On peut l’analyser comme une stratégie de défiance, de défense à l’égard précisément du
pouvoir TERRIFIANT des mots.
On peut dire que les mots sont inoffensifs. Ne s’attacher qu’à leur charme, leur
musicalité, leur sonorité, au plaisir qu’ils procurent. C’est l’attitude des bavards et des
beaux parleurs.
Avant même d’être entendu, le bavard est d’emblée condamné à «!baver!» des mots, et le
beau-parleur, lui, ne fait que parler.
Que font donc les mots en parlant!? Si les mots agacent parfois, particulièrement ceux du
bavard, en fait, ils en disent long sur la détresse du bavard. Le bavard éprouve la solitude
de l’être. Cette solitude inhérente à tout être, la solitude «!ontologique!».
Car le mot tisse des liens là où originellement il n’y en a pas. Le mot sauve l’individu de la
solitude.
Le mot crée l’espace humain de la communication. Les mots nous arrachent à l’absurdité
de l’existence en mettant du sens là où il n’y en a pas.
« Au commencement était le Verbe!» (cf. la Bible)!: on peut même dire qu’au
commencement, se trouve toujours le verbe.
La figure du bavard est donc tragique car il ne cesse de recommencer toujours mais il
échoue à s’inscrire dans le réel, il n’arrive pas à faire des mots un usage QUALITATIF, mais
seulement quantitatif.
Cela met en évidence le pouvoir socialisant, la capacité intersubjective des mots.
Quand on parle de quelque chose à quelqu’un, il faut que l’autre compte.
Rompre le silence, prendre la parole!: c’est s’engager dans le monde de la communication.
Le mot a le pouvoir de réaliser notre condition humaine. Il permet de tisser avec autrui
des liens.
Aristote, dans son livre «!la politique!» - au sens grec «!polis «!de société, socialité - notait
que «!seul l’homme possède la parole!».
En parlant, on s’engage dans l’espace communautaire où l’on a à vivre.
Exemple!: l’enfant.
Vient du latin in- fans. In, privatif, et fans!: du verbe for, fari : parler, dire.
L’enfant est celui qui est privé de parole, qui ne sait pas parler.
[Philosophie hégélienne, pas du tout romantique] L’enfant est narcissique, ne voit que lui,
s’admire, il ne voit pas autrui. L’enfant se considère comme seul au monde, il peut être
comparé à un perroquet dans sa cage.
Ce que l’apprentissage du langage enseigne à l’enfant, c’est de lui permettre de pénétrer
dans le monde symbolique.
Cf la phénoménologie ; Merleau-Ponty dit que «!l’enfant ne parle pas car il n’a pas la
science des points de vue!», ie la capacité d’échange, de partage avec autrui. L’enfant est