CA-02
Facteurs associés à la mortalité, indépendamment de la réponse virologique soutenue (RVS), chez les
sujets co-infectés VIH/VHC – cohorte ANRS CO13 HEPAVIH
Shili S. (1) ; Wittkop L. (1, 2) ; Sogni P. (3) ; de Lédinghen V. (4) ; Esterle L. (1) ; Valantin MA. (5) ; Poizot-martin I. (6) ; Simon A. (7)
; Rosenthal E. (8) ; Lacombe K. (9) ; Pialoux G. (10) ; Bouchaud O. (11) ; Gervais A. (12) ; Goujard C. (13) ; Piroth L. (14) ; Zucman
D. (15) ; Dominguez S. (16) ; Raffi F. (17) ; Alric L. (18) ; Bani-Sadr F. (19) ; Lascoux C. (20) ; Garipuy D. (21) ; Miailhes P. (22) ;
Vittecoq D. (23) ; Lortholary O. (24) ; Aumaitre H. (25) ; Neau D. (26) ; Morlat P. (27) ; Dabis F. (1, 2) ; Salmon D. (28)
(1) Équipe MORPHEUS, Inserm U1219, Bordeaux; (2) ISPED, Université de Bordeaux, Bordeaux; (3) Hôpital Cochin, Paris; (4)
Hôpital du Haut Lévêque, Pessac; (5) Service des maladies infectieuses et tropicales, APHP Pitié Salpétrière, Paris; (6) AP-HP
Hôpital Sainte Marguerite, Marseille; (7) Département de médecine interne et immunologie clinique, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris;
(8) Service de médecine interne, Hôpital Archet, Nice; (9), APHP Hôpital Saint Antoine, Paris; (10) Service des Maladies Infectieuses,
Hôpital Tenon, Paris; (11) Service de maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Avicenne, Bobigny; (12) APHP Hôpital Bichat, Paris;
(13) Service de médecine interne et immunologie clinique, Hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre; (14) Service des Maladies infectieuses,
CHU Dijon, Dijon; (15) Hôpital Foch, Suresnes; (16), AP-HP Hôpital Henri Mondor, Créteil; (17) Service de maladies infectieuse et
tropicales, CHU Nantes; (18) Médecine Interne-Pôle Digestif, CHU Purpan, Toulouse; (19) Service de médecine interne, maladies
infectieuses et immunologie clinique, Hôpital Robert Debré, Reims; (20) Maladies Infectieuses et tropicales, Hôpital Saint Louis, Paris;
(21) Service de maladies infectieuses et tropicales, Hôpital J. Ducuing, Toulouse; (22) Service des maladies infectieuses et tropicales,
Hospices Civils de Lyon, Lyon; (23) Maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Paul-Brousse, Villejuif; (24) Service de maladies
infectieuses et tropicales, Hôpital Necker, Paris; (25) Hôpital Saint-Jean, Perpignan; (26) Service de maladies infectieuses et
tropicales, Hôpital Pellegrin, Bordeaux; (27), Service de Maladies infectieuses, Hôpital Saint André, CHU Bordeaux; (28) Service de
maladies infectieuses, Hôpital Cochin, Paris
Introduction
Chez les patients co-infectés VIH/VHC, la majorité des études de survie ont étudié l’effet de la RVS sur la mortalité mais ne
permettent pas d’identifier les facteurs restant associés au décès après RVS (1, 2). L’objectif de cette étude était de déterminer
les facteurs associés à la mortalité, indépendamment de la RVS, chez les sujets co-infectés VIH/VHC.
Patients et Méthodes
Les patients co-infectés VIH/VHC issus de la cohorte nationale prospective multicentrique ANRS CO13 HEPAVIH ont été
inclus s’ils avaient au moins une mesure d’élasticité hépatique (Liver Stiffness Measurement-LSM) par FibroScan® (FS) valide
(IQR/LSM<30%), une charge virale VHC détectable au moment du premier FS valide et au moins une visite de suivi. Le critère
de jugement principal était l’âge de survenue d’un décès toutes causes confondues. L’étude commençait à la date du premier
FS valide (t0) et se terminait au décès ou à la date de dernière visite. Un modèle de Cox à risques proportionnels avec entrée
retardée a été utilisé pour étudier les facteurs associés à la mortalité. Cinq variables étaient forcées dans le modèle: LSM et
RVS comme variables dépendantes du temps, sexe, présence de troubles métaboliques (définis par la présence d’au moins
une des 4 conditions suivantes: diabète, syndrome métabolique, insulinorésistance, lipodystrophie) et consommation d’alcool
(tenant compte des consommations passées et actuelles). Les facteurs significativement associés à la mortalité au seuil de
5% ont été déterminés par une procédure pas à pas descendante parmi les variables suivantes: 1/ variables fixes déterminées
à l’inclusion: consommation de tabac, de drogues (actuelles ou passées), mode de transmission du VIH, stade SIDA,
traitement antérieur du VHC par interféron-pégylé et ribavirine, génotype du VHC, Ag HBs; 2/ variables dépendantes du temps:
charge virale VIH et taux de CD4+.
Résultats
Un total de 1062 patients a été étudié : 69,8% d’homme, avec un âge médian de 45,7 ans (IQR : 42,4-49,1), et une LSM>
12,5 kPa pour 21,7% à t0. Le suivi médian était de 4,9 ans (IQR 3,2-6,1). 76 décès ont été observé (26 de cause hépatique,
10 liés au VIH, 29 de cause non hépatique non VIH, 11 de cause indéterminée). A 55 ans, le risque cumulé de décès des
sujets avec LSM ≤12,5 kPa était de 6,7% contre 20,2% chez ceux avec LSM >12,5 kPa. La mortalité des sujets avec LSM]
7,1-9,5] et] 9,5-12,5] kPa n’était pas significativement différente de celle des sujets avec LSM [2,5-7,1] kPa (hazard ratios (HR)
[intervalle de confiance à 95%]: 1,20 [0,57;2,52] et 1,31 [0,56; 3,04] respectivement). Les sujets avec LSM >12,5 kPa avaient
une mortalité significativement supérieure aux sujets avec LSM [2,5-7,1] kPa (HR=3,37 [2,00;5,71], p=0,0001). Dans le
modèle de Cox multivariable, les variables suivantes étaient significativement associées à la mortalité toutes causes: LSM
>12,5 kPa à n’importe quel moment du suivi (HR ajusté (HRa)=3,35 [2,06;5,45], p<0,0001), présence d’un traitement antérieur
du VHC (HRa=0,53 [0,32;0,90], p=0,01) et tabagisme (passé versus nul: HRa=5,69 [1,56;20,78]; actuel versus nul: 3,22
[0,93;11,09], p=0,01) et ceci indépendamment de la RVS, l’âge, le sexe, la consommation d’alcool, et les troubles
métaboliques.
Conclusion
Une LSM mesurée au FS >12,5 kPa à un temps donné était associée à un risque accru de décès toutes causes,
indépendamment de la RVS. La surveillance de ces patients à risque doit rester une priorité même après RVS.