INTRODUCTION 11
le contenu réel. Par contre, le contenu ne peut être saisi
que par une perception, laquelle — pour être vraiment phi
losophie — ne peut pas se limiter à des représentations sen
sibles ou même intellectuelles. Il faut aller jusqu’au concept
qui seul peut saisir spéculativement la réalité. Cela signifie
que l’ontologie ne peut faire aucun pas en avant dans la
connaissance de son objet sans le concept. A l’inverse, celui-
ci n’est que la notion formelle qui ne peut jamais acquérir
de contenu ontologique s’il ne lui est pas, d’une certaine
manière, donné, ou, plus exactement, s’il n’est pas, d’entrée
de jeu, unité synthétique.
Ainsi logique et ontologie, prises séparément, rendent évi
dentes non seulement leur insuffisance propre mais aussi, et
cela par leur insuffisance même, leur indissociabilité. « (...)
Il s’ensuit — conclut Hegel au commencement d’un texte
consacré au problème de la nature du commencement logi
que — le devoir d’unifier la méthode avec le contenu, la
forme avec le principe. Ainsi le principe doit être également
le commencement et ce qui est le prius pour le penser doit
être aussi le premier dans le mouvement du penser » 4.
Cela revient à dire que ni l’ontologie, ou la logique ob
jective, ni la logique subjective ne peuvent être figées dans
des domaines séparés et autonomes. Au contraire, elles se
meuvent ensemble et, par là, effectuent de plus en plus
pleinement leur unité, de telle sorte que l’acquisition d’une
nouvelle détermination, soit au niveau de l’être, soit à celui
de l’essence, équivaut à l’accroissement de la connaissance
non seulement de l’objet mais aussi essentiellement du
concept même, ou — ce qui revient au même — que la
connaissance propre à la Science de la Logique ne néglige,
à aucun moment, ni le contenu mobile, ni la réflexion sur
ce qui advient dans l’auto-mouvement du contenu. Plus
4. W.L. t. I, p. 52 (56) : (Les renvois au texte ^llema,nd. de la Wissens-
chaft der Logik — en abrégé W.L. — se réfèrent à l’édition de G. Lasson,
tonies 56 et 57, Leipzig 1923. Suit — entre parenthèses — la référence
à la traduction française de S. Jankélévitch Science de la Logique,
tomes I et II, Paris 1947-1949.
Pour la « Doctrine de l’Essence » cependant on se réfère à la traduction
récente de P.-J. Labarrière et G. Jarczyk ; Science de la Logique.
Premier tome — Deuxième livre. La Doctrine de l’Essence, Paris 1976).