Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres M ICHEL L AZARD Le mémoire de Hall et Higman sur la p-longueur des groupes p-résolubles Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres, tome 13, no 2 (1959-1960), exp. no 20, p. 1-10 <http://www.numdam.org/item?id=SD_1959-1960__13_2_A9_0> © Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres (Secrétariat mathématique, Paris), 1959-1960, tous droits réservés. L’accès aux archives de la collection « Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire DUBREIL-PISOT (Algèbre et Théorie des nombres) 13e année, 1959/60, n° 20 20-01 LE MÉMOIRE DE HALL ET HIGMAN SUR LA p-LONGUEUR p-RÉSOLUBLES [1] DES GROUPES par Michel LAZARD Cet exposé ne prétend Beaucoup d’énoncés être nullement seront même pas ne un résumé du mémoire de HALL et HIGMAN. et reproduits, nous ne pourrons donner que des aperçus des démonstrations. Notre seul but est de donner une première idée des méthodes et des résultats contenus dans l’article en question, et de souligner son importance. 1. Notations et définitions. Dans tout cet exposée "groupe" signifiera "groupe L’ordre d’un groupe Ord x ). La notation " N G G (resp. n signifiera d’un élément que G) x e est un sera noté (resp. Ord G distingué sous-groupe du grou- G. pe désignerons par n un ensemble complémentaire. Quand r~ se réduira à p et p’ au lieu de {p} et ~p ~’ . Nous " N fini". n|’03A0 Il signifiera Un groupe G l’ensemble premier p ~ nous écrirons Si n est un entier naturel, la notation tous les facteurs premiers de n appartiennent à 03A0 . que dit sera II~ de nombres premiers, par un seul nombre n-groupe si Ord un G|03A0 (ce qui équivaut à V x e G , . Ord Une suite de composition dans un groupe groupes, allant de l’élément neutre tingué Une G est jusqu’à G ~ une où suite croissante de chaque sous-groupe sous- est dis~ dans le suivant. n-suite dans tients sont des Un groupe G Un groupe est résoluble un n-groupes sera dit une est une suite de composition dont tous les uo. des ou 03A0-résoluble s’ il possède p-résoluble (considérer G groupe pour tout nombre suite de premier Jordan-Hölder). n-suite. une p si et seulement s’il est La n-longueur d’un groupe 03A0-résoluble bre minimum de 2. il-groupes qui apparaissent G égal est comme quotients dans n-suites deccendantee et ascendantes d’un groupe G ~ définissons Pour tout ~(G ~ n) 03A0-suite de G. une 03A0-résoluble. ~(G ~ II) des sous-groupes au nom- et plus petit sous-groupe distingué de G tel que G/~(G ~ IT) soit un il-groupe. On établit son existence en le définissant comme le sous-groupe engendré par les puissances n-ièmes de tous les éléments de G ~ où et n est "assez grand" (c’est-à-dire divisible par le plus grand diviseur n~ de Ord G tel que Il résulte de cette seconde définition que, pour tout homomorphisf : me est le G... H , ’~~G ~ n) on a est le plus grand sous-groupe distingué de G qui soit un IT-groupe. existence en remarquant que le produit de 2 n-sous-groupes distingués On établit son de encore un G, est 03A0-sous-groupe distingué. Pour tout épimorphisme f : G ~ H , on a Puisqu’on s’intéresse on de nombre n-groupes quotients extrêmes sont des pourra supposer que les quotients réduits à l’élément Soit . au n-groupe (resp. croit plus rapidement que (A.) D’autre un part, l’extension en on l’obtient pair en posant (resp. pair). sous-groupes sont Nous utiliserons toutes les un en d’un résulte l’existence d’une Il 03A0-suites de G s Dégroupes (éventuellement neutre) .. AO = G p A ~ k , , , p. A = est dans les = 1 n-suite du groupe une 03A0’-groupe) posant contraire la n-suite qui dé- i, par un (resp. = est donc atteint pour $(A~ ~ une distingués (et même complètement invariants) au une G. Si n-groupe est encore un 03A0-groupe. descendant plus vite que toutes les autres ; $(A~ ~ n) L’entier formerons B. = A . n-groupe n-suite nous soluble 03A0-suite n-suites dont les sous-groupes n’) ) pour i im- suite dont tous les dans G ~ ascendante, qui croît plus sont distingués. vite que C’est la suite obtient que i’on i $. 0 ; Nous n’ ) posant est le plus petit entier i tel N./P. en conserverons les notations 3. Introduction d’une P /N dit, quotient, P l contient contient son son = que dans cet représentation linéaire LEMME 1. - Le sous-groupe Autrement N, Pi , = ’~(G/~i. z 9 et II) ~ pour G . exposé. des groupes p-résolubles. centralisateur modulo centralisateur dans G/N . Nous passerons Z le centrali- qui permet de supposer que IL = (1) . Soit sateur de Z ~ Pi est un sous-groupe distingué de Pi Z , distinct Pl. Si de P. Z . Choisissons un sous-groupe M ~ minimal pour les propriétés suivantes : M G ~ donc au ce Pl ¿ n-groupe ou un n’ -groupe (d’après aux suites de compositions dont tous les sousle théorème de groupes sont distingués). M/P. ne peut pas être un n-groupe (car P 1 = ’’~ G ~ II~ ~ ~ donc est un IT-groupe. Donc (cf. ~~~ ~ théorème ~59 p. 132) il existe un sous-groupe Comme X c X , tel que XP ~ : = M ~ P I Z et que Z centralise P. ~ tout élément de X opère sur P1 , par automorphisme intérieur’ comme un élément de II’ -groupe. Donc X centralise un Pl. Or .Pi est un 03A0-groupe, et X = M = X x P 1 (produit direct) , X est caractéristique dans M ~ donc distingué dans G i contrairement aux hypothèses X ~ (1) ~ ~;G ~ ih) = N ~ (1) . Puisque G 03A0-résoluble, M/P Jordan-Hölder appliqué est est un X nPl = (1) . M/P Nous supposerons désormais que étudierons les groupes TI se on définit son groupes maximaux de un riel le sur nombre premier p ~ et nous des sous-groupe de Frattini G ~ alors on a G p-groupes. Si F comme est un p-groupe, l’intersection des sous- les résultats suivants : F est engendré par p-ièmes puissances x? des éléments de G ; G/‘F p-groupe abélien élémentaire ; sa dimension, en tant qu’espace vectoest le nombre minimum de générateurs de G , Les corps premier Z les commutateurs est donc un p-résolubles. Rappelons d’abord quelques propriétés et si réduit à (x ~ y) et les automorphismes intérieurs de G induisent l’identité sur phisme de G qui induit l’identité sur G/F a pour ordre G~’ ~ une et tout automor- puissance de p . LEMME 2. - Soient du G groupe p-résoluble, est P/F induits les Alors p-groupe P./F morphismes de une un le sous-groupe de Frattini et les autoespace vectoriel sur automorphismes par représentation fidèle un F/N0 et Z ~G intérieurs de fournissent de Le noyau de la représentation de G dans est un sous-groupe distingué ne peut pas être un K o p-groupe (d’après la définition de la p-suite il existe g e K d’ordre premier a p Comme ascendante). Donc, si K ~ P1 , P/F K/P P. ; d’autre part g induit l’identité sur il doit induire l’identité sur donc il appartient à d’après le lemme 1 ; il y a contradiction, et K = P1/F , COROLLAIRE. - 4 P En si effet, ments de H (G/F) G/F = l_ P P 1/N0 P$ (G) . contenait centraliseraient un p’-sous-groupe distingué H/F ~ (1) , les élé- module F , donc module N0 , donc appartiendraient à P. (lemme 1), ce qui est impossible. la p-suite ascendante de G/F est donc donnée par les sous-groupes P./F et Ni/F , ce qui démontre l’égalité l P. p(G/F) = lp(G) . On notera par aillours la relation:. 4. Rolations entre la p-groupes de Soient G d’un groupe p-résoluble et la structure de ses Sylow. un groupe prenons l’intersection p-résoluble, avec S d’t.n© et S groupe de un p-suite de G , nous obtenons de G. Si une suite de nous composition de S dont les quotients sont précisément les p-groupes parmi les quotients de la ~suite dans G (remarquer qu’on obtient des sous-groupes des quotients de la suite dans G ~ puis considérer las ordres) . Il en résulte que l’ enne peut être grand que si tier l S est "grand" ou "compliqué". L’essentiel du travail de HALL et consiste en des énoncés précis qui minorent, on fonc- p(G) tion de t p (G) , certains invariants de structure de S , Voici ces invariants: b l’I) bP , où p P est l’ordre do S ; (2) c , la classe de S (nombre minimum de quotients dans une suite centrale de S ); (3) dp , longueur de la série dérivée do S (nombre minimum do quotients dans suite de compsition à quotients abéliens); e P est où (4) ep , maximum do ses p l’exposant de S 9 c’est-à-dire l’ordre ’ ’ , , éléments. une Rappelons qu’un nombre premier de Fermat premier de Mersenne de la forme 2n - 1 . Voici maintenant , quelques-uns G Si 1, + et nombre un des théorèmes de HALL et HIGMAN. , THÉORÈME. - est de la forme 2n , est un groupe p-résoluble, si p n’est pas et p ~ nombre un ~ promier impair, alors (1 ) d P z .&#x26;P " (2) 1 P e P % [§(1P De, plus, ces 1)] si inégalités sont les + THÉORÈME. - Si p est impair Si p est un Les démonstrations p un est nombre premier un nombre de Fermat. meilleures possibles. et n’est pas nombre de Format procédent par récurrence un généralement un vectoriel de dimension finie groupe sur un m dre toutes Alors ses H sur de Fermat : à 3 : les 1la, fin utilisant du numéro 3 . en d’automorphismes linéaires corps de caractéristique relations d’un espace p , Soit g ~ H d’or- m g" ~l==(g-’l)~ =0~ce valeurs propres nombre supérieur = ~ (G) - 1 ~ ~ (G/F) == ~ (G) ~ Considérons de Fermat égales à 1 ). De qui montre même que g m-1 (g - 1 )P est unipotent m-1 = gp (a ~1~0. Le polynôme minimal de inégalité vérifiée par g est donc r ne (X - l)~ ~ Cette double r~$ peut évidemment pas être améliorée dans le cas généavec ral. Par contre HALL et HIGMAN ont obtenu des inégalités bien plus fines en faisant les hypothèses suivantes sur H : H est p-résoluble et UB contient pas do p-sousgroupe distingué non trivial. Ces hypothèses sont vérifiées quand H est le groupe (notations du n° 3). AppeG/P1 , considéfé comme groupe d’automorphismes de lons alors "exceptionnel" à-dire tel que Si p ~2 Si p est n’est pas Si p = (g " l)" " n’est pas un élément un = nombre de un pour ’ q.2 mmy ,S r ; H a De si les éléments plus, Fermât~ alors l) de Sylow .$ r des un alors g est dans tous les cas, et q = 2 m~ - 1 q-sous-groupe q-sous-groupes de 2~ ~ c’est- r g est abélien. H de possède H lequel toi que n’est pas exceptionnel. g dans tous les cas ; si r nombres de Mersenne inférieur à 9 d’ordre les résultats suivants : a 2-groupe 3~2 " ~ $ alors petit nombre de Mersenne alors H nombre de Fermât, alors exceptionnel si le 2 , 0 . On e g est le non plus abélien, Sylow abéliens pour tous les non exceptionnels même p-sous-groupe do Sylow S de H sont tous deux exceptionnels, alors les éléments d’ordre p dans les groupes cycliques engendrés par g et h commutent. g et h du ~~’ Contentons sage fort long Montrons, ( p nous par ces ’ ’ résultats par un dévis- ingénieux. contre, comment ils en déduisent les relations entre e et lp impair). Reprenons le opère et de dire que HALL et HIGMAN démontrent ’ sur P. groupe par = p-résoluble G , où automorphismes intérieurs. Nous notons g supposerons F Nous posons hg = nous additivement, un = 1 . Alors g-1 h g , exposant, les G/R opérateurs ~r LEMME 3. - Soient g On aj, pour tout entier s G, r : h ~ P1 , et soit q une puissance de p. Alors sur Si = q est P1 un d’où la est r groupe abélicn première Soit S 2m - 1 puissance de p ~ une un p-groupe, contient représentation Soit (la ° sur d’ expo sant un m. p (rappelons P) commutent dans = m e*(S) é gal Introduisons l’invariant = S~ ~’ e~ S ~ l)] . Si que et à 2m S est à dans le un p-sous- posons élément d’ordre maximum gP. non exceptionnel (pour la alors d’ordre maximum gP~ un caractéristique relation. Ensuite : si toutes les Si en élémentaire) : puissances cas contraire. Dans chaque cas, e(S) de groupe Sylow d’un groupe G t nous . on a, pm dans G/P .Si gP ~1 , alors m relation ep(G) h e P.. Nous avons, et dire que avec gP~ h~"~ ~ Nous en trivial), dans le d’après 1 est évidente). Sinon, n’est pas exceptionnel signifie pour précisément qu’il existe h = P 1 ~ la relation où calculons (gh)p le lemme 3 : déduisons tout de suite, par récurrence cas tionnel). + p > 2 n’est pas un sur lp nombre do Fermat (le (il n’y a = 1 étant pas d’élément excep- Si maintenant est p un nombre de Supposons d’abord pas être voit exceptionnels, puisque les puissances précédemment comme = que il = Mais nous (X - 1)r , où alors tel que Dans tous les cas, Désignons II au problème de (S ) existe, pour résultats de nombre premier tel que G q soit d’ordre gP. on 1, m + pour démontrer ne Nous avons, minimal annulé par l’opérateur associé à p 3 . Par définition, donc e*p(G) e*p(G/P1) en + est g il existe et les relations : 1, résultant par récurrence sur t . P Burnside. chaque entier positif k , résoluble d’exposant au plus égal à s THÉORÈME. - (Sn) pas, et l’énoncé suivant : groupe Parmi les peuvent ne ne 2m - 1 .Si [1 2(lp(G) + 1)1) par les éléments decommutent .. nous avons e*p(G) lp(G) , ep(G) Applications ~ g polynôme (p - 1)pm-1 2pm-1,puisque r môme la relation l’exposant de G est 2 . Sinon l’ exposant de G est m , et, faut démontrer que toutes les puissances = que le savons de que commutent pas dans. G . Soit d’après le lemme 3 ~ (S ) 2m . Alors tous = Supposons maintenant e*(G) 2m + 1 e*(G) 2m , nous 5* F8rmat, démontrons HALL qui n divisant n . entier peut-être engendré et HIGMAN, est vrai pourvu un que nous (S ) par s . n tel que tout éléments ait un ordre signalerons le théorème suivant : soit vrai pour chaque puisssance de qu’un classe morphismes de groupes, a qu’un nombre fini de engendrés . Soient et Ci qui et à Si C Désignons deux classes de groupes. C2 G des groupes de groupes éléments. k par (finis),ou, plus précisément? de types d’isoa la propriété de Burnside si~ pour tout entier k ~ il n’y groupes de C (aux isomorphismes près) qui peuvent être C Disons ont un sous-groupe normal N propriété de la classe C 1 C2 par G/N appartienne tel que à Ci C2 . LEMME 4. - ont le et C2 Burnside, il en est de môme de Cl C~ . G Soit un générateurs, Schreier N groupe, G~ l’ordre de est G/N E N C majoré par e un C? . Si entier n(k) . D’après un peut-être engendré les sous-groupes des groupes libres, N k’ = 1 + n(k)(k - 1 ) éléments. Son ordre est donc majoré par et celui de G par n(k) n’(k’) . sur COROLLAIRE. - Si C , ... ~ Cr sont de mme de C, Burnside, il en est introduction de parenthèses9 En ce qui Il suffit donc ... ~ où le C3s n . Si ce théorème entier par n’ (k’ ) , propriété de calculé après produit est d’une manière quelconque. les remarquer que nombre est 1, rien à (Ci1 C z~ C33 c droite. Démontrons maintenant le théorème par récurrence miers de un k des classes ayant toutes la parenthèses, on peut d’introduire les parenthèses à concerne G/N~ a G 9 donc sur 1 z C3) 3 le nombre do facteurs démontrer. Sinon n a au moins un fac- premier impair, soit p . Posons n = ~ p f m non divisible par p . La p-longueur d’un groupe résoluble d’exposant n est au plus 2e . Ainsi, si l’on note C la classe des groupes résolubles d’exposant n . teur avec (4e d’après (S ) . + 1) facteurs. la récurrence. Il C ~ en a la propriété do Burnside par est donc de même de G , ce hypothèso, et C m qui constitue l’énoncé . 20-10 BIBLIOGRAPHIE [1] HALL (Philip) and HIGMAN (Graham). - On the p-length of p-soluble groups and reduction theorems for Burnside’s problem, Proc. London math. Soc., Series 3, t. 6, 1958, p. 1-42. [2] ZASSENHAUS (Hans). - The theory of groups. 2nd edition. - Vandenhoeck and Ruprecht ; New York, Chelsea, 1958. Göttingen,