´
enonc´
es a priori qui sont aussi synth´
etiques. La forme du temps donne lieu aux ´
enonc´
es
arithm´
etiques alors que la forme de l’espace donne lieu aux ´
enonc´
es g´
eom´
etriques.
3) Le point de vue logiciste (Russell, Frege, Whitehead). C’est le point de vue selon
lequel il existe une logique universelle, qui pr´
ec`
ede toute exp´
erience et contraint nos
rapport avec la r´
ealit´
e. On s’applique `
a formaliser cette logique puis `
a montrer que les
math´
ematiques dans leur int´
egralit´
e sont un sous-produit de cette logique. Ici, comme
chez Kant, le math´
ematicien ne connait pas d’objets math´
ematiques ; il fait des ´
enonc´
es
justifi´
es par la logique.
4) Le point de vue formaliste (Hilbert). `
A grands traits, c’est un point de vue concr´
etiste qui
demande la construction d’un syst`
eme formel ad´
equat pour la pratique des math´
ematiques
existantes. On ne s’inqui`
ete pas de justifier la nature de ce syst`
eme dans le cadre d’une
th´
eorie de la connaissance. Le statut ´
epist´
emologique des math´
ematiques n’est pas vrai-
ment clarifi´
e ici, bien que Hilbert s’exprime sur ce sujet. Il semble cependant que la
connaissance math´
ematique soit partiellement une connaissance du formalisme math´
ematique
lui-mˆ
eme, qui acquiert une fonction symbolique importante.
5) Le point de vue intuitioniste (Brouwer, Heyting). C’est un point de vue partiellement
h´
erit´
e du Kantisme. La math´
ematicien a une connaissance directe des objets math´
ematiques
mais elle est contrainte par une forme de l’intuition qui ressemble au temps dans la philo-
sophie de Kant. Cette contrainte implique qu’on ne peut faire que des ´
enonc´
es construc-
tifs stricts en math´
ematiques. La forme spatiale de l’intuition n’est pas reprise par Brou-
wer et cela le force `
a se lancer dans une reconstruction de la droite r´
eelle `
a partir des
principes de l’arithm´
etique constructive.
Il est int´
eressant de faire le point sur le statut actuel de tous ces points de vue dans la
pratique des math´
ematiques. Je ne cherche pas ici `
a r´
esumer les cinquante ann´
ees de
r´
eflexion en philosophie des math´
ematiques qui ont suivi la crise des fondements, dont
une partie se recoupe avec les d´
eveloppements en logique, en th´
eorie des ensembles ou
en th´
eorie des mod`
eles. Je voudrais essayer de r´
esumer le point de vue d’un math´
ematicien
engag´
e actuellement dans la recherche par rapport `
a la question du formalisme et par
rapport `
a la question du statut ´
epist´
emologique des math´
ematiques. Il me semble que
l’on peut faire en toute justice les ´
enonc´
es suivants :
1) Les travaux de Frege et de Russell-Whitehead ont men´
e`
a la mise en place d’un for-
malisme efficace, dont on ne peut plus se passer. On peut aller plus loin : ce formalisme
est n´
ecessaire et la recherche ne serait pas pas possible sans lui. Un grand nombre de
contributions math´
ematiques tr`
es importantes du 19`
eme si`
ecle pouvaient se passer d’un
formalisme bien ´
etabli car la nature exacte de ce formalisme pouvait en pratique res-
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