UQAM DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
Prof. Sara Magrin
Rencontre avec les étudiants : mercredi 16h
PLATON Hiver 2013
Ce cours est une introduction à la philosophie de Platon (427-347 av. J.-C.) et il vise en
particulier à analyser la pensée platonicienne dans le contexte historique et social dans lequel
elle évolue.
Platon commence à écrire à une époque à laquelle Athènes viens de sortir d’une profonde
crise politique et culturelle qui amena à la condamnation à mort de Socrate en 399 av. J.- C.
À peu prêt jusqu’à la mort de Périclès en 429, Athènes avait connu une période de grande
expansion hégémonique et culturelle. Elle avait guidé ses alliés grecs à la victoire dans la
guerre contre la Perse et, en retour, elle avait obtenu une suprématie presque complète en
Grèce. L’âge de Périclès (460-429) fut un âge d’or pour la ville qui devint à ce moment la
capitale d’un véritable empire et commença à attirer des intellectuels provenant des endroits
les plus divers, des colonies des l’Italie du Sud à l’Asie Mineure. Parmi ces intellectuels un
groupe un particulier gagna une réputation importante, c’est celui des sophistes. Maîtres
itinérants de rhétorique et penseurs de profession (on les appelle quelque fois « les maîtres de
l’âge de Périclès »), les sophistes enseignaient, contre rémunération, l’art de parler et discuter
en public et une ville riche et avec des institutions démocratiques comme Athènes ne pouvait
que se présenter comme un lieu idéal pour leur activité. Leur pensée était en générale
marquée par le relativisme. Ils ne croyaient pas dans des vérités absolues, mais seulement
dans la force persuasive des nos très muables opinions. Ils étaient des agnostiques et des
réformateurs des valeurs religieux, sociaux et moraux traditionnels. Parmi les plus renommés
on trouve Protagoras d’Abdère, qui probablement arriva à Athènes peu après 450, Gorgias,
qui arrive en ville en 427, Prodicos, Hippias, Trasymaque et Antiphon. Cet âge de prospérité
et d’hardiesse intellectuelle cependant ne dura pas longtemps. La peste en 431 et une
nouvelle guerre, la guerre du Péloponnèse, vinrent miner l’hégémonie athénienne dans le
bassin méditerranéen. Une lutte violente entre deux factions politiques opposées, l’une philo-
démocratique et l’autre philo-oligarchique et philo-Spartiate amena la ville dans une guerre
civile qui culmina avec la tyrannie philo-Spartiate, brève mais sanglante, des Trente en 404.
Même si lorsque Platon écrit les institutions démocratiques d’Athènes on retrouvé une
certaine stabilité, il y a encore dans son œuvre le souvenir de ces temps difficiles et toute sa
réflexion est marquée par le besoin de définir ce qu’est la justice et ce qu’il faut faire pour
rendre les individus et les villes justes. Platon veut reformer la morale traditionnelle et la
culture politique de son âge. Mais au relativisme des sophistes, il oppose une pensée centrée
sur la recherche d’un bien absolu auquel la vie de tous, individus et villes, doit viser. Mais
quelles sont les raisons qui induisent Platon à croire qu’il y a un bien absolu auquel il faut
aspirer ? Et, si vraiment il y a ce bien, quel programme éducatif et quelles institutions
politiques peuvent nous aider à l’atteindre ? Quels sont les avantages que ce programme
éducatif aurait par rapport à celui des sophistes ? Voilà les questions qui vont nous occuper
pendant ce cours.