ARTICLE ORIGINAL Apport de l'échographie dans la prédiction de la malignité du nodule froid thyroïdien (Contibution of ultrasonography in the prediction of malignancy of cold thyroid nodule) Achy OB1, N' Drin NKJ1, Aboukoua-Kouassi NN1, Granger JE1, Kouadio LD, Zunon Kipré GE1, Kouamé Koutouan A1, Nigué L2. 1 - Service de Biophysique et médecine nucléaire UFR/SM BP V166 Abidjan 2 - Service Biostatistique informatique UFR/SM BP V166 Abidjan RÉSUME: Objectifs: Analyser les éléments prédictifs échographiques permettant d’évoquer le caractère cytologique bénin ou malin des nodules thyroïdiens froids. Patients et Méthodes: Nous avons étudié 100 nodules froids chez des patients tout venants à la scintigraphie réalisée au technétium 99 m (99mTC) dans le service de biophysique et médecine nucléaire d’Abidjan. Les résultats de l'examen échographique de ces nodules froids ont été soumis au verdict diagnostique de la cytoponction thyroïdienne à l'aiguille fine. Résultats : La prédominance féminine a été de 90%. L'âge moyen était de 44±3 ans avec des extrêmes de 09 et 75 ans. La cytologie a donné 90% de lésions bénignes et 10% de lésions malignes avec la prédominances du carcinome papillaires. Les lésions bénignes étaient composés de:63 % de goitres colloïdes, 23% d'adénomes vésiculaires, 2% de thyroïdites, 2% de kystes thyroïdiens. Concernant la topographie, la taille, le nombre, les dimensions nodulaires et certains éléments propres à l'échographie telle l'échostructure, calcifications parenchymateuses, le seul élément discriminant est l'aspect des contours nodulaires. Autrement dit, lorsqu'un nodule froid thyroïdien présentait des contours irréguliers à l'échographie, il présageait à une malignité cytologique et le contraire à une cytologie bénigne Conlusion : Le nodule froid comme les autres lésions thyroïdiennes est prédominant chez la femme. L’irrégularité des contours nodulaires semble liée à la malignité nodulaire thyroïdienne Mots clés: échographie, nodule froid, malignité, cytopnction Correspondance et tirés à part ACHY OB à l'adresse ci-dessus, Email: [email protected] Tél (225) 05209058 / 07148565 SUMMARY: OB Achy et al J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139 1 Objectives: To assess the contribution of ultrasonography in the study predictive elements that suggest the benign or malignant cytological character of cold thyroid nodule. Patients and Method: We studied 100 cold nodules in patients without distinction by scintigraphy performed with technetium-99m (99mTC)in Abidjan nuclear medicine center. The results of the ultrasound examination of these cold nodules were subjected to the diagnostic verdict of thyroid fine needle aspiration. Results: Female predominance was 90 %. The mean age was 44 ± 3 years with extremes of 09 and 75 years . Cytology gave 90% of benign lesions and 10% of malignant lesions with predominance of papillary carcinoma . Benign lesions consisted of 63% of colloid goiters , 23% of follicular adenomas , 2% of thyroiditis , 2% of thyroid cysts. Regarding topography, the size, number, nodular dimensions and some elements specific to ultrasound such as echogenicity, parenchymal calcifications , the only discriminating factor is the appearance of nodular contours. In other words, when a thyroid cold nodule showed irregular contours on ultrasound , it suggested a cytological malignancy, otherwise a benign cytology. Conclusion: Cold nodule like other thyroid lesions is predominant in women. The irregularity of the nodular contours is associated with thyroid nodular malignancy. Keywords : ultrasound, cold nodule, malignancy , fine needle aspiration. INTRODUCTION : Le mot nodule vient de nœud ; il désigne une sorte de boule dans la glande thyroïde. En réalité, il s’agit d’une tumeur qui peut être petite ou grosse, bénigne ou maligne (13). L’analyse cytologique ou histologique montre que les nodules peuvent être des adénomes (adenos, adên qui signifie glande et ome, tumeur en grec), des kystes qui sont des nodules contenant du liquide et des cancers. Un nodule non fixant ou plus hypofixant que le parenchyme thyroïdien est appelé « nodule froid » et supposé non fonctionnel. La définition du nodule froid a fait l’objet de nombreuses controverses. Il est actuellement admis que tout nodule thyroïdien qui ne fixe pas du tout ou fixant peu le radio isotope, est un nodule froid (5,9,10,13,19). En Côte d’ivoire, ACHY et coll (1) avaient trouvé 30% de nodules froids chez des patients tout venant dans le service de médecine nucléaire et biophysique pour scintigraphie. sélection des patients et des méthodes d’étude que sont : la cytoponction, l’examen histologique de la pièce après exérèse chirurgicale in vivo et l’autopsie (7,38, 39, 40, 44, 52). La scintigraphie est une méthode d’imagerie médicale utilisant les rayons gamma émis par un organe ou organisme à qui il a été injecté un produit faiblement radioactif (4, 21). L’échographie est une autre méthode d’imagerie médicale basée sur les propriétés de propagation et de réflexion des ultrasons (15. 28, 64). Les différents outils de diagnostic qui s’offrent au clinicien dans le diagnostic urgent morphologique du nodule froid sont : l’échographie (échostructure, dimension siège et contours nodulaires), la scintigraphie (caractère fonctionnel : chaud ou froid, dimensions, siège et contours nodulaires), la cytoponction (bénignité ou malignité nodulaire). Les nodules thyroïdiens en général, J Afr Imag (7), 3: 125-139 Le nodule froid est cancéreux dans Méd 5 à 2015;sont bénins dans 90 à 95 % des cas (10, 11, 19, 38 % des cas en fonction des critères de 2 47, 50). Il n’est donc pas nécessaire de les opérer tous sauf en cas de complications : compression d’organes et/ ou aspect disgracieux. Cependant, le nodule froid est souvent la forme de manifestation du cancer thyroïdien justiciable d’une intervention chirurgicale. fréquence 7.5 Mhz. Les reprographes utilisés étaient de marques de marques Sony et Fuji®. Les critères d’inclusion ont été les suivants : être sujet noir Africain, de tout sexe et de tout âge, chez qui il a été découvert un nodule froid à la scintigraphie thyroïdienne et qui a subi un examen échographique et une cytoponction thyroïdienne. Le matériel humain était L’objectif général de ce travail était de constitué de 100 patients de race noire qui nous mettre en évidence, l’apport de l’échographie ont été adressés par nos confrères des trois dans l’étude du nodule froid. Centres Hospitaliers Universitaires, des L’objectif spécifique de cette étude cliniques et cabinets médicaux privés était de collecter des éléments prédictifs d’Abidjan. Ils étaient constitués de 90 femmes échographiques permettant d’évoquer le et 10 hommes âgés de 9 à 70 ans. L’âge moyen caractère cytologique bénin ou malin du était de 44 ± 3 ans. Les critères de non nodule froid. inclusion ont été: patients, non Africains, de race blanche ou n’ayant pas bénéficié des trois PATIENTS, MATERIEL ET modes d’investigation thyroïdienne METHODES (scintigraphie, échographie, cytoponction) au Il s’agissait d’une étude prospective qui complet. La scintigraphie n'a servi qu'à mettre s’était déroulée en trois phases dont deux en en évidence les nodules froids. La imagerie médicale et la troisième, en cytoponction à l’aiguille fine échoguidée ou cytodiagnostic. non a été réalisée sans anesthésie sur le nodule Notre étude a été réalisée dans le identifié à la scintigraphie puis à service de Biophysique et Médecine Nucléaire l’échographie. La technique de la cytoponction de l’Unité de Formation et de Recherche des a été celle préconisée par Briffod (17) Le Sciences Médicales (UFR/SM) de l’université matériel utilisé pour le prélèvement était de Cocody à Abidjan en collaboration avec le composé d’une seringue 10cc munie d’une laboratoire d’Histologie d’Embryologie et aiguille fine stérile de 0,5 x 24 mm à usage Cytogénétique de l’UFR/SM de l’université de unique ainsi que de l’alcool à 95°C. Après Cocody ainsi que les services de désinfection de la zone lésionnelle, le patient radiodiagnostic et d’imagerie médicale des étant allongé, la tumeur était immobilisée entre centres hospitaliers universitaires de l’index et le majeur. L’aiguille fine était alors Treichville et de Cocody. Cette étude a été plongée dans la masse et soumise à un menée du 05 janvier 2008 au 30 janvier 2010. mouvement de va et vient permettant aux Elle a porté sur 100 patients de race éléments cellulaires de remonter par noire. Pour le diagnostic des nodules froids, capillarité. Autrement, il s’agissait d’une nous avons utilisé une gamma caméra planaire ponction aspiration avec une seringue munie ® de la firme MEDISO type Nucline, J AfrAP-80829 Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139 d’une aiguille fine. La sérosité recueillie était couplée à un micro-ordinateur MEDIS. Les étalée sur des lames propres. Deux à trois, échographes utilisés étaient de marques: voire quatre ponctions étaient réalisées sur RT2800 Général Electrics®, RTX 400 Général tumeur nodulaire. Dans les cas de kystes, le Electrics® et EUB 525 HITACHI tous ces liquide recueilli était centrifugé avant d’être appareils étant munis de sondes de haute étalé sur les lames. La fixation se faisait à l’air 3 libre. Habituellement, la coloration utilisée était celle de May Grunwald Giemsa. La lecture a été faite au microscope optique en utilisant les grossissements x 10, x 25, x 40 et parfois 100. Les cytoponctions anormales (blanches ou hémorragiques) ont été reprises et dans le cas échéant, sous guidage échographique. Maintes fois, la cytoponction a été faite, en première intention sous assistance échographique. Au cours de notre étude, nous avons assimilé le caractère cytologique dit «suspect» qui correspondait à la découverte, lors de l’analyse des produits de al la OB Achy et cytoponction, de cellules thyroïdiennes douteuses qui se trouvaient dans un état ambivalent, c’est-à-dire des cellules non franchement normales ni franchement carcinomateuses Nos données ont été saisies et traitées sur le logiciel Epi info version 6. L’analyse des résultats a été effectuée avec les tests statistiques; Chi carré (χ2) et test de probabilité Tableau I : Répartition des différents aspects Cytologiques Cytodiagnostic Effectif Bénin 90 Suspect ou malin 10 Total 100 exact de Fischer, au seuil de probabilité p ≤ 0,05. Les valeurs de p supérieures à ce seuil, étaient considérées comme étant non significatives. Le test χ2 n’a été applicable que si tous les effectifs calculés égalaient ou dépassaient 5. Dans le cas contraire, le test de Fisher a été utilisé, mais seulement pour les tableaux de comparaison comportant deux lignes deux colonnes en sachant que le test exact de Fisher ne testait que la dépendance de deux paramètres et non un risque (comme le risque de développer un cancer) RESULTATS 1 – ASPECTS CYTOLOGIQUES Les deux aspects cytologiques (bénin, suspect ou malin) représentant le cytodiagnostic et les différents types de lésions de la glande thyroïde caractérisant les nodules froids sont rapportés dans les tableaux I et II, suivis de leurs représentations graphiques. Tableau II : Répartition des différents types de lésions thyroïdiennes Différents types Lésions thyroïdiennes Goitre colloïde Adénomevésiculaire Carcinome papillaire Effectif Cytologie suspecte Thyroïdite Kystes thyroïdiens Total 3 2 2 100 63 23 7 4 OB Achy et al 2 – Cytodiagnostic en fonction du sexe et l’age J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139 Le cytodiagnostic (aspects cytologiques) tableau est suivi de la représentation graphique en fonction du sexe et de l’âge des patients est des données correspondantes. rapporté dans les tableaux III et IV. Chaque Tableau III : Cytodiagnostic en fonction du sexe des patients. χ2: non valide Test exact de Ficher : non approprié Test Odds Ratio = 5, 08 avec P = 0,05. Il y a une évidente relation entre l’état cytologique et le sexe. La propension à développer un cancer thyroïdien est 5 fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Cytodiagnostic Sexe Masculin Féminin Total Bénin Suspect ou Malin 7 3 83 7 90 10 Total 10 90 100 Tableau IV : Cytodiagnostic en fonction des tranches d’âge. Bénin Malin Total Cytodiagnostic Tranches d’âge 0-20 21-40 41-60 61-80 81-90 2 40 16 31 1 1 6 2 1 0 3 46 19 31 1 Total 90 10 100 Tableau V : Cytodiagnostic en fonction de l’âge (40 ans) des patients Age 0 – 40 ans Au delà de 40 ans Cytodiagnostic 42 Bénin Suspect ou Malin 7 48 3 5 Total 49 51 χ2: non valide. OB Achy et al Test exact de Fisher : p = 0,19 (NS) Il n’existe pas de corrélation entre l’âge (40 ans) des patients et le cytodiagnostique. 3 - Correlation des aspects échographiques et cytodiagnostic J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139 Les paramètres échographiques fonction du cytodiagnostic sont rapportés (échostructure, taille, siège et nombre) en dans les tableaux XI à XVI. Tableau VI : Cytodiagnostic en fonction de l’échostructure des nodules froids à l’échographie. Cytodiagnostic Bénin Echostructure nodulaire Hyperéchogène Hypoéchogène Mixte Isoéchogène Anéchogène Total Suspect ou Total malin 0 56 19 5 10 90 0 2 7 0 1 10 0 58 26 5 11 100 χ2: non valide Test exact de Fisher : non approprié Test Odds Ratio : non indiqué Tableau VII : Cytodiagnostic en fonction de la topographie des nodules froids l’échographie Cytodiagnostic Bénin Topographie Suspect ou % malin Droit 51 5 Gauche Isthme Total 39 0 90 3 2 10 56 42 2 100 χ2: non valide. Test exact de Fisher : non approprié Test Odds Ratio : non indiqué Tableau VIII : Cytodiagnostic en fonction de la taille des nodules à l’échographie. Cytodiagnostic Bénin dimensions nodulaires Suspect ou Total mali n < 1cm 0 0 1-5cm 81 8 0 89 6 > 5cm 9 2 11 χ2: non valide Test exact de Fisher : p = 0,30 100 Total 90 10 (NS) après regroupement 1-5cm et > 5cm OB Achy Il n’existe pas de corrélation entre les dimensions des nodules froids à l’échographie et et le al cytodiagnostic Tableau IX : Cytodiagnostic en fonction de l’existence de calcifications à l’échographie Cytodiagnostic Calcifications J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139 Bénin Suspect Total Ou Malin Présence 9 0 Absence 81 10 Total 90 10 9 91 χ2 : non valide Test exact de Fisher : p = 0,59 (NS). Il n’existe pas de relation entre la présence de calcification à l’échographie et la cytologie. 100 Tableau X : Cytodiagnostic en fonction de l'aspect des contours nodulaires à l’échographie Cytodiagnostic Bénin Suspect ou Malin Total Réguliers 78 3 81 Irréguliers 12 7 19 Total 90 10 100 Contours nodulaires χ : non valide. Test exact de Fisher : p = 0,00 (HS) Il existe une corrélation entre l’aspect échographique des contours des nodules et le cytodiagnostic. Les nodules froids aux contours réguliers sont le plus bénins et ceux aux contours irréguliers sont plus malins. Tableau XI : Cytodiagnostic en fonction du nombre de nodules à l’échographie Cytodiagnostic Bénin Nombre de Nodules froids Suspect ou Malin Pourcentage (%) χ2: invalide Test exact de Fisher : p = 0,16 (NS). 7 Il n’y a pas de corrélation entre le nombre de nodule et le cytodiagnostic à l’échographie. Solitaire 59 9 68 Multiples 31 1 32 OB Achy et al Total 90 aphiques de la thyroïde et leur tologique Gros nodule tissulaire bien limité 10 100 Gros Nodule échographique Irrégulier et mal limité J Afr Imag Méd 2015;d'échostructure (7), 3: 125-139 mixte Fig 3 : échographie thyroïdienne : Fig1: Echographie thyroïdienne : Gros Gros nodule hétérogène, mal limité nodule tissulaire bien limité Thyréocytes anormales de forme et taille variabbles avec de gros noyaux vacuolés Thyréocytes Normales ienne du nodule ect cytologique 25 Fig4 : Aspect cytologique : carcinome papillaire. MGG : MO x 2 DISCUSSION : 1 - Sexe Notre étude a porté sur une population composée de 90% de femmes et 10 % d’hommes. Celles de Gaham N. (29), Gharib H. (31) et de Jafiol J(40), en Europe ont révélé respectivement 87.5, 88, 89.2 % de sujets de sexe féminin. En Côte d’ivoire Achy et coll. (2) ont trouvé une valeur identique (90 %) de femmes en pathologie thyroïdienne. Dans la littérature, les travaux qui ont porté sur l’épidémiologie du nodule thyroïdien et particulièrement sur le nodule froid, ont mis en exergue, la prédominance du sexe féminin tout comme les autres pathologies thyroïdiennes tumorales. Ce constat témoignait du caractère hormono-sensible du nodule thyroïdien et notamment de l’influence des hormones sexuelles femelles (24,31). 2 - Age 8 L’âge moyen de nos patients était de 44 ± 3 ans avec des extrêmes de 9 et 75 ans. Dans la littérature, l’âge moyen des patients atteints de nodules froids, était de 45 ± 5 ans avec des extrêmes de 10 et 95 ans (12,29, 30,31, 40, 79). En Côte d’ivoire, dans une étude antérieure, Achy et coll. (2) avaient trouvés une valeur plus élevée (55 ± 6 ans). Ces observations nous ont permis d’affirmer que le nodule froid constituait une lésion thyroïdienne prédominant chez la femme à partir de 40 ans comme la plupart des affections pathologiques de la glande thyroïde (24,31). En Afrique noire, les travaux sur la pathologie nodulaire en général, y compris le cancer thyroïdien, se sont accordés sur l’âge moyen qui se situait à la quarantaine mais le sexe ratio était très variable se situant entre 0,50 et 0, 06 (7,61,54, 60, 64). L’étude des tranches d’âge avait mis en évidence deux pics de fréquence dont le premier se situait entre 21 et 40 ans et le second entre 61 et 80 ans. 3 - Cytodiagnostic en fonction du sexe et de l’âge L’étude cytologique a révélé d’une part, 90 % de lésions thyroïdiennes bénignes. Les lésions bénignes étaient composées de : 63 % de goitres colloïdes, 2 3% d’adénomes vésiculaires, 2 % de kystes thyroïdiens et 2 % de thyroïdites et d’autre part 10 % de lésions malignes ou supposées telles du fait du regroupement des cas suspects et malins. Ces 10 cas carcinomateux étaient composés exclusivement de 3 % de carcinomes papillaires et 3 % de cytologies suspectes de sexe masculin ainsi que 7% de carcinomes papillaires chez 4 femmes observées chez des sujets de sexe féminin. Le regroupement des cas de cytologie suspecte ou douteuse et des cas franchement malins était quelque peu discutable. Cependant cette approche a été fréquente dans la littérature. Il a donné des résultats controversés. En effet, pour Leger AF (52), la fréquence des lésions douteuses ou de cytologie douteuse, autrement désignées par le terme de cytologie suspecte, a été évaluée de 10 à 30 % et parmi ces cas douteux, il y avait approximativement 20 % de cancers véritables après analyse anatomopathologique. Dans le même ordre d’idée, Vielh P. (81) a rapporté que la cytologie pouvait méconnaître le cancer dans une proportion de 7 à 10 %. C’était à considérer la part qui revenait aux faux négatifs, l’assurance que donnait une cytologie négative pour le cancer en considérant une cytologie suspecte comme une lésion bénigne. En ce qui nous a concerné, ainsi que d’autres auteurs (25, 26, 34, 52) la phobie du cancer, nous a incité à considérer les cas de cytologie suspecte comme potentiellement malins et cela d’autant plus que l’examen histologique, à posteriori, y avait trouvé une forte proportion de cancers En côte d’Ivoire YAO (84), dans une étude de 94 cytoponctions de nodules cliniques et échographiques a observé la prédominance du goitre colloïde 77 %, suivi de 5,3 % de cytologies suspectes qui n'ont pas été soumis à l'examen anatomopathologique, 3,2 % de thyroïdites et dans les proportions de 1,1% pour chacune des lésions suivantes: kystes et lymphome thyroïdien ainsi que le carcinome vésiculaire. Il y a eu 11,7% de ponctions blanches et aucun cas d’adénome. Le nodule froid était une forme de manifestation du cancer thyroïdien. Les travaux relevés dans la littérature en ont donné des statistiques très variables. Bellossi (11), Bessey (12), Tourniaire (79) et Vielh (95) ont obtenu respectivement : 9 5,3, 6.5, 7 et 9 % de nodules froids thyroïdiens malins. Ces valeurs étaient inférieures à la nôtre qui était de 10%. Melliere (59), Shlumberger (67) et Jaffiol (40) ainsi que Huguier (38) ont trouvé des proportions comprises entre 10 et 10,25 %, presque superposables à la nôtre. Des valeurs (16 à 18 %) supérieures à celles observées dans notre étude ont émané des travaux de Beckers C (9) Silver (70) et Ashcraft (5). Les femmes de notre série ayant eu un nodule froid malin, ont été évaluées à 7%. Ce dernier résultat était en deçà de ceux de Tourniaire (79) évalué à 9,50 % et des 9,2% provenant de l’étude de Mellière (59). Chez les sujets de sexe masculin de notre échantillon, le nodule froid s’était avéré malin sous forme de carcinome papillaire dans 30% en la rapportant à l’effectif des hommes de notre série alors qu’elle n’était que de 8% chez les patients de sexe féminin. Les études statistiques ont montré que la propension à développer un cancer thyroïdien étaient cinq fois plus élevée chez les hommes que les femmes. Ces observations nous ont permis d’affirmer que les nodules froids ont été plus fréquents chez les femmes (90 %) mais potentiellement plus cancéreux chez les hommes. La plupart des auteurs relevés dans la littérature ont fait des constats similaires (12, 38,47, 59, 77, 78) Le cancer le plus fréquemment diagnostiqué à la cytoponction, ailleurs qu’en Afrique, a été le carcinome papillaire et davantage chez la femme dans des proportions pouvant atteindre 60 à 80 % (36, 42, 60,93). En Afrique, la forme la plus fréquente serait le carcinome folliculaire appelé aussi carcinome vésiculaire favorisé par la carence iodée (6, 22, 42, 58, 69, 84). Les 7 cas de lésions malignes que nous avons mis en évidence dans notre étude, en dehors des 3 cas de cytologie suspecte ou douteuse, étaient tous des carcinomes papillaires. Ce constat était en contradiction avec les observations des auteurs africains précédents bien que la Côte d’Ivoire soit OB Achy et une al zone d’endémie goitreuse avec pour toile de fond la carence iodée. 4 -Correlation des aspects echographiques et cytologiques 4.1 – Corrélation entre échostructure des nodulesJ Afr Imag froidsMéd 2015; et (7), 3: cytodiagnostic Notre étude a mis en évidence 56 % de nodules froids hypoéchogènes bénins contre 2 % de malins. Les nodules bénins d’échostructure mixte ont été évalués à 19 % contre 7 % de nodules malins. Les nodules froids isoéchogènes et anéchogènes étaient quasiment tous bénins. Dans notre série, les nodules d’échostructure mixte se sont révélés plus bénins que malins. Cette observation était en oposition avec celle de certains auteurs (23, 27, 57) qui avaient affirmé que les nodules d’échostructure mixte étaient le plus souvent malins. Les nodules hypoéchogènes (moins échogènes que les muscles adjacents) s’étaient avérés plus bénins (56%) que malins (2%), en contrariant les observations de Brander (16), Campbell e (19), Gormann (32) et Lee (49) qui avaient affirmé que l’aspect hypoéchogène d’un nodule équivalait à sa malignité, en ajoutant toutefois que cet aspect devrait s’associer à d’autres facteurs dont l’irrégularité des contours du nodule, des adénopathies chez un sujet de sexe masculin âgé de moins de 20 ans. Concernant les nodules anéchogènes, correspondant à des kystes, nos résultats s’accordent avec ceux des mêmes auteurs cidessus cités 4.2 - Corrélation entre topographie nodulaire et cytodiagnostic 10 Les nodules froids du lobe droit découverts à l’échographie étaient bénins dans 51 % des cas et suspects ou malins dans 5 %. Le lobe gauche comptait 39 % de nodules bénins contre 3 % de malins. Yao (84), dans une étude échographique en Côte d’Ivoire, ont observé une prédominance des lésions au niveau du lobe thyroïdien gauche sans préciser le caractère bénin ou malin des lésions. L’étude de Jafiol (40) avait mis en évidence, d’une part, le fait que les nodules thyroïdiens froids prédominaient au niveau du lobe droit et d’autre part que le siège lobaire droit d’un nodule froid était un critère de malignité. L’avis de MELLIERE (60) a été différent, situant la malignité nodulaire au niveau de l’apex. 4.3 - Corrélation entre taille, contours nodulaires et cytodiagnostic Pour les nodules froids dont le diamètre variait de 1 à 5 cm nous avons trouvé 81 % de bénins et 8 % de malins. Les nodules de plus 5 cm ont été bénins dans 9 % et malins dans 2 %. Il n’a pas été mis en évidence de nodule malin de diamètre inférieur à 1 cm. Les nodules aux contours réguliers à l’échographie, se sont avérés bénins dans 78 % et malins dans 3 %. Nous avons mis en évidence dans ce travail que la régularité des contours nodulaires était synonyme de bénignité cytologique, au contraire de l’irrégularité des contours nodulaire à l’échographie qui était un facteur péjoratif, synonyme de cancer thyroïdien au plan cytologique. Le test exact de Fisher a été très concluant à cet effet. Plusieurs auteurs (14, 23, 51,83) ont fait un constat similaire. Selon Galtier et coll. (30), l’échographie, lorsqu’elle trouvait un nodule kystique de moins de 4 cm, permettait de prédire sa bénignité dans 98 %. Faik (27) a rapporté que le risque de cancer était de 2 % pour les vrais kystes. Un nodule à contenu non liquidien était inquiétant non seulement par sa malignité potentielle mais aussi par le risque de compression si son diamètre dépassait OB Achy 5et cm al (82). Dans notre série nous avons trouvé 2 % de nodules froids malins dont le diamètre, à l’échographie, excédait 5 cm. 4.4 - Corrélation entre nombre de nodule, existence de calcifications et cytodiagnostic J Afr Imag Méd 2015; (7), Notre échantillon comportait 59 % de nodules solitaires bénins contre 9 % de malins. Les nodules multiples se sont avérés bénins dans 31 % et malins dans 1 %. Ce faible taux de nodules malins était en accord avec ceux de Leclerc (47), Beckers (9) et Cussac et coll. (23) qui avaient affirmé que la multiplicité nodulaire était un facteur de bénignité. Selon ces auteurs, le caractère multinodulaire d’un goitre réduit indubitablement le risque de malignité. Notre étude a mis en évidence l’existence de calcifications dans 9 %, chez des patients, tous porteurs de nodules froids bénins (goitres, kystes et thyroïdite). La signification de calcifications intra thyroïdiennes a été diversement appréciée quand à leur taille (macro, micro calcifications), leur abondance et leur traduction en terme de bénignité ou de malignité. Certains auteurs (74) avaient affirmé que les calcifications ne constituaient pas un argument de malignité au contraire de Faik (27) et Leger et coll pour qui, l’existence de micro calcifications, était un facteur de malignité, notamment en rapport avec les carcinomes médullaires. Les calcifications que nous avons observées étaient d’assez grande taille et donc justifiaient l’assertion de ces deux auteurs. Cependant Marcy (57) a rapporté l’existence du lien entre les grosses calcifications et les cancers anaplasiques. Selon Kakos (41), l’incidence du cancer 11 OB Achy et al OB Achy et al serait significativement plus élevée dans les nodules calcifiés (29 %) que dans les nodules non calcifiés (14 %). CONCLUSION Le facteur le plus discriminant qui ressort de notre étude est l’état des contours nodulaires révélés par l’échographie. Ainsi, une irrégularité des contours du nodule froid constitue un élément prédictif de malignité de cette lésion thyroïdienne alors qu’une régularité des contours nodulaires permet de prédire le caractère bénin du nodule froid. Dans la littérature, le caractère bénin ou malin d’un nodule thyroïdien en général et d’un nodule froid en particulier, relève de la performance diagnostique de la cytoponction plus sûrement de l’examen anatomopathologique d’une pièce d’exérèse thyroïdienne. Notre étude nous permet, avec quelques réserves d’affirmer le caractère bénin ou malin d’un nodule froid et ce, au stade pré chirurgical. REFERENCES 1. Achy OB, Koffi K, N’gouan JM, Djedje A. TH. 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