Correction du questionnaire Montluc et CHRD

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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
Après ou pendant la visite, répondez aux questions suivantes.
1. Quelles ont été les différentes utilisations de la prison de Montluc depuis sa création ?
La prison de Montluc a eu différentes utilisation au cours de l’histoire :
- Prison militaire depuis sa création jusqu’aux années 1920
- Abandonnée des années 1920 à l’année 1939
- Redevenue une prison militaire pendant la bataille de France de 1939 à 1940
- Prison française jusqu’en 1942, elle devient ensuite prison allemande au moment où
Lyon est à nouveau occupée par l’armée allemande
- Prison française où sont enfermés les collaborateurs après la libération de Lyon
- Prison pendant la guerre d’Algérie pour des nationalistes algériens
- Prison de droit commun jusque dans les années 2000, d’abord prison d’hommes et de
femmes, puis uniquement prison de femme à partir de 1994.
2. Quelles sont les différentes fonctions de la prison de Montluc pendant la seconde guerre
mondiale ?
Pendant la seconde guerre mondiale, la prison de Montluc a toujours été une prison mais les
prisonniers qui y étaient amenés et les autorités en charge de la prison ont varié :
- C’est d’abord une prison militaire attenant au tribunal militaire pendant la période
1939-1940 jusqu’à l’armistice du 16 juin 1940
- C’est ensuite une prison française dans la zone libre
- A partir de 1943, c’est une prison allemande dans laquelle sont enfermés les résistants,
les Juifs en attente de déportation et une partie des prisonniers des rafles.
- A partir de 1944 et de la libération de Lyon, elle redevient une prison française où sont
incarcérés les collaborateurs et les criminels de guerre.
3. Expliquez les conditions de vie des prisonniers dans la prison au moment où celle-ci est
une prison allemande ?
Les conditions de vie des prisonniers sont extrêmement difficiles. Ils sont tenaillés par la
faim, le froid ou la chaleur, la promiscuité et les poux. La ration de nourriture est faible pour
subvenir aux besoins nutritionnels des personnes. Les conditions de détention sont
inhumaines : jusqu’à huit ou dix personnes dans une cellule de 4 m² sans chauffage et avec un
faible accès à la lumière de jour.
La peur est aussi une constante : peur de la torture, peur de la déportation, peur d’être emmené
pour être fusillé sans autre forme d’explication.
Le manque d’hygiène est aussi flagrant.
Cependant, la condition des Juifs, dans la baraque aux Juifs, est encore plus difficile car la
promiscuité et le nombre de détenus est encore plus important en termes de densité que dans
le reste de la prison. Les difficultés des conditions de détention (nourriture, possibilité de
dormir, chaleur ou froid) sont décuplées dans cette structure en bois qui a pu abriter jusqu’à
250 personnes en même temps, voire plus.
Il est impossible pour les prisonniers de recevoir ou de faire parvenir des nouvelles à leurs
familles, les parloirs étant interdits et rien ne sortant de la prison.
4. A quel autre lieu dans Lyon la prison est-elle particulièrement liée pendant la guerre ?
La prison de Montluc est particulièrement liée au siège de la section IV de la Sipo-SD, connue
sous le nom de Gestapo, situé au 14 avenue Berthelot. En effet, de nombreux prisonniers,
notamment parmi les résistants sont emmenés de la prison pour y être interrogés par les SS, et
notamment par leur chef, le lieutenant Klaus Barbie, qui prend en charge la plus grande partie
des interrogatoires des résistants et des Juifs, menés sous la torture.
5. Identifiez l’ensemble des sources qui ont été disponibles pour étudier l’histoire de la
prison de Montluc ?
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
Plusieurs types de source sont disponibles pour permettre aux historiens de retracer l’histoire
de la prison de Montluc :
- des archives issues de différents fonds mais pas celle de la prison qui n’ont pas été
retrouvées – les Allemands les ont probablement détruits en partant avec eux.
- des témoignages issus de prisonniers qui sont passés par les geôles de Montluc et qui,
une fois revenus des camps, ont raconté les conditions de vie dans la prison allemande
- des photos prises par des journalistes au moment de la guerre ou différents
photographes. Ces photos cependant ne concernent que l’extérieur de la prison,
notamment les bus servant à la déportation
- des dessins de prisonniers, pour la période où la prison est française.
6. Au cours de l’atelier, vous avez travaillé sur des documents d’archives qui vous ont
permis de connaître le parcours d’un prisonnier de Montluc. Résumez en une quinzaine de
lignes ce parcours.
Pour Simone Lagrange, le 6 juin 1944 n’est pas seulement la date du débarquement allié en
Normandie. C’est aussi celle de son entrée dans le premier cercle de l’enfer. Certes, le
cauchemar avait été tissé fil à fil de longue date. À la fin des années 30, les Kadoshe (Rachel,
Simon, cinq enfants) vivent à Saint-Fons, près de Lyon. Ils sont israélites, comme on dit
alors. Ils sont français, originaires de Mogador (Essaouira) au Maroc. Le père travaille dans la
chimie à Vénissieux, il chante Minuit chrétien, à Noël, à l’église, sans y voir de contradiction
avec le fait de pratiquer sa religion. La suite, on la sait. La défaite française, l’exode, la
partition de la France, l’annexion de la Zone libre, les lois raciales de Vichy, le mot "Juif"
qu’il faut faire tamponner sur ses papiers. Pour Simone, il y a l’humiliation d’un épouillage
public à l’école. Juifs = poux. Et déjà une demi-sœur aînée résistante qui est arrêtée et
disparaît dans les caves de la Gestapo de Lyon de sinistre mémoire.
Le 6 juin 1944, donc. Simone a 13 ans. "Le 5, j’ai obtenu mon certificat d’études… avec
mention. Le lendemain, j’étais en tôle." Dénoncés comme résistants, les Kadoshe sont
embarqués avec deux de leurs filles au siège de la Gestapo, place Bellecour, et présentés à une
"petit bonhomme un peu ridicule" portant dans ses bras un chat qu’il caresse nonchalamment.
"Il n’en imposait pas beaucoup et puis son chat était si mignon." Pendant une semaine,
Simone est interrogée et frappée par Klaus Barbie – c’est lui. Où sont cachés ses frères et
sœurs cadets ? Elle n’en sait rien. Fort Montluc à Lyon. Camp de Drancy, en région
parisienne. D’après Simone Kadoshe, « Là, les Kadosche recueillent la petite Jacqueline, qui
sera l’amie inséparable de Simone pendant toute sa déportation, et ramassent deux gamines
perdues, Mina et Claudia Halaunbrenner, deux "enfants d’Izieu", raflées le 6 avril. » Le
wagon à bestiaux. Elle raconte ensuite dans le témoignage du procès Barbie « Les premiers
cadavres qu’on entasse pour faire de la place. Quatre jours de voyage et enfin l’arrivée à
Auschwitz-Birkenau, le complexe industriel de la mort, où Simone est éblouie par la beauté
de la lumière et horrifiée par l’odeur de chair brûlée, dont elle ne tardera pas à apprendre
l’origine… ». Après des mois dans l’enfer du camp de concentration, elle est évacuée vers
l’Allemagne lors des marches de la mort. Au moment de croiser un autre convoi, elle croise
son père et du haut de ses 13 ans se jettent dans ses bras. C’est alors que le soldat SS gardant
la colonne abat son père de deux balles dans la tête devant ses yeux. Elle est la seule rescapée
de la partie de sa famille déportée.
7. Jean Moulin a traversé la prison de Montluc et le CHRD que vous visiterez cet après-midi.
Retracez son parcours au sein de ces lieux jusqu’à sa mort (Aidez-vous des vidéos en
ligne à l’adresse suivante : http://www.memorialjeanmoulin-caluire.fr/fr/VideosSons/Jean-Moulin-l-homme-de-l-ombre)
Jean Moulin, parachuté sous le pseudonyme Max, en janvier 1942, avait pour mission
d’unifier les mouvements de résistance de l’ensemble du territoire français, notamment les
mouvements de la zone sud pour permettre de renforcer les possibilités de renseignement à
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
destination de Londres et de De Gaulle. Après son parachutage, il organise sa mission depuis
Lyon où ils disposent de plusieurs bureaux et planques. Arrêté lors d’une réunion à Caluire le
21 juin 1943. Ils séjournent ensuite à la prison de Montluc d’où il est régulièrement emmené
pour interrogatoire avenue Berthelot. Il est alors longuement torturé par Klaus Barbie, le chef
de la Gestapo, surnommé le « boucher de Lyon ». Il n’a révélé aucun nom malgré les
multiples tortures subies. Il meurt dans le train qui le déporte vers un camp de concentration.
Questionnaire CHRD
Vous pourrez retrouver toutes les vidéos vues dans le musée à l’adresse suivante :
http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/ressources_historiqu/temoignages/liste_des_temoign
age/liste_temoignages/
Vous pourrez également compléter la visite par la lecture du catalogue de l’exposition, Une
ville dans la guerre, Lyon 1939-1945, disponible au CDI du lycée.
Travail 1 : Parmi tous les témoins dont vous trouverez un ou plusieurs témoignages dans
l’exposition, choisissez-en un et racontez son parcours et sa vie pendant la guerre.
Grande figure de la Résistance, Berty Albrecht est une des femmes les plus actives dans les
mouvements féministes des années 1920. Dès les années 1930, avec la montée au pouvoir du
nazisme en Allemagne et face à l’arrivée de réfugiés allemand, elle met en place un centre
d’accueil pour eux. Elle y rencontre Henri Frenay, à l’origine de la création du mouvement
combat. Elle participe de manière active aux actions du mouvement, véritable actrice du
mouvement, notamment dans son volet social et de protection des opprimés par les nazis
comme par le régime de Vichy. Arrêtée en janvier 1942, elle est relâchée puis arrêtée une
seconde fois en mai et internée à Vals-les-Bains. En réponse à cette arrestation arbitraire, elle
entame une grève de la faim qui l'amène de l'hôpital d'Aubenas à la prison Saint Joseph de
Lyon, où elle est incarcérée en octobre. Simulant cette fois la folie, elle entre en novembre à
l'hôpital du Vinatier de Bron, où un commando du mouvement Combat parvient à la libérer.
Sourde aux appels à la prudence de ses amis, elle est de nouveau arrêtée par la Gestapo le 27
mai 1943 à Mâcon (Saône-et-Loire). Elle est alors transférée à la prison de Fresnes dans la
région parisienne. Lucide quant à sa situation, elle décide de son donner la mort afin de
protéger le réseau et ses compagnons. Inhumée dans la crypte du Mont Valérien, Berty
Albrecht compte parmi les six femmes nommées Compagnons de la Libération.
Travail 2 : Répondez à ces questions au fur et à mesure de la visite ou après.
1. Quelles sont les différentes utilisations du bâtiment dans lequel vous vous trouvez depuis
sa création jusqu’à nos jours ? Précisez quelles sont ses fonctions pendant la guerre ?
La construction des bâtiments destinés à accueillir l’École du Service de santé militaire a
débuté en 1889 pour s’achever en 1894. La première promotion d’officiers du Service santé
de l’armée, appelés les « Santards », inaugure les lieux en 1895. Pendant la première Guerre
Mondiale, malgré la mobilisation de la majorité des « Santards », les locaux restent ouverts et
jusqu’en octobre 1919, ils sont occupés par un hôpital spécialisé en psychiatrie et dans le
traitement des mutilés de la face, avant de reprendre ses fonctions d’école de santé militaire.
Pendant la seconde Guerre Mondiale, à partir d’avril 1943, les services du Sipo-SD, plus
connus sous le nom de Gestapo occupent les lieux. Jusqu’au 26 mai 1944, date du
bombardement de la gare de Perrache qui endommage irrémédiablement le bâtiment, les
membres de la Gestapo, en particulier le chef de la SS Klaus Barbie, arrêtent, torturent et
organisent la déportation et/ou l’exécution de centaines de personnes : raflés, Juifs, Résistants,
otages. Après mai 1944, la Gestapo transfère ses services dans un immeuble attenant à la
place Bellecour jusqu’à la libération de la ville, le 3 septembre 1944. Les élèves de l’école de
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
santé militaire reprennent le chemin du bâtiment au cours de l’année 1946. Le bâtiment est
peu à peu reconstruit jusqu’en 1962. En 1981, l’école de santé militaire est transférée à Bron
et elle devient un centre culturel qui abrite le CHRD depuis 1992, mais aussi l’école de
Science Politique de Lyon et enfin, des centres de recherche de différentes universitaires
comme le LAHRA et l’institut des sources chrétiennes.
2. Comment Marc Bloch et Serge Barcellini différencient-ils histoire et mémoire ?
Marc Bloch, historien de l’école des Annales, a voulu démontrer l’importance de voir la
mémoire comme un outil que l’historien doit interroger comme n’importe quelle autre source.
Il sépara la mémoire et l’histoire et identifie différentes phases allant de l’amnésie à
l’hypermnésie et à la fragmentation de la mémoire. Ces deux phases sont aussi évoquées par
Serge Barcellini qui, lui, pense que l’histoire ne peut être faite que lorsque les tenants de la
mémoire ont tous disparu et que les témoignages et sources peuvent être interrogés avec recul
sans passion.
3. Quels sont les événements clés qui amènent à la seconde guerre mondiale ?
Les événements clés qui amènent à la seconde Guerre Mondiale prennent leurs racines dans la
première Guerre Mondiale et sa résolution. Le traité de Versailles et l’échec de la mise en
place de la SDN par le refus des Etats-Unis de ratifier le traité laissent la place à des rancœurs
et à une inefficacité internationale pour régler les conflits. La montée des totalitarismes
(Régime soviétique en 1917, fascisme en 1922 et nazisme en 1933) renforcent les conflits
potentiels, notamment par la volonté de créer une révolution internationale pour le premier et
de créer un espace vital pour le second. Enfin, les invasions successives de l’Allemagne :
Sudètes et Anschluss en 1938 et Pologne en 1939 (conjointement avec l’URSS) plonge
l’Europe dans une nouvelle guerre mondiale. Dans le Pacifique, ce sont les agressions
japonaises en Chine et en Corée, puis sur le territoire des Etats-Unis qui précipitent le monde
dans le conflit le plus meurtrier que la race humaine n’ait jamais connu.
4. Comment se déroule la bataille de France ?
Le nom de bataille de France désigne l'invasion allemande des Pays-Bas, de la Belgique, du
Luxembourg et de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. L'offensive débute le 10
mai 1940, mettant fin à la « drôle de guerre », et, après la percée allemande de Sedan et une
succession de reculs des armées britannique, française et belge ponctuées par les batailles de
la Dyle, de Gembloux, de Hannut, de la Lys et de Dunkerque, se termine le 22 juin par la
défaite des forces armées françaises et la signature de l'armistice par le gouvernement Pétain.
Le territoire des quatre pays est alors occupé militairement selon différentes modalités : en
France, une zone occupée par l'Allemagne au Nord et à l'Ouest, une zone occupée par l'Italie
dans le Sud-Est et une zone libre sous l'autorité du gouvernement de Vichy. Dans la zone nord
de la France occupée, une zone dite zone interdite se compose des départements du nord
rattachés au gouvernement militaire de la Belgique occupée. La partie de langue allemande de
la Belgique, à l'est du pays, est annexée à l'Allemagne.
5. Qu’est-ce que l’arrivée du Maréchal Pétain change dans l’organisation du régime politique
dans le pays ? Comment est perçu le maréchal Pétain – vous évoquerez le point de vue
des résistants et le point de vue des autres groupes de la population ?
Lorsque la guerre est déclarée en septembre 1939 le gouvernement comme l'état-major font le
choix de l'attentisme. En mai 1940 Hitler déclenche la blitzkrieg et en quelques semaines c'est
la déroute d'une armée dont les chefs n'ont, le plus souvent, rien compris aux nouvelles
stratégies militaires à l'œuvre. Le 22 juin est ratifié l'armistice réclamé cinq jours plus tôt par
le nouveau chef du gouvernement, le Maréchal Pétain. qui obtient, légalement, les pleins
pouvoirs le 10 juillet 1940 par un vote du Parlement. C'est la fin de la IIIe République, le
nouveau régime mis en place est autoritaire et personnel articulé autour du nouveau chef de
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
l'Etat français, Pétain, qui entame une politique de collaboration active avec l'Allemagne nazie
avec l'appui notamment de personnages tels Pierre Laval.
Dès les lendemains de l’entrée en vigueur de l’armistice, le maréchal Pétain, Pierre Laval et
leurs entourages mirent en œuvre trois choix qui marquaient autant de ruptures
fondamentales. L’historien Nicolas Beaupré explique que ces grandes orientations ne furent
pas le fruit d’une longue maturation ou d’un processus de radicalisation – même si elles
durent par la suite prises dans une spirale de durcissement. Elles procédaient de décisions
pleinement conscientes et déterminées par la conjoncture de l’été 1940.
A ce moment-là, après avoir opté pour l’armistice, les élites politiques placées à la tête du
pays firent le choix :
- de remplacer la République par un nouveau régime, animé d’une idéologie tenant la fois
de l’utopie réactionnaire, de la révolution conservatrice et de la dictature charismatique,
avec des emprunts au fascisme.
- de mettre en œuvre, par la violence, les politiques découlant de cette vision du monde et
de la France et débouchant sur l’exclusion hors de la communauté nationale de certaines
catégories de citoyens.
- délibéré d’une stratégie politique, celle de la collaboration avec celui qu’elles
considéraient comme le nouveau maître de l’Europe, le chancelier de l’Allemagne et
Führer du IIIème Reich, Adolf Hitler.
Le maréchal Pétain qui avait tous les pouvoirs depuis le 10 juillet 1940, y compris législatifs,
s’en sert dès le lendemain en outrepassant les prérogatives accordées par la loi du 10 juillet
1940 qui n’avait pas officiellement abrogée la forme républicaine de gouvernement. Il prie les
quatre premiers « actes constitutionnels » – ils furent ensuite au nombre de douze – qui
instauraient un nouveau régime appelé l’Etat français dans lequel tous les pouvoirs – exécutif,
législatif et judiciaire étaient entre les mains du chef de l’Etat. En effet, les chambres qui
étaient censées ratifier ce changement de régime étaient « ajournées » ce qui veut dire la fin
de la représentation nationale. Les ministres n’étaient responsables que devant Pétain. Enfin,
ce dernier pouvait même les faire traduire en justice ainsi que tous les hauts fonctionnaires ou
responsables politiques qu’il considérait ayant manqué à leur charge.
L’acte IV proclamé le 12 juillet prévoyait une forme de « dictature héréditaire » puisqu’il
autorisait le maréchal à désigner son successeur. Il choisit alors Pierre Laval qui accéda le
même jour au poste de Vice-président du conseil.
Ce texte et les mesure qu’il prend sont totalement contraires au régime républicain car :
- il nie le principe de la représentation nationale en supprimant les assemblées qui sont
issues du vote des citoyens
- il supprime la séparation des pouvoirs qui sont un des piliers de l’ordre républicain.
- il va jusqu’à mettre en place un système héréditaire.
Cela met donc en place comme le dit l’historien Nicolas Beaupré, « une dictature personnelle
et charismatique » qui repose sur la seule personne du maréchal Pétain.
L’usage de la violence était tout autant un instrument destiné à faire appliquer les politiques
de l’Etat français et tout particulièrement les politiques d’exclusion. Cette violence s’exerça à
l’encontre de tous ceux qui étaient considérés comme les représentants de « l’Anti-France » terme inventé par Charles Maurras au XIXème siècle.
Il s’agissait dès lors de poursuivre, de réprimer mais avant tout d’exclure, tous ceux qui, selon
les critères du régime, n’avaient pas leur place en France, aux besoins en inventant une
nouvelle législation, ou en prenant des mesures d’exception – notamment dans le cas des
Juifs. Les principales cibles de l’Etat français furent :
- Les ennemis politiques
- Les personnes considérées comme exogènes, c’est-à-dire extérieures, à la nation,
notamment les étrangers et les Juifs.
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
6. Montrez que le régime de Vichy est un régime qui exclut un grand nombre de personnes,
même ceux qui avaient été naturalisés ? Expliquez comment ?
Voir la réponse à la question précédente
7. Quelles sont les différentes actions menées par la résistance pendant la guerre ?
En 1940, les Français sont dans leur grande majorité totalement abasourdis par l'ampleur de la
défaite initiale et l'idée de continuer le combat contre l'Allemagne est extrêmement
minoritaire. L'appel à la continuation des combats par de Gaulle le 18 juin 1940 n'obtient
d'ailleurs qu'un écho très limité. Le général de Gaulle voit le nombre d’hommes prêts à
combattre pour la France libre être faible et surtout, tous les hommes ne sont pas présents à
Londres. A la fin de l’année 1941, les résistants de la France libre sont peu nombreux. Les
résistants intérieurs sont aussi peu nombreux. Ces hommes entrés tôt en résistance, 8 % des
effectifs engagés dans la résistance, sont généralement des réfractaires qui, dans un premier
temps, ont refusé la défaite, la collaboration – pour beaucoup le régime de Vichy – mais, dans
un deuxième temps, au cours de l’année 1941, ils passent à la résistance active en se
structurant en réseaux et en mouvements de résistance qui furent les principales formes
structures de la résistance. La première résistance d’avant 1941 était d’abord une addition
d’actes individuels de refus de la défaite et de ses conséquences, de l’armistice, de
l’occupation, motivés généralement par le patriotisme ou par un certain antigermanisme,
parfois hérité de la première guerre mondiale. Les premiers réseaux se constituent donc à la
fois sur le socle d’un sentiment commun de rejet patriotique et se cristallisent autour de
réseaux de sociabilité – amis, collègues de travail – ou un engagement politique préalable.
Pourtant devant le durcissement et l'échec de Vichy, l'entrée en guerre de l'URSS puis des
États-Unis en 1941, l’occupation de l’intégrité du territoire français à partir de la fin de
l’année 1942 et les premières victoires alliées en 1942-1943, une partie des Français s'engage
activement dans la Résistance. Dans la clandestinité des maquis ou à l'extérieur de la
métropole dans les FFL, un ensemble de mouvements extrêmement disparates (politiquement
et sociologiquement) tente de relever le pays au nom de valeurs communes : la défense de la
patrie et, le plus souvent, de la République.
8. Quel est le rôle de Jean Moulin dans l’unification de la résistance ? Comment le sait-on ?
Dès 1941, de Gaulle tente de renforcer la coopération avec les différents groupes opérant en
France. C’est cependant le parachutage de Jean Moulin en janvier 1942 qui marque le réel
début de l’unification des groupes combattants et des mouvements. C’est une tâche
extrêmement complexe tant les divergences, voire les oppositions politiques et parfois les
ambitions personnelles sont intenses. Il parvient à unifier les trois principaux mouvements de
la zone sud : Combat, Libération-Sud et franc-tireur dans les Mouvements Unis de Résistance
qui se dotent d’une structure militaire commune, l’Armée Secrète (90 000 hommes),
commandée depuis Londres. La mission de Moulin est élargie en février 1943 date à laquelle
il est chargé de mettre sur pied une instance politique : le Conseil National de la Résistance.
9. Quels sont les lieux de la répression à Lyon ? Qui en sont les principaux acteurs ? Quelles
sont les formes de répression – vous en choisirez une que vous détaillerez.
Plusieurs lieux de la répression apparaissent à Lyon, notamment le siège de la Gestapo qui a
occupé trois lieux : l’hôtel Terminus à Perrache, l’école de santé militaire avenue Berthelot et
la prison de Montluc. Les principaux acteurs de la répression sont les SS, la police politique
allemande ou Gestapo mais aussi la milice française. Réquisitionnée par les Allemands en
1942, la prison de Montluc devint un lieu d’internement où furent détenus plus de 7 700 juifs,
résistants et otages dont la plupart furent torturés par la Gestapo, fusillés ou déportés dans des
camps de concentration ou d'extermination. La prison fonctionnait en liaison avec le siège de
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Questionnaire, visite de la prison de Montluc
la Gestapo, avenue Berthelot dans les locaux de l’Ecole de Santé Militaire, où étaient
effectués les interrogatoires (locaux actuels du Centre d’Histoire de la Résistance et de la
Déportation).
A proximité de la prison, les Allemands installèrent à l’été 1943 un tribunal militaire
compétent pour la zone sud. Les condamnations capitales prononcées étaient
vraisemblablement exécutées sur le stand de tir de la Doua (aujourd’hui nécropole nationale).
D’autres condamnés étaient fusillés à l’intérieur même de la prison, sur le chemin de ronde à
un emplacement désormais appelé "Mur des fusillés".
Après le débarquement de juin 1944, la répression allemande s'est intensifiée et de nombreux
massacres furent perpétrés à Lyon et dans les communes avoisinantes, en représailles à
l’avance alliée et aux actions de la Résistance. Entre avril et août 1944, plus de six cents
prisonniers furent ainsi exécutés à Saint-Didier de Formans, Toussieu, Bron. Le massacre de
Saint-Genis-Laval, le 20 août 1944, où 120 détenus périrent dans des conditions abominables,
donna lieu à une protestation vigoureuse du Cardinal Gerlier auprès des autorités allemandes.
Dans le même temps, Yves Farges, commissaire de la République, encore dans la
clandestinité, menaça d’exécuter autant de prisonniers allemands si les massacres
continuaient. Le 24 août, les prisonniers furent libérés par la Résistance et du fait du départ de
leurs geôliers, une semaine avant la libération de Lyon, le 3 septembre (source : ONAC du
Rhône).
10. Décrivez les différentes étapes de la déportation et le fonctionnement des camps de
concentration et des centres de mise à mort (utilisez la carte au mur pour vous repérer)
L’historien allemand Saül Friedlander dans ces deux ouvrages, les années de persécutions
(1933-1939) et les années d’extermination (1939-1945) montrent que les génocides1, dans son
cas le génocide juif, sont issus d’une volonté des nazis d’exterminés des races qu’ils
considèrent comme inférieures en utilisant tous les moyens industriels mis à leur disposition,
non plus pour produire, mais pour exterminer et détruire à grande échelle une partie de la race
humaine. Cette politique nazie porte deux noms : la Solution finale telle que la définissent les
nazis le 20 janvier 1942 lors du protocole de Wannsee – même si l’extermination à
commencer depuis bien longtemps déjà – ou la Shoah – mot hébreu signifiant catastrophe
aujourd’hui discuté, comme l’a été naguère celui d’holocauste, car il ne désignerait que
l’extermination des Juifs et effacerait ainsi les autres peuples comme les Tsiganes.
Voir
aussi
diaporama
sur
le
site
du
lycée :
http://www2.aclyon.fr/lyc01/cotiere/spip.php?article2619&var_mode=calcul
11. Etudiez un déporté (juif, résistant, tsigane) et expliquez son parcours.
Jean Nallit est né le 14 septembre 1923. Son père est grand invalide de la Première Guerre
mondiale. Tourneur-ajusteur, il distribue dès 1941 des tracts et des journaux clandestins.
Appelé aux Chantiers de jeunesse début 1943, il entre dans la clandestinité et s'engage dans le
réseau Charette. Il y est chargé de la fabrication et de la distribution de faux papiers. Fin mars
1944, il est arrêté avec Georges Tassani. Interrogé et torturé, il est incarcéré à la prison
Montluc. Il est déporté le 15 mai 1944 à Buchenwald, affecté dans une usine d'aviation.
Après avoir subi les « marches de la mort », il est libéré le 8 mai 1945 par les Américains. En
1947, il reçoit la Médaille de la résistance, en 1983 la légion d'honneur.
Le 16 avril 1992, Yad Vashem lui décerne le statut de « Justes parmi les Nations
1
Un génocide est un terme qui s’applique à tout acte commis dans l’intention de détruire, tout ou en partie, un
groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme le meurtre, l’atteinte à l’intégrité physique ou mentale, la
soumission à des conditions d’existence devant aboutir à la destruction physique totale ou partielle, les mesures
visant à entraver les naissances, le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre.
7
Questionnaire, visite de la prison de Montluc
12. Quels sont les types de sources et de documents qui permettent de réaliser une exposition
comme celle du CHRD ?
Le CHRD comprend un grand nombre de sources et de documents. Les sources utilisées sont
essentiellement des archives issues des archives françaises, allemandes, soviétiques mais aussi
des témoignages d’acteurs de la période comme les résistants, les déportés, les enfants cachés
mais aussi les hommes et les femmes de la population en général. Les documents sont d’abord
les témoignages : témoignages de déportés, d’enfants cachés, de résistants, dessins de
déportés revenus des camps mais aussi des objets du quotidien, les objets utilisés par la
résistance pour fabriquer les faux papiers, extraits de journaux, armes, tenue de déporté,
drapeau nazi flottant sur l’hôtel de ville, affiches de propagande…
13. Quels sont les différents types de témoignages rencontrés.
Voir la question précédente.
14. Quelle est la place donnée au témoignage dans le musée ?
La place du témoignage est centrale dans le musée car les témoignages scandent l’exposition.
Ils servent à illustrer, à compléter les différentes étapes de la visite en introduisant
l’expérience des hommes et des femmes de l’époque.
Travail 3 : A partir du témoignage que vous avez entendu, racontez le parcours du témoin et
montrez comment son témoignage peut servir pour un historien à comprendre la résistance
et/ou la déportation.
Madame Metz, de son nom de jeune fille Fortunée Cohen était une enfant juive cachée. Elle a
été placée dans douze maisons d’enfants pendant la guerre et retrace les difficultés de ce
parcours : peur d’être arrêtée, nécessité du secret, nécessité de beaucoup marcher pour aller à
l’école, brimades mais aussi esprit de solidarité des hommes et des femmes des maisons
d’enfants et des villages à qui elle a fait obtenir le titre de « Justes ». Ce témoignage est une
source pour les historiens. Il permet d’aborder la vie quotidienne d’une enfant cachée, dont la
famille n’a pas été déportée. Cela permet de montrer les formes de résistance, les réseaux pour
cacher ses enfants et la solidarité qui existait. Cela montre aussi les formes de « résistance »
de certaines familles juives.
Travail 4 : Selon Pierre Nora, « un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l'objet le
plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et
intellectuellement construit. » Il peut donc s'agir d'un monument, d'un personnage important,
d'un musée, des archives, tout autant que d'un symbole, d'une devise, d'un événement ou d'une
institution. « Un objet », explique Pierre Nora, « devient lieu de mémoire quand il échappe à
l'oubli, par exemple avec l'apposition de plaques commémoratives, et quand une collectivité
le réinvestit de son affect et de ses émotions. » Au contraire de la généalogie, qui investit
essentiellement l'histoire et la filiation de familles, en se limitant à l'histoire personnelle ou à
celle des personnes entre lesquelles existe un lien, les lieux de mémoire se réfèrent à l'histoire
collective. Par leur biais, on peut aborder les institutions, les collectivités et leurs
organisations, les grands corps de l'État, les communautés religieuses. Prouvez que la prison
de Montluc et le CHRD sont des lieux de mémoire.
Le CHRD et Montluc sont tous lieux des lieux de mémoire car ces lieux sont des témoins de
ce qui s’est passé dans leurs murs. Ils sont d’abord les lieux des événements historiques.
Ensuite, les historiens et les conservateurs de musée ont créé dans ces lieux des expositions et
des parcours visant à retracer l’histoire des lieux, les parcours des hommes et des femmes qui
les ont parcourus, aussi divers soient-ils. Ils sont des lieux de connaissance de l’histoire
collective qui retracent, à travers le travail des historiens, les étapes de la seconde Guerre
Mondiale et la Déportation, ainsi que les modes de la répression nazie dans une ville que De
Gaulle a appelé la « capitale de la Résistance ».
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