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ourquoi cette réponse est-
elle exagérée ? Tout débute
au niveau de l’intestin. Sur
une surface de plus de 300 m
2
,on
retrouve 100 millions de neurones
(ce qui a pu faire parler de deuxième
cerveau), mais aussi plus de 70 %
des cellules immunitaires de l’en-
semble du corps (T lymphocytes) et
100 milliards de bactéries qui, elles,
constituent ce que l’on nomme la
flore intestinale. Lorsqu’une cellule
dendritique de la paroi intestinale
capte un antigène, elle envoie un
signal aux lymphocytes T0. Ces der-
niers peuvent alors émettre deux
types de signaux :
– T1 qui, par l’intermédiaire de cyto-
kines (ici l’interféron gamma) vont
informer les cellules B mais ne pro-
duisent que peu d’anticorps ;
– T2, qui, par l’intermédiaire d’autres
cytokines (les interleukines 4, 10, 5,
6, entre autres) informant les cel-
lules B vont produire de grandes
quantités d’IgE et IgG, qui déclen-
chent une réaction allergique réali-
sant une atopie.
Ce schéma allergique s’établit selon
l’une ou l’autre voie en fonction de
différents facteurs. Une pondération
est en effet nécessaire si on veut que
la digestion se passe. Ainsi, tout
contact avec une protéine alimen-
taire reconnue comme étrangère à
l’organisme devrait provoquer une
forte réaction immunitaire. Pour évi-
ter cette anomalie potentiellement
néfaste, la voie T1 est privilégiée :
c’est ce que l’on peut appeler un
mécanisme de tolérance orale,
nécessaire à la vie. Cette tolérance
orale n’est pas si évidente, à tel point
qu’elle n’existe pas à la naissance,
par exemple. Le nourrisson présente
une nette propension à n’avoir que
des réponses T2 et très peu de voies
T1. Ce qui est le contraire chez
l’adulte où l’on retrouve plus de T1
que de T2 ; sauf en cas d’atopie où
la balance penche alors nettement
en faveur de la voie T2.
Expliquer ces différences
Le système immunitaire du nou-
veau-né est immature en même
temps que sa flore intestinale est
peu développée : elle ne comprend
au plus, que 10 espèces de bactéries
différentes. Au contraire de l’adulte,
où les espèces sont nombreuses et
diversifiées (plus de 500) et où le
système immunitaire est mature. Il
semble donc bien que la maturation
du système immunitaire soit liée à la
présence et aux fonctions des bacté-
ries intestinales. Ces hypothèses sont
confirmées par des études épidé-
miologiques. Celles-ci démontrent
que les enfants qui ont été dès leur
plus jeune âge mis en contact avec
des bactéries (famille nombreuse
avec de nombreuses infections au
En France, la prévalence de la dermite atopique est évaluée entre 8 et
20 % chez l’enfant. L’allergie est une réponse anormalement exagérée.
Pour mieux comprendre ce qu’est l’atopie, il est nécessaire de revenir à
des notions immunologiques.
Allergie
Des bactéries en prévention
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
sein de la fratrie, milieu rural, nourri-
ture au lait cru, pays pauvres émer-
gents où l’hygiène est moins stricte)
développent beaucoup moins d’al-
lergie, d’atopie que les enfants de
milieux plus protégés (vivant en
agglomération, gardés seuls, de pays
riches à l’hygiène stricte, traités aux
antibiotiques pour la moindre infec-
tion). Ainsi, tout semble se passer
avant l’âge de un an : si le dévelop-
pement bactérien a été correct, l’en-
fant a moins de risque de dévelop-
per une atopie. Que sa mère ait eu
des AB pendant sa grossesse, qu’il
soit né par césarienne (pas de
contact bactérien vaginal), qu’il ait eu
lui-même des AB, et l’atopie peut l’at-
teindre une fois sur trois. Ce chiffre
est divisé par 4 à 5 s’il n’a pas ren-
contré ce que l’on peut considérer
comme de véritables facteurs de
risque allergique.
Les probiotiques
Il existe d’autres moyens, complé-
mentaires de prévention : l’utilisation
des probiotiques. Un probiotique est,
selon la définition de l’OMS : un
micro-organisme vivant, qui donné
en quantités suffisantes, présente un
bénéfice pour la santé de l’hôte. Les
probiotiques peuvent être utilisés
pour restaurer la flore intestinale
endommagée et donc cette barrière
contre les germes gastro-intestinaux.
Mais ils peuvent aussi contribuer à
renforcer le système immunitaire
contre les infections. Les plus effi-
caces sont alors les levures, les
bifides, les lactobacilles. Une étude
finlandaise a ainsi démontré que la
prise de probiotiques par des
femmes enceintes fait diminuer de
moitié le pourcentage d’atopie
retrouvé chez les enfants.
Jacques Bidart
Bibliographie
1. Kalioäki M, Salminen S, Arvilomni H, Kero P,
Kaskinnen P, Isaulori E. Lancet 2001;357:
1076-9.
2. Isaulori E, Arvola T, Moilanen E, Salminen
S. Clinical Exp Allerg 2000;30:1604-10.
Actualité Santé
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Le mécanisme de l’allergie
Cellule dendritique T0 lymphocyte
Réponse T1 réponse T2
interféron gamma interleukine
4, 10, 5, 6
cellule B
peu de production grosse production
d’AC IgG,IgE ATOPIE