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I. A
NAToMIehIsTologIe
A. Anatomie
1. Les différents segments du grêle
L’intestin grêle est un tube d’une longueur de 5 à 6 mètres en moyenne pour trois centi-
mètres dans sa partie proximale et deux centimètres dans sa partie distale. Il est constitué
de trois segments successifs formant 14 à 16 anses de 20 à 40 cm chacune :
1. le duodénum d’une longueur d’environ 25 cm, qui forme un cadre (en forme de C) autour
de la tête du pancréas,
2. le jéjunum qui forme des anses horizontales,
3. l’iléon qui forme des anses verticales.
Il n’y a pas de réelles différences anatomiques ou histologiques entre le jéjunum et l’iléon
mais l’on considère généralement que le jéjunum correspond au premier tiers ; l’iléon cor-
respond donc au dernier segment et se termine par la valvule iléo-cæcale faisant la jonction
avec le côlon et empêchant les refl ux. Les anses formant le jéjunum et l’iléon sont atta-
chées à la paroi abdominale postérieure par un repli du péritoine, le mésentère (en forme
d’éventail).
duodénum
mésentère
côlon
jéjunum
iléon
Figure 1 Schéma du grêle montrant le mésentère
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L’intestin grêle
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Anatomie – physiologie
2. Vascularisation du grêle
Le duodénum est vascularisé à partir de branches de l’artère hépatique et de l’artère mésen-
térique supérieure.
Le jéjunum et l’iléon sont vascularisés à partir de l’artère mésentérique supérieure issue de
l’aorte abdominale. Au niveau du mésentère cette artère donne naissance à 12 à 15 artères
jéjuno-iléales qui dans leur partie terminale dessinent un réseau anastomosé formant des
arcades vasculaires. De ces arcades distales partent des vaisseaux artériels droits qui vont
irriguer la paroi du grêle jusqu’au niveau de la muqueuse où les artérioles amènent le sang
au réseau capillaire des villosités intestinales.
Le sang veineux repart par un système veineux parallèle au système artériel en direction de
la veine mésentérique supérieure pour fi nalement rejoindre la veine porte hépatique.
3. Innervation du grêle
L’innervation du grêle est entièrement autonome. Elle est assurée par les nerfs vagues pour la
partie parasympathique et par les nerfs splanchniques pour ce qui est de la partie sympathique.
B. Histologie
1. Structure de la paroi du grêle et surface d’absorption
La structure de la paroi de l’intestin grêle refl ète parfaitement sa fonction principale qui est
l’absorption des nutriments issus de la digestion. Elle forme des replis successifs qui aug-
mentent considérablement la surface d’absorption (qui peut être évaluée à plus de 200 m2)
et l’épithélium de la muqueuse est un épithélium monostratifi é ce qui facilite le processus
d’absorption.
Le premier niveau de repli est assuré par les anses intestinales (voir plus haut).
Le deuxième niveau de repli est formé des valvules conniventes qui sont des replis trans-
versaux de la muqueuse et de la sous-muqueuse (6 à 8 mm de haut pour 2 mm de large).
villosités
intestinales
muqueuse
valvule connivente
sous-muqueuse
musculeuse
séreuse
Figure 2 Structure de la paroi du grêle (coupe transversale)
Le troisième niveau de repli est constitué des villosités intestinales qui sont des replis en
« doigts de gant » de l’épithélium et du chorion de la muqueuse. Les villosités intestinales ont
une hauteur de 0,5 à 1 mm, elles sont plus nombreuses au niveau du grêle proximal qu’au
niveau du grêle distal (30 à 70/mm2). À l’intérieur des villosités, dans l’axe de tissu conjonctif
(chorion), passent des capillaires sanguins et un capillaire lymphatique appelé chylifère qui
servent au passage des nutriments vers le milieu intérieur. Autour des villosités on trouve
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L’intestin grêle
les cryptes de Lieberkühn qui sont des glandes en tube droit ; une villosité et l’ensemble des
cryptes qui l’entourent constituent l’unité fonctionnelle d’absorption du grêle.
Coupe longitudinale
Coupe transversale
cellule caliciforme
crypte de Lieberkühn
cellule caliciforme
entérocytes
tissu conjonctif
cellule endocrine
artériole
capillaire lymphatique
veinule
entérocytes
tissu conjonctif (chorion)
chylifère
capillaire sanguin efférent
capillaire sanguin afférent
lame basale
cellule de Paneth
chorion
chylifère
capillaires sanguins
lame basale
Figure 3 Coupe d’une villosité intestinale
Le quatrième niveau de repli est formé par les microvillosités qui sont des replis de la mem-
brane apicale des entérocytes, l’ensemble formant la bordure en brosse des entérocytes.
Tous ces niveaux de replis de la paroi intestinale augmentent sa surface d’un facteur 600 ce
qui la porte à environ 200 m2.
2. Les cellules épithéliales du grêle
L’épithélium de la muqueuse du grêle est principalement formé de cellules absorbantes
(entérocytes) et de cellules caliciformes sécrétant du mucus ; les entérocytes sont majori-
taires au niveau des villosités, les cellules caliciformes au niveau des cryptes. On trouve éga-
lement au niveau des cryptes des cellules indifférenciées à partir desquelles se renouvellent
les entérocytes, des cellules de Paneth et des cellules endocrines.
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Anatomie – physiologie
Les entérocytes
Les entérocytes sont des cellules à plateau strié, c’est-à-dire qu’il y a des microvillosités au
niveau de leur membrane apicale (du côté de la lumière intestinale). Ces microvillosités sont
sous-tendues par des microfi laments d’actine, reliés au cytosquelette, ce qui permet leur
maintien et assure leurs mouvements pour faciliter l’absorption.
La membrane apicale est très riche en glycoprotéines qui forment un glycocalyx très déve-
loppé jouant un rôle fondamental dans les processus de digestion et d’absorption (on y
trouve entre autre des enzymes qui vont terminer la digestion des glucides et des protéines).
Elle comprend également de nombreuses protéines de transport spécifi ques.
Juste sous la membrane apicale se trouvent des jonctions cellulaires de deux types : des
« tight junction » (jonctions serrées, zonula occludens) et des desmosomes (zonula adhe-
rens). Sous la zone caractérisée par ces jonctions les membranes de cellules épithéliales
adjacentes ne sont plus jointives et il se forme un espace appelé « espace de Grünhagen »
vers lequel se fait le passage des diverses molécules absorbées vers le milieu intérieur.
La membrane latéro-basale des entérocytes est différente de la membrane apicale, elle se
caractérise par des protéines de transport différentes ce qui explique la polarité fonctionnelle
des cellules absorbantes.
Le renouvellement des entérocytes se fait à partir des cellules indifférenciées des cryptes et
il est très rapide, 4 à 7 jours.
appareil de Golgi
vésicule golgienne
exocytose
espace de Grünhagen
REG
enveloppe nucléaire
cytoplasme
membrane latéro-basale
mitochondrie
REL
desmosome
tight junction
microvillosités
glycocalyx
nucléole noyau
chromatine
lame basale
lame basale
lumière
cellule endothéliale
pôle basal
pôle apical
capillaire
Figure 4 Épithélium intestinal : structure des entérocytes
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L’intestin grêle
Les cellules caliciformes
Les cellules caliciformes sont des cellules à pôle muqueux ouvert. Elles déversent leurs
sécrétions dans la lumière intestinale par apocrinie. Le mucus est constitué de glycopro-
téines.
Leur renouvellement est encore plus rapide que celui des entérocytes (environ 3 jours).
appareil de Golgi
cytoplasme
mitochondrie
pôle basal
pôle apical
grains de mucigène
réticulum
noyau
lame basale
entérocyte
membrane plasmique
Figure 5 Cellule caliciforme
Les cellules de Paneth
Les cellules de Paneth se trouvent au niveau des cryptes. Elles produisent et sécrètent du
lysozyme qui est une glycoprotéine à activité enzymatique spécialisée dans la destruction
de la paroi des bactéries Gram +. Elles jouent donc un rôle dans l’immunité locale du grêle.
Les cellules indifférenciées
Ces cellules (à division lente) se trouvent dans le tiers inférieur des cryptes et se divisent
pour donner des cellules se différenciant en entérocytes, en cellules caliciformes ou même
en cellules de Paneth. Elles permettent donc le renouvellement cellulaire de l’épithélium
intestinal et jouent donc un rôle fondamental dans le maintien de son intégrité.
Les cellules endocrines
Les cellules endocrines sont situées au niveau des cryptes mais il en existe aussi à la base
des villosités, surtout au niveau du duodénum. Elles sont caractérisées par la présence de
vésicules de sécrétion situées au niveau de leur pôle basal contrairement aux autres cellules
épithéliales, leur sécrétion se faisant vers le milieu intérieur. Elles produisent diverses hor-
mones en réponses aux stimuli d’origine alimentaire ou nerveux comme la cholécystokinine
(CCK), la sécrétine ou le GIP.
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