TD n 6. 1 Extensions transcendantes 2 Caractéristique non nulle

Université Pierre & Marie Curie M1 de Mathématiques
MM002 (Algèbre et théorie de Galois) Automne 2015
TD n6.
Un corps est dit parfait si Car(k)=0ou si p:= Car(k)>0et Frobp:KKest surjectif (Frobp(x) = xp).
1 Extensions transcendantes
Exercice 1. Soit kun corps et K=k(X)le corps des fractions rationnelles.
a) Soit FK\k. On écrit F=P(X)
Q(X), avec P, Q k[X]premiers entre eux.
i) Montrer que Xest algébrique sur k(F)(on pourra considérer R(T) := P(T)F(X)Q(T)k(F)[T]).
ii) En déduire que Fest transcendant sur k.
iii) Montrer que [K:k(F)] = max(deg(P),deg(Q)) (on pourra montrer que R(T)est irréductible dans
k[F][T]).
b) Soit φ: GL2(k)Autk(K)le morphisme de groupe défini par
φa b
c d(R) = RaX +b
cX +d.
Montrer que φest surjectif, et que ker(φ) = k×.
Solution. a) i) Evaluons Rk(F)[T]k(X)[T]en X:R(X) = P(X)F(X)Q(X) = 0 donc R
est un polynôme annulateur non nulde Xdans k(F)[T], donc Xest algébrique sur k(F). De plus
[k(X) : k(F)] deg(R) = max(deg(P),deg(Q)).
ii) Si Fest algébrique sur k,[k(F) : k]est fini. Or [k(X) : k(F)] est fini donc par transitivité des degrés,
[k(X) : k]est fini, ce qui est absurde.
iii) On a déjà l’inégalité [k(X) : k(F)] deg(R) = max(deg(P),deg(Q)). Pour avoir l’égalité il suffit de
montrer que Rk(F)[T]est le polynôme minimal de X, ou de manière équivalente, que Rk(F)[T]
est irréductible. Comme Fest transcendant sur k,k[F]est un anneau de polynôme à une variable
(en l’occurrence F) sur k, c’est donc un anneau principal, et a fortiori factoriel. Il suffit alors de
montrer que Rest irréductible dans k[F][T]'k[T][F]. Or vu comme polynôme en Fà coefficient
dans k[T],Rest de degré 1en F, donc est irréductible dans k(T)[F]. De plus pgcd(P, Q) = 1, donc
Rest primitif en tant que pôlynôme de k[T][F], donc Rest irréductible dans k[T][F]'k[F][T, donc
dans k(F)[T]. D’où le résultat.
b) Soit φin Autk(K), et F=φ(X). Alors si R(X) = P(X)
Q(X),φ(R) = R(F). Il suffit donc de montrer que F
est de la forme aX+b
cX+d. (Remarquons que si FK, pour que RR(F)définissent bien un morphisme de
corps, il faut et il suffit que si Q6= 0 k[X],Q(F)6= 0, c’est-à-dire Fn’est pas algébrique sur k. D’après
a)ii), c’est toujours le cas si Fn’est pas constant).
Ecrivons F=P
Qavec Pet Qpremiers entre eux. Comme k(F)est l’image de φ, par bijectivité de φ,
k(F) = K. D’après a)iii),on a donc max(deg(P),deg(Q)) = 1, donc Pest de la forme aX +bet Qde la
forme cX +d. Comme Fn’est pas une fraction rationnelle constante, (a, b)et (c, d ne sont pas colinéaire,
et la matrice de l’énoncé est bien dans GL2(k).
2 Caractéristique non nulle
Exercice 2. Algorithme de Berlekamp
a) Soit Aune Fp-algèbre. Montrer que Frobp:AAdéfinie par f(x) = xpest Fp-linéaire.
b) Montrer que si Aest un corps, alors E:= ker(FrobpIdA)est un sous-Fp-espace vectoriel de Ade
dimension 1.
c) Montrer que si A=K1× ···Knest un produit de ncorps, alors E:= ker(FrobpIdA)est un sous-Fp-
espace vectoriel de Ade dimension n.
d) Soit PFp[X]tel que pgcd(P, P 0)=1. On pose A=Fp[X]/(P). Montrer que E:= ker(FrobpIdA)est
un sous-espace vectoriel de Ade dimension le nombre de facteurs irréductibles de P.
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Solution. a) Si a, b Fp, alors Frobp(ax +by) = Pp
k=0 p
kakxkbpkypk=apxp+bpypcar les coefficients
binomiaux pour k6= 0, p sont divisibles par p. Or ap=aet bp=bd’après le petit théorème de Fermat,
donc Frobpest bien Fplinéaire.
b) Eest l’ensemble des racines de XpX. Comme Aest un corps, il y a au plus ptelles racines. Les éléments
de FpAsont de telles racines, et donc E=Fpest bien un Fp-espace vectoriel de dimension 1.
c) (x1,··· , xn)Esi et seulement si xp
i=xipour tout i, si et seulement si xiFpd’après la question
précédente. Donc E=Fp× ··· × Fpest de dimension n.
d) Comme pgcd(P, P 0)=1, les facteurs irréductibles de Papparaissent avec multiplicité 1dans la factorisa-
tion de P. Donc P=Q1···Qnoù les Qisont tous distincts. Le théorème des restes chinois affirme que
A=QiFp[X]/Qiet Ki=Fp[X]/Qiest un corps puisque Qiest irréductible. La question précédente nous
dit donc que Eest de dimension nsur Fp.
Exercice 3. Soit pun nombre premier et aFp. Soit P=XpXaFp[X].
a) Si a= 0, donner la décomposition en facteur irréductible de P. On suppose dorénavant a6= 0.
b) Montrer que P(X+ 1) = P(X).
c) Soit Qun facteur irréductible de P. Montrer que Q(X+ 1) est aussi un facteur irréductible de P.
d) Montrer que Q(X+ 1) = Q(X)(on pourra considérer une action de Z/pZsur l’ensemble des facteurs
irréductibles de P).
e) Montrer que si RFp[X]est de degré p1et R(X+ 1) = R(X), alors Rest un polynôme constant.
f) En déduire que Pest irréductible.
g) Soit bZpremier à p. Montrer que XpXbest un polynôme irréductible de Q[X].
Solution. a) Si xFp,P(x) = 0 donc rodxFp(Xx)divise P, et comme les deux polynômes sont de
même degré et de même coefficient dominant, ils sont égaux.
b) P(X+ 1) = (X+ 1)p(X+ 1) a=Xp+ 1 X1a=XpXa.
c) L’application Fp[X]Fp[X]qui à Rassocie R(X+ 1) est un isomorphisme d’anneaux, donc préserve
l’irréductibilité et la relation de divisibilité. Donc Q(X+1) est irréductible et Q(X+1) divise P(X+1) = P,
comme voulu.
d) On considère l’action k.Q 7→ Q(X+k). Le stabilisateur de Qest un sous-groupe de Z/pZ, c’est donc soit
Z/pZ(auquel cas Q(X+ 1) = Qcomme voulu), soit {0}. Si le stabilisateur est {0}, alors l’orbite de Q
est de cardinal p. Or comme Pest de degré p, s’il a au moins pfacteurs irréductibles, ils doivent être de
degré 1, et donc Pdevrait avoir une racine. Or si xFp,P(x) = a6= 0. Contradiction.
e) Soit zune racine de Rdans une extensions Kde Fp. Alors (z+a)aFpest une famille de pracines distinctes
de R, ce qui contredit deg R < p 1.
f) Si Qest un facteur irréductible de P, alors Q(X+ 1) = Q(X)d’après d), donc deg Qpd’après e, ce
qui prouve que Pest irréductible.
g) Si P=XpXbétait réductible, son image ¯
Pdans Fp[X]par réduction modulo pserait aussi réductible
puisque Pest unitaire, ce qui est en contradiction avec f). Donc Pest irréductible dans Z[X]donc dans
Q[X]
Exercice 4. Soient Xet Ydeux indéterminées et pun nombre premier. On pose
K=Fp(Xp, Y p)et L=Fp(X, Y ).
(ı) Montrer que Lest une extension finie de Kde degré p2.
(ıı) Montrer qu’il n’existe pas d’élément θLtel que L=K(θ).
Solution. (ı) L’élément Xest algébrique sur Kde degré p. En effet, considérons le polynôme F=TpXp
K[T]. On a F= (TX)p, de sorte que Xest la seule racine de Fdans une clôture algébrique de K. Puisque
Xn’appartient pas à K, l’élément Xpn’est pas une puissance p-ième dans K. D’après l’exercice ??,Fest donc
irréductible sur K, et est ainsi le polynôme minimal de Xsur K. De même, Yest algébrique sur K(X)de degré
p, comme on le constate en considérant le polynôme TpYpK(X)[T]qui est irréductible sur K(X). Compte
tenu du fait que l’on a L=K(X, Y ), on en déduit le résultat.
(ıı) Supposons qu’il existe θLtel que L=K(θ). Il existe des éléments Fet Gdans Fp[X, Y ]tels que l’on ait
θ=F(X, Y )
G(X, Y ).
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Puisque Lest de caractéristique p, on a
θp=F(Xp, Y p)
G(Xp, Y p),
et donc θpappartient à K. On en déduit que le degré de θsur Kest au plus p, ce qui contredit le fait que L/K
soit de degré p2. D’où le résultat.
Exercice 5. Soient Kun corps , F=X33X1K[X]et αune racine de Fdans une clôture algébrique
de K. Montrer que K(α)est une extension séparable de K.
Solution. Supposons la caractéristique de Kdifférente de 3. Le polynôme dérivé de F, qui est 3(X21),
est premier avec F, ce qui montre que Fest séparable dans ce cas et donc que αest séparable sur K. Si la
caractéristique de Kvaut 3, on a F= (X1)3, d’où α= 1 puis K(α) = K.
Exercice 6. Soient Kun corps de caractéristique un nombre premier pet fun polynôme irréductible sur K.
Montrer que fn’est pas séparable si et seulement si il existe gdans K[X]tel que f(X) = g(Xp).
Solution. Si fest de la forme g(Xp), le polynôme dérivé de fest nul, donc fest inséparable. Inversement,
supposons finséparable. Posons f=Pn
i=0 aiXi. On a
f0=
n
X
i=1
iaiXi1.
D’après l’hypothèse faite, on a f0= 0, d’où iai= 0 pour i= 1,··· , n. Si ain’est pas nul, iest donc divisible
par p, ce qui entraîne le résultat.
Exercice 7. Soient Kun corps de caractéristique un nombre premier pet Lune extension finie de Kde degré
non divisible par p. Montrer que Lest séparable sur K.
Solution. Soient αun élément de Let Fson polynôme minimal sur K. Il s’agit de montrer que Fest séparable.
Dans le cas contraire, Fétant irréductible, il existe GK[X]tel que F(X) = G(Xp)(exercice 6). Il en résulte
que le degré de Fest multiple de p, par suite pdivise le degré de Lsur K. D’où une contradiction et le résultat.
Exercice 8. Soient K=Fp(X)et P=TpXK[T]. Montrer que Pn’est pas séparable.
Solution. On a P0= 0.Pest irréductible dans k[X]. En effet, si P=P1·P2, alors P1(0)P2(0) = X, donc
P1(0) = X, par exemple. Mais, si αest une racine de P, alors dans K(α), on a P=tpαp= (tα)p. Donc
P1= (tα)net X=αn=αp, donc p=net P1=P.Pest irréductible dans k[X]donc aussi dans k(X)
(lemme de Gauss) et donc non séparable.
Exercice 9. Soit kun corps, Pk[X]un polynôme irréductible et Lune extension finie de k. Soit une
extension algébriquement close de k.
a) Montrer que Pest séparable si et seulement si kk[X]/(P)est un anneau réduit.
b) Montrer que Lest une extension séparable de ksi et seulement si kLest un anneau réduit.
Exercice 10. Montrer que K=Fp(X)n’est pas un corps parfait.
Solution. Comme A=Fp[X]est factoriel (même principal),K= Frac(A)et Xest irréductible, le polynôme
TpXest irréductible dans K[T], donc n’a pas de racine. Donc Xn’est pas dans l’image du frobenius.
Exercice 11. Soit Kun corps parfait et PK[X]. Montrer que si Pest irréductible, alors pgcd(P, P 0)=1.
Soit Kun corps qui n’est pas parfait. Montrer qu’il existe un polynôme irréductible PK[X]irréductible tel
que P0= 0.
Solution. Si P06= 0, alors deg pgcd(P, P 0)deg P0<deg P, et pgcd(P, P 0)|P, donc si Pest irréductible
pgcd(P, P 0)=1. Il suffit donc de montrer que P06= 0 (ce qui est évident si p:= carK = 0, on suppose
dorénavant p6= 0). Supposons P0= 0 et écrivons P=PkakXk. Alors P0=PkkakXk1= 0 donc ak= 0 si
kn’est pas divisible par p. Donc P=Pjapj Xpj . Comme Kest supposé parfait, il existe bjtel que bp
j=apj.
Alors P=Pj(bjXj)p= (PjbjXj)p, ce qui contredit l’irréductibilité de P.
Exercice 12. Soit Kun corps parfait de caractéristique p > 0et K0une extension finie de K.
a) Soient (xi)iune base du K-espace vectoriel K0et f:K0K0l’unique application K-linéaire telle que
f(xi) = xp
ipour tout i. Montrer que fest injective.
b) En déduire que K0est parfait.
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c) on ne suppose plus K0/K finie, mais seulement algébrique. Montrer que K0est parfait.
Solution. a) Soit y=Piaixiker favec aiK. Comme Kest parfait, soit biKtel que bp
i=ai. Alors
0 = f(y)=(Pibixi)p, donc comme (xi)est une famille libre, pour tout i,bi= 0, donc ai= 0, donc y= 0.
b) Soit yK0. Comme K0est de dimension finie sur K, l’injectvité de fimplique sa surjectivité. Il existe
donc z=Piaixiavec aiKtel que f(z) = y. Comme Kest parfait, il existe biKtel que bp
i=ai.
On a alors y= (Pibixi)p, ce qui prouve que K0est parfait.
c) Soit yK0. Alors K(y)est une extension finie de K, donc K(y)est parfait d’après 2. Il existe donc
zK(y)K0tel que zp=y, ce qui montre que K0est parfait.
Exercice 13. Soit Kun corps de caractéristique p > 0.
a) Montrer qu’il existe une extension K0de Ktel que Ksoit un corps parfait (on pourra prendre pour K0
une clôture algébrique de K) .
b) On note Kpf ={xK0:nN, xpnK}. Montrer que Kpf est un sous-corps parfait de K0contenant
K.
c) Montrer que Kpf vérifie la propriété universelle suivante : pour toute extension Lde Ktelle que Lsoit
un corps parfait, il existe un unique morphisme de K-algèbres Kpf L.
Solution. a) Soit K0une clôture algébrique de K. Soit xK0. Comme K0est algébriquement clos, le
polynôme Xpxadmet une racine, et donc xest dans l’image du frobenius. Donc K0est parfait.
b) Si x, y Kpf , il existe n, m tels que xpn, ypmK. On peut supposer n=mquitte à les remplacer par le
maximum des deux. Alors (xy)pn=xpnypnKet si y6= 0,(x/y)pn=xpn/ypnK, donc Kpf est
un sous-corps de K0. De plus si xK,xp0=xKdonc Kpf contient K.
Enfin, si xKpf , soit ntel que xpnK. Comme K0est parfait il existe yK0tel que yp=x. Alors
ypn+1 =xpnKdonc yKpf , ce qui montre que Kpf est parfait.
c) Soit Lcomme dans l’énoncé. Soit xKpf . Il existe ntel que xpnKL. Comme Lest parfait le
polynôme Xpnxpnadmet une racine y, unique par injectivité du frobenius.
Soit fun morphisme de K-algèbres Kpf L. Alors f(x)pn=f(xpn) = ypn, donc par injectivité du
frobenius, f(x) = y, ce qui montre l’unicité de f.
Réciproquement, posons f(x) = y(ceci ne dépend pas du choix de n). Si x1, x2Kpf , il existe ntels que
xpn
1, xpn
2K. Alors (f(x1) + f(x2))pn=f(x1)pn+f(x2)pn=xpn
1+xpn
2= (x1+x2)pn=f(x1+x2)pn, et
donc par injectivité du frobenius fest additive. La multiplicativité de fse prouve de la même façon.
3 Extensions galoisiennes
Exercice 14. Soit nN. Soit Φn=Qk(Z/nZ)(Xe2k/n)C[X].
a) Montrer que Xn1 = Qd|nΦd. En déduire que ΦnZ[X].
b) Soit ζune racine primitive nede 1et pun nombre premier premier à n. Soit fet gles polynômes minimaux
unitaire sur Qde ζet ζ0=ζp. On suppose f6=g.
i) Montrer que fg|Φnet f|g(Xp).
ii) Montrer que l’image de Φndans Fp[X]a un facteur irréductible ayant multiplicité au moins deux, et
en déduire une contradiction.
c) En déduire que Φnest un polynôme irréductible.
d) Montrer que Q(e2/n)est une extension galoisienne de Qet décrire son groupe de Galois.
e) Soit Kune extension finie de Q. Montrer que Kne contient qu’un nombre fini de racines de 1.
Solution. a) Soit µle groupe multiplicatif des racines de 1,µ(n)l’ensemble des éléments de µdont l’ordre
multiplicatif est n, et µnl’ensemble des racines nesde 1(c’est-à-dire dont l’ordre multiplicatif divise n).
Alors Xn1 = Qζµn(Xζ)et Φn=Qζµ(n)(Xζ). Or µnest l’union disjointe des m(d)pour d
divisant n, donc
Xn1 = Y
ζµn
(Xζ) = Y
d|nY
ζµ(d)
(Xζ) = Y
d|n
Φd.
Φnest le quotient de Xn1Z[X]par Qd|n,d6=nΦd, qui par récurrence est un polynôme unitaire de
Z[X], donc la division euclidienne par un polynôme unitaire, nous dit que Φnest à coefficient s dans Z.
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b) i) Comme Φn(ζ)=0,f|Φn, de même g|Φn. Or, en tant que polynômes minimaux, fet gsont irréduc-
tibles, donc l’hypothèse f6=gimplique qu’ils sont premiers entre eux. Donc fg|Φn.
De même, g(ζp)=0, donc ζest une racine de g(Xp)donc f|g(Xp).
ii) Soit hun facteur irréductible de ¯
f. Donc h|¯
f|¯g(Xp) = ¯gp. Comme hest irréductible, h|g. Donc
h2|fg|Φn|Xn1. Donc h|pgcd(Xn1, nXn1)=1car nest premier à p. Contradiction.
c) Soit kpremier à n, et soit k=Qipαi
i. En appliquant b) Piαifois, on en déduit que e2k/n est racine
du polynôme minimal fde e2/n. Donc Φn|fet donc Φnest bien irréductible.
d) Si xest un conjugué de ζ=e2/n, alors xest une racine de Φn, donc de la forme e2k/n =ζkQ(ζ).
Donc Q(ζ)contient tous les conjugués de ζdonc est une extension normale de Q. Comme on est en
caractéristique 0, c’est une extension galoisienne.
Soit G= Gal(Q(ζ)/Q). D’après la question précédente, les conjugués de ζsont exactement les ζkavec
k(Z/nZ)×. Il existe donc gkGtel que g(ζ) = ζk, unique puisque Q(ζ)est engendrée par ζ. Donc
G={gk}k(Z/nZ)×. Décrivons la loi de groupe de G. On a gkgk0(ζ) = gk(ζk0) = gk(ζ)k0=ζkk0. Donc la
bijection (Z/nZ)×Gqui envoie ksur gkest un isomorphisme de groupe. Donc G'(Z/nZ)×.
Exercice 15. Soit aun entier sans facteur carré, différent de 0,1et 1. Soit pun nombre premier. Soit Kun
corps de décomposition de Xpasur Q. Calculer [K:Q].
Soit G= Gal(K/Q). Montrer que Ga un sous-groupe distingué Hisomorphe à Z/pZtel que G/H soit isomorphe
à(Z/pZ).
Solution. Le polynôme Xpaest irréductible d’après le critère d’eisenstein, donc si αest une racine pede a,
Q(α)/Qest une extension de degré p.
Soit ζ=e2/p. Alors les conjugués de αsont les αk=ζkα, avec kZ/pZ. Donc ζ=α10K=
Q(α0,··· , αp1). Réciproquement αkQ(α, ζ), donc K=Q(α, ζ).
Or [Q(ζ) : Q] = p1est premier à p= [Q(α) : Q]donc [K:Q]=[Q(ζ) : Q][Q(α) : Q] = p(p1).
Comme Q(ζ)/Qest une extension galoisienne de groupe de Galois N= (Z/pZ)×,N=G/H H= Gal(K:
Q(ζ)). Comme [Q(ζ)(α) : Q(ζ)] = [Q(α) : Q],Xpaest encore le polynôme minimal de αdans Q(ζ)[X], donc les
conjugués de αsont les αk. Comme dans l’exercice précédent, il existe un unique hkHtel que hk(α) = αket
l’application φ:Z/pZHqui envoie ksur hkest donc bijective. Or hk0hk(α) = hk0(ζkα) = ζkhk0(α) = ζk+k0α,
ce qui prouve que φest un isomorphisme de groupe.
Exercice 16. Soit K=Q(2,3,5). Montrer que Kest une extension galoisienne de Qet décrire son groupe
de Galois.
Solution. Comme les conjugués de dsont ±p(d)(si dn’est pas un carré), Kcontient les conjugués de
2,3et 5donc est galoisienne.
Q(p(d))/Qest une extension galoisienne de groupe de Galois Gd={1, σd}σ(a+bd) = abd.
Si p(3) Q(p(2), on aurait σ2(3) = ±3, et donc 3Qou Q2, ce qui n’est pas possible. Donc
[Q(3,2) : Q] = 4 et a pour groupe de galois G2×G3' {±1}2(e, f )(a+b2 + c3 + d6) = a+be2 +
cf3 + def6si e, f ∈ {±1}.
Si 5Q(3,2), on aurait un morphisme de groupe (surjectif) χ:G2×G3Z/2Ztel que σ(5) =
(1)χ(σ)5. Or {xQ(3,2), σ(x)=(1)χ(σ)x}=2χ(σ2)3χ(σ3)Qet donc 52χ(σ2)3χ(σ3)(Q×)2, ce qui
n’est pas possible d’après l’unicité de la factorisation en facteurs premiers.
Donc Q(5,3,2) est une extension galoisienne de degré 8de Q, et son groupe de Galois est (Z/2Z)3.
Exercice 17. Soient p1,··· , pndes nombres premiers distincts deux à deux. Montrer que Q(p1,··· ,pn)est
une extension galoisienne de Qet décrire son groupe de Galois.
Solution.K:= Q(p1,··· ,pn)est le corps de décomposition de Qi(X2pi)sur Q, c’est donc une extension
normale. Comme on est en caractéristique 0l’extension est forcément séparable. Donc Kest bien une extension
galoisienne de Q.
Comme dans l’exercice précédent, on a un morphisme f: Gal(K/Q)→ {±1}nqui à φassocie (φ(pi)
pi)i(on a
φ(pi)qui doit être conjugué de pi, donc de la forme ±pi). Ce morphisme est injectif. En effet si φKer(f),
φ(pi) = pipour tout i; comme Kest engendré par les pi,φest l’identité. Pour la surjectivité, il suffit de
comparer les cardinaux des deux groupes : il suffit de montrer que [K:Q]=2n.
On raisonne par récurrence en supposant que [K0:Q] = 2n1(on a posé K0=Q(p1,··· ,pn1)). En
particulier le morphisme f0: Gal(K0/Q)→ {±1}n1(défini de la même façon que pour K) est bijectif. Par
transitivité des degrés, il suffit de montrer que [K=K0(pn) : K0]=2. Comme X2pnK0[X]annule pnet
est de degré 2,[K:K0]2. Il suffit donc de montrer que pn/K0. Supposons par l’absurde que pn=a2avec
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