Federal Finance – Novembre 2006
Etats-Unis : croissance robuste mais contrastée
La répartition des fruits de la croissance (+2,9% anticipé pour l’année) profite surtout à l’offre
(entreprises) aux dépens de la demande (ménages).
La consommation et l’investissement résidentiel sont pénalisés par la stratégie de maîtrise des coûts
salariaux des entreprises qui se traduit par une hausse quasi-nulle des salaires directs. Néanmoins, les
grandes entreprises en sous-effectif devraient créer des emplois.
En revanche, grâce aux marges financières des sociétés, l’investissement productif est le moteur de la
croissance. Il est stimulé par une bonne compétitivité-prix liée à la faiblesse du yen et aux coûts
unitaires orientés à la baisse (productivité en hausse et salaires stables). Toutefois, les commandes de
machines inquiètent et pourraient laisser présager un retournement en 2007 accentué par une
demande chinoise en retrait.
En ce qui concerne la politique monétaire, la BOJ retarde la hausse des taux. Elle fait preuve
d’attentisme face au ralentissement conjoncturel et aux nouvelles baisses de prix (télécoms,
électronique et énergie).
Zone euro : une dynamique de reprise bien enclenchée
Les indicateurs conjoncturels sont au plus haut depuis 5 ans, le PIB s’accroît de 2,8% sur les 12
derniers mois bénéficiant de l’effet-moteur du couple franco-allemand. La première source de cette
dynamique est le rebond de l’investissement productif qui traduit le bon moral des chefs d’entreprises.
Les carnets de commande dans l’industrie sont bien remplis et soutenus par les exportations vers la
Chine et les PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale). Les bonnes conditions financières et la
hausse de la profitabilité accentuent le mouvement.
La seconde source de croissance est la consommation (hausse des ventes de détails) dopée par la
confiance des ménages qui bénéficient de l’amélioration du marché du travail et d’un accès aisé au
crédit. Les revenus toujours élevés de l’immobilier et la baisse du taux d’épargne contribuent aussi à cet
optimisme. Seules ombres : la modération salariale et la hausse de la TVA allemande pourraient être
pénalisantes.
La croissance est peu inflationniste (1,6% en octobre sur les douze derniers mois), mais l’expansion
trop rapide de la masse monétaire et les meilleurs chiffres du PIB (+2,1% pour le troisième trimestre)
nourrissent les craintes de la BCE. Elles justifient sa grande « vigilance » et d’éventuels resserrements
monétaires à venir.