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Conclusion
REMERCIEMENTS
EN GUISE DE PÉRORAISON
Alonso
TORDESILLAS
Vers 431 avant Jésus-Christ, le riche Callias recevait en
sa demeure d'Athènes, à ce qu'en dit Platon dans le
Protagoras, les sophistes les plus en vogue, Protagoras,
Hippias, Prodicos et quelques autres, ce qui donna
l'occasion à Socrate d'accompagner le jeune Hippocrate
anxieux de suivre les leçons de Protagoras, et d'engager
ainsi une longue discussion sur les avantages et les
inconvénients d'une éducation sophistique pour les jeunes
gens. Le dialogue, on le sait, se termina dans l'embarras.
Quelques vingt-cinq siècles plus tard, dans une ancienne
colonie grecque, Nice la Victorieuse, un autre mécène,
Monsieur Pierre Gouirand, kaloskagathos des temps
modernes, reçoit, par une douce journée de novembre,
dans les magnifiques salons de l'Hôtel Westminster,
quelques philosophes et philologues de métier qui se
demandent pourquoi on a tué les sophistes, accueillis par
les paroles chaleureuses du président de l'Association des
Étudiants de Philosophie de Nice, Guillaume Besnier, et de
sa cheville ouvrière, Eric Bonnargent. Et il m'échoit la rude
tâche de présenter les conclusions de cette journée d'études
et de clore les débats, ce qui n'est pas sans plonger
derechef dans l'embarras.
Est-il même sûr qu'on ait tué les sophistes ? Pour ce
faire encore eût-il fallu qu'ils existassent. Et rien n'est
moins certain. Les rares fragments et témoignages qui nous
sont parvenus de ces penseurs évanescents ont été soumis à
des reconstructions telles, ont subi de telles lectures et
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Alonso Tordesillas
relectures, qu'ils ont été, au gré des méthodes, des
époques, des préoccupations personnelles des savants,
depuis Platon et Aristote jusqu'à notre époque, ballottés,
comme dans les courants contraires de l'Euripe (Phédon,
90 c), tantôt remontant, tantôt redescendant ces courants,
tantôt redécouverts, tantôt condamnés, toujours renaissants. Marie-Pierre Noël a montré qu'il n'était pas si facile
de tuer les sophistes et que l'image que nous avons d'eux
est une image construite par les réhabilitations dont ils ont
fait l'objet depuis le dix-neuvième siècle, image qui est à
proprement parler une construction de toutes pièces et qui
ressortit essentiellement à l'intégration, elle-même tardive,
dans l'œuvre d'Herman Diels des sophistes parmi les
philosophes. Dans toutes ces constructions et reconstructions, la sophistique a cessé peu à peu d'avoir une
existence historique propre, en sorte que nous nous
retrouvons avec « des sophistes sans sophistique ». C'est
tant et si vrai que l'« unité » de ce que l'on appelle
aujourd'hui "la sophistique" vient moins des sophistes euxmêmes que de leur plus célèbre adversaire, Platon, en sorte
que, comme l'a rappelé Jean-François Mattéi, c'est de la
mise en scène platonicienne de la représentation sophistique
que le sophiste tire son « être » : « le » sophiste n'est
rien d'autre qu'une apparition, résultat d'un effet de mise
en scène du philosophe. Il tient sa densité de son
appartenance à une unité factice : la sophistique, objet
construit de toutes pièces, pour les besoins de la cause
philosophique qu'il défendait, par Platon. Avec Platon, les
sophistes ne perdent pas seulement leur existence
historique, mais également leur être philosophique. Nous
nous retrouvons dès lors avec une sophistique sans
sophistes, au point que ceux-ci dans les réhabilitations
contemporaines, comme le montre Livio Rossetti, se
trouvent simplement affectés d'un indice de valeur
strictement inverse à celui de la condamnation
platonicienne, et que toutes les réhabilitations des sophistes
sont d'abord tributaires des torsions premières qu'ils ont
subies dans les textes de Platon et, à un moindre degré,
dans ceux d'Aristote. Il ne leur reste d'existence que celle
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Remerciements en guise de péroraison
du passage et de l'éphémère. Tiraillés entre « l'unité de la
sophistique et la diversité des sophistes », ces penseurs,
comme s'est employé à le montrer Didier Bigou, changent
à proportion que changent les méthodes d'investigation les
concernant ; les sophistes, comme la sophistique, en tant
qu'« objet », disparaissent à jamais. Le peu d'existence
qu'il leur reste est celle d'un « mouvement », « le
mouvement sophistique », pour parler comme George
Briscoe Kerferd. Ce n'est plus une existence, c'est, comme
l'expose Robert Sasso, dans le sillage des analyses de
Hegel, un moment de la pensée, ou une résurrection chez
ces lointains cousins des sophistes grecs, les sophistes
chinois Houei Che et Kong-Souen Long-tseu, dont Daniel
Charles nous donna à travers son exposé de la logique et de
la dialectique de la sophistique chinoise quelques exemples
dont le brillant n'a de pendant que dans les exercices de la
gymnique intellectuelle dont font montre Euthydème et
Dionysodore, dans l'Euthydème de Platon. Il ne reste plus
des sophistes que des indices, des signes de
reconnaissances, des symboles, les traces d'une
liquidation, dont Arnaud Villani a montré combien elle
était, quant au mobile comme quant à l'enjeu, de l'ordre de
la pensée symbolique. Nous voilà donc perdus au cœur de
cette sorte d'enquête policière avec un ou des coupables
présumés, un corps du délit qui a disparu, « une arme du
crime » et même, grâce à Laurent Ayache et ses références
de médecine hippocratique, avec un médecin légiste. Quant
aux sophistes, nous ne savons toujours pas pourquoi et
même si on les a tués.
Dans le dialogue de Platon que nous évoquions il y a
quelques instants, dans le Protagoras, dans la maison du
fils d'Hipponicos, durant la réunion de ces hommes en
vue, de ces sophistes, il y fut question de vertu et d'un
entretien qui opposa Socrate, la figure même du
philosophe, selon Platon, à ces sophistes. Il y fut question
des procédés mis en œuvre par les uns et les autres, de
l'utilisation des mythes, des discours macrologiques, de
l'exégèse des poètes, des joutes oratoires par questions et
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réponses brèves, des discours brachylogiques, des
interprétations morales des poètes, de dialogue et de
dialectique. Socrate, opposé à l'ensemble des sophistes,
sort vainqueur de ces débats ; seul contre une cohorte
d'englottogastres mercenaires, il triomphe et les terrasse
dans les dialogues de Platon. Dans la comédie d'Eupolis,
les Flatteurs, représentée en 421, et qui remporta le prix
contre la Paix d'Aristophane, on retrouve ces mêmes
sophistes, au nombre desquels figure cette fois Socrate. Et,
en 399, un sophiste est condamné à mort par le peuple
athénien, il est vrai à peu de voix de majorité, pour impiété
et corruption de jeunes gens : il s'agit encore une fois du
même Socrate. La honte d'avoir tué un philosophe que ses
concitoyens semblaient considérer majoritairement comme
un sophiste hante l'histoire de la philosophie et peut-être
est-ce son écho que nous entendons dans le débat qui a eu
lieu aujourd'hui sur cette mort annoncée des sophistes.
Peut-être le seul sophiste, dont on n'est même pas sûr qu'il
ne fût pas philosophe plutôt que sophiste, à avoir été
effectivement tué est-ce Socrate.
Les sophistes eux, dont l'habileté se manifestait tant
dans le domaine de la production que de l'action ou de
l'activité intellectuelle, et qui peut se résumer dans
l'épigramme gravée sur la tombe de Thrasymaque : « Sa
patrie était Chalcédoine, et sa profession le savoir »,
connaissent certes le discrédit lié à cette habileté et qui
rejaillit sur la profession au point que le terme deviendra
bientôt péjoratif et désignera des personnages peu
recommandables, mais ne sont pas tués. Ils sont certes
condamnés par Platon, et parfois par Aristote, et ces
condamnations pèseront lourd dans le tribut d'oubli payé
par les sophistes jusqu'au dix-neuvième siècle, ils sont
certes exclus très souvent de l'histoire de la philosophie et
aussi souvent relégués dans l'histoire de la rhétorique, mais
leurs idées et leurs découvertes dans tous les domaines
d'activité ont continué à œuvrer jusque dans les
préoccupations philosophiques actuelles et ce n'est pas l'un
des moindres acquis de cette journée d'études que de
l'avoir souligné.
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Remerciements en guise de péroraison
Assurément un des traits saillants de ces penseurs
originaux est qu'ils se faisaient payer (à l'exception de
Critias, à supposer qu'on puisse le ranger parmi les
sophistes), et fort cher, leurs compétences intellectuelles.
Si cela scandalisait les partisans de l'éducation
traditionnelle, où les vertus se transmettaient par la race,
l'idée que les connaissances intellectuelles se transmettaient
par l'enseignement et pouvaient être directement utiles ne
pouvait que séduire les démocrates athéniens. La
rétribution correspondait à une idée de métier et de
technique spécialisée qui s'affiche dans le nom que les
sophistes revendiquent et s'affirme dans leur programme
d'éducation. Les sophistes sont d'abord et avant tout des
éducateurs ; ce sont les premiers professeurs de métier.
Professeurs itinérants, ils vont de cité en cité délivrer leur
savoir et les techniques d'un discours dont la possession
permet, dans les institutions d'une cité démocratique, le
plein exercice du pouvoir politique sans être soumis aux
conditions sociales de la naissance. Ces caractéristiques
reliées aux conditions historiques et à l'aspect socioprofessionnel ne doivent pourtant masquer ni les
convergences entres les thèmes philosophiques qu'ils
traitent ni les différences qui les séparent. Et c'est là un
autre des aspects qui ont été mis en évidence dans les
débats d'aujourd'hui.
Socrate mérite une mention particulière. A de
nombreuses reprises Platon défend son maître contre
l'accusation d'être un sophiste : il ne se fait pas payer, il
recherche la vérité. Mais à plusieurs autres titres,
particulièrement en ce qui concerne sa méthode, que Platon
présente comme pouvant conduire à la bonne et
« authentique rhétorique » (Phèdre, 273 d-e) et relever de
la « sophistique de haute lignée » (Sophiste, 268 d), il
pourrait être considéré comme tel. C'est là encore un des
points qui ressortent des discussions qui ont eu lieu.
Le relevé des traits caractéristiques des différents
sophistes, tels qu'ils ont été mis en relief dans les
interstices des débats autour de la question : « Pourquoi a155
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Alonso Tordesillas
t-on tué les sophistes ? », fait ressortir un intérêt commun
pour les questions de langage, qui rend délicate la
distinction entre sophistes et rhéteurs. On comprend dès
lors que l'hostilité platonicienne s'applique à réduire la
sophistique à une rhétorique, la rhétorique à une éristique
sans valeur philosophique, et à tenter une subordination de
l'une et de l'autre à la philosophie. Les antilogies
sophistiques ont toutefois une tout autre valeur que celle
que leur accorde Platon. L'éloge de la puissance du logos,
ce « grand potentat qui avec le plus minuscule et
imperceptible des corps accomplit des œuvres tout à fait
divines » (Éloge d'Hélène, § 8), s'accompagne d'une
critique de l'ontologie parménidéenne (Gorgias) ou
s'alimente de la thèse des contraires héraclitéenne
(Lycophron), ce qui ouvre la voie à des interprétations des
sophistes (en particulier de Protagoras) dans un sens
relativiste, sceptique, voire nihiliste (Gorgias). Il n'y a
donc pas, à proprement parler, un intérêt exclusif des
sophistes pour les questions anthropologiques au détriment
des questions naturelles, mais plutôt un refus d'expliquer le
monde sans recourir aux éléments de la sensation ellemême, en sorte que c'est de manière tout à fait cohérente
qu'ils sont conduits à une physique de la parole (Gorgias).
Du même coup, la vérité ne saurait se présenter comme un
dévoilement de l'être, une adéquation aux choses ou une
forme de la non contradiction logique, elle ne saurait se
présenter dans son opposition à l'erreur ou à l'opinion,
mais selon une définition tout autre comme le fruit d'un
consentement et le résultat d'un affrontement d'arguments.
Ainsi, les théories du langage des sophistes, loin d'exclure
la vérité, la banalisent jusqu'à en faire un cas particulier de
la vraisemblance (Gorgias, Défense de Palamède), comme
le remarquera Aristote en rappelant que la démonstration
elle-même n'est qu'un cas particulier de l'argumentation.
Le lieu privilégié de ces joutes oratoires est la cité, et
plus particulièrement celle d'Athènes, « lieu de la Grèce où
la parole est le plus libre » (Gorgias, 461 e). Le logos
expérimente en ce lieu la puissance que révèle la rhétorique.
L'extension du domaine d'action par l'exercice de la
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persuasion (peithô) et de la séduction (apatè) ouvre au
logos le domaine politique qu'il constitue en retour. La Cité
n'est pas un idéal qu'on ne peut atteindre que lorsque les
philosophes deviendront rois comme tente de le faire
accroire Platon, mais le résultat d'une opération rhétorique
qui doit être renouvelée à chaque instant pour que soit
maintenue la cohésion et l'unité sociale. Tel est le sens
politique de la recherche du kairos dont la portée rhétorique
est celle d'une parole opportune. Le discours produit des
discours sur lesquels les citoyens s'accordent à un moment
donné. Ce leurre (apatè) discursif produit la cohésion qui,
de ce fait, relève d'abord de l'argumentation.
L'affrontement des arguments est l'écho discursif des
divergences sociales et des différences individuelles. La
cité est elle-même ce moment d'équilibre qui vient à point
nommé intégrer les différences. Ainsi, au moyen du logos,
se produit sinon l'homologia, du moins l'homonoia. Avec
le combat des arguments, la politique, dans son exercice
rhétorique se donne comme l'effet d'un calcul oratoire où
les arguments tentent de peser sur les possibles au nom du
principe du meilleur (Protagoras). La traditionnelle
opposition de la nature et de la loi (nomos adv. physis)
prend un sens nouveau à la lumière de cette investigation
sophistique sur le langage. L'une et l'autre sont
alternativement soutenues selon les lieux (tribunal,
assemblée, théâtre), les temps (passé, avenir, présent), les
auditoires (juges citoyens, spectateurs), les circonstances
(particulières ou universelles), les situations (privées,
publiques). L'égalité naturelle est exaltée face à
l'inégalitarisme qu'introduit l'arbitraire des lois ; la loi est
justifiée contre la violence naturelle.
La fonction discursive, qui s'appuie sur une physique
du son, maintient l'espace politique ouvert par le champ de
la parole cependant qu'avec la pratique de la rhétorique se
dessine et se construit une cohésion politique qui a égard
aux variations temporelles et locales des factions et des
individus. De nombreux fragments vont dans le sens de
cette constitution sophistique d'une philosophie politique
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Alonso Tordesillas
du langage dont logos, kairos et polis sont les maîtres
mots.
L'originalité de la pensée des sophistes a bien des
facettes dont seules quelques unes ont été explorées
aujourd'hui. A-t-on tué les sophistes ? Qui, où, quand,
comment ? Les dieux grecs eux-mêmes ne sauraient le
dire. Laissons cela et réjouissons-nous. Pour l'heure, les
sophistes, l'espace d'une belle et clémente journée niçoise,
ont été, encore une fois, parmi nous. Comment sont-ils
parvenus jusqu'à nous malgré la relégation philosophique
dont ils ont fait l'objet ? Peut-être à la manière de Diogène
le cynique, l'homme qui, au théâtre, entrait par la sortie et
sortait par l'entrée, apostrophant ceux qui, mécontents, le
bousculaient, ou peut-être grâce à leur sens de la répartie,
comme Gorgias, répondant à un certain Chéréphon, pâle et
anémique à force d'étude, qui le raillait sur son art de
l'improvisation en lui jetant des problèmes :
Cela je te laisse le soin de l'examiner, quant à moi, je sais
depuis longtemps que la terre fait pousser des férules à
l'intention des individus de ton espèce.
Comment les sophistes sont-ils parvenus à traverser les
vingt cinq siècles qui nous séparent d'eux, je l'ignore, mais
ce que je sais, et ce qu'a montré ce colloque, c'est que la
force de leurs arguments en fait des penseurs authentiques
et que si, depuis Platon, les sophistes ont été présentés par
la tradition comme des figures paraphilosophiques (ce qui
est bien loin de vouloir dire anti-philosophiques) devant
être rejetées hors du sérieux de la recherche philosophique,
ou réduits par cette même tradition philosophique à la
monotonie d'un mouvement unitaire, la sophistique, pour
mieux les récuser, les travaux de cette journée d'études ont
définitivement réhabilité les sophistes dans leur stature
philosophique.
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Bibliographie
Pour une bibliographie exhaustive des ouvrages
concernant les sophistes nous vous conseillons de vous
reporter à celle proposée par Mario Untersteiner et
complétée par son traducteur, Alonso Tordesillas à la fin du
second volume des Sophistes, Paris, Vrin, 1993, pp. 269314. Il existe une traduction française des textes des
Sophistes regroupés dans :
Jean-Paul Dumont, Les Présocratiques, fragments et
témoignages, Paris, Gallimard, 1988, Bibliothèque de la
Pléiade.
Nous suggérons au lecteur une liste succincte
regroupant des ouvrages consacrés exclusivement aux
Sophistes disponibles en langue française, d'un accès facile
mais essentiels pour quiconque commencerait à étudier ces
penseurs.
CASSIN, Barbara (sous la direction de) : Le plaisir de
parler, Etudes de sophistique comparée, Paris, éd. de
Minuit, 1986 ; avec les articles de : A. Brancacci, M.-E.
Blanchard, B. Cassin, A. Charles-Saget, A. Compagnon,
M. Dixsaut, R. Laufer, A. Tordesillas, D. Zaslawsky,
S. Weber.
CASSIN, Barbara (sous la direction de) : Positions de la
Sophistique, Paris, Vrin, 1986 ; avec les articles de :
M. Canto, A. Capizzi, G. Casertano, F. CaujolleZaslawsky, J.-P. Dumont, G. B. Kerferd, C. Lanier,
C. Mac Donald, G. W. Most, R. Muller, M. Narcy,
C. Natali, G. Rocca-Serra et du Centre de Recherche
Philologique, L. Rossetti, A. Soulez, R. Sprague.
CASSIN, Barbara : L'Effet sophistique, Paris, Gallimard,
1995.
DUMONT, Jean-Paul : Les Sophistes, fragments et
témoignages, Paris, Presses universitaires de France,
1969.
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