décès d’enfants par maladies infectieuses. On rapporte
alors la mort d’un enfant sur 1 000 !
La coqueluche se transmet par aérosols de personne à
personne. Elle comporte, chez un sujet atteint pour la
première fois, quatre phases cliniques : une phase asymp-
tomatique d’environ une semaine ; une phase avec des
symptômes non spécifiques tels la rhinorrée, un peu de
toux, des picotements de gorge, des maux de tête, géné-
ralement sans fièvre ; une phase d’état qui peut durer 30 à
40 jours, avec toux paroxystique et quintes, souvent noc-
turnes, et reprise inspiratoire très difficile, vomissements,
côtes cassées, incontinence et très grande fatigue chez
l’adulte, pouvant être dramatique chez le nourrisson et
provoquer la mort ; enfin une phase de convalescence qui
peut aussi durer une quarantaine de jours.
La baisse de la mortalité due à la coqueluche a été
observée avant l’arrivée de la vaccination. Mais la chute
de cette mortalité, dans la proportion de 95 %, est cepen-
dant liée à la mise en place de programmes de vaccination
généralisée.
Quelques décennies après l’introduction de la vacci-
nation généralisée avec des vaccins efficaces, on observe,
parallèlement à sa baisse d’incidence, des modifications
épidémiologiques, en particulier une réémergence de la
maladie. L’âge de la maladie s’est modifié du fait de la
vaccination des jeunes enfants et de la baisse de l’immu-
nité au cours du temps. Cette baisse d’immunité vaccinale
est rendue plus manifeste par l’absence de rappels naturels
en raison de la forte diminution des contacts avec les
sujets malades. C’est ainsi que l’on a observé une augmen-
tation de l’incidence chez les adolescents et les adultes
jeunes. Les changements épidémiologiques ont mis une
quinzaine d’années à être acceptés ! Ils sont maintenant
bien documentés, et la mise sur le marché de nouveaux
vaccins coquelucheux permet enfin d’établir de nouvelles
stratégies vaccinales. Il est devenu évident qu’il est essen-
tiel d’organiser une surveillance de la maladie afin de
pouvoir la contrôler. Surveillance qui va nécessiter la
standardisation des techniques de diagnostics cliniques,
bactériologiques et biologiques.
Origine de la maladie
Comme les symptômes de cette maladie sont très
caractéristiques et uniques, il est difficile d’expliquer pour-
quoi il n’est pas fait mention de façon précise de cette
maladie avant le XVI
e
siècle. Cette maladie serait-elle
récente ? Une des hypothèses avancée depuis quelques
décennies est que son origine serait liée à l’adaptation à
l’homme d’une bactérie d’origine animale, en particulier
domestique, vers 1400. Depuis l’isolement de l’agent de la
maladie, la bactérie Bordetella pertussis, de nombreuses
études ont été réalisées sur cette bactérie et sur deux autres
espèces du genre Bordetella,parapertussis et bronchisep-
tica, en particulier le séquençage de leur génome. L’utili-
sation combinée de plusieurs techniques d’analyse des
génomes a récemment montré que B. pertussis (germe
spécifique de l’homme) dériverait d’une B. bronchiseptica
(bactérie pouvant infecter un grand nombre de mammifè-
res) qui se serait adaptée à l’homme (Diavatopoulos DA, et
al.Plos Pathogens 2005 ; 1(4):e45).
Les hypothèses actuelles sont :
–soit que B. pertussis se serait adaptée à l’homme
depuis beaucoup plus longtemps que prévu, mais que
l’introduction de cette bactérie en Europe serait récente ;
–soit qu’une bactérie B. bronchiseptica se serait adap-
tée à l’homme il y a un ou deux millions d’années, et
qu’ensuite B. pertussis se serait récemment individualisée
(Diavatopoulos DA et al.Plos Pathogens 2005 ; 1(4) :
e45).
Agent de la coqueluche
C’est dans la thèse de J.M. Goupil (Goupil JMA. Thèse,
Paris. 1818 n° 261) et dans les écrits d’A. Trousseau
(Trousseau A. Clinique de l’Hôtel-Dieu de Paris. 1868 ;
Tome 2 : 480-500) que l’on trouve les descriptions les plus
précises du comportement de l’enfant atteint de la mala-
die. Au XIX
e
siècle, la coqueluche était donc connue et
abondamment décrite, mais on n’en connaissait pas la
cause. Était-ce « un catarrhe ou une névrose » ? Une « sur-
charge stomacale par les crudités », une « sécheresse de
l’air » ou « des insectes introduits dans la respiration » ?
L’agent de la coqueluche fut isolé, après de nombreux
essais infructueux de différents bactériologistes européens
par deux immunologistes, J. Bordet et son beau-frère O.
Gengou. À cette époque, immunologie et bactériologie
étaient très imbriquées. J. Bordet, découvreur de la voie
classique de l’activation du complément, était convaincu
du rôle étiologique d’une bactérie dans la coqueluche.
C’est en 1900 qu’il identifia la bactérie dans l’expectora-
tion d’un nourrisson de cinq mois atteint de coqueluche,
mais n’arriva pas à l’isoler car il se heurta aux problèmes
de fragilité du germe, et à la mise au point d’un milieu
particulier. En 1906, J. Bordet parvient, cette fois, à isoler
le même germe que celui observé en 1900, dans l’expec-
toration d’un nourrisson de deux mois (qui aurait été son
propre fils, Paul) grâce à la mise au point d’un milieu
particulier avec O. Gengou (Bordet J., Gengou O. Le
microbe de la coqueluche. Les annales de l’Institut Pasteur
1906 ; Tome 20 : 731-741 et 1907 ; Tome 21 : 720-72). Ce
milieu, maintenant connu comme milieu de Bordet-
Gengou, contient de l’amidon et du sang défibriné de
lapin, cheval ou mouton. Le germe isolé est une bactérie.
Rapidement, J. Bordet observe et décrit la variabilité anti-
génique. En effet, la bactérie, qui ne peut être isolée qu’au
tout début de la période de toux, ne peut être cultivée, à
partir des expectorations, que sur du milieu Bordet-
Histoire de la coqueluche
mt pédiatrie, vol. 9, n° 3, mai-juin 2006
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