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SELARL Fleurquin-Bouilloux-Albouy-Bosc-Bringer 5,7 Bd d’Estourmel BP 108 12001 RODEZ cédex
Les principales étiologies sont :
-la cirrhose biliaire primitive (CBP)
Elle est associée à un prurit dans 80% des cas. Celui-ci est
souvent intense avec une asthénie, bien avant l’apparition de
l’ictère. Il s’agit de femme dans 90% des cas. D’autres
maladies auto-immunes sont souvent associées. Le
diagnostic repose sur la recherche d’Ac anti-mitochondries,
l’élévation des IgM sériques et la biopsie hépatique.
-la cholangite sclérosante primitive (CSP)
Plus rare, elle touche les 2 sexes et s’accompagne 1 fois sur
2 d’une maladie inflammatoire chronique intestinale.
L’évolution est fluctuante avec des poussées d’ictère,
d’hyperthermie, de douleurs abdominales et de prurit. Le
diagnostic est radiologique par cholangiographie
endoscopique rétrograde ou percutanée transhépatique
montrant des rétrécissements irréguliers des canaux biliaires
intra-hépatiques.
-l’obstruction aiguë des canaux biliaires extra-hépatiques
Elle est évoquée par l’apparition brutale d’un ictère et d’un
prurit. Les étiologies sont diverses : lithiase du cholédoque,
pancréatite chronique, carcinome de la tête du pancréas ou
des canaux biliaires.
-les hépatites
Un prurit accompagne souvent la phase prodromique des
hépatites virales aiguës. L’hépatite C est souvent associée à
un prurit persistant.
Les hépatites médicamenteuses (estrogènes, phénothiazines,
allopurinol, érythromycine, nitrofurantoïne) s’accompagnent
souvent de prurit, de même que les cholestases de la
grossesse (voir prurits endocriniens et métaboliques).
Remarque : La cirrhose alcoolique et l’hémochromatose ne
sont pas prurigineuses sauf exception.
Le facteur responsable du prurit de la cholestase n’est pas
connu. Il est probablement libéré par les hépatocytes, les
mastocytes et les autres cellules des sinus hépatiques qui
seraient altérés par les sels biliaires hydrophobes.
Prurit d’origine hématologique
-maladie de Hodgkin et lymphomes
Le prurit généralisé est un signe classique de la maladie de
Hodgkin survenant chez près de 30% de tels patients et
précédant parfois de plusieurs mois voire de quelques
années toute autre manifestation. Il peut être très sévère et
plus intense la nuit pouvant s’accompagner de lésion de
prurigo. Une sensation de brûlure y est parfois associée. Ce
prurit serait associé à un moins bon pronostic.
Certains lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples
ou gammapathies monoclonales peuvent être responsables
de prurit. Les premières manifestations d’un lymphome T
cutané sont parfois très prurigineuses, l’intensité du prurit
pouvant en masquer les lésions spécifiques. Cependant le
mycosis fongoïde et le syndrome de Sézary s’accompagne
habituellement de lésions cutanées évocatrices.
-polyglobulie essentielle ou maladie de Vaquez
Le prurit existe chez 70% des patients. Il serait lié à la
libération de sérotonine et de prostaglandines par les
plaquettes, ces 2 médiateurs ayant une effet potentialisateur
sur le prurit. Celui-ci survient souvent après un bain chaud,
le facteur déclenchant pouvant être l’eau ou la température.
Ce symptôme peut précéder le diagnostic hématologique de
plusieurs années.
-mastocytoses
Les mastocytoses cutanées et les mastocytoses systémiques
peuvent s’accompagner de prurit. L’absence de lésion
cutanée spécifique pose habituellement un problème
diagnostique. Le dosage de l’histaminémie lors d’un flush
ou des métabolites urinaires de l’histamine, une éosinophilie
sanguine permettent parfois d’orienter le diagnostic.
Prurit lié à une affection dysimmunitaire
Le syndrome de Goujerot-Sjörgren entraîne parfois une
sécheresse cutanée et un prurit parfois révélateur des autres
symptômes en particulier la sécheresse de muqueuses. Le
terrain dysimmunitaire associé au syndrome lympho-
exocrinien permettent le diagnostic.
Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)
s’accompagne souvent d’éruptions prurigineuses volontiers
folliculaires, extensives sans cause précise reconnue. Une
cause immunitaire est évoquée avec mise en évidence
fréquente d’Ac de la phemphigoïde bulleuse.
Prurit et cancers (hémopathies exclues)
Bien que souvent redouté, la présence d’un cancer au cours
d’un prurit généralisé est rare. Le prurit a été décrit au cours
de cancers très variés. Il peut en être un signe précoce ou
très tardif et son intensité très variable n’est pas corrélée
avec l’étendue de la tumeur associée. Le prurit guérit
souvent rapidement après le traitement du cancer. Sa
persistance ou sa réapparition doit faire craindre une
récidive.
Dans le carcinome de l’ampoule de Vater, de la tête du
pancréas ou des voies biliaires extra-hépatiques, le prurit est
habituellement lié à une obstruction hépato-biliaire et
s’accompagne alors très souvent d’une hyperpigmentation
des zones de grattage.
Un prurit généralisé a été rapporté au cours de tumeurs
carcinoïdes, de cancers du sein, de la prostate, de l’utérus et
de la thyroïde
Prurits endocriniens et métaboliques
-thyroïde
L’hyperthyroïdie s’accompagne d’un prurit dans 10% des
cas, celui-ci étant parfois le seul motif de consultation. C’est
une cause fréquente de prurit d’origine systémique. Il est
surtout fréquent lors de la maladie de Basedow non traitée,
après plusieurs années d’évolution.
Il serait dû directement à l’action des hormones
thyroïdiennes sur la peau par activation du métabolisme
tissulaire, activation des kinines, vasodilatation cutanée et
diminution du seuil de prurit ainsi qu’à des modifications
hépatiques : élévation sérique de l’acide
chénodésoxycholique.
L’hypothyroïdie peut s’accompagner d’un prurit,
probablement en raison de l’aspect souvent atrophique,
rugueux, sec et squameux de la peau, de la plupart des
hypothyroïdies.