Marketing de fidélisation : qui récolte la meilleure récompense ?
Union des consommateurs page 5
Rapport 2005-2006
INTRODUCTION
Le coût des médicaments ne cesse de croître. Cette augmentation est liée directement à la
mise sur le marché de nouveaux médicaments, qui ne sont toutefois pas toujours beaucoup
plus efficaces que certains des médicaments qui existent depuis plus longtemps. Il existe de
nombreux exemples de «nouveautés» pharmaceutiques coûteuses qui ont été adoptées
rapidement par les médecins sans démonstration préalable d’une amélioration marquée par
rapport à un médicament plus ancien ayant fait ses preuves. L’augmentation du coût des
médicaments a pour conséquence une augmentation du coût des soins de santé ainsi que des
primes des différents régimes d’assurance médicaments dans le secteur public comme dans le
secteur privé. La croissance du coût des médicaments est l’élément le plus inflationniste du
système de soins de santé et celui qui échappe le plus au contrôle des coûts par l’État.
Dans le contexte canadien, où la publicité directe des médicaments est à toutes fins pratiques
interdite, des sommes colossales sont dépensées par les compagnies pharmaceutiques en vue
de commercialiser leurs produits et de tenter d’influencer les praticiens qui prescriront les
médicaments dont les fabricants leur vantent les mérites. Les règles du marketing, qui
s’appliquent à ce marché comme aux autres, font en sorte que, dans le cadre de campagnes de
promotion, les aspects négatifs du produit ou les risques que posent les médicaments seront
autant que possible minimisés et leurs avantages parfois nettement exagérés.
Au plan de la santé publique, les efforts de marketing de l’industrie peuvent avoir un effet
pervers, puisqu’ils risquent d’influencer la pratique médicale et de promouvoir la
surconsommation de médicaments ou encore inciter les professionnels à opter pour des
médicaments qui n’offrent pas nécessairement un rapport coût/bénéfice optimal.
Dans le cadre du Renouveau législatif en santé, Santé Canada songe à imposer par voie de
règlements des restrictions concernant la promotion des produits de santé destinée aux
praticiens et souhaite proposer un code de conduite visant à gouverner ces pratiques. Santé
Canada estime en effet que les codes ou des lignes directrices actuellement en application au
Canada sont vagues et laissent place à interprétation. «Le niveau d’adhésion à ces Codes n’est
pas clair et les pénalités en cas d’infraction pourraient être jugées insuffisantes. Par ailleurs, on
ne sait pas dans quelle mesure les situations de violation sont rapportées».1
Les pratiques de représentation des compagnies pharmaceutiques font, depuis longtemps,
l’objet de critiques très sévères et il semble de plus en plus pressant de procéder à leur
examen. Dans le cadre des activités de commercialisation, les moyens et les médiums utilisés
pour faire la promotion des médicaments sont nombreux : publicité, revues médicales,
expositions, congrès, représentants médicaux, études de marché, financement de groupe de
patients et d’activités de recherche, etc. Les ressources énormes dont dispose l’industrie
pharmaceutique pour faire la mise en marché de ses produits lui permettent d’utiliser des
formes de promotion très sophistiquées. Cette situation présume de tensions entre les objectifs
commerciaux, destinés à faire la promotion et à mousser la vente d’un nouveau médicament et
les obligations éthiques et scientifiques de l’industrie, tensions que soulignent les manquements
1 Santé Canada. Renouveau législatif en matière de protection de la santé. Proposition législative
détaillée. Canada, 2003, p. 90.