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Les 10 dernières années ont montré que les patients transplantés de la face développaient des complications similaires à
celles de la transplantation d’organe. La majorité des patients, malgré un traitement immunosuppresseur puissant
développent des réactions de rejet aigu de la peau, un des tissus les plus immunogéniques de l’organisme. Les
complications infectieuses et tumorales sont de même nature que celles décrites chez les patients transplantés d’organe.
Et enfin, une proportion importante de patients ont des effets secondaires, certains développant un diabète, d’autres
une insuffisance rénale ou une hypertension artérielle.
Enfin, la transplantation faciale reste une chirurgie extrêmement complexe avec un risque opératoire important, et la
perte d’une face transplantée peut conduire au décès du patient. Sur les 36 transplantations réalisées dans le monde, 6
patients sont décédés.
L’histoire de Mme D., la première patiente transplantée de la face pour une défiguration liée à une morsure de chien
illustre parfaitement les enjeux de la transplantation faciale.
La réussite chirurgicale fut remarquable, la restauration du visage lui permettant de retrouver une identité, une vie
sociale et toutes les fonctions de la face qui avait été détruite lors de la défiguration traumatique. Les résultats furent
d’emblée exceptionnels, conduisant d’autres équipes à lancer des programmes de transplantation faciale à travers le
monde.
Mais les complications de cette transplantation furent aussi celles de l’immunosuppression et du rejet : développement
de certaines infections, d’une tumeur liée à l’immunosuppression qui a été traitée, maitrisée et suivie depuis 6 ans,
diminution de la fonction rénale, et apparition d’une hypertension.
Enfin, même si la patiente n’a présenté que 2 épisodes de rejet aigu la première année de transplantation, elle a
développé au cours de la 9ème année de greffe un rejet chronique ayant conduit à une obstruction partielle des artères de
son greffon et à une perte de la partie inférieure de son greffon facial en juin 2015 malgré les modifications du traitement
immunosuppresseur qui avaient été introduites lors de l’apparition des premiers signes de rejet chronique en novembre
2014.
La prise en charge de la perte partielle de son greffon facial a fait l’objet d’une reconstruction chirurgicale en Janvier 2016
avec une issue favorable qui lui a permis de retrouver un état fonctionnel antérieur. Au printemps 2016, lors de bilans
mensuels, a été révélée une récidive d’une tumeur maligne opérée à l’été 2015, cette fois malheureusement hors de
toute ressource thérapeutique. Tumeur rare dont la nature ne peut être scientifiquement reliée au traitement
immunosuppresseur.
Madame D. est décédée dans le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU Amiens – Picardie entourée des siens et de
l’équipe le 22 avril 2016.
Il est important de rappeler que la transplantation faciale est encore en cours d’évaluation. Elle s’inscrit dans des
programmes de recherche clinique et ne peut pas être considérée comme une activité de routine.