FALLBERICHTE 479
Arythmies ventriculaires chez un patient porteur de DAI
Avis de tempête aux urgences
Christophe Bianchia, Valérie Stolt Steigerb, Yvan Fourniera
a Service des urgences, HIB Payerne; b cardiologue FMH, HIB Payerne
Contexte
Avec la mise en place de plus en plus fréquente de dé-
brillateurs automatiques implantables (DAI), l’histoire
naturelle des patients atteints d’une cardiopathie a
considérablement changé ces dernières années. En ,
personnes sont porteuses d’un tel dispositif en
Suisse (g.). Par conséquent, tout médecin peut être
confronté dans sa pratique à des arythmies ventricu-
laires chez un patient porteur de DAI. Ce rapport de cas
en est l’illustration et permet de rappeler la prise en
charge initiale de ces arythmies.
Rapport de cas
Anamnèse
Un patient de ans fait appel au à h pour des
chocs répétés de son DAI depuis minutes survenus
au repos, sans symptômes préalables. Il est connu pour
une cardiomyopathie dilatée d’origine indéterminée
avec diminution de la fraction d’éjection du ventricule
gauche (FEVG) à %, raison de la pose de ce DAI mono-
chambre en .
Status
A l’arrivée du service mobile d’urgence et de réanima-
tion (SMUR), le patient a une saturation en oxygène à
% à l’air ambiant, est hémodynamiquement com-
pensé et est conscient (GCS /). Son DAI choque
toutes les secondes environ. Le monitoring montre
une tachycardie monomorphe à QRS larges avec une
fréquence supérieure à par minute. Les chocs du
débrillateur permettent un retour transitoire à un
rythme à QRS ns normocarde pendant quelques
secondes, puis un retour en tachycardie. Pris en charge
dans un restaurant proche de l’hôpital, le patient est
rapidement transféré en salle de déchocage.
Diagnostic
L’ECG dérivations démontre une tachycardie ventri-
culaire (TV) monomorphe (g. ). La persistance de cette
tachycardie ventriculaire malgré les chocs appropriés
du DAI fait poser le diagnostic de tempête ryth
mique.
Traitement
Le patient est rapidement sédaté par disoprivan et in-
tubé. Il reçoit une dose d’amiodarone (mg i.v. sur
minutes) et du magnesium (g i.v. sur minutes,
puis g sur heures), sans réussir àcardioverser la TV.
Au vu de la persistance de cette dernière, une thérapie
par lidocaïne i.v. (mg/kg, soit mg) est également in-
troduite (hors protocole). La pile du DAI s’épuise si bien
que autres chocs externes en mode synchrone ont
dû être donnés pour rétablir un rythme sinusal. Le
patient a reçu au total chocs électriques sur mi-
nutes dont par son DAI. Le dernier choc a permis de
convertir dénitivement le rythme cardiaque en rythme
sinusal.
Résultats
Le bilan biologique montre une leucocytose isolée
(, G/l), sans autre perturbation électrolytique. Les
troponines sont négatives. Une acidose métabolique
lactique est mise en évidence à la gazométrie artérielle.
La radiographie du thorax n’apporte pas d’éléments
pertinents.
Evolution
Le patient est transféré dans un centre tertiaire, sans
récidive de TV depuis son départ de l’hôpital de zone.
L’échocardiographie montre une péjoration de la FEVG à
% avec une hypokinésie diuse et akinésie inférieure,
ainsi qu’une dilatation et dysfonction importantes du
ventricule droit (VD). Une coronarographie avait été
Figure 1: Nombre de cas d’implantation de DAI par année en Suisse et nombre de
centreshabilités à implanter ces dispositifs (avec l’aimable autorisation de la Stiftung
für Herzschrittmacher und Elektrophysiologie, www.pacemaker-stiftung.ch [1]).
Christophe Bianchi
SWISS MEDICAL FORUM – SCHWEIZERISCHES MEDIZIN-FORUM 2016;16(22):479–482