FACULTE DES SCIENCES DE MEKNES Modules sur les anneaux principaux 12/07/2012 Résumé Définition 1 – Soit A un anneau (quelconque). Un A-module à gauche est un groupe abélien M muni d’une application (multiplication externe) A × M→ M, ( ) Vérifiant les propriétés suivantes : pour tous a, b ∈ A et tous m, n ∈ M on a 1) − (a+b)m=am+bm et a(m+n) =am+an; 2) − (ab) m=a(bm); 3) −1m=m . Exemples a) Un anneau A est un A-module ; un idéal de A est un A-module. b) Un groupe abélien possède une structure de ℤ-module. ℤ ×M → M, ( ) Si . Si Si (−(− )) −((− ) ) c) Plus généralement, si 𝑓 : → est un homomorphisme d’anneaux et si M est un B- module, la multiplication externe → définie ) ( ) munit M d’une structure de A-module à gauche. par ( ) − module est un groupe abélien M f) Soit A et B des anneaux. Un ( muni d’une structure de A-module à gauche et B-module à droite. e) Soit A un anneau commutatif et M un A-module à gauche. Alors M est un (A, A)-bimodule. Il suffit de considérer l’application → 1 ( ) g) Soit A l’anneau des fonctions continues sur R qui sont 2 -périodiques, l’ensemble E des fonctions continues 𝑓 qui vérifient : ( ∈ ) − ( ) est un A-module. h) Soit 𝓛(H) (H un espace de Hilbert) l’ensemble des applications linéaires continues et 𝓚(H) l’ensemble des opérateurs compacts de H 𝓚(H) est un 𝓛(H)-module. si ∈ 𝓛( ) et ∈ 𝓚( ) alors Remarques – pour tous )( { )( ) Avec ) ) ∈ ( ( ∈ 𝓚( ) et tous ∈ ) → ) ( ) un homomorphisme d’anneaux On constate ainsi que, M étant un groupe abélien, se donner une structure de A-module sur M équivaut à se donner un homomorphisme d’anneaux A→ (M). 2) Si A commutatif alors ( ). Définition 2 1- Soit A un anneau On dit qu’un A-module M est de type fini s’il existe une partie finie S M telle que M 〈S〉 2-Un module qui possède une base est dit libre. 3- Un sous-module d’un module M qui possède un supplémentaire est dit facteur direct 4- On dit qu’un élément . ∈ est de torsion s’il existe ∈ tel que On dit que M est de torsion si tout élément de M est de torsion et qu’il est sans torsion si 0 est le seul élément de M qui soit de torsion. 5-Une suite exacte courte est un diagramme de la forme : → → → → 2 avec - est injectif ; - est surjectif. Lorsque i(N) est un facteur direct de M on dit que P est un module projectif. Exemples et contre exemples 1) {0} est libre. 2) Le ℤ-module ℤ est libre. 3) dans le A-module A (A commutatif), le sous-module I = ({ libre. 4) Le ℤ-module n’est ni libre ni de type fini 5) Le ℤ-module n’est ni libre ni de type fini. 6) }) n’est pas et ℤ sont sans torsion. 7) ⁄ℤ et ℤ⁄ ℤ ( ∈ ) sont de torsion. 8) ℤ n’est pas un facteur direct dans ℤ. 9) ℤ n’est pas un facteur direct dans . 10) Le sous-module {0} × ℤ⁄ ℤ est un facteur direct dans ℤ ℤ⁄ ℤ. 11) Dans le A-module A (A intègre), I A est libre ⇔ I 0 ou ( ∈ − { } / I = ( )) 12) ℤ comme ℤ-module est projectif (M libre ⇒ M projectif). 13) Le sous-module 〈̅〉 de ℤ⁄ ℤ-module ℤ⁄ ℤ est projectif. 14) → 〈̅〉 → ℤ⁄ ℤ → 〈̅〉 → De même pour est une suite exacte scindée. → 〈̅〉 → ℤ⁄ ℤ → 〈̅〉 15) Le théorème de la base incomplète n’est pas vérifié. 3 En effet {2} libre dans ℤ et ( ∈ ℤ-{2}, {2, } est liée). 16) Considérons le ℤ -module ℤ ℤ est un module de type fini sur lui-même par contre le sous-module ℤ( n’est pas de type fini ) Remarque importante -Dans le A-module A (A commutatif) toute partie B de A telle que |B| >1 est liée. Théorème 1 Soit A un anneau commutatif et soit M un −module. Si M est libre, toutes les bases de M ont même cardinal C’est par définition le rang de M. Dém : Si ( ⁄ ) ∈ est une base de M, alors (̅̅̅̅) ∈ est une base de ⁄ . est un ⁄ −espace vectoriel. Théorème 2 (Nakayama, 1951) Soit M un A-module de type fini et soit I un idéal de A tel que M=IM. Alors, il existe ∈ tel que (1+ )M = {0}. Remarques -Si I ⊊ A alors M est de torsion - (1+ )M = 0 ⇔ 1+ ∈ Ker avec A → End(M) n’est pas injective Application Proposition : Soit A un anneau, soit M un A-module de type fini et soit ∈ endomorphisme surjectif. Alors, est un isomorphisme. ( ) un Application de la proposition Soit M un A-module libre et { } une partie génératrice de M. 4 Alors { } est une base de M. Remarque importante Avec les mêmes hypothèses { { } est une base de M. } est libre n’implique pas Il suffit de prendre la base canonique ( ) de famille libre dans mais n’est pas une base ; on a ( ) est Modules noethériens Définition Soit A un anneau et soit M un A-module. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (1) tout sous-module de M est de type fini ; (2) toute suite croissante (resp. décroissante) de sous-modules de M est stationnaire ; (3) toute famille de sous-modules de M admet un élément maximal (resp. minimal). Proposition Soit A un anneau noethérien et M un A-module de type fini. Alors, M est un module noethérien. Donc sur un anneau noethérien tout sous-module d’un A-module de type fini est de type fini. Modules sur les anneaux principaux Nous avons vu que I ⊊ A est libre (I = (0) ou (I = ( ) avec ∈ − { }) Donc si A est principal, l’équivalence ci-dessus est vérifiée. Pour considérons l’application On a Ker Donc si P ⊊ {( → ( ) ⁄ ) ∈ , P est libre de rang ∈{ − }}. . En particulier si M un A-module quelconque (A principal) de rang sous-module de M est libre. 5 tout Théorème de la base adaptée Soit A un anneau principal. Soit M un A-module libre de rang et soit P un } une base sous-module de M. Alors il existe un entier ∈ { ( ) de M et des éléments non nuls dans A tels que : - Pour tout ∈ { - La famille { − } divise } est une base de P. Remarques - Si alors on a pas forcement P = M (par exemple ℤ dans ℤ). - Le théorème de la base adaptée ne dit pas que N admet un supplémentaire ni que l’on peut compléter une base de N en une base de M Version matricielle du théorème (La forme normale) - Soit Il existe ( ) ∈ ∈ ( ) et forme (par blocs) ( où les scalaires ∈ ( ) telles que la matrice ( ) ∈ De plus, les scalaires ∈ ( ) et ∈ | Les scalaires | | ) pour un certain entier − { } sont non nuls et vérifient | | | sont uniques, à des inversibles près s’il existe ( ) telles que ( ( Avec soit de la alors et ( ) ) ( ) ) pour tout i. sont appelés facteurs invariants de la matrice B. Exemple d’application 6 Soit M le ℤ-module ℤ et soit N le sous-module engendré par les vecteurs (− ) La famille ( − ) et ( ) est une base de N. Notons 𝓑 la base canonique de M La matrice de l’inclusion → dans les bases et 𝓑 est : − B=( ). − En appliquant successivement les transformations − on obtient la matrice : B’ ( On note − ). ∈ (ℤ) la matrice obtenue à partir de en appliquant et ∈ (ℤ) la matrice obtenue à partir de en appliquant dans l’ordre inverse les transformations inverses sur les lignes c’est-à-dire, les transformations − , − on a la relation B’ PBQ Un rapide calcul montre que : − ( − ) ( (− ) et ( ) la Ainsi si l’on pose − ) et matrice P est la matrice de passage de la base canonique 𝓑 à la base 𝓑’ ( ) D’où la famille ( ) est une base du sous-module N. Théorème de structure des modules de type fini Soit A un anneau principal et soit M un A-module de type fini. Alors il existe un unique entier et une unique famille d’éléments ( ) non inversible tels que ( ) ( ) ( ) et M ⁄( ) ⁄( ) ⁄( ) . 7 Les éléments ( ) sont les facteurs invariants de M. Remarques - M est sans torsion de type fini ⇔ M est libre pour tout ⁄( ) ⁄( ) Si M de torsion, alors M de torsion pour tout S’il existe des nuls et d’autres non nuls alors sous-module de M libre. ⁄( ) avec L un Exemple Soit G un groupe abélien d’ordre 360 Décomposons 360 en produit d’éléments premiers : 360 = . Donc d’après la décomposition primaire de G on a G Les trois groupe sont de torsion donc chacun admet des facteurs invariants : 1- il y en a trois pour (ℤ⁄ ℤ) ℤ⁄ ℤ 2- il y en a deux pour (ℤ⁄ ℤ) ℤ⁄ ℤ ℤ⁄ ℤ ℤ⁄ ℤ 3- il y en a une seule pour On en déduit qu’il y a 6 classes d’isomorphisme de groupes abéliens. 8