Dossier thématique
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La Lettre du Psychiatre - Vol. IV - n° 6 - novembre-décembre 2008
Psychotropes
L’utilisation des neuroleptiques s’impose non seulement pour
contrôler les symptômes face à un épisode psychotique aigu, mais
également pour prévenir les rechutes.
La faible action des neuroleptiques de première génération sur
les symptômes négatifs et sur les déficits cognitifs (troubles de
la mémoire, de l’attention et des fonctions exécutives) ainsi que
leurs effets secondaires neurologiques en font des traitements
de seconde intention ou des traitements d’appoint de l’agitation
délirante (les phénothiazines aliphatiques telles que la lévomépro-
mazine ou la cyamémazine sont encore régulièrement utilisées
dans cette indication).
La priorité est laissée aux neuroleptiques de seconde génération.
Ceux-ci ont l’intérêt d’avoir une action sur les symptômes positifs
et négatifs et d’avoir des effets indésirables moindres, améliorant de
ce fait l’observance. Les neuroleptiques de seconde génération sont
disponibles en nombre limité sur le marché français : rispéridone,
olanzapine, amisulpiride, aripiprazole et clozapine. Ce dernier ne
peut être prescrit que chez des patients résistants à deux neuro-
leptiques pris à une posologie et pendant une durée suffisantes,
en raison du risque d’agranulocytose lié à son administration.
Le choix du neuroleptique dépend avant tout de son profil d’ef-
fets indésirables (prise de poids, diabète et hyperlipidémies
pour l’olanzapine et la clozapine, symptômes neurologiques et
hyperprolactinémie pour la rispéridone), ainsi que des résultats
obtenus lors d’éventuelles précédentes prescriptions. L’adap-
tation de la posologie doit prendre en compte ses effets sur
les symptômes, ainsi que sa tolérance. Le choix de la forme
galénique (formes orales : comprimés classiques ou orodis-
persibles, solutions orales ; formes parentérales par injection
intramusculaire à effet rapide ou retard) dépend avant tout de
la qualité de l’observance du patient. Les formes retard sont
essentiellement destinées aux patients non observants.
D’autres classes médicamenteuses sont régulièrement utilisées
dans le traitement de la schizophrénie. Les correcteurs anticho-
linergiques sont destinés aux patients présentant des symptômes
extrapyramidaux (dyskinésies aiguës et syndrome parkinsonien)
consécutifs à l’utilisation de neuroleptiques (principalement de
première génération, mais également parfois de seconde généra-
tion, en particulier lors de l’emploi de fortes doses). Leur utilisa-
tion systématique n’est pas recommandée et leur administration
doit être limitée dans le temps, étant donné leurs effets délétères
sur l’attention et la mémoire. Les thymorégulateurs (lithium, acide
valproïque) sont associés aux neuroleptiques dans le traitement
du trouble schizoaffectif. Enfin, l’adjonction de sédatifs est recom-
mandée chez les patients angoissés ou agités. Les benzodiazépines
peuvent être utilisées, de même que certains neuroleptiques
à action sédative comme les phénothiazines aliphatiques (en
particulier la cyamémazine et la lévomépromazine).
L’instauration d’un traitement par neuroleptique doit systéma-
tiquement être accompagnée d’un bilan initial comprenant la
mesure de certains paramètres cliniques (poids, IMC, présence
de signes extrapyramidaux, pression artérielle) et paracliniques
(glycémie, bilan lipidique, ionogramme, électrocardiogramme
avec mesure de l’intervalle QT). Ces mêmes paramètres doivent
faire l’objet d’une surveillance ultérieure régulière pendant toute
la durée du traitement.
Psychothérapies
Les psychothérapies se présentent sous diverses formes. La prise
en charge d’un patient souffrant de schizophrénie requiert au
minimum l’utilisation d’un soutien empathique destiné à le rassurer,
lui expliquer sa maladie et soutenir sa réadaptation sociale et
professionnelle si la maladie l’a progressivement exclu. D’autres
formes de psychothérapie plus spécifiques sont particulièrement
utiles dans la prise en charge de la schizophrénie : les thérapies
cognitives du délire et des hallucinations ont en particulier fait
la preuve de leur efficacité. En revanche, la pratique de la cure
psychanalytique type est contre-indiquée.
L’action des psychothérapies peut être complétée par l’utilisation
des programmes de réhabilitation psychosociale, qui utilisent les
principes du renforcement positif et les apports d’une pratique
groupale et sont destinés à développer les compétences sociales
des patients. Ils ne peuvent être utilisés que pendant les phases
de rémission et dans les formes débutantes.
Les familles ne doivent pas être exclues du champ thérapeutique et
leurs difficultés dans la relation aux patients doivent être impérati-
vement prises en compte. Une place de plus en plus importante leur
est faite pour repérer et traiter des interactions qui peuvent avoir
un effet aggravant sur la maladie. Par ailleurs, un soutien et une
meilleure information sur la maladie doivent leur être proposés.
Électroconvulsivothérapie (ECT) et stimulation
magnétique transcrânienne répétitive (rTMS)
L’ECT conserve une place dans la prise en charge des épisodes
catatoniques ne cédant pas sous traitement par benzodiazépines,
ainsi que dans les formes schizoaffectives ou avec potentiel
suicidaire très élevé résistant au traitement psychotrope.
La rTMS est une méthode non invasive ne requérant pas d’anes-
thésie ni de curarisation (contrairement à l’ECT) et destinée à
traiter certains symptômes tels que les hallucinations verbales.
Elle est encore expérimentale, mais prometteuse au vu des résul-
tats dont nous disposons à ce jour.
Hospitalisation
L’hospitalisation doit être proposée au patient lorsque ses
symptômes ne sont pas compatibles avec une prise en charge
ambulatoire. Les motifs d’hospitalisation les plus fréquents sont
l’établissement d’un diagnostic en début de maladie, la présence
d’un délire ou d’une désorganisation marqués, une angoisse
majeure, ou encore un risque suicidaire ou hétéro-agressif carac-
térisé. Lorsque le patient n’est pas conscient de ses troubles et
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