Questionnaire, visite de la prison de Montluc
2
Plusieurs types de source sont disponibles pour permettre aux historiens de retracer l’histoire
de la prison de Montluc :
- des archives issues de différents fonds mais pas celle de la prison qui n’ont pas été
retrouvées – les Allemands les ont probablement détruits en partant avec eux.
- des témoignages issus de prisonniers qui sont passés par les geôles de Montluc et qui,
une fois revenus des camps, ont raconté les conditions de vie dans la prison allemande
- des photos prises par des journalistes au moment de la guerre ou différents
photographes. Ces photos cependant ne concernent que l’extérieur de la prison,
notamment les bus servant à la déportation
- des dessins de prisonniers, pour la période où la prison est française.
6. Au cours de l’atelier, vous avez travaillé sur des documents d’archives qui vous ont
permis de connaître le parcours d’un prisonnier de Montluc. Résumez en une quinzaine de
lignes ce parcours.
Pour Simone Lagrange, le 6 juin 1944 n’est pas seulement la date du débarquement allié en
Normandie. C’est aussi celle de son entrée dans le premier cercle de l’enfer. Certes, le
cauchemar avait été tissé fil à fil de longue date. À la fin des années 30, les Kadoshe (Rachel,
Simon, cinq enfants) vivent à Saint-Fons, près de Lyon. Ils sont israélites, comme on dit
alors. Ils sont français, originaires de Mogador (Essaouira) au Maroc. Le père travaille dans la
chimie à Vénissieux, il chante Minuit chrétien, à Noël, à l’église, sans y voir de contradiction
avec le fait de pratiquer sa religion. La suite, on la sait. La défaite française, l’exode, la
partition de la France, l’annexion de la Zone libre, les lois raciales de Vichy, le mot "Juif"
qu’il faut faire tamponner sur ses papiers. Pour Simone, il y a l’humiliation d’un épouillage
public à l’école. Juifs = poux. Et déjà une demi-sœur aînée résistante qui est arrêtée et
disparaît dans les caves de la Gestapo de Lyon de sinistre mémoire.
Le 6 juin 1944, donc. Simone a 13 ans. "Le 5, j’ai obtenu mon certificat d’études… avec
mention. Le lendemain, j’étais en tôle." Dénoncés comme résistants, les Kadoshe sont
embarqués avec deux de leurs filles au siège de la Gestapo, place Bellecour, et présentés à une
"petit bonhomme un peu ridicule" portant dans ses bras un chat qu’il caresse nonchalamment.
"Il n’en imposait pas beaucoup et puis son chat était si mignon." Pendant une semaine,
Simone est interrogée et frappée par Klaus Barbie – c’est lui. Où sont cachés ses frères et
sœurs cadets ? Elle n’en sait rien. Fort Montluc à Lyon. Camp de Drancy, en région
parisienne. D’après Simone Kadoshe, « Là, les Kadosche recueillent la petite Jacqueline, qui
sera l’amie inséparable de Simone pendant toute sa déportation, et ramassent deux gamines
perdues, Mina et Claudia Halaunbrenner, deux "enfants d’Izieu", raflées le 6 avril. » Le
wagon à bestiaux. Elle raconte ensuite dans le témoignage du procès Barbie « Les premiers
cadavres qu’on entasse pour faire de la place. Quatre jours de voyage et enfin l’arrivée à
Auschwitz-Birkenau, le complexe industriel de la mort, où Simone est éblouie par la beauté
de la lumière et horrifiée par l’odeur de chair brûlée, dont elle ne tardera pas à apprendre
l’origine… ». Après des mois dans l’enfer du camp de concentration, elle est évacuée vers
l’Allemagne lors des marches de la mort. Au moment de croiser un autre convoi, elle croise
son père et du haut de ses 13 ans se jettent dans ses bras. C’est alors que le soldat SS gardant
la colonne abat son père de deux balles dans la tête devant ses yeux. Elle est la seule rescapée
de la partie de sa famille déportée.
7. Jean Moulin a traversé la prison de Montluc et le CHRD que vous visiterez cet après-midi.
Retracez son parcours au sein de ces lieux jusqu’à sa mort (Aidez-vous des vidéos en
ligne à l’adresse suivante : http://www.memorialjeanmoulin-caluire.fr/fr/Videos-
Sons/Jean-Moulin-l-homme-de-l-ombre)
Jean Moulin, parachuté sous le pseudonyme Max, en janvier 1942, avait pour mission
d’unifier les mouvements de résistance de l’ensemble du territoire français, notamment les
mouvements de la zone sud pour permettre de renforcer les possibilités de renseignement à