398 Marketing des services
une entreprise sur le long terme, à acheter et utiliser ses biens et services de manière
régulière et exclusive, à recommander les produits de l’entreprise à des amis et connais-
sances. Néanmoins, la fidélité à une marque dépasse le seul comportement, elle
comprend aussi une certaine préférence, une attirance et des intentions futures. Richard
Oliver affirme que les consommateurs deviennent d’abord fidèles de façon cognitive,
percevant, à partir d’informations sur ses caractéristiques, qu’une marque est préférable
à ses concurrentes2. La seconde étape est la fidélité affective, dans laquelle le client déve-
loppe une attirance pour une marque en se fondant sur une utilisation satisfaisante et
répétée. Ce genre d’attitude est difficile à infléchir de la part des concurrents. La troi-
sième étape est la fidélité conative, qui représente l’engagement du client à racheter un
produit de la même marque, menant à la quatrième étape, la fidélité d’action, dans
laquelle le client démontre un comportement de rachat constant.
« Seules quelques entreprises considèrent les clients comme des rentes », souligne Frede-
rick Reichheld, auteur de L’Effet loyauté et chercheur réputé3. Et c’est précisément cela
qu’un client fidèle peut signifier pour une entreprise : une source régulière de revenus
pendant plusieurs années. Néanmoins, cette fidélité ne doit jamais être considérée
comme acquise. Celle-ci ne perdurera que si le client perçoit qu’il obtient une meilleure
offre (qualité supérieure par rapport au prix) inaccessible chez un autre fournisseur.
Si l’entreprise déçoit le client, ou si un concurrent propose une meilleure offre, alors il y
a un risque que le client « déserte ».
Dans un contexte marketing, on utilise en effet le terme de « déserteur » pour décrire les
clients qui abandonnent la zone d’influence d’une entreprise pour transférer leur fidé-
lité vers un autre fournisseur. Reichheld (cadre à la Bain & Company Inc.) et Sasser
(professeur à la Harvard Business School) ont vulgarisé la stratégie « zéro déserteur »,
c’est-à-dire la conservation de chaque client que l’entreprise peut servir de manière
profitable4. Un taux de défection croissant traduit non seulement un problème de
qualité (ou que les concurrents proposent une meilleure offre), mais préfigure aussi une
baisse des bénéfices. D’importants clients ne disparaissent pas en une nuit. Ils peuvent
en revanche signaler leur insatisfaction grandissante en réduisant graduellement leurs
achats et en transférant une partie des leurs activités ailleurs.
1.1. Pourquoi la fidélité des clients est à la base de profitabilité
de l’entreprise
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Combien vaut réellement un client fidèle en termes de bénéfices ? Dans une étude
célèbre, Reichheld et Sasser ont analysé le bénéfice dégagé par un client dans diffé-
rentes entreprises de service, en fonction du nombre d’années de fidélité de celui-ci6.
Ils mirent en évidence que plus les clients restaient fidèles longtemps à une entreprise
dans chacun des secteurs d’activité étudiés, plus leur rentabilité augmentait. La figure
12.1 montre les bénéfices annuels par client, mesurés sur une période de cinq ans
pour faciliter la comparaison. Les secteurs d’activité étudiés étaient : les cartes de
crédit (30 $), la blanchisserie industrielle (144 $), la logistique (45 $) et l’entretien
automobile (25 $). Des effets semblables furent également constatés dans le contexte
d’Internet, où il faut en général plus d’un an pour récupérer les coûts d’acquisition
d’un client. Les bénéfices augmentaient de pair avec la longévité du partenariat entre
les clients et l’entreprise7.
Livre Marketing source.book Page 398 Vendredi, 4. avril 2008 7:46 07