Comptes rendus / Géographie, Économie, Société 13 (2011) 213-220 217
besoins, de l’adhésion des différentes catégories d’utilisateurs et des dimensions sociales
et économiques de l’eau. Ainsi, on pourrait comprendre que ceux qui vivent sur le terri-
toire deviennent acteurs en ayant la possibilité d’exprimer leurs besoins auprès des orga-
nismes gestionnaires des projets. Ce type de mobilisation est devenu chose courante en
Afrique subsaharienne, où il semble que les règles qui régissent l’appropriation et la mise
en œuvre de projets de développement durable soient suivies de près, notamment par les
experts des pays du Nord.
Dans un premier temps, nous mettrons en évidence certains éléments clés pour avan-
cer la critique de l’ouvrage, à savoir, le choix du titre, le poids du volet économique,
l’association des populations au programme de développement, le rôle des pays du Nord
dans l’établissement des principes de gestion concertée ou encore l’analyse du système
expert qui nous est présenté. Dans un second temps, nous les articulerons à une analyse
plus approfondie au regard de recherches menées antérieurement sur le même type de
projets ou, de manière plus globale, sur le développement, les sciences et les techniques.
pays du Sud alors que ces derniers tentent d’apporter des solutions à des situations parfois
critiques, mais de mettre l’accent sur le jeu des acteurs engagés sur la scène de la gestion
concertée et d’interroger les conséquences de sa mise en œuvre d’un point de vue socio-
logique, plutôt que technique ou économique.
L’eau, où que ce soit dans le monde, suscite beaucoup d’attentions, toutes disciplines
non parce qu’elle est rare, mais parce qu’elle est nécessaire pour de nombreuses activités
humaines : boire, cuire les aliments, cultiver, abreuver le bétail, se laver, laver son linge.
Comme les auteurs le rappellent, le problème n’est pas tant le manque de ressources
hydriques que connaît le Sahel que les aménagements pour les utiliser (p.143). L’ouvrage
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sur un aspect climatologique et laisse croire que les populations seraient juste mal situées
géographiquement. De la même façon, je m’interroge au sujet du sous-titre qui laisse
entendre qu’une large part de la mise en oeuvre des projets relève de la participation des
populations, alors que nous disposons de très peu d’informations sur les interactions entre
populations/gouvernements/experts - hormis le fait que la consultation est obligatoire
pour pouvoir accompagner (p.105-106), que la mise en place des programmes passent par
l’éducation et la sensibilisation (p.94, p.112-113, p.135). Aucune information ne relate la
manière dont les populations locales ont été abordées, réunies, concertées, alors que près
d’un tiers de l’ouvrage est consacré au fonctionnement du modèle d’expertise.
Ensuite, rappelons que le projet s’inscrit dans une logique de développement durable
qui associe l’économique, le social et l’environnemental. Ce qui est frappant dans le texte
est le poids que semble prendre le volet économique, apparaissant toujours comme sous-
conditions de vie possibles. Dans le cas présent, c’est par l’accès à l’eau que cet objectif
est visé. Les interrogations surgissent dès lors que se pose la question de sa gestion : qui
est responsable du puits ou du poste d’eau autonome et comment fait-on pour que l’ins-
tallation perdure ? L’instauration d’un système payant est présentée comme une solution
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