Synthèse Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2005 ; 3 (4) : 291-300 État de stress post-traumatique chez le sujet âgé ÉRIC CHARLES1 1 LUCAS GARAND FRANÇOIS DUCROCQ2 JEAN-PIERRE CLÉMENT1 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. 1 Service hospitalouniversitaire de psychiatrie adulte, Centre hospitalier Esquirol, Limoges <[email protected]> 2 CUMP-Samu 59, CHRU de Lille Tirés à part : É. Charles Résumé. Le diagnostic d’état de stress post-traumatique (ESPT) nécessite la présence conjointe d’un traumatisme psychique dans les antécédents du sujet et de symptômes psychotraumatiques caractéristiques (syndrome de répétition, conduites d’évitement, hypervigilance et perturbations neurovégétatives). Chez le sujet âgé, la présentation clinique de ce trouble, dont la prévalence serait d’environ 0,9 % après 60 ans, est proche de celle décrite chez l’adulte. Il existe cependant plusieurs formes d’ESPT, selon que l’exposition traumatique a eu lieu chez un sujet vieillissant ou plus tôt dans sa vie adulte ; l’ESPT de novo, consécutif à un traumatisme psychique subi après 65 ans ; l’ESPT chronique, persistance chez le sujet âgé d’un ESPT apparu à l’âge adulte ; l’ESPT retardé, spécifique du sujet âgé et qui correspond à la décompensation tardive d’un traumatisme psychique ancien ou à la réactivation d’un ESPT après plusieurs décennies sans symptômes ; enfin l’ESPT complexe, conséquence de traumatismes répétés au cours du développement précoce, qui pourrait être relié à la description de modifications durables de la personnalité chez certaines personnes âgées exposées à des traumatismes répétés. La prise en charge thérapeutique repose, comme chez l’adulte, sur les traitements pharmacologiques (antidépresseurs et anxiolytiques) et différentes formes de psychothérapies, en tenant compte des changements pharmacodynamiques et des réaménagements psychiques liés au vieillissement. Mots clés : état de stress post traumatique, traumatisme psychique, sujet âgé Abstract. Diagnosis of post traumatic stress disorder (PTSD) requires a past history of psychic traumatism and characteristic psychotraumatic symptoms like re-experiencing of the traumatic event, avoidance of stimuli associated with the traumatic event and increased arousal. In the elderly, PTSD prevalence rate is about 0.9% after 60 years of age. Clinical features are almost identical to those observed in younger patients. However there are various types of PTSD: PTSD de novo, occurring after exposure to extreme trauma in old age; chronic PTSD when symptoms persist since the time of the trauma; delayed-onset PTSD when patients exhibit signs of the disorder decades after the trauma; complex PTSD, generated by exposure to repeated traumatisms in early development, who could be linked up to changes in personality in older exposed to repeated traumatisms. Pharmacological and psychotherapic interventions used in younger populations can be applied for treatment to older adults, when taking into account the pharmacodynamic and psychic changes associated with aging. Key words: post traumatic stress disorder, psychotraumatic event, elderly L’ état de stress post-traumatique (ESPT), consécutif à un traumatisme psychique, se caractérise par l’association d’un syndrome de répétition traumatique à une perturbation des activités relationnelles et à des troubles cognitifs et affectifs (hypervigilance, anxiété, conduites d’évitement) [1]. Ce syndrome n’a été reconnu sur le plan nosographique que de façon récente (apparition en 1980 dans le DSM-III) [2]. Toutefois, les médecins militaires connaissaient ce trouble de longue date et ont utilisé divers vocables pour le désigner : « vent du boulet » de Larrey, « cœur irritable » de Da costa, « shell shock » Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 durant la Seconde Guerre mondiale, ou encore la fameuse « névrose de guerre » décrite par Honingman [3]. Ces dernières années, les écrits concernant cette entité clinique se sont multipliés et ont très largement dépassé le cadre de la médecine de guerre. La notion de traumatisme psychique, condition nécessaire mais non suffisante au diagnostic d’ESPT, ne se limite plus aux seules situations de guerre mais s’est étendue à nombre d’autres situations, qu’elles soient collectives (catastrophes naturelles, attentat) ou individuelles (prise d’otage, agression, viol...). 291 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. É. Charles, et al. En dépit de l’abondante littérature consacrée à ce syndrome, les travaux concernant spécifiquement les sujets âgés restent, comme c’est le cas pour nombre d’autres troubles psychiques, relativement peu nombreux. L’expérience clinique porte néanmoins à croire que l’ESPT est loin d’être rare dans cette population, mais qu’il peut facilement passer inaperçu chez des sujets vieillissants, présentant de multiples plaintes somatiques et une biographie souvent chargée. L’objectif de ce travail est, à partir d’une revue de la littérature, de confirmer la réalité de l’ESPT aux âges avancés de la vie, de tenter d’en définir les particularités tant sur les plans épidémiologique et clinique que nosographique et d’envisager les modalités de prise en charge de ces sujets. Données épidémiologiques Dans la National comorbidity survey (NCS), la proportion de sujets impliqués dans un événement traumatique était de 60,7 % pour les hommes et 51,2 % pour les femmes ; la prévalence du trouble ESPT dans l’ensemble de la population était de 7,8 % [4]. Le principal travail mené dans six pays d’Europe par l’European study of the epidemiology of mental disorders (ESEMeD) donnait une prévalence de 1,9 % sur la vie entière [5]. Les travaux concernant la prévalence des troubles anxieux chez les sujets âgés sont rares. Le principal d’entre eux, effectué par Blazer et al. en 1991 [6] avait permis de mettre en évidence la forte prévalence des troubles anxieux chez les sujets de plus de 65 ans (19,7 % sur 6 mois et 34,05 % vie entière). Malheureusement, cette étude de référence excluait l’ESPT. Pour des raisons méthodologiques, l’âge avancé représente généralement un critère d’exclusion dans les études de prévalence de l’ESPT. Néanmoins, plusieurs travaux semblent montrer l’absence de différences selon l’âge en ce qui concerne la prévalence et la sévérité des ESPT [7, 8]. Il a fallu attendre 2003 pour que soit publiée une étude qui s’intéressait de manière spécifique à la prévalence de l’ESPT chez les sujets âgés. Menée auprès de plus de quatre cents sujets de 61 ans et plus, dont les deux tiers avaient plus de 70 ans, l’étude rapportait un taux de prévalence à 6 mois de 0,9 %. Dans ce travail, un niveau élevé de neuroticisme et un niveau bas d’efficacité personnelle ainsi que la notion d’antécédents de traumatismes précoces durant l’enfance représentaient des facteurs de risques majeurs de développer un ESPT [9]. 292 Exposition à un événement potentiellement traumatique Le traumatisme psychique peut être défini comme les conséquences d’un phénomène d’effraction du psychisme par un événement agressant ou menaçant la vie ou l’intégrité physique et/ou psychique du sujet qui y est exposé [10]. Selon le DSM-IV, l’événement traumatique s’accompagne d’un sentiment de peur intense, d’impuissance ou d’horreur [11]. Crocq insiste sur la rupture de la barrière de protection de l’appareil psychique par une expérience de confrontation soudaine avec le réel de la mort (sa propre mort ou celle d’autrui) et sur la notion d’effroi [3]. Le traumatisé psychique a rencontré la mort, au-delà de toute représentation, la mort dans sa dimension la plus réelle [10]. Le vécu traumatique est central, un même événement peut ainsi ne pas avoir été traumatique pour un sujet et l’avoir été pour un autre. Si le vieillissement produit une plus grande familiarité avec ce qui se rapproche d’une fin, il ne produit pas de rencontre avec la mort en elle-même. Il faut ainsi pouvoir différencier l’événement traumatique luimême, d’un événement de vie stressant, d’une situation de perte ou des traumatismes de l’âge, situations pour lesquelles n’existent pas de notion d’effroi et de confrontation au réel de la mort. Chez le sujet âgé souffrant d’ESPT, il paraît crucial de distinguer les événements traumatiques vécus par un sujet vieillissant, d’une effraction traumatique ancienne chez un jeune adulte, à l’origine d’une persistance ou d’une décompensation d’un trouble psychotraumatique après 65 ans. Événements potentiellement traumatiques chez le sujet âgé Avant tout, il est nécessaire de différencier les traumatismes de l’âge (au sens du langage courant), liés aux effets du vieillissement (retraite, deuils, isolement affectif, solitude, déficits sensoriels ou moteurs, perte d’autonomie), d’un traumatisme psychique, dans une acceptation psychopathologique c’est-à-dire, en s’affranchissant des théories psychanalytiques, qui provoque une effraction traumatique et une confrontation au réel de la mort. Plusieurs travaux, menés depuis une dizaine d’années, ont confirmé le risque d’apparition d’un syndrome de stress post-traumatique chez des sujets âgés confrontés à divers types de catastrophes naturelles : accident d’avion et de train [12], tremblement de terre [8], inondation [13], ouragan [14], feux de logement [15]. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Stress post-traumatique Le risque d’exposition traumatique serait renforcé par certaines caractéristiques des sujets vieillissants : perte d’autonomie à l’origine de plus grandes difficultés à évacuer leur domicile en cas de catastrophe naturelle, plus grande résistance à quitter un lieu de vie particulièrement investi et moindre accès aux informations d’évacuation [13]. Si l’on prend l’exemple du tremblement de terre de Kobe en 1996, les personnes de plus de 60 ans ont présenté de plus importantes difficultés d’évacuation et une plus grande précarité que le reste de la population exposée à cette catastrophe [16]. Selon Santé Canada, certaines variables rendent le sujet âgé plus vulnérable lors d’une catastrophe : âge supérieur à 75 ans, perte d’autonomie, décès récent d’un proche, hospitalisation ou déménagement récent, confusion ou incontinence, isolement, personne vivant dans un lieu à forte concentration de personnes âgées [13]. Évidemment, les conséquences de ce type d’événements ne se limitent pas à l’ESPT et l’on retrouve, pêle-mêle, une baisse durable de la qualité de vie, une détresse psychique (trouble du sommeil, asthénie, troubles cognitifs, anxiété, dépression), une plus mauvaise perception de leur état de santé conduisant à une surconsommation médicamenteuse ou encore une perturbation importante de la vie sociale de ces sujets âgés [13]. Tous ces facteurs associés sont d’ailleurs susceptibles de favoriser la résurgence traumatique et ne doivent en aucun cas être négligés. D’autres événements négatifs comme la maltraitance, des situations de négligence ou les vols à la tire semblent avoir vu leur fréquence augmenter ces dernières années chez les sujets âgés [17]. Ces situations, particulièrement bouleversantes dans cette tranche d’âge, peuvent être assimilées à un traumatisme psychique comme tend à le montrer l’étude de Simpson et al. [18] qui a constaté que, sur un groupe de sujets âgés victimes d’actes de délinquance (crime, vol, agression, cambriolage) qui avait été pris en charge dans un service de psychiatrie, 5 % présentaient un authentique ESPT. Une chute ou certaines pathologies organiques menaçant directement le pronostic vital (infarctus, AVC, œdème aigu du poumon...), peuvent également conduire à un ESPT chez les sujets âgés [19]. Il ne fait donc aucun doute qu’une expérience traumatique extrême puisse être à l’origine d’un ESPT, quel que soit l’âge de survenue, les personnes âgées étant susceptibles d’être exposées à l’ensemble des situations traumatiques décrites chez l’adulte. Le risque d’être confronté à ce type d’événements potentielle- Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 ment traumatiques serait même majoré dans cette tranche d’âge du fait que certains événements de vie deviennent traumatogènes chez ces sujets fragilisés, et que les conséquences du vieillissement sont ellesmêmes susceptibles d’accroître ce risque. Traumatismes psychiques anciens chez un sujet âgé présentant un ESPT Les premières descriptions de l’ESPT étaient basées sur des traumatismes de guerre [20]. Ainsi, de nombreux auteurs se sont intéressés aux hommes exposés à des situations extrêmes : combattants, prisonniers de guerre, soldats victimes de tortures et, paradigme de l’horreur, les rescapés de camps de concentration. Il est donc naturel que l’on s’intéresse aujourd’hui au devenir de tous ces sujets jadis exposés à une situation de guerre [12]. La majorité des vétérans de la Seconde Guerre mondiale considère, plus de 40 ans après la fin de la guerre, que celle-ci représente l’expérience la plus stressante de leur vie. L’existence d’un ESPT chez ces vétérans ou chez ceux de la guerre de Corée a été confirmée par plusieurs travaux [21-24]. Un quart de ces anciens combattants présenterait un ESPT près de quarante-cinq ans après l’issue du conflit [19]. Aux États-Unis, depuis que ces vétérans souffrant de séquelles psychiques et particulièrement d’ESPT sont susceptibles de bénéficier d’aides financières, un nombre croissant d’entre eux se présentent pour une prise en charge psychiatrique [25]. Il se pourrait que nous soyons confrontés également à des difficultés de ce type en France. Chez d’anciens prisonniers de guerre âgés, les taux d’ESPT oscilleraient entre 29 et 50 % plus de 40 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale [12]. Plus impressionnant encore, 59 % d’anciens soldats américains capturés par les japonais présentaient un ESPT plus de 50 ans après leur libération [26]. Les principaux facteurs prédictifs de développement et de chronicisation d’un ESPT chez ces patients âgés seraient représentés par une longue période d’emprisonnement, des sensations de stress subjectif plus sévères durant cette période [27], une sévérité du traumatisme initial et le grade au moment de la capture [28]. Il semblerait également que la prévalence de l’ESPT soit plus élevé en cas de guerres dites « oubliées », par rapport à des guerres qui restent médiatisées et très présentes dans nos consciences [17, 24]. L’holocauste est également un grand pourvoyeur d’ESPT chez les sujets âgés, y compris chez ceux de plus de 75 ans [29] et chez ceux qui ont vécu l’Holocauste pendant leur enfance [30]. Kuch et Cox ont ainsi 293 É. Charles, et al. observé 46 % d’ESPT au sein d’un groupe de sujets âgés rescapés de l’Holocauste (dont les deux tiers avaient vécu l’expérience des camps de la mort) avec trois fois plus de EPST dans le groupe des rescapés d’Auschwitz [31]. Variétés cliniques de l’ESPT chez le sujet âgé Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. ESPT de novo Ce type d’ESPT correspond au développement du syndrome dans les suites d’un traumatisme psychique subi après l’âge de 65 ans [17]. Précédemment il a été dit que le vieillissement pouvait être associé à un risque accru d’exposition à un événement potentiellement traumatique. Cependant, à notre connaissance, il n’existe aucune étude spécifique concernant la prévalence de l’exposition à un traumatisme psychique sévère et le développement ultérieur d’un ESPT chez la personne âgée et des opinions divergentes sont exprimées en ce qui concerne les conséquences d’un traumatisme psychique dans cette tranche d’âge [17]. Les capacités d’adaptation à des situations stressantes (ou capacités de coping) semblent jouer un rôle important dans le risque de développer un ESPT après un événement traumatique [32]. Les résultats des travaux menés dans ce domaine chez les sujets âgés apparaissent contradictoires. Si plusieurs chercheurs pensent que les capacités d’adaptation augmentent avec l’âge (Kato et al. ; Norris et al. ; Gibbs, cités dans [13] ; Huerta et Horton, Bell et al., Bolin et Klenow, Kilijanek et Drabek, cités dans [8]), pour d’autres, les personnes âgées de plus de 65 ans ont moins de ressources physiques, un moins bon support social et une tendance à sous-utiliser les ressources d’aide, que ce soit auprès de leur proche ou des organismes communautaires, ce qui augmente les difficultés d’adaptation aux événements de vie traumatisants [13]. Un travail récent [12] montre cependant que les stratégies de coping employées suite à un événement traumatique sont les mêmes quel que soit l’âge. Comme cela a déjà été décrit chez l’adulte jeune, le risque d’apparition d’une symptomatologie psychotraumatique est différent selon le type de stratégie utilisée, avec une plus grande fréquence du trouble chez les sujets utilisant des conduites d’évitement. Ainsi, le fait que l’âge avancé puisse représenter un facteur de vulnérabilité pour le développement d’un ESPT après une agression ou une catastrophe naturelle reste assez controversé [17, 33]. 294 Points clés • La fréquence de l’ESPT est largement sousestimée chez les sujets vieillissants. • L’apparition brutale ou l’évolution ancienne d’une souffrance marquée avec une symptomatologie psychiatrique polymorphe doit faire rechercher un événement potentiellement traumatique dans sa biographie et des symptômes évocateurs d’un syndrome de répétition. • Il existe plusieurs variétés d’ESPT chez les sujets âgés selon la date de survenue du traumatisme. • La prise en charge thérapeutique de ces patients se superpose aux principes employés chez l’adulte jeune, associant traitements pharmacologiques et psychothérapiques, de façon séparée ou combinée, en respectant les changements pharmacodynamiques et des réaménagements psychiques liés au vieillissement. La question reste donc ouverte et l’âge pourrait même représenter un facteur de protection contre l’apparition éventuelle d’un ESPT, si le sujet a réagi avec succès à un précédent traumatisme qui lui aurait permis de mettre en place des stratégies de contrôle plus efficaces et de développer un meilleur support social [12]. ESPT chronique Comme évoqué précédemment, un certain nombre de travaux ont mis en évidence la persistance d’une symptomatologie psychotraumatique plusieurs décennies après l’apparition de ce trouble chez des adultes jeunes. L’ESPT chronique peut ainsi être défini comme la persistance chez le sujet âgé d’un ESPT apparu à l’âge adulte. Dans cette forme, le sujet présente une persistance à travers les années des symptômes apparus depuis le traumatisme initial [20]. L’intensité de la symptomatologie psychotraumatique serait maximale au début, puis diminuerait pendant plusieurs décennies pour s’accroître à nouveau après la retraite [34]. Certaines situations liées au vieillissement (isolement, marginalisation, pauvreté, pathologie organique, déclin sensoriel ou cognitif) ou d’autres changements de vie majeurs peuvent également exacerber un ESPT préexistant [17]. Une fois décompensée, il semblerait qu’en l’absence de prise en charge la symptomatologie s’aggrave inexorablement chez les sujets âgés, comme le montre un suivi longitudinal durant 4 ans d’anciens prisonniers de guerre âgés [34]. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Stress post-traumatique La persistance d’une symptomatologie traumatique plusieurs décennies après les événements traumatiques reste importante. Dans l’étude de Engdahl et al. [26], 26 % d’un groupe d’anciens prisonniers de guerre présentaient un ESPT persistant plus de cinquante ans après leur libération, ce pourcentage montant à 59 % dans le groupe de sujets les plus sévèrement traumatisés. L’exposition à de violents combats et l’intensité de la réponse physiologique au traumatisme initial seraient des facteurs prédictifs d’évolution vers la chronicité [23]. L’accumulation de traumatismes ultérieurs au cours de la vie et des situations de stress plus récentes semblent également être associées à une augmentation du risque de chronicisation chez les sujets âgés [35]. ESPT chronique et comorbidité somatique semblent étroitement liés. Si la chronicisation d’un ESPT chez un sujet âgé augmente le risque de comorbidité psychiatrique ou organique, une aggravation de la symptomatologie psychotraumatique peut se développer parallèlement à l’évolution d’une maladie organique chronique [36, 37] ou être exacerbée par des incapacités physiques, particulièrement lorsqu’elles sont liées à une atteinte cardiaque ou neurologique [38]. ESPT retardé Ce type d’EPST est spécifique du sujet âgé : il correspond à la décompensation tardive d’un psychotraumatisme ancien ou à la réactivation d’un ESPT après plusieurs décennies sans symptôme [20]. Le grand âge constitue en soi un « traumatisme » difficile à intégrer, à l’occasion duquel ressurgissent fréquemment d’anciennes situations traumatiques [39]. Selon une perspective psychopathologique tenant compte des théories freudiennes, Catherine Caléca évoque ces « échos de traumatismes anciens à l’origine d’une réactivation de la symptomatologie anxieuse qui pourraient représenter un processus de réappropriation du passé » [39]. Ainsi, des expériences traumatiques anciennes sont susceptibles de constituer une vulnérabilité pour des traumatismes plus récents ou des événements de vie stressants allant de pair avec le vieillissement (retraite, deuils, maladie, handicap, déficits sensoriels, isolement, placement...) [12]. Tous ces événements sont prompts à rouvrir les cicatrices laissées par un traumatisme psychique ancien jusqu’ici resté dans l’ombre [19]. Le syndrome de répétition traumatique, resté silencieux pendant de nombreuses années, serait susceptible de surgir lors de la confrontation à deux types Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 d’événements : ceux qui sont à l’origine d’une perte de l’étayage ou de ruptures sociales (hospitalisation ou décès du conjoint, hospitalisation ou institutionnalisation du patient, pathologie organique sévère, examens ou thérapies invasifs) ou ceux qui reproduisent les circonstances de la rencontre traumatique (guerre ou catastrophe naturelle médiatisée, commémoration, agression et violence) [19]. La retraite jouerait également un rôle essentiel, du fait de la perte d’activités sociales et professionnelles qui distrayaient le sujet d’événements traumatiques passés : il est ainsi temps de penser au passé ! [17]. Ces événements vont réveiller les émotions perçues lors du traumatisme originel. Dans la littérature, on retrouve plusieurs exemples de ce type : rescapés de l’holocauste et prisonniers de guerre déclenchant leur trouble après une entrée en maison de convalescence où ils revivaient l’expérience d’une perte de leur liberté et de leur autonomie ; vétérans décompensant suite à une maladie organique ou à un traumatisme physique, évoquant la période durant laquelle leur vie était en péril ; survivants des camps de concentration exposés au décès du conjoint ou à une institutionnalisation plus de 50 ans après leur libération [40]. La couverture médiatique d’événements comparables au traumatisme initial, telles que des attaques terroristes ou des guerres contemporaines, peuvent également déclencher un ESPT retardé [9]. Robinson et al. [41] ont ainsi rapporté que 50 % des survivants de l’Holocauste résidant dans des lieux attaqués par des missiles irakiens durant la première guerre du golfe ont présenté une pathologie traumatique ESPT complexe Décrite chez l’adulte par Herman, cette forme particulière d’ESPT serait consécutive à l’exposition à des traumatismes répétés au cours du développement précoce [42]. La majorité des sujets souffrant d’un ESPT complexe serait des adultes ayant subi des abus sexuels et certaines similitudes existeraient entre ce trouble et la personnalité de type limite. À l’heure actuelle, il n’existe à notre connaissance aucun travail de recherche concernant sa prévalence et sa présentation clinique chez la personne âgée. Cependant, la description de modifications durables de la personnalité chez certains groupes de sujets âgés exposés à des événements traumatiques répétés peuvent être reliés au concept d’ESPT complexe : syndrome des camps de concentration, tortures prolongées, femmes âgées victimes de violences domestiques répétées [17]. 295 É. Charles, et al. Après avoir présenté une biographie émaillée de troubles psychiatriques, ces sujets âgés victimes de traumatismes répétés anciens, accéderaient à une prise en charge psychogériatrique [17]. Clinique Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Présentation clinique Prenant le relais de la névrose traumatique décrite par Crocq, l’ESPT développé par les Anglo-Saxons offre une description sémiologique consensuelle et homogène. L’ESPT associe trois groupes de symptômes : 1) le syndrome de répétition traumatique défini par les souvenirs répétitifs, les cauchemars nocturnes, les reviviscences diurnes et nocturnes, la détresse psychique et une réactivité physiologique lors de l’exposition à des indices évoquant l’événement traumatique ; 2) des conduites d’évitement de stimuli associées au traumatisme avec efforts pour éviter les pensées ou les situations éveillant des souvenirs du traumatisme, amnésie sélective, perte d’intérêt, détachement, restriction des affects et sentiment d’avenir « bouché » ; 3) des symptômes traduisant une activation neurovégétative : troubles du sommeil, irritabilité, difficultés de concentration, hypervigilance, réactions de sursaut. En dépit du caractère parcellaire des données de la littérature, certains auteurs considèrent qu’au vu de leur expérience, il existerait peu de différence au niveau de la présentation clinique et de l’intensité de la symptomatologie psychotraumatique entre sujets jeunes et sujets âgés [43]. Néanmoins, un travail mené auprès de 169 sujets exposés 18 mois auparavant à un tremblement de terre a montré que, s’il n’existait pas de différence significative concernant l’intensité de l’épisode psychotraumatique selon l’âge, les sujets âgés présentant un ESPT avaient un score de symptômes intrusifs plus bas et un score d’hypervigilance plus élevé que le groupe d’adultes jeunes [8]. Enfin, pour Schulte et Bienenfeld [20], les symptômes dissociatifs habituellement décrits verraient leur fréquence diminuer avec un âge plus tardif d’apparition du trouble. Diagnostic différentiel- pièges diagnostiques Si le diagnostic d’ESPT est insuffisamment porté chez le sujet âgé, c’est peut-être que le tableau clinique 296 présente de nombreuses similitudes avec certaines particularités de conduite ou du caractère propres aux personnes âgées, qui conduisent à négliger un syndrome de répétition traumatique. Troubles du sommeil, ralentissement et inhibition, hypervigilance, conduites d’évitement et d’isolement, certains troubles du caractère, voire des conduites d’opposition peuvent ainsi être, à tort, attribués à la sénescence [19]. De même, l’intrication fréquente de plaintes somatiques ou d’une pathologie organique préexistante représente un facteur de confusion chez les personnes âgées [9]. Ce constat est à mettre en relief avec l’extrême sousreconnaissance de ce trouble dans les soins de première ligne [44]. Dépression, troubles anxieux, dysthymie, fréquents chez le sujet âgé, partagent également certains symptômes avec l’ESPT. Comme chez l’adulte, la différence se fait sur la clinique en gardant à l’esprit que l’anxiété, les symptômes dépressifs, les idéations suicidaires et l’insomnie sont fréquents chez les sujets âgés souffrant d’un ESPT [20]. L’interrogatoire du sujet et de son entourage apparaît donc primordial, à la recherche d’un psychotraumatisme identifiable dans sa biographie et d’un syndrome de répétition traumatique, pathognomonique de l’ESPT quel que soit l’âge du sujet. Comorbidité Classiquement, l’ESPT est souvent associé à d’autres troubles psychopathologiques et peut, dans de nombreux cas, apparaître au second plan, derrière des troubles anxieux, dépressifs, addictifs, psychotiques ou des troubles de la personnalité [32]. La National comorbidity survey a rapporté une prévalence vie entière d’un autre trouble psychiatrique chez 88,3 % des hommes et 79 % des femmes souffrant d’ESPT [4]. Cette étude de référence ne donne toutefois pas d’éléments en fonction de l’âge. Il est reconnu depuis longtemps que L’ESPT est souvent associé à des troubles somatiques et à un handicap socioprofessionnel entraînant d’importantes conséquences en matière de qualité de vie [45]. La dépression représente le trouble le plus fréquemment associé à l’ESPT avec une comorbidité oscillant entre 30 et 80 % selon les études [46]. Du fait de sa plus grande fragilité sur le plan organique, il semblerait que l’on puisse encore plus fréquemment retrouver des plaintes somatiques associées chez le sujet vieillissant, d’autant que traumatisme psychique et physique coexistent [19]. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 Stress post-traumatique De la même façon, on retrouverait un taux plus élevé de dépression et de dysfonctionnements sociaux chez les sujets âgés souffrant d’ESPT, que chez les adultes jeunes [41]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Relation avec la démence Lorsque l’on s’intéresse à un trouble psychiatrique chez le sujet âgé, il est impossible de ne pas évoquer les syndromes démentiels. Plusieurs auteurs ont ainsi tenté, à partir de cas cliniques, d’établir un lien entre démence et ESPT. Le déclin cognitif, lié à un processus démentiel débutant, serait associé à un accroissement des symptômes intrusifs, de l’irritabilité et de l’agitation chez des sujets âgés souffrant déjà d’ESPT [47]. D’autres auteurs, évoquant l’apparition de la symptomatologie psychotraumatique chez des sujets âgés peu après le début d’un déclin cognitif lié à différents types de démence (maladie d’Alzheimer, démence vasculaire et démence alcoolique), ont suggéré qu’une neurodégénérescence du circuit de la mémoire puisse faciliter la résurgence de symptômes d’ESPT [48]. Selon la théorie de Ribot, la perte de la mémoire de fixation dans la démence serait à l’origine d’une utilisation proportionnellement plus importante de la mémoire ancienne, ce qui pourrait expliquer ces phénomènes. Autre explication possible, la démence, à l’origine d’une baisse des capacités mnésiques du sujet, provoquerait des difficultés à prévoir un nouvel événement stressant et à s’en prémunir et donc une vulnérabilité particulière aux événements de vie stressants [49]. Ainsi, l’apparition tardive ou l’exacerbation d’une symptomatologie psychotraumatique pourrait annoncer le début d’un syndrome démentiel [50]. Rappelons qu’à l’inverse, pour certains auteurs, les événements traumatisants vécus par les sujets âgés interviendraient dans le développement de la démence de type Alzheimer par une éventuelle action nocive sur certaines aires neuronales d’une perturbation prolongée de la sécrétion endogène de glucocorticoïdes [49, 51-53]. Verma et al. [54], pour leur part, ont comparé de façon rétrospective dans une unité psychogériatrique américaine des sujets âgés déments ayant ou non un ESPT et n’ont pas mis en évidence de différence entre les deux groupes en ce qui concerne l’intensité des troubles cognitifs et des troubles du comportement. Donc, si l’apparition d’un processus démentiel peut influencer le cours évolutif d’un ESPT, la réciproque n’est pas vraie et le diagnostic d’ESPT n’influencerait pas le comportement des sujets âgés déments. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 3, n° 4, décembre 2005 Prise en charge Traitement pharmacologique • Antidépresseurs Les antidépresseurs représentent la classe pharmacologique la mieux évaluée dans l’ESPT, avec de bons résultats dans des études randomisées effectuées en double aveugle sur de larges échantillons. Deux antidépresseurs de la classe des ISRS, la sertraline et la paroxétine, ont été d’ailleurs reconnus par la Food and drug administration, comme traitement spécifique de l’ESPT [55]. Bien qu’aucune étude n’ait été menée pour évaluer l’efficacité de ces molécules chez les sujets âgés souffrant d’ESPT, les auteurs s’accordent pour considérer que les ISRS restent indiqués quel que soit l’âge, d’autant qu’ils restent mieux tolérés que les tricycliques par la personne âgée [56]. Une récente conférence de consensus anglosaxonne [57] fait d’ailleurs apparaître que le traitement de première intention de l’ESPT doit être le même quelle que soit la présentation clinique et l’âge du patient. Il s’agit en premier lieu, si l’on se cantonne aux molécules disponibles en France, d’un ISRS ou d’un IRSNa (venlafaxine). En cas de réponse partielle, on peut ajouter un thymorégulateur comme le divalproate de sodium [58]. • Anxiolytiques L’utilisation des benzodiazépines est controversée en raison de leur potentiel addictogène et de la fréquence des effets paradoxaux rencontrés dans cette pathologie [56]. Leur utilisation est donc déconseillée, a fortiori chez les sujets âgés, particulièrement exposés à leurs effets adverses : sédation, agitation paradoxale et troubles cognitifs [20]. Toutefois, si l’on fait le choix de les utiliser, ils doivent être prescrits pendant une période inférieure à 6 mois en raison d’un risque d’accumulation majorée chez les sujets âgés [58]. Les bêta-bloquants, traitement symptomatique des manifestations de l’angoisse, parfois employés chez les adultes jeunes, sont également à éviter chez les sujets âgés en raison du risque accru de complications cardiovasculaires et de troubles de l’humeur induits [55]. En l’absence de travaux spécifiques, on recommande donc de traiter de la même façon les sujets âgés que les adultes jeunes, mais en observant une plus grande prudence et en prenant en considération les changements pharmacodynamiques liés à l’âge 297 É. Charles, et al. (absorption, distribution, liaison aux protéines, métabolisme et excrétion de la molécule) et le risque d’accumulation avec toxicité potentielle [58]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Traitement psychothérapique Quel que soit l’âge, la prise en charge d’un ESPT doit débuter par une reprise des événements qui se sont produits avant, pendant et après l’épisode traumatique, l’objectif étant d’intégrer cet événement dans l’histoire personnelle du sujet. Thérapies les mieux évaluées, les thérapies cognitivocomportementales semblent efficaces et peuvent être employées quel que soit l’âge, à condition de les adapter et de les utiliser sous une forme simplifiée chez les sujets âgés [17]. Plusieurs auteurs ont également rapporté l’efficacité des thérapies de groupe chez les personnes âgées [59-61]. Le fait de regrouper les patients par âge et type de traumatisme leur permettrait d’avoir le sentiment d’être mieux compris et de pouvoir s’identifier à un groupe. Les psychiatres militaires ont d’ailleurs, depuis longtemps, l’expérience de ce type de thérapies de groupe et plusieurs programmes de réhabilitation existent pour les vétérans ou d’anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale [17]. Plus récemment, une nouvelle technique, l’Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) a été proposée pour traiter le syndrome de répétition traumatique. Elle consiste à exposer un sujet à des mouvements oculaires saccadés qui sont sensés accélérer la désensibilisation aux pensées et émotions qui accompagnent la reviviscence d’un événement traumatique [62]. Bien qu’encore expérimentale, cette technique serait efficace après quelques séances seulement chez les sujets âgés traumatisés [63]. Les autres techniques psychothérapeutiques habituellement employées chez l’adulte, telles que les psychothérapies dynamiques, les thérapies systémiques, les techniques de résolution de problèmes ou encore l’hypnose, n’ont bénéficié d’aucun travail de validation de leur efficacité chez les sujets âgés. Quoi qu’il en soit, l’âge n’est en aucun cas un obstacle ou une contre-indication à la mise en place d’un travail psychothérapeutique et, comme pour les autres troubles anxieux, les traitements psychothérapiques efficaces chez l’adulte jeune peuvent être employés chez la personne âgée [19]. Comme chez l’adulte, il ne faut jamais omettre la prise en charge des très fréquentes conséquences sociales et médico-légales de ce trouble. Conclusion L’ESPT est une pathologie chronique dont la fréquence est sous-estimée chez les sujets âgés, bien qu’elle soit loin d’être négligeable dans notre pratique. Chez un sujet vieillissant présentant une souffrance marquée avec une symptomatologie psychiatrique polymorphe d’apparition brutale ou chronique, il faut toujours garder à l’esprit l’éventualité d’une effraction traumatique et s’intéresser à sa biographie à la recherche d’un événement potentiellement traumatique et de symptômes évocateurs d’un syndrome de répétition. La connaissance des différents types d’ESPT du sujet âgé facilite la reconnaissance de ce trouble et des autres conséquences d’un psychotraumatisme à un âge où les plaintes passent souvent pour des difficultés existentielles quasi « normales » et sont souvent négligées. Pour prendre en charge ces patients, il est préconisé de se référer aux principes employés chez l’adulte jeune tant que des recherches spécifiques n’auront pas été menées. Habituellement, on utilise psychothérapie ou psychotropes de façon séparée ou combinée, avec pour mot clé : la tolérance. Références 1. Cordier B, Sylvestre M, Leyrie J. Pathologies psychiatriques post-traumatiques. Encycl Méd Chir Psychiatrie 1994 : 37-329-A10. 5. Alonso J, Angermeyer MC, Bernert S, Bruffaerts R, Brugha TS, Bryson H, et al. Prevalence of mental disorders in Europe : results from the European Study of the Epidemiology of Mental Disorders (ESEMeD) project. Acta Psychiatr Scand Suppl 2004 ; 420 : 21-7. 2. American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Troisième édition (DSM-III). Paris : Masson, 1983. 6. Blazer D, George LK, Hughes D. The epidemiology of anxiety disorders : an age comparison. In : Salzman C, Lebowitz BD, eds. Anxiety in the elderly. 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