DOSSIER
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Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n
o 4 - octobre-novembre-décembre 2009
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INDICATIONS
Les indications de la TCFC sont
hétérogènes, ce qui rend l’analyse
des séries difficile. Elles peuvent
être rassemblées en trois principaux
groupes :
●
●les●maladies●génétiques, où l’atteinte
peut être essentiellement cardiaque
(neuropathie amyloïde, hypercholesté-
rolémie familiale de type IIa), mais où
le foie est responsable de cette atteinte
et doit être remplacé pour éviter une
récidive de la cardiopathie, ou mixte
(atteinte hépatique et cardiaque : hémo-
chromatose, notamment, exceptionnel-
lement les autres amyloses) ;
●
●indications●classiques●de●TC, où le
bilan met en évidence une hépatopathie
qui rend la TC isolée impossible ;
●●indications●classiques●de●TH,
où le bilan montre une cardiopathie
grave rendant impossible la TH isolée
(tableau II). Il reste des indications
encore plus exceptionnelles : rencontre
d’une cardiopathie rare et d’une hépato-
pathie elle aussi rare (5).
La neuropathie amyloïde est l’une des
indications les plus logiques et les plus
fréquentes de la TCFC. Elle peut donc
servir de modèle de description (voir
ci-dessous). L’existence d’une cirrhose
“cardiaque” au cours d’une cardiopathie
terminale est une indication plus discu-
table de TCFC (voir ci-dessous).
PROBLÈMES TECHNIQUES
Dans les indications bien établies de
TCFC, les deux organes doivent impé-
rativement être greffés dans le même
temps opératoire. Il est donc nécessaire
de prévoir une “priorité” permettant à
l’équipe de disposer du deuxième greffon
lorsque le premier lui est attribué, ce qui
est actuellement le cas en France comme
dans la plupart des autres pays (2).
En France, le patient doit être inscrit
sur la liste nationale d’attente par deux
équipes différentes, autorisées chacune
à la greffe pour l’organe considéré. Un
receveur inscrit sur la liste nationale
d’attente en vue de la greffe simultanée
de deux organes différents dont l’un est
le cœur ou le poumon est prioritaire à
l’échelon interrégional, et le greffon
hépatique suit le greffon cardiaque. Par
extension, si l’attribution du greffon
cardiaque s’est faite à l’échelon national
(via la priorité “superurgence” ou en cas
de refus du greffon par les équipes de
greffe cardiaque de la zone interrégio-
nale de prélèvement et de répartition
concernée), le greffon hépatique suit
le greffon cardiaque. Cette proposition
combinée des deux greffons cardiaque
et hépatique prélevés chez un même
donneur n’est possible que si le greffon
hépatique ne fait pas l’objet d’une prio-
rité nationale pour une superurgence
(arrêté du 6 novembre 1996, modié pour
la dernière fois le 31 mars 2009 (Journal
Ofciel no 79, 3 avril 2009, p. 5904).
Dans un premier temps, les équipes
procèdent à la greffe cardiaque. L’un
des risques de la TCFC est que la
dysfonction cardiaque peut induire la
non-fonction primaire du greffon hépa-
tique en réduisant l’efux sanguin, dont
la qualité est une condition essentielle de
la reprise de fonction du greffon hépa-
tique. L’utilisation d’isoprotérénol réduit
la postcharge du ventricule droit et la
régurgitation tricuspidienne. Une assis-
tance circulatoire peut être nécessaire.
La persistance d’une dysfonction sévère
du greffon cardiaque peut faire renoncer
à l’implantation du greffon hépatique
en attendant une éventuelle reprise de
la fonction cardiaque (4).
Lors de l’implantation du greffon hépa-
tique, il est recommandé d’utiliser un
shunt veino-veineux an de maintenir un
retour veineux satisfaisant sur le greffon
cardiaque. L’utilisation d’un piggy-back
est également possible, mais peut être
gênante si le foie explanté doit être
utilisé en domino, ce qui est le cas en
France pour les neuropathies amyloïdes.
En ce qui concerne la ventilation, il est
recommandé de réduire la PEEP (posi-
tive end-expiratory pressure) à moins de
5 mmHg pour ne pas augmenter exces-
sivement la pression veineuse centrale
et réduire l’efux sanguin du greffon
hépatique, et pour ne pas réduire le
remplissage du cœur droit.
Enn, un risque accru de nécrose tubu-
laire aiguë (de l’ordre de 20 %) a été
signalé au décours de la TCFC, proba-
blement sous l’effet d’une hypotension
prolongée et/ou d’une augmentation
de la pression veineuse centrale, qui
peuvent résulter, en particulier, d’une
dysfonction du greffon cardiaque (2, 4).
Toutes ces données renforcent la néces-
sité du contrôle, en plus de la fonction
cardiaque, de la pression veineuse
centrale (< 10 mmHg), de la pression
artérielle pulmonaire (< 12 mmHg),
Tableau●II.●Indications●de●TCFC●(et●nombre●de●cas●parmi●les●36●cas●recensés●par●
N.R.●Barshes●et●al. [5]).
Principales indications Indications
discutables
Maladies génétiques Neuropathie amyloïde (11)
Amylose AL
Hypercholestérolémie familiale
Hémochromatose (4)
Bêta-thalassémie
Hépatopathie surajoutée à une indication de TC Cirrhose virale (5)
Cirrhose alcoolique (4)
Cirrhose dysmétabolique (1)
Cirrhose “cardiaque” (6)
Cardiopathie surajoutée à une indication de TH Cardiopathie ischémique
Cardiomyopathie alcoolique
Associations rares 5