25 à 31 - Département de mathématiques et de statistique

Exemple 4.4.Continuons l’exemple pr´ec´edent. Maintenant on travaille sur les quaternions et on a
alors les d´ecompositions
HQ=He1He2He3He4HQ·e5
comme anneaux (avec centre Re1Re2Re3Re4Re5), et
HQ=He1He2He3He4HQ·e6HQ·e7
comme HQ-modules `a gauches. Mais les deux derniers modules ne sont pas simples. Posons
e8:= 1
8X
qQ
q[q] = 1
8(([1] [1]+i[i]i[i] + j[j]j[j] + k[k]k[k])) ;
e9:= 1
8(([1] [1]+i[i]i[i]j[j] + j[j]k[k] + k[k])) ;
e10 := 1
8(([1] [1] i[i] + i[i]j[j] + j[j] + k[k]k[k])) ;
e11 := 1
8(([1] [1] i[i] + i[i] + j[j]j[j]k[k] + k[k])) .
On a e6=e8+e9;e7=e10 +e11 et
HQ=He1He2He3He4He8He9He10 He11,
On a pour chaque qQque
[q]e8=1
8X
rQ
r[qr] = 1
8X
qQ
q1r[q] = q1e8
et il suit facilement que e8ei=eie8= 0, pour i= 1,2,3,4,9,10,11, e2
8=e8et HQ·e8=He8.Aussi
par un calcul direct
e9=ie8[i]; e10 =je8[j]; e11 =ke8[k]; e8[1] = e8.
Les HQ-modules He8,He9,He10 et He11 sont isomorphes (par exemple: He9'He8:he9=
hie8[i]7→ hie8). Donc on a cinq HQ-modules simples `a isomorphisme pr`es, chacun de dimension 1
sur H.
Soit V5:= Hle HQ-module `a gauche d´efini par
X
qQ
hq[q]·h0:= X
qQ
hqh0q1(hq, h0H).
Alors e8·1 = 1, e9·i=ie8[i]·i=ie8·i(i)1=ie8·1 = i,e10·j=j,e11·k=k.HQe8'V5:re87→ r·1,
R= EndHQ(V5) et EndR(V5) est de dimension 16 sur R, isomorphe `a HQ·e5.
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5. Le th´
eor`
eme de Wedderburn
Dans cette section on montre que si |G| ∈ k×alors l’anneau de groupe kG est isomorphe comme
anneau `a un produit d’anneaux de la forme EndH(V), o`u Vest un espace vectoriel sur un corps
gauche H. Premi`erement nous allons ´etudier un peu ces anneaux d’endomorphismes.
5.1. Anneaux d’endomorphismes d’un espace vectoriel. Fixons un corps gauche Het un es-
pace vectoriel Vsur Hde dimension n. Fixons aussi une base e1, . . . , ende V. L’ensemble EndH(V)
des endomorphismes H-lin´eaires de Vest un anneau, avec la composition comme multiplication.
Si cC(H) (le centre de H), et ηEndH(V) alors , d´efinie par
(v) = c·η(v) = η(c·v),
est aussi dans EndH(V), et donc EndH(V) est d’une fa¸con naturelle un espace vectoriel sur le corps
C(H). Pour un hHnous d´efinissons hηpar
(hη)(
n
X
i=1
hiei):=η(
n
X
i=1
hihei) =
n
X
i=1
hi(ei).
Cette d´efinition d´epend fortement du choix de base, mais pour cC(H) on a =cη. On voit
que hηEndH(V),
h1h2η= (h1h2)η, h (η1+η2) = h(η1) + h(η2),1Hη=η,
pour h, h1, h2Het η, η1, η2EndH(V). Ainsi EndH(V) est un espace vectoriel sur H.
Consid´erons pour chaque 1 in, 1 jnl’endomorphisme explicite Eij EndH(V) d´efini
par
Eij (X
r
hrer):=hjei.
Pour ηEndH(V) d´efinissons la matrice de scalaires [η]ij Hpar
η(ej) =
n
X
i=1
[η]ij ei.
Lemme 5.1. (i) Les Eij ,1in,1jn, forment une base pour EndH(V)comme espace
vectoriel sur H. En particulier
η=X
ij
[η]ij Eij .
(ii) Pour h, h0Hon a
(hEij )(h0Ers) =
(h0h)Eis si j=r,
0sinon.
(iii) 1=E11 +E22 +. . . +Enn est l’identit´e de EndH(V)et
(h1)(h01) = (h0h)1,
alors l’application HEndH(V) : h7→ h1est un anti-homomorphisme d’anneau.
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Preuve. (i) On comparant pour v=Pjhjejles deux calculs
η(v) = X
j
hjη(ej) = X
i,j
hj[η]ij ei
et
X
ij
[η]ij Eij
(v) = X
ij
Eij X
r
hr[η]ij er!
=X
ij
hj[η]ij ei
on obtient η=Pij [η]ij Eij .Si Pij hij Eij = 0, alors pour chaque r
0 = X
ij
hij Eij (er) = X
ij
Eij (hij er) = X
i
hirei,
donc hir = 0 pour chaque iet r. Donc les Eij font une base sur H.
(ii) et (iii) suivent des calculs directs.
On utilise le lemme dans la preuve de la proposition suivante.
Proposition 5.1. Soit Hun corps gauche et Vun H-espace vectoriel de dimension 1n < .
(i) Le centre de EndH(V)est isomorphe au centre de H
C(EndH(V)) = {c·1V;cC(H)}.
(ii) EndH(V)est un anneau simple, c.-`a-d., l’anneau n’a pas d’id´eal non-trivial.
(iii) Vest le seul EndH(V)-module `a gauche simple, `a isomorphisme pr`es.
Preuve. (i) Soit ηEndH(V) dans le centre. Alors pour chaque ron a Err η=ηErr et E1rη=ηE1r
et donc par le lemme
X
j
[η]rj Erj =X
i
[η]irEir,X
j
[η]rj E1j=X
i
[η]i1Eir,
et donc [eta]ij = 0 si i6=jet [η]jj = [η]11, donc η=h(E11 +. . . +Enn =h1, pour hH. On
a aussi η(h01)=(h01)η, donc hh0=h0hpour chaque h0H, et donc hest dans le centre de H.
Par contre si η=c1, alors pour chaque endomorphism η0et vVon a
(ηη0)(v) = (c1)(η0)(v) = (c1)(η0(v)) = η0(cv) = η0η(v),
et donc ηest dans le centre.
(ii) Soit Iun id´eal non-z´ero de Aet ηIun ´el´ement non-z´ero. Alors il existe un coefficient
[η]ij 6= 0. Iest un id´eal, alors
X
r
EriηEjr = [η]ij X
r
Err = [η]ij 1I,
et aussi
1= ([η]1
ij )1)[η]ij 1I.
Alors I= EndH(V). Donc EndH(V) est simple.
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(iii) Premi`erement on montre que Vest simple. Soit 0 6=UVun sous-module, et u=
PihieiUun ´el´ement non-z´ero, disons hi6= 0. Alors (h1
i)E1i(u) = e1U. Alors aussi
PjhjEj1(e1) = PjhjejU, donc U=V.
Soit Jl’annulateur Jde e1Vdans EndH(V). Alors l’application η7→ η(e1) de EndH(V) dans
Vimplique un isomorphisme de EndH(V)-modules `a gauche EndH(V)/J 'V.
Posons E=E11 et E0=E22 +E33 +. . . +Enn. Donc
E2=E, (E0)2=E0, EE0=E0E= 0, E +E0=1.
Soit η(e1) = 0, alors ηest dans
0 = η(e1) = X
ij
[η]ij Eij (e1) = X
ij
Eij ([η]ij e1) = X
i
[η]i1ei,
donc [η]i1= 0 pour chaque i. On a
ηE0=X
i1,j>1
[η]ij Eij X
r>1
Err =X
i1,j>1
[η]ij Eij =η.
Soit Mmaintenant un EndH(V)-module `a gauche simple, en particulier M6= 0. On a que
EndH(V)EM Mest un sous module, donc EM = 0 ou EndH(V)EM =M, par la simplicit´e de
M. Supposons que EM = 0. Alors pour chaque i, j on a
Eij M=Ei1EE1jM= 0,
alors
M=1M= (X
i
Eii)M=X
i
EiiM= 0.
Une contradiction, donc il existe un m0M, tel que m:= Em06= 0. Alors Em =E2m0=Em0=m
et m=1m= (E+E0)m=Em +E0m=m+E0m, donc E0m= 0. Soit ηJ, alors η=ηE0et
donc
ηm =ηE0m= 0
et Jest contenu dans l’annulateur de mMdans EndHV. Par le th´eor`eme fondamental des
homomorphismes, l’homomorphisme de modules
EndH(V)M:η7→ η(m)
induit un homomorphisme non-zero
V'EndH(V)/J M.
Vet M´etant simple, il suit que Vet Msont isomorphes, par les mˆemes arguments comme dans
le lemme de Schur.
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5.2. Wedderburn. Soit Gun groupe fini et |G| ∈ k×, o`u kest un corps gauche. Le centre de
kest not´e C. Nous savons maintenant qu’il existe un nombre fini sde classes d’isomorphisme de
kG-modules simples. Soient V1, . . . , Vsces kG-modules simples (`a isomorphisme pr`es). `
A chaque Vi
il y a une repr´esentation associ´ee ρi:GGL(Vi) et par extension un homomorphisme d’anneau
ρi:kG End Vi. Par le lemme de Schur Hi:= EndkG(Vi) est un corps gauche contenant C.
On peut consid´erer Vialternativement comme kG-module, et comme espace vectoriel sur le
corps gauche Hi. Si rkG,hHiet vVi, alors par la d´efinition de Hion a h(rv) = rh(v) =
ρi(r)(h(v)), donc ρi(r)EndHiVi. Donc on obtient mˆeme un homomorphisme d’anneau
ρi:kG EndHi(Vi) : X
g
ag[g]7→ X
g
agρi(g).
Le th´eor`eme de Wedderburn implique que c’est un ´epimorphisme, donc chaque Hi-endomorphisme
de Viest de la forme Pgagρi(g), o`u les agk. On montre mˆeme plus.
Th´eor`eme 5.1 (Wedderburn).On suppose |G| ∈ k×,kun corps gauche, et soient V1, . . . , Vsles
kG-modules simples (`a isomorphisme pr`es). On supposera que la dimension de kcomme un espace
vectoriel sur son centre est de dimension finie.
L’application
(ρ1, ρ2, . . . , ρs) : kG EndH1(V1)EndH2(V2). . . EndHs(Vs)
est un isomorphisme d’anneau.
En particulier, kG est la somme directe d’un certain nombre d’alg`ebres de matrices sur des corps
gauches variables, chacun simple.
Preuve. Nous allons montrer que les deux cˆot´es ont la mˆeme dimension comme espaces vectoriels
sur le centre Cde k. Dans lemme 5.1 on a montr´e que EndHi(Vi) est un espace vectoriel sur Hide
dimension (dimHiVi)2, et comme C-espace la dimension est
(dimHiVi)2·dimCHi=(dimCVi)2
dimCHi
.
Par th. 4.4 les dimensions des deux C-espaces de l’homomorphisme (ρ1, ρ2, . . . , ρs) sont ´egales !
Pour montrer le th´eor`eme de Wedderburn il suffit donc de montrer que l’application est injective.
Soit rkG dans le noyau de (ρ1, ρ2, . . . , ρs), donc rest dans le noyau de chaque ρi. Alors ragit
trivialement dans chaque kG-module simple, donc par le th´eor`eme de Maschke ragit trivialement
dans chaque kG-module. En particulier, ragit trivialement sur kG, donc
r·[1G] = 0.
Mais r·[1G] = r, donc r= 0 et le noyau est trivial et l’application est injective.
Ce th´eor`eme dit qu’on peut voir l’anneau kG d’une autre mani`ere totalement diff´erente. Certains
propri´et´es de kG on voit plus facilement si on utilise l’isomorphisme de Wedderburn. L’anneau
EndHi(Vi) est unitaire avec unit´e Ei=1Vi. Le syst`eme d’´el´ements E1, . . . , Esjouent un rˆole
important dans l’anneau `a droite, disons A, dans l’isomorphisme de Wedderburn. Les propri´et´es
sont
E2
i=Ei;EiEj= 0(i6=j); 1=E1+. . . +Es;
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