I. Introduction et définitions.
Bulle : Loi dans la religion chrétienne.
Ambivalence : Capacité de ressentir des sentiments contradictoires vis à vis d’une
personne en particulier.
Abasie : Incapacité de se mouvoir debout.
Etymologiquement hystérie signifie uteria : matrice, c’est une maladie de l’utérus. Elle est souvent associée à
du théâtral, au spectaculaire, aux débordements passionnés, à la mythomanie, à la nymphomanie, à la sexualité
outrancière et donc bien-sûr aux femmes. Le premier médecin de l’hystérie fut Galien, il détecta les
symptômes d’étouffement, de contorsion et de cris. A l’époque, l’utérus était considéré comme un petit animal
qui se déplaçait dans le corps pour être humidifié. On conseillait donc aux veuves et célibataires souffrant
d’hystérie de se marier.
Dès la médecine grecque, on associe l’hystérie à la sexualité (en tant que relations sexuelles, sens différent de
celui qu’il prendra avec Freud).
Galien diagnostic l’hystérie grâce au petit animal qui, lorsqu’il ne trouve pas d’humidité étouffe la patiente,
l’hystérie est associée pour longtemps à la maternité.
II. L’hystérie en tant que maladie surnaturelle.
L’idéologie judéo-chrétienne condamne la sexualité en dehors de la fécondation. Toute idée de plaisir est bannie,
le sexe n’a pas une fonction de plaisir mais de fécondation, de reproduction. L’hystérique est possédée par le
diable. La médecine ne peut rien y faire, c’est à la religion de se charger de telle chose, c’est l’époque de
l’inquisition, la chasse aux sorcières, de 1484 à 1749 ( la dernière sorcière fut brûlée à cette date). En 1484, la
bulle d’Innocent VIII proclame la lutte contre les sorcières, dix ans plus tard, le manuel de détection des cas de
sorcelleries qui stipule que tout plaisir sexuel est d’origine satanique paraît.
III. L’hystérie en tant que maladie nerveuse.
Les conceptions surnaturelles sont abandonnées, William Cullen, médecin écossais organiciste postule une
atteinte somatique du système nerveux et invente le terme de névrose qui désigne pour l’époque un trouble
d’ordre neurologique et nerveux.
IV. L’hystérie en tant que maladie mentale.
1) Thomas Sydenham.
Thomas Sydenham ( 1624-1689), médecin anglais nomme hypochondrie l’hystérie chez l’homme. Ce n’est pas
Charcot le premier à s’être intéresser à l’hystérie. Sydenham découvre que les hommes souffrent de symptômes
hystériques. Reprenant l’idée de Galien, il nomme l’hystérie masculine « vapeurs hypocondriaques », peut-être
que Sydenham se sent obligé de passer par ce détournement du terme afin d’éviter un paradoxe étymologique. Il
est le premier également à mettre l’accent sur les traits de caractère des hystériques, sur leurs personnalités.
« Tout chez eux est caprice, ils aiment sans mesure ce que bientôt ils haïront sans raison. » Ils se caractérisent
par leur instabilité affective, leur labilité, leur ambivalence.
Psychopathologie
Histoire des idées sur l’hystérie.
1
2) Jean-Martin Charcot.
La France joue un rôle important dans l’histoire de l’hystérie. Jean-Martin Charcot (1825-1893),
neurologue à la Salpetrière à Paris distingue l’hystérie de l’épilepsie et classe l’hystérie dans les
troubles physiologiques du système nerveux. A l’époque la pathologie la plus courante était l’hystérie,
maintenant ce sont les états dépressifs. On parle de « Crises à la Charcot » ou de « grande attaque à la
Charcot » car les crises qu’il décrivait étaient d’une force extrême et ont disparu avec Charcot (on
suppose que ses étudiants apprenaient aux patientes à mimer ces crises qui ont dû exister, les étudiants
voulaient faire plaisir à leur maître, les patientes mimaient des sortes de scènes érotiques). Outre ce
mystère, Charcot a affirmé l’hystérie masculine. Les cours de Charcot sont rassemblés dans l’ouvragé :
Les Mardis de la Salpetrière. Il différencie les crises d’hystérie des crises d’épilepsie :
- Les morsures de la langue.
- Les risques d’étouffement.
- La perte de des urines.
- Les chutes brutales et dangereuses.
Caractères de l’épilepsie qui ne sont pas présent dans l’hystérie.
Charcot pratique une hypnose très directive et très autoritaire, c’est plus de l’ordre que de la
suggestion. Freud vient apprendre l’hypnose chez Charcot.
2) Bernheim.
Une école rivale à celle de la Salpetrière est représentée par Hippolyte Bernheim, c’est l’école de
Nancy (très fameuse aux USA et peu en France) Freud suit également les cours de Bernheim sur
l’hypnose. Il affirme l’étiologie psychique de l’hystérie.
- L’écoute des sujets est fondamentale.
- La relation entre patient et thérapeute devient un outil thérapeutique.
C’est ce que nomme Bernheim « le rapport », cette capacité de rentrer en
communication avec le patient.
Charcot travaille plus le côté neurologique et Bernheim le psychique, Freud fait l’amalgame des deux.
Charcot utilise surtout l’hypnose pour l’hystérie ce qui développera le lien entre les deux, Bernheim ne
réagit pas dans ce sens. Babinsky 1957-1932 inflige le coup de grâce par la conception somatique, il
suggère le pithiatisme, la maladie qui se guérit par la persuasion.
3) Janet.
1859-1947 : l’automatisme psychologique, réduction du champs de conscience, faiblesse morale, division de la
personnalité hystérique.
Psychopathologie
Histoire des idées sur l’hystérie.
2
4) Freud.
« A peine sorti de l’école de Charcot, je rougissais de la connexion entre hystérie et sexualité, à peu près comme
le faisaient comme les patientes ».
Etudes sur l’hystérie, 1895 co-écrit avec Breuer, étude du cas d’Anna O.
- Premier exposé de la symptomatologie, proposition de la thérapie cathartique.
- « Ramonage de cheminée » est la métaphore qu’utilisait Anna O pour désigner ce
traitement qui a pour but de supprimer les symptômes (Chimwey sweeping).
- « Talking cure », terme utilisait par Anna O pour expliquer la verbalisation à la
base du traitement de l’hystérie. Traitement qui permet la prise de conscience des
symptômes et des souffrances et surtout de l’origine des souffrances.
- Opposition entre Freud et Breuer sur ce point.
- Méthode cathartique : catharsis : relatif à la tragédie grecque qui avait pour fonction
de permettre au public une purgation, c’est synonyme de libération.
- Cette méthode joue sur l’hypnose et la verbalisation (associations libres).
- Le protocole thérapeutique évolue en conséquence : le patient s’allonge et le
thérapeute se place derrière le patient. Freud expose les intérêts de ces changements
dans son œuvre : Ma vie et la Psychanalyse. La psychanalyse est née dix ans plus
tard en 1896.
- Le désaccord entre Breuer et Freud est dû au fait que Breuer ne veut pas reconnaître
l’étiologie sexuelle alors que Freud soutient le lien entre l’hystérie et un
traumatisme sexuelle. Ce désaccord est présent dès la parution du livre.
- La première théorie : le sujet hystérique a vécu un événement sexuel traumatique
infantile. Dans son enfance, il a été l’objet d’un séduction sexuelle d’un parent ou
d’un frère (pas d’idée de concrétisation ou de victime).
- Plus tard Freud va revenir sur cette idée et proposer l’idée de la catharsis en tant
qu’aide au patient pour connaître la libération de ses affects. (Aspect clinique).
- Freud pensait qu’il y avait des affects coincés, par exemple certains sujets ne
pouvaient plus sortir de leurs lits ou ne plus marcher (c’est plus rare à présent).
C’est la théorie traumatique de l’hystérie
- Grâce à l’hypnose, le refoulement (mécanisme psychique consistant à sortir des
éléments du conscient pour les mettre dans l’inconscient, oubli) des affects est
brisé. C’est la théorie traumatique de la séduction.
- Freud abandonne cette idée plus tard. Il modifie sa conception, il élabore une
seconde topique en 1920, c’est l’appareil psychique avec le Moi et le Surmoi et le
ça. Cette seconde topique modifie la conception du développement et fait apparaître
le complexe d’Œdipe et le complexe de castration. Ré-instauration d’une théorie du
développement de la personnalité. Période oedipienne : hystérie oedipienne.
- Mélanie Klein n’est pas d’accord, pour elle le complexe d’œdipe débute plutôt que
chez Freud.
Extrait du traitement cathartique d’Anna O :
- Elle souffre de nombreux symptômes on –chroniques.
- Elle a des hallucinations angoissantes (elle prend les cheveux noirs pour des
serpents noirs qui sortent du mur, qui s’avancent vers son père, elle est terrifiée à
l’idée que son père soit mordu).
- Elle est paralysée du bras droit à la suite de cette hallucination.
D’ordinaire les hallucinations et les délires sont réservés aux psychotiques.
Pour Freud l’intérêt est la symbolique du serpent, la rigidité du bras : illustration évidente de la sexualité et de
l’hystérie. Il quitte la sémiologie pour rentrer dans le clinique.
Cas d’Eizabeth van Er :
- Abasie : incapacité de marcher, couchée, elle peut bouger ses membres inférieurs
mais debout elle n’y parvient pas.
- Cet endroit du corps était en fait là où son père posait son pied lorsqu’il était
malade et qu’elle lui faisait des pansements.
- Freud lui pince la cuisse, au lieu d’avoir une réaction de douleur, elle sourit.
Manifestations psychiques des conflits inconscients.
Psychopathologie
Histoire des idées sur l’hystérie.
3
Psychopathologie
Histoire des idées sur l’hystérie.
4
Le complexe d’Œdipe comprend deux moments : un moment positif, l’enfant est amoureux de sa mère ou de son
père.
Moment négatif : une rivalité s’installe avec la personne du même sexe.
La sexualité chez Freud n’est pas nécessairement en rapport avec le rapport sexuel ou le sexe. Elle est beaucoup
plus étendue, il considère que le développement personnel comprend des moments de développement psycho-
sexuel de la naissance à la mort avec un passage du stade oral au phallique au pubertaire à l’adulte.
V. Recherches.
Type de trouble mental, dans lequel des conflits psychiques chargés d'émotion apparaissent sous forme de
symptômes somatiques (appelés «réactions de conversion») ou de grave désintégration des affects, des pensées
et du comportement (nommée «dissociation psychique»). Le diagnostic psychiatrique de l'hystérie s'établit par
l'identification d'un conflit psychique et de liens inconscients entre le conflit et les symptômes. Le terme
d'«hystérie collective» s'applique à des situations dans lesquelles un grand nombre de personnes présentent le
même type de symptômes somatiques sans cause organique. Par exemple, un cas d'hystérie collective fut
enregistré aux États-Unis en 1977, quand cinquante-sept membres d'un orchestre scolaire furent pris de maux
de tête, de nausées, de vertiges et d'évanouissements après un événement sportif. Après avoir vainement
cherché une cause organique, les chercheurs conclurent qu'une réaction à la chaleur, dont avait été victimes
quelques-uns des membres de l'orchestre, s'était étendue par suggestion émotionnelle aux autres membres de
l'orchestre. On préfère aujourd'hui le terme de «réaction de stress collective» pour qualifier ce type de
phénomène.
Le stress d'un conflit psychique peut conduire tout le monde à réagir temporairement par des symptômes
somatiques. Dans les réactions de conversion, les conflits psychiques sont inconsciemment convertis en
symptômes qui semblent être physiques, sans qu'une cause organique puisse être identifiée. Parmi les
symptômes courants de l'hystérie de conversion figurent la paralysie musculaire, la cécité, la surdité et les
tremblements.
Les patients ayant des réactions de conversion hystériques peuvent avoir des périodes d'émotion intense et de
déficits dans la capacité d'auto observation. Dans un tel état mental, les patients peuvent se comporter de façon
étrange à l'égard des autres. Des symptômes extrêmes de dissociation sont par exemple la fugue ou le
somnambulisme. Lors de la fugue, l'individu quitte soudainement sa maison, prend éventuellement une
nouvelle identité et n'a pas souvenir de son passé. Le somnambulisme, qui se produit dans un état de
conscience partiel mais net, et qui est très courant durant l'adolescence, peut révéler que le patient essaie de
résoudre une situation antérieure pénible mais sans que celle-ci soit en rapport avec la situation concrète.
L'hystérie, qui fait partie des troubles psychiques les plus controversés, a longtemps été attribuée aux femmes
uniquement. Les Grecs anciens expliquaient l'instabilité et la mobilité des symptômes somatiques et des accès
de troubles psychiques chez les femmes par la théorie selon laquelle l'utérus avait changé de position. Cette
théorie de l'«errance de l'utérus» a donné son nom à l'hystérie (en grec, hystera signifie «utérus»), qui désignait
des phénomènes pathologiques caractérisés par un comportement fortement émotionnel. Au Moyen Âge,
l'hystérie était attribuée à la possession démoniaque et à la sorcellerie, ce qui entraîna les persécutions de
femmes.
Avec l'essor des sciences de l'anatomie et de la physiologie au XIXe siècle, une tendance à interpréter tous les
phénomènes mentaux en termes de structures pathologiques du cerveau se fit jour dans les cercles médicaux.
À la fin du XIXe siècle, cependant, le neurologue français Jean Charcot démontra que les idées morbides
pouvaient provoquer des manifestations physiques. Par la suite, son élève, le psychologue Pierre Janet,
formula une description de l'hystérie en termes de troubles psychologiques. Plus tard, Sigmund Freud
développa la théorie selon laquelle les symptômes hystériques résultent du conflit entre les critères sociaux et
éthiques de l'individu et un désir refoulé. Cependant, on continuait à associer l'hystérie aux femmes. Les
diagnostics d'hystérie chez les hommes étaient rares. L'hystérie fait partie des troubles les plus mal
diagnostiqués en psychiatrie et elle est souvent contestée en tant que névrose particulière.
Néanmoins, les individus (généralement des femmes) chez lesquels une hystérie a été diagnostiquée sont
traités par une forme de psychothérapie et, dans certains cas, par des formes prolongées de psychothérapie
analytique ou de psychanalyse. Dans les cas d'hystérie aiguë accompagnée d'angoisse, des tranquillisants
peuvent être prescrits.
1 / 4 100%