MEDI-SPHERE 443 13 7 MAI 2014
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L’intolérance au lactose se manifeste par l’apparition de symp-
tômes gastro-intestinaux (ballonnements, gaz, douleurs et
diarrhée), faisant suite à l’ingestion d’une certaine quantité de
lactose et associés à une malabsorption avérée du lactose. Pour
être absorbé, le lactose doit être préalablement hydrolysé en glu-
cose et en galactose par une hydrolase intestinale spécifique: la
lactase-phlorizine hydrolase. Le lactose est osmotiquement actif
et sa maldigestion entraîne une rétention d’eau et de sel; le sucre
non absorbé subit une fermentation par les bactéries luminales,
provoquant une distension abdominale avec gaz et diarrhée.
Il est néanmoins important de souligner que la perception de la
personne qui se croit intolérante au lactose est bien souvent dif-
férente de la réalité. «Mal évaluée, l’intolérance au lactose met
en jeu la couverture des besoins en calcium du patient et sa santé
osseuse», confirme le Dr Andrew Prentice, de la London School
of Hygiene & Tropical Medicine (Royaume-Uni).
La consommation de produits laitiers peut et doit être mainte-
nue. Grâce à ses ferments spécifiques, le yaourt est bien toléré
par les personnes digérant mal le lactose. De plus, sa consis-
tance plus épaisse que le lait, laisse plus de temps à la lactase
résiduelle de l’individu pour agir. Attention cependant, tous les
produits laitiers en pots ne sont pas des yaourts! En effet, seul
le yaourt contient deux ferments lactiques spécifiques, Lactoba-
cillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus, qui améliorent la
digestion du lactose chez les personnes qui ont des difficultés
à digérer ce sucre.
Un impact sur la santé mais aussi
économique
Il faut rappeler que la Belgique se situe dans le «top 20» des pays
présentant la plus forte incidence de fractures de la hanche!
Une augmentation de plus en plus marquée de ces fractures est
apparue ces 8 dernières années, avec une progression de 20,4%
chez les hommes et 5,7% chez les femmes. Et cette évolution
devrait se poursuivre à un rythme comparable jusqu’en 2025.
«Entre 2002 et 2007, on a observé en Belgique une multiplica-
tion par deux du nombre de prescriptions portant sur des médi-
caments contre l’ostéoporose», souligne le Pr Cyrus Cooper, des
universités de Southampton et d’Oxford, au Royaume-Uni.
Outre l’impact sur la qualité de vie des personnes souffrant de
fractures liées à la perte de densité osseuse, ce type de patho-
logie chronique a également un impact économique important.
«Au niveau européen, on estimait les coûts directs liés aux trai-
tements de ces fractures à quelque 26 milliards d’euros en 2010,
précise Cyrus Cooper. Une somme à laquelle il faut ajouter
11 milliards d’euros pour les traitements à long terme».
Selon les recommandations de l’IOF, un apport nutritionnel
équilibré avec des nutriments-clés comme le calcium, la vita-
mine D et des protéines, une activité physique régulière et une
hygiène de vie équilibrée sont les piliers d’une bonne santé
osseuse. Ces messages-clés devraient être transmis à tout
un chacun. En Belgique et dans d’autres pays européens,
l’apport de calcium par la consommation alimentaire est loin
d’être atteint par la population, y compris chez les femmes
ménopausées ostéoporotiques.
Des données récentes portant sur 3 pays européens (France,
Suède, Hollande) ont montré que la prévention des fractures
de hanche chez les plus de 50 ans via une consommation de
produits laitiers (650mg de calcium/jour) a un impact écono-
mique significatif. «Le développement de modèles économiques
est important pour établir la rentabilité économique de cette
approche sanitaire préventive», a insisté Cyrus Cooper. Les trai-
tements des fractures sur ostéoporose représentent des coûts
importants pour la santé publique, liés aux frais d’hospitalisa-
tion, de revalidation et de perte d’autonomie, sans oublier la
perte de qualité de vie du malade.
«Nous devons encourager nos patients à modifier leur compor-
tement alimentaire et ainsi réduire le risque de fracture ostéo-
porotique» a souligné le professeur René Rizzoli, de la Faculté
de Médecine de Genève, Médecin chef du Département de
réhabilitation et gériatrie et du Service des maladies osseuses et
de la mobilité. «Les études de bilans financiers montrent que la
médecine nutritionnelle génère des économies substantielles en
santé. Des initiatives alimentaires à faible coût permettent ainsi
des économies importantes liées à la prévention des fractures.»
Atteindre l’apport recommandé en
calcium
La consommation de lait et de produits laitiers est la façon
idéale – et souvent la seule manière en pratique – d’atteindre
l’apport recommandé en calcium. En Belgique, les deux tiers de
la population ne consomment pas l’apport nutritionnel moyen
recommandé de 900mg/jour pour le calcium. En outre, 98,8%
de la population dépasse l’apport recommandé en acides gras
saturés, qui n’est pas censé excéder 10% de l’apport total en
énergie. Augmenter la consommation en lait et yaourts sans
augmenter pour autant la consommation de fromages aide-
rait les Belges à se mettre en adéquation nutritionnelle avec la
quantité de calcium nécessaire. «Cette approche simple permet
de limiter l’apport en acides gras saturés», a expliqué Edouard
Clerfeuille de CONUT.eu.
En guise de conclusion
«Actuellement, nous ne pouvons optimaliser les déterminants
génétiques liés à l’ostéoporose, concluent les Professeurs
J-Y. Reginster (ULg) et S. Rozenberg (ULB-VUB). Mais en
adoptant une alimentation équilibrée, en favorisant un style de vie
où tabac et excès d’alcool sont bannis, en pratiquant une activité
physique régulière, nous participons activement à notre santé et à
notre bien-être. Le lait et les produits laitiers ont une place privilégiée
dans ces recommandations et nous ne pouvons qu’encourager leur
consommation équilibrée tout au long de la
vie.»