Frances JP et al.
Revue Médicale de l’Assurance Maladie n° 3 / juillet-septembre 2000 17
B. Les 25 respects
Parmi les 25 respects : 4 cas particuliers ont été
considérés comme des respects de la référence,
bien qu’un dosage de T3L ait été effectué.
Pour 3 cas, le traitement était de la L-thyroxine :
– 2 cas concernent des hypothyroïdies d’origine
centrale par hypopituitarisme définitif. Par défini-
tion la TSH est très basse autant avant que lors du
traitement par Lévothyrox. Andrieu [3] admet que
la surveillance du traitement ne peut se contenter
de la seule T4L mais que l’on peut y adjoindre la T3
libre pour l’adaptation posologique. Dans ces deux
dossiers, on peut relever (bien que non concernés
par la référence) les deux dosages de TSH super-
flus, dans le cadre du suivi thérapeutique ;
– 1 cas d’insuffisance rénale dialysée (femme de
50 ans), traitée par L-thyroxine. Andrieu [3] préci-
se que les modifications hormonales sont com-
plexes, la néphropathie réduit la conversion péri-
phérique de T4 en T3, les bains d’hémodialyse
entraînent une fuite de T4, l’héparinothérapie
peut accroître les taux de T4 L, le dosage de T3 L,
dans ce contexte n’a pas été jugé comme un non-
respect.
Pour 1 cas, prise d’une association de L-thyroxine
et tri-iodothyronine, cas non prévu dans la réfé-
rence.
Dans les 21 autres cas de respect, nous trouvons un
dosage non pertinent de la T3 totale. Nous devons
cependant considérer que la référence est respec-
tée car elle ne porte que sur la T3 libre.
5. Importance du contexte évolutif
Il faut se garder de l’étiquetage hâtif de situations
endocriniennes.
– Une ancienne hyperthyroïdie peut, au moment
de l’évaluation des références médicales, être deve-
nue une hypothyroïdie, ne justifiant pas un dosage
de T3L. En effet, 20 à 50 % des Basedow traités par
iode radio-actif sont devenus hypothyroïdiens défi-
nitifs dix ans après la dose thérapeutique [20].
Nous trouvons deux cas dans notre échantillon.
Un sujet après réduction chirurgicale de son goitre
basedowien n’est pas assuré d’être définitivement
euthyroïdien. Si les rechutes sont bien connues, à
long terme, certains sujets peuvent devenir hypo-
thyroïdiens.
– Le devenir biologique d’un patient ayant eu une
hémithyroïdectomie pour nodule dépend de la
qualité du tissu controlatéral restant. Une atteinte
auto-immune [21] peut l’altérer jusqu’à provoquer
une hypothyroïdie.
– Une thyroïdite chronique avec auto-anticorps
(anti-TPO), avec (ou sans goitre) peut exister avec
euthyroïdie ou hyper ou hypothyroïdie, en fonc-
tion des individus (à cause des anticorps associés,
stimulateurs, ou freinateurs, anticorps non dosables
à l’heure actuelle).
6. La connaissance de la prise d’amiodarone
[15, 22]
L’évaluation d’une situation avec prise d’amiodaro-
ne est complexe. Elle doit être détaillée pour préci-
ser dans quelles situations on se trouve vis-à-vis des
références.
Cinq cas d’angor traités par amiodarone ont une
hypothyroïdie traitée. L’amiodarone a provoqué ou
révélé chez eux une hypothyroïdie. La poursuite de
celle-ci a été jugée indispensable. Il s’agit d’une si-
tuation fréquente : sous amiodarone jusqu’à 10 %
des patients développent une hypothyroïdie [15].
Ces 5 cas relèvent de la référence 3 du thème XIII.
7 cas ont justifié l’arrêt plus ou moins récent de
l’amiodarone (suppression de l’apport iodé induc-
teur de leur hyperthyroïdie). Dans ce cas, le bilan
T3 – T4 – TSH correspond au suivi de l’hyper-
thyroïdie : cette situation est hors référence.
Chez vingt patients sous traitement par amiodaro-
ne, on relève :
– 1 suspicion d’hyperthyroïdie (hors référence) ;
– 14 cas de fibrillation auriculaire traitée par amio-
darone. Il peut s’agir d’une suspicion d’hyperthy-
roïdie induite par l’amiodarone, marquée par une
fibrillation auriculaire qui se « réaccélère ». Ce peut
être aussi une simple surveillance, avec prescription
de sécurité. Dans les deux cas, aucune référence
n’est concernée.
7. Sur la précision des prescriptions de dosage
hormonal
Le dosage varie en fonction de l’intervalle de temps
écoulé depuis la prise médicamenteuse.
Sur aucune des ordonnances, où un dosage de T4
libre était demandé, dans la surveillance d’un trai-
tement par L-thyroxine, il n’était précisé de le prati-
quer avant la prise médicamenteuse.
Getin [23] précise qu’avec une dose de 2,2 µg/kg
de thyroxine, la T4 libre peut s’élever au-dessus de
la normale, entre 100 et 240 minutes après la prise,
sans variation de la T4 totale.
Ces situations avec dose de 2,2 µg/kg s’observent
lors de traitements substitutifs d’hypothyroïdies
profondes, voire avec des doses supérieures lors
des traitements freinateurs pour cancer thyroïdien
(2 cas dans notre échantillon).
Il faut éviter le dosage de T4 libre lorsqu’il y a prise
de L-thyroxine, dans les 2 heures précédentes.
8. Propositions pour élargir le champ
d’application des références médicales
Le champ d’application actuel est étroit. Il pourrait
être élargi :