se réduit d’une façon intolérable. Le second
chapitre analyse les causes de cette situa-
tion, la concurrence existe certes, mais elle
opère au mauvais niveau. C’est l’occasion
pour les auteurs de pourfendre les erreurs
du système, et rien, ni personne n’est épar-
gné. La mauvaise conception de la santé, le
mauvais objectif dans la mauvaise dimen-
sion spatiotemporelle, la mauvaise structure
de l’offre de soins, le mauvais découpage
des activités du secteur, la mauvaise infor-
mation, les mauvaises motivations des
patients, les mauvaises incitations des com-
pagnies d’assurances, des prestataires de
services, et l’attitude inadaptée des
employeurs. Le chapitre 3 explique com-
ment on en est arrivé là. Toutes les réformes
du système de santé américain des dernières
décennies sont examinées et renvoyées dos
à dos. La capitation, l’intégration verticale,
la coopération concertée médecins-hôpital,
la pratique libérale en cabinet multispéciali-
tés, ou les épiphénomènes des réseaux de
soins coordonnés, font une soupe trop
chaude. Le paiement à l’acte, la pratique
individualisée, les relations privilégiées
entre secteur libéral et secteur hospitalier,
les assurances défiscalisées qui encouragent
la consommation, ainsi que les autres carac-
téristiques des entreprises familiales, font
une soupe trop froide. Les auteurs sont
convaincus que seule leur solution sauvera
le système, mais comme le dit Voltaire à
travers le personnage de Bélisaire, « la
vérité luit de sa propre lumière et on
n’éclaire pas les esprits avec les flammes
des bûchers »2. La question qui est implici-
tement posée, mais non abordée, est en
fait la suivante: pourquoi un tel acharne-
ment à persister dans l’erreur?
La concurrence basée sur la valeur créée
pour le patient, voilà la panacée. Dans le
chapitre 4, les auteurs en énoncent les
grands principes, en illustrant leur propos à
l’aide de quelques cas exemplaires du sys-
tème de santé américain, l’oncologie pédia-
trique, la dialyse rénale, les soins intensifs,
la chirurgie cardiaque, les transplantations
d’organes… Ils amènent à réorganiser les
stratégies des prestataires de services de
santé en fonction des besoins mis en évi-
dence par ce que les auteurs appellent les
conditions médicales spécifiques, à savoir le
couple pathologie/patient. Le découpage
des activités doit se faire en considérant le
cycle complet du traitement, depuis la pré-
vention et l’éducation jusqu’au suivi post-
clinique. Par ailleurs, la concurrence entre
les prestataires doit amener à améliorer la
qualité sans augmenter les coûts, en encou-
rageant l’expérience, les économies
d’échelle et l’intégration des dernières avan-
cées médicales pour une couple patholo-
gie/patient donné. Le jeu concurrentiel s’ap-
puie sur un système d’information
permettant de créer et de diffuser les indica-
teurs de résultats des différents prestataires.
Le système d’information est basé sur le
dossier médical électronique nominatif et la
médiation de sociétés d’information et d’ex-
pertise médicales spécialisées dans l’ana-
lyse de cas complexes et le conseil dans le
choix des meilleurs prestataires de soins.
Enfin, la préférence doit être donnée aux
innovations créatrices de valeur pour le
patient. L’innovation est présentée comme
182 Revue française de gestion – N° 177/2007
2. Voltaire, L’Ingénu, 1767.
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