p1, . . . , pr, un entier est divisible par tous les pisi et seulement s’il est divisible par leur produit. Par
conséquent, si nest grand, on a
Pn(δp1= 1, . . . , δpr= 1) = 1
nCardni∈Ωn/p1. . . pr|io
=1
nn
p1. . . pr'1
p1. . . pr
'Pn(δp1= 1) ···Pn(δpr= 1).
Ainsi, les δpinduisent des variables aléatoires sur Ωnqui sont, lorsque nest grand, « approximativement
indépendantes ». De là, l’idée de « tricher » et de considérer, en oubliant momentanément les δp, une
suite (Xp)de variables aléatoires indexée par les nombres premiers, définies sur un même espace
probabilisé (Ω,A,P), indépendantes, et telles que Xpsuive la loi de Bernoulli de paramètre 1
p. En
posant
Sn=X
p≤n
Xp,
on définit une variable aléatoire qui a des chances de se comporter, du point de vue probabiliste, comme
ωsur Ωn. L’espérance de Snvaut en:= Pp≤n1
pet sa variance 3vn:= Pp≤n1
p1−1
p, toutes deux
équivalentes à log log nquand n→+∞en vertu de l’estimée (1) de Mertens. D’après l’inégalité de
Bienaymé-Tchebychev, on aura
Sn= log log n+θn(log log n)1/2,
où θnest une variable aléatoire qui sera, avec forte probabilité, « pas trop grande ».
2.3 Le théorème
Théorème 1 (Hardy-Ramanujan).Pour toute suite (γn)de réels strictement positifs tendant vers
+∞, on a
Pn|ω−log log n| ≥ γn(log log n)1/2→0quand n→+∞,
c’est-à-dire
1
nCard ni∈Ωn.|ω(i)−log log n| ≥ γn(log log n)1/2o→0quand n→+∞,
Remarque 3. Le théorème de Hardy-Ramanujan reste valable si on remplace ωpar la fonction Ωdéfinie à la remarque
1, et qui compte le nombre de diviseurs premiers comptés avec multiplicité d’un entier. En effet, on a par l’inégalité de
Markov et (4) :
Pn(|Ω−ω| ≥ γn(log log n)1/2)≤En(|Ω−ω|)
γn(log log n)1/2=O1
γn(log log n)1/2→0,
d’où
Pn|Ω−log log n| ≥ γn(log log n)1/2≤Pn|ω−log log n| ≥ γn
2(log log n)1/2+Pn|Ω−ω| ≥ γn
2(log log n)1/2→0.
Le théorème de Hardy-Ramanujan implique en particulier que, pour tout ε > 0,
Pn
ω
log log n−1≥ε→0,
autrement dit que ω
log log nconverge vers 1en probabilité. Nous sommes donc en présence d’une loi
faible des grands nombres. La preuve que nous allons donner du théorème n’est pas celle de [9], mais
celle, beaucoup plus simple, donnée par P. Turán en 1934 ([14]).
Sur la figure suivante, on a représenté la fonction ωainsi qu’une bande de largeur (log log n)1/2(« l’écart-
type ») autour de sa « moyenne » log log n.
3. Rappelons que la variance est additive sur les variables aléatoires indépendantes.
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