A.Épisodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée (un
épisode d’hyperphagie incontrôlée consiste en des prises
alimentaires, dans un temps court, inférieur à 2 heures,
d’une quantité de nourriture largement supérieure à celle
que la plupart des gens mangeraient dans le même temps
et les mêmes circonstances et en une impression de ne pas
avoir le contrôle des quantités ingérées ou de la possibilité
de s’arrêter).
B. Le sujet met en œuvre des comportements compensa-
toires visant à éviter la prise de poids(vomissements provo-
qués, prises de laxatifs ou de diurétiques, jeûnes, exercice
excessif).
C.Les épisodes d’hyperphagie incontrôlée et les comporte-
ments compensatoires pour prévenir une prise de poids ont
lieu en moyenne 2 fois par semaine durant au moins 3 mois.
D.Le jugement porté sur soi-même est indûment influencé
par la forme et le poids du corps.
E.Le trouble ne survient pas exclusivement au cours des
épisodes d’anorexie.
De type avec vomissements ou prises de purgatifs :
pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a eu réguliè-
rement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi
abusif de laxatifs, diurétiques, lavements.
De type sans vomissements ni prises de purgatifs :
pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a présenté
d’autres comportements compensatoires inappropriés, tels
que le jeûne ou l’exercice physique excessif, mais n’a pas eu
régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à
l’emploi abusif de laxatifs, de diurétiques ou de lavements.
Encadré 2. Critères diagnostiques de la boulimie
selon le DSM-IV-TR, 2000.
124 | La Lettre du Psychiatre • Vol. VII - n° 4 - juillet-août 2011
Résumé
Le DSM-IV définit 3 catégories de troubles des conduites alimentaires(TCA) : l’anorexia nervosa, la bulimia
nervosa et les TCA non spécifiés. Cette dernière catégorie, très hétérogène, regroupe les patients qui
présentent des conduites alimentaires ne rentrant pas dans les critères de l’anorexie ou de la boulimie.
La principale limite de cette classification est qu’elle inclut plus de 50 % des patients dans la catégorie
des TCA non spécifiés. Cela limite nos possibilités de prise en charge et le développement de traitements
efficients. Ce problème est au cœur des discussions menées autour de la future nosographie du DSM-5. Les
solutions proposées consistent, d’une part, à assouplir les critères diagnostiques de l’anorexie(suppres-
sion de l’aménorrhée et augmentation du seuil du poids minimal requis pour porter le diagnostic) et de
la boulimie(disparition du critère de fréquence minimale des crises). De nouvelles catégories pourraient
également voir le jour, comme l’hyperphagie boulimique.
Mot-clés
Anorexie
Boulimie
Hyperphagie
boulimique
DSM-5
Classification
Summary
There are 3 types of eating
disorders(ED) in DSM-IV:
anorexia nervosa, bulimia
nervosa and the unspeci-
fied eating disorder. This last
category is a very hetero-
geneous one with patients
who are suffering from an ED
but neither fulfill criteria for
anorexia or bulimia. The main
limitation of the current clas-
sification lies in the fact that
it includes more than 50%
of patients in the category of
unspecified ED. This limits our
care opportunities as well as
therapeutic improvements.
This is still a debating topic
in the development of the
future DSM-5 nosography.
The propositions are first to
get more flexible bounderies
in the criteria for anorexia
(amenorrhea and increase
in the minimum treshold for
weight could not be exacted) as
well as for bulimia(suppression
of the minimum frequency of
binge eating criterion). More-
over, new categories could also
emerge such as binge eating
disorders.
Keywords
Anorexia nervosa
Bulimia nervosa
Binge eating disorders
DSM-5
Classification
contrôle (ce qui le différencie de l’over-eating) suivie
de comportements compensatoires (vomissements,
utilisation de laxatifs, hyperactivité) destinés à
prévenir la prise de poids. Dans la boulimie, l’image
et l’estime de soi sont également fortement influen-
cées par les formes corporelles et le poids.
Avec l’avènement du DSM-IV (3) une troisième
catégorie est apparue : les TCA non spécifiés (TCA-
NOS). Cette nouvelle catégorie permet de poser un
diagnostic de TCA chez des patients qui présentent
des conduites alimentaires manifestement patho-
logiques mais qui ne rentrent pas dans les critères
très strictes d’anorexie ou de boulimie du DSM. Elle
comprend :
➤
les formes infracliniques d’anorexie et de
boulimie.
Un exemple classique peut être une jeune fille qui
présente tous les critères diagnostiques de l’ano-
rexie mais qui continue à avoir des cycles menstruels
réguliers. Un autre cas de figure serait une jeune fille
ayant tous les critères de boulimie, à l’exception
d’une fréquence de binge eating supérieure à 3 par
semaine ;
➤
l’hyperphagie boulimique individualisée dans la
version révisée du DSM-IV. Ce trouble est caractérisé
par des épisodes de binge eating sans comportement
compensateur ;
➤
des syndromes plus ou moins bien définis
mais relevant manifestement d’un TCA. Parmi
ces syndromes, 2 entités semblent homogènes
et plusieurs auteurs militent pour leur autono-
misation :
•
le syndrome de purge, qui consiste en des compor-
tements compensateurs en l’absence de crise de
boulimie (4),
•
le syndrome d’hyperphagie nocturne marqué par
un trouble des rythmes alimentaires (prise essen-
tiellement vespérale) [5].
Avantages et limites
des classifications actuelles
L’avènement des classifications psychiatriques,
notamment du DSM, nous a permis d’évoluer
considérablement dans notre approche des troubles
mentaux. Des études épidémiologiques ont pu être
développées, ainsi que des prises en charge ciblées et
spécifiques, et leur évaluation. Enfin, une meilleure
catégorisation des troubles a facilité la compréhen-
sion des mécanismes physiopathologiques sous-
jacents. Cela est vrai dans les TCA comme ailleurs.
Néanmoins, le système de classification actuel des
TCA présente des limites importantes et sa validité
reste très débattue pour plusieurs raisons.
L’approche catégorielle du DSM
Les classifications, en médecine, reposent le plus
souvent sur un système catégoriel. L’actuelle clas-
sification du DSM-IV est fondée sur un modèle
catégoriel reposant sur l’hypothèse que les troubles
mentaux sont définis comme des entités claires et
bien séparées de la normalité. Le clinicien “recueille”
les symptômes et en fait l’inventaire afin de dresser