1
Apport de l'échographie dans la prédiction de la malignité du nodule froid
thyroïdien
(Contibution of ultrasonography in the prediction of malignancy of cold thyroid nodule)
Achy OB
1
, N' Drin NKJ
1
, Aboukoua-Kouassi NN
1
, Granger JE
1
, Kouadio LD, Zunon
Kipré GE
1
, Kouamé Koutouan A
1
, Nigué L
2
.
1 - Service de Biophysique et médecine nucléaire UFR/SM BP V166 Abidjan
2 - Service Biostatistique informatique UFR/SM BP V166 Abidjan
RÉSUME:
Objectifs: Analyser les éléments prédictifs échographiques permettant d’évoquer le caractère
cytologique bénin ou malin des nodules thyroïdiens froids.
Patients et Méthodes: Nous avons étudié 100 nodules froids chez des patients tout venants à la
scintigraphie réalisée au technétium 99 m (
99m
TC) dans le service de biophysique et médecine
nucléaire d’Abidjan. Les résultats de l'examen échographique de ces nodules froids ont été
soumis au verdict diagnostique de la cytoponction thyroïdienne à l'aiguille fine.
Résultats : La prédominance féminine a éde 90%. L'âge moyen était de 44±3 ans avec des
extrêmes de 09 et 75 ans. La cytologie a donné 90% de lésions bénignes et 10% de lésions
malignes avec la prédominances du carcinome papillaires. Les lésions bénignes étaient
composés de:63 % de goitres colloïdes, 23% d'adénomes vésiculaires, 2% de thyroïdites, 2%
de kystes thyroïdiens. Concernant la topographie, la taille, le nombre, les dimensions
nodulaires et certains éléments propres à l'échographie telle l'échostructure, calcifications
parenchymateuses, le seul élément discriminant est l'aspect des contours nodulaires.
Autrement dit, lorsqu'un nodule froid thyroïdien présentait des contours irréguliers à
l'échographie, il présageait à une malignité cytologique et le contraire à une cytologie bénigne
Conlusion : Le nodule froid comme les autres lésions thyroïdiennes est prédominant chez la
femme. L’irrégularité des contours nodulaires semble liée à la malignité nodulaire thyroïdienne
Mots clés: échographie, nodule froid, malignité, cytopnction
Correspondance et tirés à part
ACHY OB à l'adresse ci-dessus,
Tél (225) 05209058 / 07148565
SUMMARY:
ARTICLE ORIGINAL
OB
Achy et al
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139
2
Objectives: To assess the contribution of ultrasonography in the study predictive elements that
suggest the benign or malignant cytological character of cold thyroid nodule.
Patients and Method: We studied 100 cold nodules in patients without distinction by scintigraphy
performed with technetium-99m (
99m
TC)in Abidjan nuclear medicine center. The results of the
ultrasound examination of these cold nodules were subjected to the diagnostic verdict of
thyroid fine needle aspiration.
Results: Female predominance was 90 %. The mean age was 44 ± 3 years with extremes of 09
and 75 years . Cytology gave 90% of benign lesions and 10% of malignant lesions with
predominance of papillary carcinoma . Benign lesions consisted of 63% of colloid goiters , 23%
of follicular adenomas , 2% of thyroiditis , 2% of thyroid cysts. Regarding topography, the size,
number, nodular dimensions and some elements specific to ultrasound such as echogenicity,
parenchymal calcifications , the only discriminating factor is the appearance of nodular
contours. In other words, when a thyroid cold nodule showed irregular contours on ultrasound
, it suggested a cytological malignancy, otherwise a benign cytology.
Conclusion: Cold nodule like other thyroid lesions is predominant in women. The irregularity of
the nodular contours is associated with thyroid nodular malignancy.
Keywords : ultrasound, cold nodule, malignancy , fine needle aspiration
.
INTRODUCTION :
Le mot nodule vient de nœud ; il
désigne une sorte de boule dans la glande
thyroïde. En alité, il s’agit d’une tumeur qui
peut être petite ou grosse, bénigne ou maligne
(13). L’analyse cytologique ou histologique
montre que les nodules peuvent être des
adénomes (adenos, adên qui signifie glande et
ome, tumeur en grec), des kystes qui sont des
nodules contenant du liquide et des cancers.
Un nodule non fixant ou plus hypofixant que le
parenchyme thyroïdien est appelé « nodule
froid » et supposé non fonctionnel. La
définition du nodule froid a fait l’objet de
nombreuses controverses. Il est actuellement
admis que tout nodule thyroïdien qui ne fixe
pas du tout ou fixant peu le radio isotope, est
un nodule froid (5,9,10,13,19). En
Côte d’ivoire, ACHY et coll (1) avaient trouvé
30% de nodules froids chez des patients tout
venant dans le service de médecine nucléaire
et biophysique pour scintigraphie.
Le nodule froid est cancéreux dans 5 à
38 % des cas en fonction des critères de
sélection des patients et des méthodes d’étude
que sont : la cytoponction, l’examen
histologique de la pièce après exérèse
chirurgicale in vivo et l’autopsie (7,38, 39, 40,
44, 52).
La scintigraphie est une méthode
d’imagerie médicale utilisant les rayons
gamma émis par un organe ou organisme à qui
il a été injecté un produit faiblement radioactif
(4, 21). L’échographie est une autre méthode
d’imagerie médicale basée sur les propriétés de
propagation et de flexion des ultrasons (15.
28, 64). Les différents outils de diagnostic qui
s’offrent au clinicien dans le diagnostic urgent
morphologique du nodule froid sont :
l’échographie (échostructure, dimension siège
et contours nodulaires), la scintigraphie
(caractère fonctionnel : chaud ou froid,
dimensions, siège et contours nodulaires), la
cytoponction (bénignité ou malignité
nodulaire).
Les nodules thyroïdiens en général,
sont bénins dans 90 à 95 % des cas (10, 11, 19,
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139
3
47, 50). Il n’est donc pas nécessaire de les
opérer tous sauf en cas de complications :
compression d’organes et/ ou aspect
disgracieux. Cependant, le nodule froid est
souvent la forme de manifestation du cancer
thyroïdien justiciable d’une intervention
chirurgicale.
L’objectif général de ce travail était de
mettre en évidence, l’apport de l’échographie
dans l’étude du nodule froid.
L’objectif spécifique de cette étude
était de collecter des éléments prédictifs
échographiques permettant d’évoquer le
caractère cytologique bénin ou malin du
nodule froid.
PATIENTS, MATERIEL ET
METHODES
Il s’agissait d’une étude prospective qui
s’était déroulée en trois phases dont deux en
imagerie médicale et la troisième, en
cytodiagnostic.
Notre étude a été réalisée dans le
service de Biophysique et Médecine Nucléaire
de l’Unité de Formation et de Recherche des
Sciences Médicales (UFR/SM) de l’université
de Cocody à Abidjan en collaboration avec le
laboratoire d’Histologie d’Embryologie et
Cytogénétique de l’UFR/SM de l’université de
Cocody ainsi que les services de
radiodiagnostic et d’imagerie médicale des
centres hospitaliers universitaires de
Treichville et de Cocody. Cette étude a été
menée du 05 janvier 2008 au 30 janvier 2010.
Elle a porté sur 100 patients de race
noire. Pour le diagnostic des nodules froids,
nous avons utilisé une gamma caméra planaire
de la firme MEDISO type Nucline, AP-80829
®
couplée à un micro-ordinateur MEDIS. Les
échographes utilisés étaient de marques:
RT2800 Général Electrics
®
, RTX 400 Général
Electrics
®
et EUB 525 HITACHI
tous ces
appareils étant munis de sondes de haute
fréquence 7.5 Mhz. Les reprographes utilisés
étaient de marques de marques Sony et Fuji
®.
Les critères d’inclusion ont été les suivants :
être sujet noir Africain, de tout sexe et de tout
âge, chez qui il a été découvert un nodule froid
à la scintigraphie thyroïdienne et qui a subi un
examen échographique et une cytoponction
thyroïdienne. Le matériel humain était
constitué de 100 patients de race noire qui nous
ont été adressés par nos confrères des trois
Centres Hospitaliers Universitaires, des
cliniques et cabinets médicaux privés
d’Abidjan. Ils étaient constitués de 90 femmes
et 10 hommes âgés de 9 à 70 ans. L’âge moyen
était de 44 ± 3 ans. Les critères de non
inclusion ont été: patients, non Africains, de
race blanche ou n’ayant pas bénéficié des trois
modes d’investigation thyroïdienne
(scintigraphie, échographie, cytoponction) au
complet. La scintigraphie n'a servi qu'à mettre
en évidence les nodules froids. La
cytoponction à l’aiguille fine échoguidée ou
non a été réalisée sans anesthésie sur le nodule
identifié à la scintigraphie puis à
l’échographie. La technique de la cytoponction
a été celle préconisée par Briffod (17) Le
matériel utilisé pour le prélèvement était
composé d’une seringue 10cc munie d’une
aiguille fine stérile de 0,5 x 24 mm à usage
unique
ainsi que
de l’alcool à 95°C.
Après
désinfection de la zone lésionnelle, le patient
étant allongé, la tumeur était immobilisée entre
l’index et le majeur. L’aiguille fine était alors
plongée dans la masse et soumise à un
mouvement de va et vient permettant aux
éléments cellulaires de remonter par
capillarité. Autrement, il s’agissait d’une
ponction aspiration avec une seringue munie
d’une aiguille fine. La sérosité recueillie était
étalée sur des lames propres. Deux à trois,
voire quatre ponctions étaient réalisées sur
tumeur nodulaire. Dans les cas de kystes, le
liquide recueilli était centrifugé avant d’être
étalé sur les lames. La fixation se faisait à l’air
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139
4
libre. Habituellement, la coloration utilisée
était celle de May Grunwald Giemsa. La
lecture a été faite au microscope optique en
utilisant les grossissements x 10, x 25, x 40 et
parfois 100. Les cytoponctions anormales
(blanches ou hémorragiques) ont été reprises et
dans le cas échéant, sous guidage
échographique. Maintes fois, la cytoponction a
été faite, en première intention sous assistance
échographique. Au cours de notre étude, nous
avons assimilé le caractère cytologique dit
«suspect» qui correspondait à la découverte,
lors de l’analyse des produits de la
cytoponction, de cellules thyroïdiennes
douteuses qui se trouvaient dans un état
ambivalent, c’est-à-dire des cellules non
franchement normales ni franchement
carcinomateuses
Nos données ont été saisies et traitées sur le
logiciel Epi info version 6. L’analyse des
résultats a été effectuée avec les tests
statistiques; Chi carré (χ
2
) et test de probabilité
exact de Fischer, au seuil de probabilité p
0,05. Les valeurs de p supérieures à ce seuil,
étaient considérées comme étant non
significatives. Le test χ
2
n’a été applicable que
si tous les effectifs calculés égalaient ou
dépassaient 5. Dans le cas contraire, le test de
Fisher a été utilisé, mais seulement pour les
tableaux de comparaison comportant deux
lignes deux colonnes en sachant que le test
exact de Fisher ne testait que la dépendance de
deux paramètres et non un risque (comme le
risque de développer un cancer)
RESULTATS
1 – ASPECTS CYTOLOGIQUES
Les deux aspects cytologiques (bénin,
suspect ou malin) représentant le cytodiagnostic
et les différents types de lésions de la glande
thyroïde caractérisant les nodules froids sont
rapportés dans les tableaux I et II, suivis de leurs
représentations graphiques.
Tableau I : Répartition des différents aspects Tableau II : Répartition des différents types
Cytologiques de lésions thyroïdiennes
Cytodiagnostic
Effectif
Bénin
90
Suspect ou
malin
10
Total 100
Différents types
Lésions
thyroïdiennes
Effectif
Goitre colloïde 63
Adénomevésiculaire 23
Carcinome papillaire 7
Cytologie suspecte 3
Thyroïdite 2
Kystes thyroïdiens 2
Total 100
OB
Achy et al
5
2 – Cytodiagnostic en fonction du sexe et l’age
Le cytodiagnostic (aspects cytologiques)
en fonction du sexe et de l’âge des patients est
rapporté dans les tableaux III et IV. Chaque
tableau est suivi de la représentation graphique
des données correspondantes.
Tableau III : Cytodiagnostic en fonction du sexe des patients.
Cytodiagnostic
Sexe
Bénin Suspect ou
Malin
Total
Masculin
7 3 10
Féminin 83 7 90
Total 90 10
100
Tableau IV : Cytodiagnostic en fonction des tranches d’âge.
Tableau V : Cytodiagnostic en fonction de l’âge (40 ans) des patients
Cytodiagnostic
Tranches d’âge
Bénin
Malin Total
0-20 2
1 3
21-40 40
6 46
41-60 16
2 19
61-80 31
1 31
81-90 1
0 1
Total 90
10 100
Age
Cytodiagnostic
0 – 40 ans
Au delà de 40 ans
Bénin 42 48
Suspect ou Malin
7 3
χ
2
:
non valide
Test exact de Ficher :
non
approprié
Test Odds Ratio = 5, 08 avec P
= 0,05.
Il y a une évidente relation entre
l’état cytologique et le sexe. La
propension à développer un
cancer thyroïdien est 5 fois plus
élevée chez les hommes que chez
les femmes.
OB
Achy et al
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 125-139
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !