce, ces
Levantins s’entendent bien avec les Grecs mais, chaque fois que l’île sera confrontée à une
menace extérieure, ils se rangeront régulièrement du côté des maîtres du moment qu’ils soient
Assyriens, Égyptiens ou Perses.
À partir de la seconde moitié du IIemillénaire avantJ.-C., l’hellénisation de l’île s’affirme
régulièrement. Les colons mycéniens s’installent au cours des derniers siècles de l’âge du bronze,
à partir des côtes septentrionales de l’île. Très vite, ils imposent aux autochtones, parfois désignés
sous le nom d’Éteochypriotes, leurs dieux, leur alphabet syllabique et leur langue proche de
l’arcadien. Chypre est mentionnée quelques siècles plus tard dans les poèmes homériques. C’est
ainsi que Cinyras, l’un des rois insulaires, forge une cuirasse destinée à Agamemnon. Teucer, le
frère d’Ajax, est le fondateur à Chypre de la cité de Salamine ainsi nommée en souvenir de son île
d’origine. Ce sont d’autres héros grecs qui fondent les villes d’Idalion, de Lapethos et de Paphos.
Le plus haut sommet de Chypre reçoit le nom d’Olympe et la déesse locale de la fécondité est
assimilée à Aphrodite. C’est d’ailleurs à Chypre – près de Paphos où on lui bâtira un temple
célèbre pendant toute l’Antiquité – que la tradition fait naître la déesse de la beauté et de l’amour
dont le nom est parfois accompagné des épithètes de Cypris ou de Paphia. Le célèbre dieu cornu
découvert à Enkomi est également assimilé à un Apollon arcadien.
Xe-VIIIe siècles avant J.-C.: Indépendante et partagée en une dizaine de royaumes dirigés par
des souverains grecs, Chypre jouit durant cette période d’une belle prospérité, fondée sur ses
relations commerciales avec tous les pays de la Méditerranée orientale où elle exporte son cuivre
(qui lui donne son nom) et sur l’exploitation du bois de construction navale tiré de ses forêts. La
richesse de l’île durant cette période est illustrée par les magnifiques trouvailles réalisées dans les
tombes de Salamine ou au sanctuaire d’Ayia Irini (sur la côte nord) contemporains des VIIIe-VIIe
siècles avant J.-C.Ce grand centre d’échanges et de redistribution bénéficie d’une situation
favorable à proximité des côtes syriennes… jusqu’à ce que l’expansion assyrienne ne vienne
remettre en cause son indépendance.
Un peu avant -707: Conquête de Chypre par le roi Sargon d’Assyrie, ce dont témoigne une
stèle découverte à Cition. Les insulaires sont alors contraints de payer un tribut.
-612: Chute de Ninive prise par les Mèdes. Fin de la puissance assyrienne.
-569 -525: Règne du pharaon Amasis pendant lequel Chypre est conquise par les Égyptiens,
un épisode rapporté par Hérodote.
- 525: Chypre est rattachée à la cinquième satrapie perse. Ses souverains se sont tournés vers
le Grand Roi pour échapper à la domination égyptienne et au tribut dû au pharaon. En
contrepartie, Cyrus et Cambyse laissent une certaine autonomie aux royaumes de l’île.
-500: Les Chypriotes se rangent aux côtés des cités grecques d’Ionie révoltées contre les
Perses. À Salamine, le roi Gorgos favorable aux Perses est détrôné par son frère Onesilos attaché
à la cause grecque. Les rois de Chypre, à l’exception de ceux de Cition et d’Amathonte, se
joignent à la rébellion mais celle-ci est finalement vaincue.
-480: Chypre envoie cent cinquante trirèmes à Xerxès quand il prépare sa grande expédition
contre la Grèce et Gorgos, acquis au Grand Roi, participera même aux côtés des Perses à la
bataille navale de Salamine (il ne s’agit pas ici de la cité chypriote mais de l’île du golfe
Saronique) gagnée par Thémistocle.