Chapitre 4 : Intervention publique dans l’économie
Plus fondamentalement, l’intervention de l’Etat dans l’activité économique ne passe pas
seulement par la fourniture directe de biens et services, par des opérations de consommation,
d’investissement ou de transferts dont la comptabilité nationale donne des évaluations
quantitatives. La mise en place de systèmes variés de contraintes ou d’incitations constitue le
moyen pour les pouvoirs publics d’agir sur les comportements privés. Certes, certaines
mesures, telles les taxes ou subventions, sont directement quantifiables, mais il faut noter que
l’impact sur l’économie n’est pas nécessairement proportionnel au montant des flux financiers
créés par ces mesures. Mais il existe bien d’autres types d’interventions dont on ne peut
donner directement une mesure quantitative : c’est par exemple le cas des multiples dispositifs
réglementaires qui encadrent l’activité économique sous toutes ses formes (droit du travail,
droit de la concurrence, normes techniques diverses…).
Par ailleurs, la notion d’intervention publique peut recouvrir des situations diverses, selon le
système institutionnel ou le contexte socio-politique, en termes de décomposition des
dépenses publiques selon les niveaux d’administration (gouvernement central, organismes de
sécurité sociale, collectivités locales). Le choix du degré de centralisation pour l’action
publique est en lui-même une question qui intéresse l’analyse économique de l’Etat. En
rapprochant les décideurs de leurs administrés, la décentralisation permet une meilleure
information sur leurs besoins et autorise une action modulée pour y répondre de façon
différenciée le cas échéant. A l’inverse, la centralisation peut apporter le bénéfice
d’économies d’échelle, permet de prendre en compte les effets de débordement et facilite les
actions redistributives. A partir de ce double constat, on peut considérer que la solution
décentralisée est préférable tant qu’il n’existe pas de raisons spécifiques (économies
d’échelle, effets de débordement etc.) justifiant une intervention plus centralisée : c’est le
théorème de Oates, qui donne un fondement économique au principe de subsidiarité retenu
par l’Union européenne.
b/ Financement de l’intervention publique
Pour remplir ses fonctions, l’Etat a à sa disposition des moyens de financement de ses
interventions qui sont très divers : vente des biens et services, prélèvements obligatoires,
emprunt... L’analyse du financement de l’action publique ne saurait être dissociée de l’analyse
de l’intervention publique elle-même. Du fait de leur incidence sur l’économie, les divers
modes de financement peuvent être utilisés comme autant d’instruments dans la réalisation
des missions de l’Etat. Dans ce cadre, ils peuvent servir à développer une économie équilibrée
en stimulant ou en dissuadant certaines activités économiques, ou à favoriser la justice sociale
en modifiant la répartition de la richesse nationale, ou encore à amortir les fluctuations
économiques en compensant leurs effets sur les revenus.
Certains biens ou services fournis par le secteur public conservent un caractère marchand et
peuvent ainsi être vendus à leurs usagers. En termes d’efficacité économique, ce paiement
direct des biens et services est même généralement considéré comme le meilleur mode de
financement dès lors qu’il est possible d’évaluer un prix objectif. Mais du fait même qu’elle
répond à des défauts de marché, l’intervention publique est pour une large part une activité
non marchande et lorsqu’elle l’est, la tarification optimale des services rendus par l’Etat reste
souvent un exercice délicat. Idéalement, chaque individu devrait financer la fourniture d’un
bien public en fonction de la satisfaction retirée de son usage. Mais l’estimation de celle-ci