Congrèsdel'AssociationSuissedeSciencePolitique–Genève–07/08.01.2010
WorkshopPolitiquesPubliques:"Comparativepolicyanalysis:newtrendsincognitiveapproaches"
Baltensperger, 2005)1, et plus particulièrement les économistes des Universités de Bâle et de
St-Gall2. Ceux-ci produisent un savoir dont la légitimité scientifique est mise en avant,
principalement par les dirigeants des firmes les plus internationalisées du capitalisme
helvétique, du fait de l'affinité entre ces positions scientifiques et leurs options préférentielles
de réformes économico-politiques. Cette explication de la crise et des moyens d'en sortir
produite par un groupe d’économistes devient rapidement le fondement de la ligne
réformatrice de l'exécutif fédéral. Plusieurs productions scientifiques illustrent et participent à
la constitution d’un Référentiel Global émergeant.
2.1.1 Les intellectuels organiques comme conseillers du prince
Ainsi, une première série d’expertises est produite par deux professeurs en économie : Heinz
Hauser de l’Université de Saint-Gall et Silvio Borner de l’Université de Bâle. Les études
produites par ces deux professeurs entretiennent, à la base, un rapport particulier aux pouvoirs
publics dans la mesure où celle de H. Hauser constitue un mandat du Conseil fédéral, alors
que celle de S. Borner a été réalisée dans le cadre d’un Programme national de recherche
(PNR) du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) dont le thème a été
proposé au départ par l’administration fédérale3. Ces expertises constituent donc des réponses
(d’universitaires) à des demandes du gouvernement fédéral et de son administration.
Le titre - Schweiz AG. Vom Sonderfall zum Sanierungsfall ? - et le thème de l’expertise de
Borner et de ses collègues sont révélatrices de son orientation et de sa finalité. Cette étude
s’intéresse aux adaptations institutionnelles que les dérigeants politiques pourraient mettre en
place afin de sortir la Suisse de son „isolement économique“: « Welche institutionellen
1 Baltensperger (2005) explique, par exemple, que l'analyse des économistes sur la situation de l'économie suisse
n'était pas nouvelle. Le fait est que, jusqu'alors, elle n'avait pas rencontré le soutien de forces sociales capable
d'en faire le socle d'un nouveau Référentiel Global. Cela illustre bien ce qu'écrit Lordon (1999: 181): "le
référentiel n’a de chance de s’établir comme vision du monde dominante que s’il rencontre la validation et le
soutien actif de groupes sociaux suffisamment dotés en ressource de pouvoir pour en constituer quelque chose
comme le bloc hégémonique. Un référentiel s’établit donc à l’articulation d’un domaine de la production
symbolique et d’une coalition des intérêts dominants du moment".
2 Ce sont en effet le Wirtschaftswissenschaftlichen Zentrum (WWZ) de l'Université de Bâle ainsi que le
Schweizerisches Institut für Aussenwirtschaft und Angewandte Wirtschaftsforschung (SIAW) de l'Université de
St-Gall qui fournissent la plupart des intellectuels organiques qui conçoivent les fondements "scientifiques" de
la nouvelle Ordnungspolitik. Sur ce thème voir notamment Gabathuler (1996) et Walpen (2004).
3 L’étude du prof. Borner fait partie de la 5ème série des Programmes nationaux de recherche financés par le
Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS): le PNR 28 « Commerce extérieur et politique du
développement ». La sélection des thèmes pour cette série n’a pas été, pour certains d’entre eux, sans poser des
problèmes. Ainsi, certains thèmes proposés par le FNS n’intéressaient pas l’administration fédérale, alors que
d’autres, proposés par l’administration fédérale, furent dans un premier temps rejetés par le FNS et le Conseil
suisse de la science (CSS). Ce fut le cas des PNR 27 « Efficacité des mesures étatiques » et 28 « Commerce
extérieur et politique du développement ». Le FNS et le CSS estimèrent que ces deux PNR posaient des
problèmes d’ordre méthodologique. Finalement, ils furent néanmoins retenus par le Conseil fédéral (OFES,
1994).
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