
Tout cela étant modulé par des éléments affectifs et
émotionnels.
Nous pouvons constater que, sur l’échelle visuelle ana-
logique (EVA), les patients anxieux et très anxieux ont
en majorité exprimé leur douleur dans les tranches de
valeur des douleurs fortes à très fortes. (Déjà en 1985,
CHAPMAN, dans une étude, corrélait le niveau dou-
loureux et l’anxiété.) II faut préciser que notre travail ne
se base que sur l’anxiété pré-opératoire dite : anxiété
anticipatoire.
l’anxiété de situation, concomitante à la DP0 et I’an-
xiété trait, se définissant comme une prédisposition
générale à réagir de façon très émotionnelle à une
situation de stress, n’ont pu être incluses dans cette
étude (SCOTT en 1983 et FEINMAN en 1993 ;
«
les
influences sur le niveau de DP0
»).
La réapparition de la douleur se fait plus rapidement
chez les patients anxieux et très anxieux puisque 76 %
des anxieux et 75 % des très anxieux ont exprimé leur
maximum de douleur dans les 3 premières heures. On
peut donc confirmer que l’anxiété est un facteur direct
d’influente sur douleur post-opératoire.
Dans un autre ordre d’idée, on remarque une douleur
exprimée globalement plus élevée en post-opératoire
lorsque les interventions sont classées
«
mutilantes
»
(comme les hystérectomies, interventions qui ont la
réputation d’être douloureuses et génératrices de dé-
pression).
Dans les autres facteurs d’influente, de nombreux soi-
gnants ont constaté une modification dans l’attitude
des patients face à la douleur lorsque la famille était
présente.
On peut avancer ici avec précaution, compte tenu du
faible échantillonnage et des pourcentages rapprochés,
que cette analyse tend à montrer le bénéfice de la visite
des familles sur les patients. Les groupes de patients les
plus nombreux sont ceux qui expriment une douleur
inférieure pendant et après les visites de leurs proches.
Ce, d’autant que la réponse d’un malade peut être
modifiée par l’attitude de ses voisins. Cela demande
une réflexion sur l’aspect architectural, organisationnel
des locaux et la possibilité offerte de se distraire. La
qualité des soins prodigués peut donc être ainsi
amé-
I
iorée.
A coté de ces facteurs individuels, il faut citer d’autres
facteurs qui modulent la DP0 : qu’ils soient culturels,
ethniques, religieux, sociaux, professionnels ou fami-
liaux, ils demanderaient une étude sociologique locale
qui ne relève pas de notre propos.
On comprend aisément la notion de subjectivité, qui a
pendant longtemps freiné la prise en charge de la
douleur post-opératoire. La nécessité d’évaluation par
des outils fiables et validés apparaît comme évidente.
L’ensemble de ces facteurs
d’influente,
nous fait remar-
quer que si certains échappent à une action, d’autres
peuvent être modérés par une amélioration de notre
pratique.
DE LA CONCEPTION
A LA DÉMARCHE DE SOINS,
ÉLÉMENT DE NOTRE PRATIQUE
A travers la lecture des questionnaires recueillis, nous
constatons que, pour les personnes interrogées, la prise
en charge de la DP0 est majoritairement essentielle
voire importante. On ne dénie donc plus son existence.
Et pour la moitié des para médicaux ; elle est normale,
facultative et maîtrisable.
En ce qui concerne sa place dans le rôle infirmier, un
taux élevé de non-réponse nous interroge sur la con-
naissance des définitions de notre rôle.
Le rôle propre, qui est la reconnaissance et la mise en
œuvre d’actions infirmières nous paraît essentiel dans
le domaine de la prise en charge de la douleur, le
diagnostic infirmier le plus évident étant celui de la
douleur.
Le rôle délégué, qui consiste à mettre en oeuvre les
actions prescrites semble assez bien compris. II ressort
donc que pour un tiers des
prospects
la prise en charge
de la douleur ne fait pas partie de leur rôle propre et
seulement
1/5,
ne connaît d’autre moyens antalgiques
que médicamenteux. Le savoir-faire infirmier à tou-
jours beaucoup de mal à s’exprimer.
Voyons maintenant comment le ressenti de l’infirmière
peut avoir une action sur la prise en charge de la DP0 ?
Dans l’évaluation, en mettant en relation la cotation
infirmière et la mesure par EVA, on observe dans 35 %
des mesures que la plainte du patient est plus forte
qu’elle ne paraît à IDE.
Cette sous-estimation, se fait surtout lors de pics dou-
loureux. Ce phénomène d’écrétage des valeurs maxi-
mum, peut correspondre à une appréciation excessive
de l’action thérapeutique.
En poussant plus loin la réflexion, nous nous sommes
donc demandés s’il existait une administration d’antal-