« Toute subvention exige un contrôle ! »
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Si l’information continue sur le net, en quoi est-ce la fin du journalisme ?
Dès lors que les gens ne sont plus payés, c’est la fin d’un métier : la critique devient un
passe-temps. Plus encore, si vous ne vivez pas du journalisme, vous consacrez moins de
temps à l’investigation et à la recherche : l’information en pâtit. La critique telle que je la
pratique est une écriture mercenaire qui s’adresse à un public, et non un écrit intime.
Vous critiquez le théâtre depuis trente-cinq ans : quelles évolutions percevez-vous ?
J’ai commencé mon métier à la fin du spectacle populaire et du brechtisme. À Lyon
régnaient alors Patrice Chéreau, Marcel Maréchal, Roger Planchon… Il y avait une envie de
mettre le meilleur du théâtre à la hauteur du plus grand nombre, sans néanmoins tomber
dans le populisme, à la manière d’un Robert Hossein. Toutefois, j’ai progressivement assisté
à la dépolitisation du théâtre : les metteurs en scène n’étaient plus au service de rien, ni
d’une pensée, ni d’un message, ni de l’auteur, sinon d’eux-mêmes.
Était-ce de si mauvaise qualité ?
Non, les spectacles pouvaient être d’une grande qualité, mais l’ensemble était souvent
autocentré, de telle sorte que le metteur en scène occultait totalement l’auteur par sa
recherche de nouveauté, d’originalité. Toutes les inventions sont bienvenues dès lors
qu’elles vont dans le même sens que l’œuvre. Mais il y avait alors une course à la modernité,
une recherche forcenée du faire-ce-qui-n’a-jamais-été-fait, une surenchère décorationiste…
« Le théâtre est un jeu, c’est-à-dire une activité grave et joyeuse. Je sais bien qu’il
faut en vivre, mais si le combat pour en vivre enlève la joie de le faire, alors
quelque chose ne va plus. »
Et aujourd’hui ?
La nouvelle génération pratique moins l’esbroufe que celle qui l’a précédée. Tout en
maintenant une qualité d’invention aussi élevée, elle fait preuve de plus de modestie, de
plus de responsabilité aussi, caractérisée par un triple respect, pour l’auteur d’abord, dans
la manière de dépenser de l’argent public, enfin pour le public même.
Avez-vous un exemple en tête ?
Je pense à Christian Schiaretti, Joël Pommerat, Christian Rauck, Jean Bellorini, au jeune