LAREVUE PRESCRIRE AVRIL 2011/TOME 31 N° 330 • PAGE 277
tement. Au cours d’un suivi moyen
d’environ 18 mois, 18 patients ont eu
une complication liée à la stomie,
dont 4 péritonites.
Un dysfonctionnement entraînant
l’arrêt de la perfusion et nécessitant
le changement de la sonde ou de la
pompe est survenu chez 57 patients.
17 patients ont arrêté le traitement,
dont 6 pour manque d’efficacité et
10 pour effet indésirable ou dys-
fonctionnement du dispositif.
Traitement des dyskinésies :
amantadine peut-être,
mais pas de clozapine
Le traitement des dyskinésies
repose notamment sur la réduction
des doses d’antiparkinsonien et éven-
tuellement leur fractionnement (3).
Deux médicaments sont censés avoir
une action spécifique sur les dyski-
nésies : l’amantadine et la clozapine.
Amantadine : un effet modes-
te ? L’évaluation de l’amantadine en
association à la lévodopa dans la mala-
die de Parkinson à un stade avancé
est limitée à quelques essais peu pro-
bants. Certains suggèrent un effet
de faible ampleur en termes de
réduction des dyskinésies, qui s’épui-
se au-delà de quelques mois (2,5,16).
Les principaux effets indésirables de
l’amantadine sont dose-dépendants
et liés à son activité atropinique et
dopaminergique. Un livedo réticu-
laire et des œdèmes des membres
inférieurs résultent de l’effet vasodi-
latateur de l’amantadine (7).
Clozapine : balance bénéfices-
risques défavorable. La clozapine,
un neuroleptique “atypique”, a été
utilisée pour le traitement des dyski-
nésies induites par la lévodopa.
Son efficacité est trop peu évaluée
pour justifier ses effets indésirables
importants : agranulocytoses, prises
de poids, diabètes, myocardites, ainsi
qu’une possible augmentation de la
mortalité (2,3,17).
Chirurgie en cas d’échec
des médicaments
Parmi les techniques chirurgicales
visant à améliorer les symptômes de
la maladie de Parkinson, la stimula-
tion cérébrale profonde est la mieux
évaluée. Elle consiste à délivrer, à
l’aide d’électrodes, des impulsions
électriques de haute fréquence au
niveau de certains noyaux gris cen-
traux du cerveau.
Après repérage anatomique (ima-
gerie par résonance magnétique
(IRM), ventriculographie), une ou
plusieurs électrodes sont introduites
chirurgicalement dans le cerveau,
grâce à un guidage stéréotaxique,
sous anesthésie locale. L’absence de
sédation permet d’évaluer l’effet sur
les symptômes moteurs au cours de
l’opération, afin d’ajuster au mieux la
localisation des électrodes. Celles-ci
sont ensuite reliées par voie sous-
cutanée à un générateur implanté
dans la région sous-claviculaire, sous
anesthésie générale (18).
En 2011, les 3 principaux sites
d’implantation des électrodes sont :
le noyau sous-thalamique, la partie
ventrolatérale du globus pallidus
interne et le noyau ventral intermé-
diaire du thalamus. La stimulation du
côté gauche améliore les symptômes
de l’hémicorps droit et vice versa. En
2011, les stimulations bilatérales sont
privilégiées (19).
Stimulation du noyau sous-tha-
lamique : efficace… La stimulation
du noyau sous-thalamique a été éva-
luée dans trois essais randomisés, non
aveugles, versus optimisation du trai-
tement médicamenteux (20à22).
Deux essais, ayant inclus respective-
ment 156 patients et 255 patients
(dont 61 ont eu une stimulation du
globus pallidus interne) ont duré
6 mois (20,22). Un essai, ayant inclus
366 patients, a duré 1 an (21). Dans
ces essais, l’âge moyen des patients
était d’environ 60 ans.
Les résultats de ces trois essais sont
concordants. Ils démontrent une
amélioration tangible de la qualité de
vie des patients et des symptômes
moteurs par la stimulation. Par rap-
port au traitement médical, la durée
du temps passé en phase “on” sans
dyskinésies a été augmentée en
moyenne d’environ 4 heures par
jour, dans les 2 essais qui ont évalué
ce critère à 6 mois (20,22).
La stimulation du noyau sous-tha-
lamique améliore les tremblements,
la rigidité, la bradykinésie, les dyski-
nésies. Elle permet de réduire, envi-
ron de moitié, la posologie de la lévo-
dopa. Les effets sur la rigidité et le
tremblement semblent durer au
moins 5 ans, tandis que ceux sur la
bradykinésie et les troubles de la
marche semblent diminuer progres-
sivement après un an (18,23).
… mais risquée. Une méta-analyse
a recensé 37 cohortes de patients
publiées entre 1993 et 2004, totalisant
921 patients, âgés en moyenne de
59 ans lors de la chirurgie.
Les principaux effets indésirables de
la stimulation du noyau sous-thala-
mique ont été liés à l’acte chirurgical :
confusions transitoires (environ
16 %) ; hémorragies intracrâniennes
(4 %), laissant parfois des séquelles
neurologiques ; infections (2 %) ;
convulsions (1,5 %) ; embolies pul-
monaires mortelles (0,3 %) (24).
Les effets indésirables liés au maté-
riel implanté ont été : la nécessité de
remplacer les électrodes ou les fils de
connexion (environ 4 %), des dys-
fonctionnements (3 %), des infec-
tions (2 %), des migrations des élec-
trodes (1,5 %) (24).
Les effets indésirables liés à la sti-
mulation sont notamment : une
aggravation transitoire des dyskiné-
sies durant la phase initiale d’ajuste-
ment des traitements, des troubles de
la parole (9 % des patients), des
dépressions (7 %), des suicides et
tentatives de suicide (0,9 %), des
épisodes maniaques (2 %), des apa-
thies, et des difficultés à ouvrir les
paupières (4 %) (24,25).
Dans les trois essais randomisés
versus optimisation du traitement
médicamenteux, il y a eu au total
7 décès dans les groupes chirurgie,
dont 5 décès après l’intervention
(3 décès liés à une hémorragie céré-
brale lors de l’intervention, 1 suicide,
1 pneumonie) ; versus 2 décès dans
les groupes témoins (20à22). La pro-
portion de patients ayant souffert
d’un évènement indésirable qualifié
de grave par les investigateurs (défi-
nition variable selon les essais) a
b- Un essai randomisé a comparé ajout d’entacapone ver-
sus fractionnement des doses de lévodopa chez 176 patients
souffrant d’akinésie de “fin de dose”. Cet essai n’a pas mis
en évidence de différence statistiquement significative entre
les groupes pour les divers critères d’évaluation utilisés
(réf. 27). Vu sa faible puissance statistique, cela n’exclut pas
une légère différence d’effet entre ces deux stratégies.
c- En bloquant les récepteurs périphériques de la dopamine,
la dompéridone s’oppose aux effets indésirables dus à la
fixation sur ces récepteurs de l’apomorphine (troubles diges-
tifs et cardiovasculaires). La dompéridone ne franchit qua-
siment pas la barrière hémato-encéphalique, ce qui laisse
l’apomorphine exercer ses effets sur le système nerveux cen-
tral (réf. 12). Elle expose à l’allongement de l’intervalle QT
de l’électrocardiogramme (réf. 28).
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