34 Clinicien plus • février 2014
Diagno-photo
Quel est le diagnostic?
Quelles sont les complications
associées à craindre?
Vous devez craindre une colite pseudomembraneuse à Clostridium
difficile avec mégacôlon toxique. En effet, la prise récente
d’antibiotiques à large spectre, une hospitalisation prolongée et une
chirurgie abdominale récente sont toutes des situations favorisant
le développement d’une colite à C. difficile. Le tableau clinique
incluant le tympanisme et les trouvailles à la tomodensitométrie
laissent présager un mégacôlon toxique. De plus, des critères de
gravité pour le C. difficile sont présents, soit la leucocytose de plus
de 15 000 x 109 cell/L, le nombre de diarrhées supérieur à 10 par
jour et le développement d’une insuffisance rénale aiguë.
Que devez-vous faire sur-le-champ?
Vous devez admettre le patient dans une unité de soins intensifs.
Une consultation en chirurgie est nécessaire, le mégacôlon étant le
plus souvent une condition chirurgicale. Une combinaison de
vancomycine per os et de métronidazole I.V. doit être administrée
au patient. Dans le cas présent, le patient a été opéré dans la
journée, et l’examen du côlon lors de la résection a démontré la
présence d’une membrane diffuse sur la muqueuse colique
(pseudomembranes, Photo 1). La recherche de toxine de C. difficile
par culture sur tapis cellulaire a démontré la présence de la
cytotoxine du C. difficile (Photo 2).
4Diarrhées graves
Description du cas par Dr Jean-François Roussy, microbiologiste-infectiologue
Il s’agit d’un patient de 72 ans qui consulte parce qu’il a souffert de diarrhées 7 jours
après son départ d’un milieu hospitalier de la région. Il avait été hospitalisé pendant
trois semaines pour une diverticulite perforée avec abcès. Il avait reçu des antibiotiques,
dont l’association pipéracilline-tazobactam, puis de l’amoxycilline-clavulanate à ce
moment. Il a cessé de prendre l’amoxycilline-clavulanate 5 jours auparavant. Des diar-
rhées graves ont commencé (10 à 12 par jour) 4 jours avant son admission.
À l’examen physique, le patient paraît à l’aise, avec une tension artérielle à
120/84 mm Hg, un pouls à 84 bpm et une fréquence respiratoire à 20 cycles/min.
L’abdomen est ballonné, le péristaltisme est présent, et un est tympanisme décelé
à la percussion. Le ventre est souple, sans défense ni douleur localisée. Le toucher
rectal est normal.
Les examens de laboratoire, soit la formule sanguine complète, nous démontrent
une leucocytose à 28 600 X 109cell/L avec 26 900 neutrophiles, une hémoglobine
à 114 et des plaquettes à 455 000/mm3. Le gaz sanguin est nor-
mal et la saturation à l’air libre est supérieure à 96 %. L’azote
uréique du sang est à 38 mmol/L, la créatinine à 160 µmol/L (le
résultat a doublé en comparaison à celui de la créatinine dosée
peu de temps avant la fin de l’hospitalisation précédente).
L’imagerie avec la tomodensitométrie démontre la présence
d’un œdème de la muqueuse intestinale de plus de 2 cm avec
dilatation des anses coliques.
Photo 1.
Photo 2.