Condamnations à mort et exécutions en 2013
Amnesty International – mars 2014 Index AI : ACT 50/001/2014
INTRODUCTION
« Le droit à la vie passe avant toute chose. C’est le premier des
droits humains. Il n’existe pas de lien entre la peine de mort et
le recul de la criminalité. »
Chakib Cortbaoui, ministre de la Justice du Liban, 11 octobre 2013
L’année 2013 a été marquée par quelques retours en arrière notables sur le chemin de l’abolition de la peine de
mort. Quatre pays – l’Indonésie, le Koweït, le Nigeria et le Viêt-Nam – ont repris les exécutions, et le nombre de
condamnés exécutés a fortement augmenté par rapport à 2012, cette hausse étant essentiellement imputable à
l’Irak et à l’Iran.
Des exécutions ont été recensées dans 22 pays en 2013, soit un pays de plus qu’en 2012. Tout comme en 2012,
Amnesty International n’a pas été en mesure de confirmer si des exécutions avaient eu lieu en Égypte et en Syrie.
Au total 778 exécutions ont été signalées dans le monde, ce qui représente une augmentation de près de 15 %
par rapport à 2012. Comme les années précédentes, ce chiffre ne tient pas compte des milliers de personnes
exécutées en Chine. La peine capitale y étant considérée comme un secret d’État, l’absence de données fiables sur
son utilisation ne permet pas à Amnesty International de publier des chiffres minimaux fondés pour le pays.
Malgré ces revers inquiétants, les éléments recueillis montrent globalement que la tendance à l’abolition se
poursuit nettement. Exception faite de la Chine, près de 80 % des exécutions recensées dans le monde ont eu lieu
dans seulement trois pays : l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran.
Des progrès allant dans le sens de l’abolition ont été recensés dans toutes les régions du monde. Si les États-Unis
ont encore été en 2013 le seul pays du continent américain à procéder à des exécutions, celles-ci ont continué de
diminuer. Le Maryland est devenu le 18e État américain abolitionniste en mai. Aucune exécution n’a été signalée
en Europe et Asie centrale en 2013. Les processus de révision législative et constitutionnelle entamés dans
plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont véritablement ouvert la voie à l’abolition de la sentence capitale. Pour la
première fois dans les archives d’Amnesty International, aucun condamné à mort n’était recensé à la Grenade, au
Guatemala et à Sainte-Lucie.
Le Pakistan a de nouveau suspendu l’application de la peine de mort. À Singapour non plus, aucun condamné à
mort n’a été exécuté, et six d’entre eux ont bénéficié d’une commutation de leur peine après la modification, en
2012, des lois prévoyant l’application obligatoire de ce châtiment. En Chine, la Cour populaire suprême a publié
des directives visant à offrir de meilleures garanties de procédure dans les affaires où l’accusé encourt la peine de
mort.
Cette année encore, tous les pays ou presque qui procèdent à des exécutions ont avancé que la peine capitale
avait un effet dissuasif sur les crimes graves pour justifier le recours à ce châtiment. Cette position est toutefois de
plus en plus intenable et discréditée. Rien ne prouve que la peine de mort ait un effet particulièrement dissuasif
sur la criminalité, et ceci est de plus en plus largement admis par les dirigeants politiques, comme le montre ce
rapport.
De nombreux États non abolitionnistes continuent de faire fi des normes et garanties internationales relatives à
l’application de la peine de mort. En 2013, des informations ont de nouveau fait état de procès manifestement
inéquitables et d’exécutions de personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur avaient été
reprochés. Le rapport met également l’accent sur le secret qui entoure l’utilisation de la peine capitale dans
beaucoup de pays. De nombreux gouvernements continuent de fouler aux pieds les normes juridiques
internationales aux termes desquelles les proches et les avocats des condamnés à mort doivent être informés avant
l’exécution.