LA REVUE DU PRATICIEN, VOL. 57, 15 FÉVRIER 2007
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— cutanée : ecchymose, purpura ;
— muqueuse : épistaxis, gingivorragie, méno/métrorragie, héma-
témèse, mélæna, hématurie, hémorragie intracrânienne ; en pre-
mier lieu, rechercher une cause locale ;
— hématome (collection de sang enkystée dans un tissu) ;
— hémarthrose (hémorragie intra-articulaire).
Enfin, il faut évaluer le retentissement en recherchant une
anémie (pâleur, fatigue, tachycardie, essoufflement) et/ou une
hypovolémie (hypotension, choc).
Interrogatoire
Lors de l’interrogatoire, il faut :
— préciser si les hémorragies sont spontanées ou provoquées ;
— établir la liste des médicaments pris par le sujet ;
— savoir si le sujet a subi des interventions chirurgicales ou des
extractions dentaires, et si celles-ci ont été suivies de saignement ;
— demander s’il existe des antécédents hémorragiques person-
nels, et si oui, en préciser la date de début (naissance, âge de la
marche, adulte), la localisation, la durée et la gravité (hospitali-
sation, transfusion ou non) ;
— rechercher l’existence de manifestations dans la famille, en
établissant un arbre généalogique.
EXPLORATION BIOLOGIQUE D’UN SYNDROME
HÉMORRAGIQUE
Bilan d’hémostase d’orientation
Le diagnostic d’un syndrome hémorragique repose sur un
petit nombre de tests biologiques de première intention :
— numération des plaquettes (valeurs normales : 150-400 G/L) ;
— temps de saignement (TS) ou temps d’occlusion : exploration
de l’hémostase primaire ;
— temps de Quick (TQ) et temps de céphaline + activateur (TCA) :
exploration de la coagulation.
1. Temps de saignement et temps d’occlusion (tableau 1)
Le TS explore les étapes de l’hémostase primaire :
— vasoconstriction ;
— adhésion des plaquettes au sous-endothélium (GPIb plaquet-
taire/F.Willebrand) ;
— activation plaquettaire ;
— activation de l’intégrine αIIb β3 (ou GP IIb/IIIa), liaison du fibrino-
gène et agrégation des plaquettes entre elles.
Le TS est peu sensible, peu reproductible, peu prédictif du
risque hémorragique, sans intérêt (allongement prévisible) en
cas de thrombopénie ou de prise de médicaments bloquant les
fonctions plaquettaires (aspirine, AINS, clopidogrel, β-lactamines)
dans les 10 jours précédents.
Le temps d’occlusion est un test réalisé in vitro utilisant un
analyseur des fonctions plaquettaires (PFA) ; son intérêt n’est
validé que dans le diagnostic de maladie de Willebrand.
2. Temps de Quick (TQ) et temps de céphaline
+ activateur (TCA) [fig. 1 et tableau 2]
Les TQ et TCA peuvent être parfois utilement complétés en
2eintention par des examens explorant la fibrinoformation :
temps de thrombine (sensible à l’héparine non fractionnée) et
temps de reptilase (insensible à l’héparine).
Allongement du TS (fig. 2)
Les indications du TS sont limitées à la recherche de
l’étiologie d’hémorragies cutanéo-muqueuses en l’absence de
thrombopénie ou en présence d’une thrombopénie modérée. La
réalisation systématique du TS avant un geste invasif (chirurgie,
biopsie) n’est pas indiquée, sauf chez les sujets à risque de
thrombopathie (hépatopathies, insuffisance rénale…). L’intérêt du
temps d’occlusion n’est validé que dans le diagnostic de maladie
de Willebrand.
Le diagnostic des thrombopathies constitutionnelles doit être
confirmé par des examens biologiques spécialisés.
Allongement isolé du TQ (TCA normal)
Un déficit isolé en F.VII est le plus souvent acquis en début de
traitement par AVK ou d’hypovitaminose K (courte durée de vie
du F. VII). Il s’agit exceptionnellement d’un déficit constitutionnel
en F. VII (ou d’un anticorps dirigé contre le F. VII). Enfin, l’insuf-
fisance cellulaire hépatique modérée peut ne se manifester que par
un allongement du TQ qui est plus sensible aux déficits modérés
des facteurs de coagulation synthétisés dans le foie que le TCA.
Allongement isolé du TCA
(TQ normal)
Il faut éliminer un traitement par l’héparine non fractionnée
(ou la contamination accidentelle du prélèvement). Il n’y a alors
pas d’explorations complémentaires, sauf en cas de doute : temps
de thrombine allongé, temps de reptilase normal. Les autres causes
sont rappelées dans la figure 3.
III-Q339 Troubles de l’hémostase et de la coagulation : Orientation diagnostique
QU’EST-CE QUI PEUT TOMBER À L’EXAMEN ?
➜ le diagnostic des pathologies constitutionnelles de l’hémo-
stase, comme l’hémophilie et la maladie de Willebrand ;
➜ la démarche diagnostique lors de la découverte d’une anomalie
de l’hémostase au cours d’une exploration préopératoire ;
➜ la démarche diagnostique et l’explication physiopathologique
devant des anomalies de l’hémostase qui accompagnent l’insuf-
fisance hépatique, les pathologies responsables de coagulation
intravasculaire disséminée, les hypovitaminoses K. ●
Les principales questions susceptibles d’être posées au sein d’un dossier sont :