n° 2 C. Ajzenberg* fiche technique Sous la responsabilité de son auteur h tac é La métaplasie oxyphile, présentation la plus fréquente des cellules oncocytaires que l’on observe au contact des cellules thyroïdiennes inflammatoires ou altérées, est à différencier de la tumeur oncocytaire. Devant un nodule unique de la thyroïde sans thyroïdite associée présentant une majorité de cellules oxyphiles à la cytoponction, il est indispensable de réaliser une lobo-isthmectomie pour vérification histologique, car l’oncocytome s’avère malin dans 20 à 30 % des cas. En revanche, lorsque la cytoponction ne ramène que quelques cellules en métaplasie oxyphile et que le nodule n’est pas suspect, on pourra proposer une simple surveillance. ■ F * Service de médecine interne, unité de diabétologie, hôpital Henri-Mondor, Créteil. Conclusion d Il n’en est pas de même pour les tumeurs oncocytaires, ou oncocytomes, classées par l’OMS parmi les tumeurs de l’épithélium vésiculaire. Par définition, ce sont des tumeurs encapsulées comportant un contingent d’au moins 75 % de cellules oncocytaires. Ces tumeurs n’ont aucune spécificité clinique, échographique ni sécrétoire, mais la cytoponction, lorsqu’elle est réalisée, ramène une majorité de cellules oncocytaires qui impose la vérification histologique, car ces tumeurs sont malignes dans 20 à 30 % des cas. Les oncocytomes malins sont des tumeurs très rares, représentant moins de 5 % des cancers différenciés de la thyroïde – et moins de 400 cas rapportés dans la littérature anglo-saxonne. à Les tumeurs oncocytaires e Elle constitue la présentation la plus commune des cellules oncocytaires. Faite d’îlots non encapsulés de cellules de Hürthle, au contact des cellules thyroïdiennes inflammatoires des thyroïdites, de la maladie de Basedow ou des thyroïdes dystrophiques, irradiées ou vieillissantes, sa présence n’est pas un indicateur de malignité. Ainsi, une simple surveillance pourra être proposée lorsque la cytoponction d’un nodule thyroïdien de moins de 3 cm – par ailleurs non suspect cliniquement ou échographiquement – ramène quelques cellules en métaplasie oxyphile. h La métaplasie oxyphile Le diagnostic de malignité est difficile. Il repose uniquement sur la présence, sur les coupes histologiques au sein de la tumeur, d’invasion vasculaire ou capsulaire et/ou de métastases lymphatiques ou systémiques. Dans les cas difficiles, l’histopronostic peut être aidé par l’expression en immunohistochimie de marqueurs de prolifération, tels que PCNA (proliferative cell nuclear antigen), MIBI (antigène Ki-67) ou galectine-3, et par la recherche en cytométrie de flux d’une aneuploïdie. Par rapport aux carcinomes vésiculaires classiques, les oncocytomes malins sont plus volontiers multifocaux (20 à 30 %) et métastatiques d’emblée (20 % des cas). Ils diffusent par voie lymphatique et hématogène, captent peu ou pas le radio-iode mais conservent la capacité de produire et de libérer la thyroglobuline, qui garde ici toute sa valeur comme marqueur de surveillance. Le pronostic des oncocytomes malins serait un peu plus péjoratif que la forme vésiculaire classique ; un point de vue qui n’est pas partagé par tous les auteurs, pour qui le pronostic serait identique si les patients étaient stratifiés en fonction du stade initial. L’oncocytome malin requiert d’emblée un traitement radical : thyroïdectomie totale et évidement ganglionnaire. Actuellement, la plupart des auteurs préconisent l’éradication isotopique des résidus thyroïdiens normaux après thyroïdectomie totale afin de permettre la surveillance par le taux de thyroglobuline (en défreination), qui conserve ici toute sa valeur. La radiothérapie externe est préconisée en complément, en cas de tumeur avec extension loco-régionale. ic S ource d’ambiguïté, la présence, au sein d’une cytoponction ou d’une tumeur thyroïdienne, de cellules oncocytaires, encore nommées “cellules oxyphiles” (en raison de leur affinité tinctoriale) ou “cellules de Hürthle”, n’est pas synonyme de malignité. Elles sont en effet retrouvées aussi bien dans les thyroïdes remaniées et inflammatoires que dans les tumeurs bénignes et malignes. Les cellules oncocytaires sont des cellules de grande dimension (15-20 µm), à noyau large, hyperchromatique et à cytoplasme abondant, éosinophile et granuleux par accumulation de mitochondries altérées. On distinguera la métaplasie oxyphile et la tumeur oncocytaire. er Le cas particulier des cellules oncocytaires : de la métaplasie oxyphile à la tumeur oncocytaire 28 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 317 - avril-juin 2009