« Sur le terrain »
Développer l’empathie ne peut se faire que dans l’accompagnement de l’étudiant.
L’apprentissage se fera en assistant à des entretiens entre patient et praticien.
Bannir devant les étudiants la désinvolture de certains propos qui s’ils peuvent avoir un effet
de catharsis chez des praticiens aguerris pourrait se résumer dans ce cas à un modèle
délétère. Les ainés doivent en être conscients lorsqu’ils côtoient les plus jeunes. Cela est
assez vrai si l’on pend l’exemple de l’interne de garde pour les urgences, quelle que soit la
spécialité, accompagné de « son » externe. La désinvolture est souvent de mise car elle
permet de donner de l’assurance, de l’épaisseur à celui qui en use. Si l’on n’est pas
conscient qu’il s’agit d’un rôle et non d’une nature réelle, cette mascarade de relation
médecin – patient pourra être reproduite par l’étudiant par mimétisme. En effet, être
désinvolte c’est être à l’aise et si l’on est à son aise face à une situation génératrice de
stress, c’est que l’on est compétent. Au final, désinvolture devient synonyme de compétence.
Ce travers est quasiment universel et résonne de façon personnelle pour chacun d’entre
nous si nous nous remémorons avec honnêteté notre période « junior ». Or, pour corriger un
défaut, il doit être identifié, ce d’autant qu’il est fréquent.
L’enseignement du savoir-être face au patient ne doit donc pas être l’apanage des seuls plus
jeunes d’entre nous. De même que l’importance de l’empathie doit être enseignée aux
externes, elle doit être rappelée aux internes.
Au contact des plus jeunes, l’exemplarité est indispensable. Montrer qu’un médecin prend le
temps de l’écoute du patient est important. Le médecin doit être capable d’expliquer la
pathologie, le pronostic, les traitements. Il doit aussi s’enquérir des impératifs de vie du
patient. En effet C’est probablement le meilleur moyen d’améliorer l’observance. Un
traitement qui est en conflit avec des impératifs personnels majeurs d’un patient ne sera pas
correctement suivi, même si son efficacité est indiscutable.
Une petite expérience
De façon à évaluer le comportement d’un étudiant et sa capacité à interagir avec autrui, je
fais volontiers une petite expérience qui me semble assez performante dans la prise de
conscience par l’étudiant du caractère fondamentalement relationnel de notre profession.
Un étudiant de quatrième année m’accompagne durant toute une matinée de consultation de
suivi de patients transplantés hépatiques. Il s’agit de patients suivis très régulièrement avant
et après transplantation, sur le long terme.
Entre deux consultants, j’aborde avec l’étudiant, à la lumière des échanges avec les patients,
les notions d’empathie, d’écoute, d’importance de la qualité de la relation médecin – patient.