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07/05/2015 |
Approvisionnement économique du pays
Dès le bas Moyen Age, on voit l'Etat prendre des mesures pour assurer en cas de grave pénurie
l'approvisionnement en denrées vitales et le fonctionnement de services essentiels. Peu favorisée quant au
climat et à la topographie, mais déjà très peuplée, la Suisse dépendait à des degrés divers de l'importation de
denrées (céréales, sel, vin) et de matières premières (métaux). Les cantons se souciaient en particulier de
l'approvisionnement en céréales (Politique des grains) et en Sel, en constituant des réserves, en
réglementant la production, par le moyen des traités (clauses des capitulats de Milan par exemple) ou même
de l'expansion territoriale (Argovie, Vaud). Ils encourageaient, pour accroître leur indépendance économique,
l'exploitation des mines (fer, charbon) et salines (Berne à Bex), ainsi que l'industrie textile, au XVIIIe s., dans la
perspective du mercantilisme. En cas de difficultés, les autorités interdisaient les exportations, négociaient
des autorisations d'importer (par exemple avec la Souabe) et se procuraient souvent directement les denrées
manquantes, tel Beda Angehrn, abbé de Saint-Gall, qui fit venir du blé égyptien durant l'hiver de famine
1770-1771, par Venise et les cols grisons.
Sous la Médiation, le manque de coton et de denrées coloniales, dû au Blocus continental, préoccupa les
autorités fédérales. Après 1815, l'approvisionnement redevint, comme sous l'Ancien Régime, l'affaire des
cantons. Ainsi, le Tessin conclut en 1818 un traité avec l'Autriche, qui lui permettait d'importer de Milan,
même si la frontière était fermée, du sel et 70 000 muids (moggi) de blé par an. Néanmoins, l'Autriche
interdit les exportations vers le Tessin en 1853-1854; les autorités fédérales prirent alors pour la première fois
des mesures en matière d'approvisionnement. Le chemin de fer et le bateau à vapeur favorisèrent dans la
seconde moitié du XIXe s. le partage international du travail et renforcèrent la dépendance de la Suisse
industrialisée à l'égard de l'étranger: presque toutes les mines furent abandonnées, l'élevage et l'économie
laitière firent reculer la céréaliculture. Si la guerre franco-allemande de 1870-1871 provoqua
momentanément des pénuries de charbon, de fer, de pétrole, de denrées coloniales et des troubles dans les
transports et les changes, la question du pain fut soulevée dans les années 1870 surtout par les milieux
ouvriers. Le Département militaire acheta 300 wagons de blé pour la troupe en 1891, réserves portées
ensuite à 2500 wagons. Malgré son credo libéral, le Conseil fédéral constitua dès 1912, sous la pression de
l'armée et du public, de petites réserves de grains pour la population civile. Au printemps 1914, il conclut
avec la France et l'Allemagne des accords assurant l'approvisionnement en grains et en charbon en cas de
mobilisation.
Faute de préparation, la Suisse connut le chaos dès le début de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Il
fallut improviser une Economie de guerre. En 1914 fut créé au Département militaire un Bureau des céréales
(plus tard Office du pain), soumis directement au Conseil fédéral dès septembre 1918 sous le nom d'Office
fédéral de l'alimentation et fondu en 1922 dans la nouvelle Administration fédérale des blés (dans l'Office
fédéral de l'agriculture dès 1993). Le Département de l'économie publique ouvrit notamment l'Office du lait et
en 1918 la Division de l'économie industrielle de guerre. Etant donné la guerre commerciale acharnée que se
livraient les belligérants dès 1915, la Suisse neutre dut, pour assurer son approvisionnement, soumettre son
commerce extérieur au contrôle de la Société suisse de surveillance économique pour l'Entente et de l'Office
fiduciaire suisse pour le contrôle du trafic des marchandises pour les empires centraux. Vu le ralentissement
des importations, le Conseil fédéral introduisit en janvier 1915 le monopole des blés (et l'obligation de
constituer des réserves), mesure réclamée depuis longtemps par la gauche. A l'aide de limitations de toutes
sortes, de contingentements et de mesures visant à relever le taux d'auto-approvisionnement (45-50%
seulement), le Conseil fédéral tenta d'éviter le Rationnement, qu'il dut cependant imposer du début de 1917
jusqu'en 1920.